19/06/2009
Petits meurtres entre voisins
Bizarrement nulle mention de nos chères Desperate Housewifes, pourtant mises d'habitude à toutes les sauces, à l'instar de notre très chère Jane Austen d'ailleurs.
Pourtant tout y est : une communauté chicos dans un village hollandais où il fait bon vivre entre gens du même monde, des femmes au foyer ou exerçant vaguement des métiers pas trop prenant et prestigieux, des maris débordés de travail, des enfants qui ont la bonne idée d'aller à l'école pour ne pas trop embêter leurs parents, trop occupés à boire et à flirter.Un peu de sexe pour pimenter le tout et quelques cadavres qui viennent jeter le trouble et ternir rapidement ces images trop bien lêchées.
Saskia Noort reine du polar hollandais ? Que nenni, les personnages sont aussi inconsistants que les magazines dont ils semblent sortis et seuls quelques vélos viennent donner un peu de couleur locale. On en vient presque à regretter qu'il y ait aussi peu de cadavres tant l'action est mollassonne.
Tous les ingrédients avaient été réunis mais la sauce-hollandaise- ne prend pas.
Saskia Noort, Petits meurtres entre voisins, déjà paru en 2007 et ressorti cette année.
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18/06/2009
Comme deux gouttes d'eau
Dans Comme deux gouttes d'eau, on retrouve avec plaisir le personnage de Cassie rencontré dans Ecorces de sang. Elle est ici la narratrice et va se trouver mêlée à une infiltration sans pareille .En effet, non seulement la victime d'un meurtre lui ressemble quasi parfaitement mais en plus elle avait endossé une identité inventée pour une précédente mission de Cassie !
La jeune femme va alors intégrer le groupe d'amis que fréquentait Alex et vivre avec eux dans un manoir décrépit mais plein de charme...
Avec ce nouveau roman de Tana French, nous entrons de plain pied dans une atmosphère vénéneuse à souhait qui n'est pas sans rappeler Rebecca de Daphné du Maurier "J'ai rêvé que je retournais à Manderley", mais aussi Dona Tartt et Le maître des illusions avec ce groupe d'amis qui se mettent en marge des autres étudiants de l'université. Ces échos ne troublent en rien le lecteur car Tana French sait y instiller sa propre dose de noirceur et montrer toute l'ambiguïté de l'attitude de Cassie plongée dans ce huis-clos qui pourrait être mortel...
Une fois accepté le postulat initial , on se laisse captiver par ce roman qui fait la part belle à la psychologie mais sait aussi créer une atmosphère angoissante et où la maison devient un personnage à part entière qui fascine et captive. Une réussite !
Comme deux gouttes d'eau. Tana French, Editions Michel Lafon.
L'avis de Lily .
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17/06/2009
Ecorces de sang
Quand on découvre le cadavre de la petite Katy sur un chantier de fouilles archéologiques, c'est tout un passé qui va rattraper l'inspecteur de police Rob. En effet, vingt ans auparavant, il a été le seul rescapé d'un groupe de trois enfants qui étaient allés jouer dans les bois. les deux autres ne sont jamais réapparus. Les deux affaires sont elles liées ? Rob est-il vraiment le plus à même de résoudre la ou les énigmes ? En tout cas, il est fidèlement secondé par son alter ego au féminin, Cassie, férue de psychologie et plus teigneuse qu'un bouledogue.
Ce pourrait être un énième roman policier tissant les liens passé -présent, jouant de la complicité entre les membres de son équipe mais Ecorces de sang est bien plus que cela.
L'intrigue est particulièrement retorse et même si j'avais deviné une partie de l'énigme, les retournements de situation ne cessent de relancer le récit même à la toute fin. Les personnages et leur psychologie subtile sont particulièrement réussis et on a hâte de les retrouver dans le volume suivant, d'autant que toutes les zones d'ombre n'ont pas été éclaircies.
L'écriture enfin de Tana French, qui fait de la forêt un être quasi vivant, une entité vaguement menaçante et s'attache à décrire la nature avec poésie a fini de me séduire totalement. Un roman qu'on ne lâche pas !
Ecorces de sang, Tana French, sortie en poche le 18 juin chez Points Seuil.
Paru en 2008 chez Robert Laffont sous le titre La mort dans les bois.
Ce livre a remporté, entre autres, le Prix Edgar Allan Poe .
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15/06/2009
Drôle de temps pour un mariage
Tout va très vite dans Drôle de temps pour un mariage : Un mois de fiançailles entre" Dolly , âgée de vingt-trois ans, à l'honorable Owen Bigham.Il avait huit ans de plus qu'elle et appartenait au corps diplomatique.", une centaine de pages pour nous raconter la journée du 5 mars , et rendre compte , en scènes télescopées , des réactions des uns et des autres dans cette maison de campagne anglaise en ce jour où les demoiselles d'honneur frissonnent dans leurs robes jaunes, avant le départ des jeunes mariés pour l'Amérique du Sud.
