19/11/2008
"Mais je ne peux pas être ton amie. Tu es trop bizarre. Tu me fais peur."
Mêlant à la fois fantastique et réalisme, Mauvais rêves de la romancière Anne Fine met en scène un "rat de bibliothèque" , Mélanie, que ses profs estiment un peu trop solitaire et une nouvelle arrivée, Imogène que tout le monde trouve étrange... Forcée de s'occuper de cette dernière, Mélanie ne va pas tarder à trouver la raison de cette bizarrerie que personne ne s'expliquait vraiment (et qui a rapport avec les livres...). A sa manière directe, voire brutale, l'adolescente prendra-t-elle le risque de sacrifier leur amitié naissante pour sauver Imogène ?
L'amour des livres et de la lecture est très joliment rendu dans ce roman même si j'ai trouvé la dimension fantastique peu convaincante. Ce thème de la différence aurait pu , à mon avis , être exploité sans passer par là .
Anne Fine . Mauvais rêves. Edition Neuf de l'école des loisirs. 195 pages.
Une citation au passage : "Quand quelque chose te tarabuste, , jette-le sur le papier. ça aide toujours."
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : anne fine, mauvais rêves, lecture, amour des livres, amitié, fantastique
07/11/2008
balade islandaise
Un chasseur poursuit une renarde très très futée dans un tourbillon de neige.La scène se déroule en Islande, nous sommes en 1883.
De même que "la renarde consignait son journal de voyage sur l'étendue enneigée, au fur et à mesure qu'il se déroulait", 'l'auteur, nous fait remonter le temps pour nous relater les différents événements, en apparence fort disparates, qui ont abouti à cette traque qui prendra bientôt une dimension fantastique.
Croisant avec habileté les fils de son récit, Sjon* nous entraîne à sa suite dans Le moindre des mondes, conte cruel où se croisent un botaniste humaniste,une handicapée mentale et un révérend furieux qui civilise ses ouailles à grands coups de gifles. Un monde rude mais où l'humanisme saura trouver sa place en faisant appel au merveilleux.
D'abord un peu interloquée par ce récit, je me suis laissée enchanter par ce très court texte où poésie et humour font bon ménage, contrebalançant ainsi une réalité souvent rude. Un conte malicieux plein d'humanisme ,à lire bien au chaud sous la couette.
*romancier, poète et parolier des Sugarcubes (groupe dont est issue Björk).
Le moindre des mondes, Sjon, rivages poche. 123 pages
06:04 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : islande, sjon, conte, le moindre des mondes
06/11/2008
"Je suis un homme seul, un homme ivre, un homme qui marche."
La gunite : mélange de ciment et d'eau qui fait vivre et mourir tout à la fois ces ouvriers du bâtiment dont nous suivons les pérégrinations dans San Francisco et ses environs. Sorte de cow-boys urbains , à la fois flegmatiques, économes de leurs mots et de leurs gestes, ils vivent gunite, ils respirent gunite et anesthésient leur douleur à coup de poings ou de rasades d'alcool.
L'équipe formée par Broadstreet, Rex, Juan et Don Gordo va voir sa vie transformée par l'arrivée d'un contremaître improbable, sorte de prédicateur fou dont la religion serait la gunite : "J'aime la gunite, dit Root. Parce que la gunite, c'est la tâche qui révèle,la propension à l'honneu de cette créature, par ailleurs méprisable, connue sous le nom d'homme. La gunite, c'est l'honneur, et l'honneur, c'est tout." Il est prêt à tout pour la gunite, y compris à faire plier le temps devant sa volonté dictatoriale: "-Il est huit heures , dit le gosse.
-Non, dit Root. Il n'est pas plus de huit heures. c'est un ordre catégorique."
Là où un Zola aurait mis de l'excès, de la flamboyance pour peindre les conditions de vie et de travail de ces hommes qui peuvent en un clin d'oeil être promus et l'instant d'après rétrogradés ou virés, Eric Miles Williamson use d'une sobriété sans pareille. Il éclaire la noirceur de ses propos par de brefs moments de tendresse et de poésie qui sont autant de goulées d'air, tant pour ses personnages que pour ses lecteurs.
Noir béton est un roman rare, une sorte de diamant noir qui brille d'un éclat singulier. Envoûtant .
Noir Béton. Eric Miles Williamson Fayard noir.353 pages intenses.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : béton, gunitage, etats-unis, whaouh, eric miles williamson, noir béton
03/11/2008
"La culpabilité n'est pas une denrée négociable, lieutenant. ça ne se monnaye pas comme les indulgences."
Défiguré et amnésique , seul rescapé d'un attentat en Irak, le jeune lieutenant britannique Charles Acland manifeste un comportement particulièrement agressif envers les femmes. Son retour à la vie civile s'avère délicat car il est en proie à des accès de rage incoercibles et imprévisibles. Dans le même temps sévit un tueur en série qui s'en prend à d'anciens soldats et Charles , simple hasard ou non, se trouve souvent au mauvais endroit au mauvais moment...
Minette Walters dans L'ombre du caméléon s'attache à la découverte du fonctionnement psychologique de ses personnages et c'est ce qui rend son roman passionnant. On y croise des gens qui vivent dans la rue, une médecin atypique, , culturiste à ses heures, et qui ne mâche pas ses mots, des policiers qui essaient tant bien que mal d'endiguer la vaque de violence auxquels ils doivent se confronter chaque jour. La vision de la société qui nous est ici proposée n'est pas racoleuse, les personnages nous révèlent petit à petit toutes leurs facettes et aucun d'eux n'est traité de manière caricaturale. La résolution de l'énigme m'a bluffée mais c'est surtout la capacité de Minette Walters à décortiquer les âmes de ses personnages, quelle que soit leur condition sociale qui m'a séduite.400 pages dévorées d'une traite !
Minette Walters. Editions Robert Laffont. 400 pages
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : culpabilité, retour guerre d'irak, minette walters, l'ombre du caméléon
31/10/2008
"Le savoir et l'innocence ne sauraient faire bon ménage."
"Devant la maison scintille une luxueuse Mercedes-Benz argentée rutilante qui rappelle que nous vivons à l'époque de la croissance et de l'optimisme. Je gare mon tacot juste à côté pour rappeler que toute chose est vouée à disparaître".Ecrites en 2005, ces phrases prennent une résonnance particulière étant donné la situation actuelle de l'Islande...
C'est en effet au pays des fjords que se déroule l'intrigue du Temps de la sorcière. Arni Thorarinsson y met en scène un journaliste, Einar , qui a eu la "bonne idée de devenir abstinent alosr qu'il vient d'être muté dans le Nord du pays. Les ventes de son journal vont monter en flèche quand il va mener l'enquête sur l'assassinat d'un jeune homme charismatique dont la personnalité va se révéler plus complexe qu'il n'y paraît à première vue.
Rien de tel qu'un roman policier pour prendre le pouls d'une société et celle que nous dépeint ici l'auteur est bien loin des clichés que nous pourrions avoir sur l'Islande. Suicide des jeunes, alcool, drogues, influence de la langue et de la culture américaine, tout ceci nous montre que la mondialisation gagne de plus en plus de terrain...
Si les intrigues peinent un peu à se mettre en route, les personnages sont joliment croqués et nous passons un bon moment en leur compagnie.
Ps: la sorcellerie évoquée dans le titre n'a qu'un rôle anecdotique !
Le temps de la sorcière Arni Thorarinsson. Points seuil.426 pages
Sympathique.
L'avis de p'tit lapin.
Celui d'Essel
06:12 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : islande, policier, journaliste, le temps de la sorcière, arni thorarinsson
30/10/2008
"Tire sur le premier intrus qui se présente, l'ami."
Stoney Cahloun travaille pour la somptueuse Kate (et plus car affinités) comme guide de pêche et mène une vie des plus tranquilles et retirée avec son chien, le très craquant et philosophe, Ralph, épagneul breton de son état. Mais son meilleur ami disparaît et Calhoun va se rendre compte que son passé, dont il n'a que de vagues souvenirs, va le rattraper en mettant à jour des capacités que jusque là il ignorait...
William G. Tapply a le chic pour mettre en scène ses personnages en quelques lignes, du plus important jusqu'aux seconds rôles, il les croque et tout de suite ils nous sont familiers. Son héros est un homme comme on en rêve : calme et tendre, patient et délicat avec une virilité de bon aloi accompagné d'un chien à la fois placide et vif, doté d'une réelle personnalité.
L'intrigue mêle savamment l'enquête personnelle de Calhoun et ses découvertes sur ses capacités insoupçonnées. La lumière ne sera d'ailleurs pas entièrement faite sur le passé du héros, ce qui nous donnera bien évidemment envie de découvrir la suite de ses aventures ! Un bain de verdure et de fraîcheur malgré le titre : Dérive sanglante !
Un petit extrait pour le plaisir : "Il laissa la cabane à la garde de Ralph en lui rappelant ses devoirs: mordre au derrière tous les intrus sans exception, faire la vaisselle et couper un peu de bois de chauffage.
-Et pas question d'aller nager dans la rivière, ajoutat-il.
Ralph, vautré sur la terrasse ensoleillée agita son moignon de queue sans rouvrir les yeux."
Merci à Cuné pour ce savoureux envoi !
Patricia ont aimé aussi !
268 pages
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : dérive sanglantes, william g tapply, nature, pêche, épagneul breton, dans mes bras william g. tapply
27/10/2008
"Avez-vous songé à être vous même tout simplement ? "
Albert n'est ni un ringard ni un élève populaire , loin s'en faut et il n'est à l'aise ni à l'école ni dans sa famille où une mère insatisfaite chronique martyrise un époux falot et croit trouver le bonheur dans les arts ménagers.
Aussi, quand l'ado mal dans sa peau fait la connaissance de sa vieille voisine Orphra et qu'il a avec elle des conversations passionnantes sur la llittérature, la vie, le théâtre, se prend- il à croire en ses rêves...
Se déroulant à l'époque du Flower power, qui est évoqué de manière assez sarcastique en arrière plan, ce roman qui fait pétiller les citations de Thoreau ou de Shakespeare, m'a finalement plutôt déçue. L'écriture m'a semblé guindée et je ne suis jamais véritablement entrée dans l'histoire. Albert m'a paru assez insupportable et je ne me suis attachée à aucun personnage( à l'exception du chat Orson qui a bien du mérite d rester dans cette histoire)pas plus qu'au "message "délivré d'ailleurs.
Notre petite vie cernée de rêves.Barbara Wersba. Editions Thierry Magnier.167 pages
Dans la série Cathulu joue les rabat-joie...:)
L'avis de Lou qui vous enverra chez plein de blogueuses qui ont apprécié ce roman.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : notre petite vie cernée de rêves, barbara wersba, amitié transgénérationnelle, mal être adolescent
26/10/2008
"Un porridge de maman tardif"
Li a repoussé son bonheur car "Les gens comme moi n'ont manifestement pas l'armature nécessaire pour supporter les bons moments." Les gens comme elle? Incolore, voilà comment se définit cette infirmière, qui, enfant a vécu en compagnie de son petit frère dans une immense demeure où ils croisaient de temps à autres ceux qu'ils appelaient entre eux les Epoux, à savoir leurs parents trop peu présents car trop occupés à soigner d'autres enfants. Pas de ressentiment néanmoins, juste le constat que "Les gens comme elle ne devraient sans doute pas avoir d'enfants, surtout quand ils sont marqués pour la vie par un chagrin d'amour universel et quand ils ont des enfants si tardivement que cela entraîne la dissolution d'un orchestre de mandolines." L'humour comme moyen de survie.
Quand l'Amoureux repoussé dans l'adolescence revient en Islande, Li repense à son passé et à son enfance si particulière (qui m'a un peu fait penser au personnage de Fifi Brindacier, en moins joyeux (même si Fifi a parfois des accès de mélancolie)). Pourra-t-elle enfin "attraper ce qui aurait dû être, (...) faire du poème la vie elle même (...)ne plus rester transie dans la froidure de l'intervalle compensatoire entre les poèmes et la vie " ?
Dans Le cheval soleil, l'islandaise Steinun Sigurdardottir nous livre un récit lumineux,celui d'une enfance qui n'a même pas le sentiment d'être fracassée, une enfance où la mort rôde tout naturellement , où les enfants se montrent plus adultes que leurs parents, où le bonheur n'est pas du tout familier.Un récit où le lien entre parent et enfants est exploré d'une manière très particulière.
La traductrice Catherine Eyjolfsson * a très bien rendu le contraste entre la langue parfois très moderne avec ses hyperboles ainsi, "l'hyperbonté" de la mère et les passages poétiques qui se mêlent au roman, comme autant d 'échappées vers la lumière.
L'Islande et ses paysages âpres et lumineux servent d'écrin à un texte puissant et jamais déprimant qui va d'emblée prendre place sur mon étagère d'indispensables.
Le Cheval soleil. Steinunn Sigurdardottir. Editions Heloïse d'Ormesson.185 pages
PS: de la même auteure, j'avais a-do-ré La place du coeur paru en 2000 aux Editions Denoël, sorte de road-movie islandais mettant en scène une mère qui veut renouer le lien avec sa fille qui part en vrille...Depuis 8 ans sur ma fameuse étagère et lu et relu...Billet à venir ?
* Déjà remarquée ici .
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : islande, mère, fille, amour, poésie, le cheval soleil, steinunn sigurdardottir
22/10/2008
Quand les enfants sont dangereux...
Il est des enfants dont on sent tout de suite qu'il vont avoir une influence néfaste sur leurs camarades. Tulipe est de ceux-là. Les parents de Nathalie, trop occupés peut être par leur travail mais également séduits, même s'ils ne sont pas dupes, par cette collègienne attachante malgré ses défauts , ne vont pourtant pas interdire à leur fille de la fréquenter.
Menteuse, manipulatrice, Tulipe va exercer ainsi son ascendant sur une Nathalie qui se rend bien compte de l'anormalité de la situation et parviendra à secouer le joug de cette servitude librement consentie et ce pour le meilleur et pour le pire...
Mon amitié avec Tulipe souffre d'un titre français anodin,The Tulip touch original mettant davantage l'accent sur la touche de Tulipe , cette manière si particulière qu'elle a de mentir. Anne Fine a écrit ce roman suite à la mort d'un très jeune enfant en Grande -Bretagne assassiné par des gamins à peine plus âgés que lui. Elle n'y fait qu'une très brève allusion, son propos étant de se demander comment de tels enfants peuvent en arriver à agir de manière aussi horrible. Dans un dialogue argumenté, les parents de Nathalie échangeront ainsi leurs points de vue sur l'attitude destructrice de Tulipe.Sans manichéisme, Anne Fine analyse avec finesse le comportement des deux adolescentes.Un livre qui met parfois mal à l'aise mais qu'il est à mon avis nécessaire de lire et de faire lire afin d'en discuter avec nos enfants.
A partir de 13 ans.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : amitié, fréquentations dangereuses, anne fine, mon amitié avec tulipe
15/10/2008
Une sorte de boîte à souvenirs en mots et en phrases
Stuart Terence Oliver, dit Stol ou Stolly ,collectionne les accidents à une cadence impressionnante.Mais là il a dépassé la mesure et se retrouve à l'hôpital avec pas mal d'abbattis cassés. Sonné mais vivant. Son meilleur ami, Ian, décide de rédiger la biographie de Stol pour lui prouver que "c'est important que tu existes."
Stol est un personnage follement attachant, plein d'invention ,"spécialiste des histoires abracadabrantes",que les profs estiment "juste un peu fantasque"et dont tous disaient"qu"il avait de l'avenir, à condition de rester en vie et qu'il apprenne un jour à lacer ses chaussures." Vous l'aurez compris le ton est plein d'humour , le mot "suicide" ne sera jamais prononcé , pour ne pas dramatiser et aussi pour échapper à tout cette menace de prise en charge socio-psychologique dont Ian se méfie au plus haut point. Les parents de Stol, trop pris par leur travail ne sont jamais stigmatisés. D'ailleurs Stol s'est quasiment fait adopter par les parents de son "ange-gardien" autoproclamé. Au passage, remarquons aussi que Ian est un enfant trouvé dans une boîte à chaussures et que "pour l'instant, j'avoue que ça m'est complètement égal. Parfois, je me sens coupable : je me dis que c'est dommage que quelqu'un comme moi ait bénéficié d'une adoption. Il auarit mieux valu que ça tombe sur un enfant comme Stolly, quelqu'un qui a assez d'imagination pour en profiter pleinement."
Même s'il évoque des thèmes graves,La tête à l'envers in'est jamais "plombant". Tout est traité de manière intelligent et optimiste, sans jamais verser dans la mièvrerie. Anne Fine fait confiance à ses personnages-aux ados parfois pluq qu'aux adultes !- pour faire face avec efficacité et humour aux problèmes qui les touchent parfois de plein fouet. Un roman revigorant !
A partir de 13 ans
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : adolescence, suicide, humour, adoption, anne fine, la tête à l'envers