Vieille tante, cousins, domestiques, tout ce petit monde s'agite, se chamaille, mais la comédie prend une tonalité grinçante avec l'apparition de celui qui n'osa se déclarer l'été dernier.
Ce pourrait être mélo, c'est follement acidulé, très anglais, avec son lot d'excentricités, ses cadeaux horribles, une mariée qui se saôule au rhum- mais sans perdre sa dignité- et veut emmener sa tortue en voyage !
On arrive, un peu étourdi à la fin du roman, mais pleinement satisfait d'avoir découvert un petite merveille qui fut publiée pour la première fois en 1932 par Virginia Woolf et son mari, et a conservé toute sa fraîcheur acide.Un livre qui a filé directement sur l'étagère des Indispensables !
PS:N'étaient ses superbes descriptions de fleurs, ce pourrait être une magnifique pièce de théâtre, drôle et enlevée (un peu comme Le Bal d'Irène Némirovsky, roman qui a ensuite été adapté au théâtre).
Julia Strachey, Drôle de temps pour un mariage, La petite Vermillon, 7 euros.
Traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff
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09/06/2009
comment Cuné a failli se manger un bras
Souvenez-vous, chers amis : Cuné était tellement sûre que ce roman me plairait qu'elle s'était engagée à un acte d'auto-anthropophagie si d'aventure je n'éprouvais pas le même enthousiasme qu'elle pour ce roman...
Au bout de cinquante pages, je mollissais déjà car je retrouvais -en moins bien, hélas- une atmosphère , voire même des scènes (le couronnement de la Reine fêté par des Sujets de sa grâcieuse majesté à l'étranger) déjà rencontrée dans un roman pour lequel j'avais eu un gros coup de coeur: Le grand incendie
Et puis, parce qu'une Cuné manchote ça aurait singulièrement ralenti et ses lectures et ses billets, malgré quelques coquilles agaçantes, malgré des facilités de style (pas beaucoup, je vous l'accorde et ne me les demandez pas, je ne les ai pas notées), malgré des personnages que j'avais déjà eu l'impression de rencontrer, j'ai poursuivi l'histoire de ces Anglais à Hong-Kong qui , en 1941,dansent sur un volcan mais que la guerre et ses horreurs vont rattraper. Dix ans plus tard une nouvelle venue dans cette microsociété va, petit à petit,renouer les fils du passé par le biais de son amant le beau boîteux, William. Bon, je me gausse (un peu) car j'ai trouvé les personnages un peu stéréotypés au début mais finalement j'y ai trouvé mon compte, particulièrement dans l'évocation de l'invasion japonaise , période trouble où chacun va révéler sa vraie nature. J'ai apprécié aussi l'entrecroisement des époques et les péripéties du roman, avec de vraies révélations inattendues !
Ouf, tu peux respirer, Cuné et merci pour le prêt !:)
Le professeur de piano, Janyce Y.K. Lee, Plon,357 pages que je ne regrette pas d'avoir lues jusqu'au bout!
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : le professeur de piano, janice y.k.lee, hong-kong, 2nde guerre mondiale
08/06/2009
Little Bird
La découverte du cadavre du jeune Cody Pritchard, un des quatre adolescents condamnés avec sursis pour le viol de la jeune Amérindienne Melissa Little Bird,va raviver les tensions à l'intérieur du Comtéd'Absaroka. Son shérif, Walt Longmire, "triste, gros ,affligé d'autodénigrement chronique, pourtant étrangement charmant", comme le décrit son adjointe Vic, va se lancer à la poursuite de ce probable vengeur, tout en essayant de préserver un semblant de vie affective...
Charmant, mais capable de faire le coup de poing si nécessaire, fidèle en amitié, d'un humour ravageur ,Walt Longmire remporte tous les suffrages. Les personnages secondaires tous plus pittoresques les uns que les autres lui renvoient la balle avec habileté et l'on n'est pas prêt d'oublier cette prison où l'on fait la sieste dans les cellules et où l'on refuse un prisonnier car il est trop vorace ! L'émotion est aussi au rendez-vous et rien n'est plus touchant que de voir cet homme , plus tout jeune, intimidé comme un adolescent à son premier rendez-vous , lorsqu'il va enfin renouer avec une vie amoureuse.
Le tout se déroule dans les grands espaces du Wyoming, près d'une réserve indienne, dans une atmosphère flirtant un peu avec le fantastique mais qui s'intègre parfaitement aux rebondissements de l'enquête.
Vous l'aurez compris , j'ai adoré ce premier volume mettant en scène Walt Longmire et j'attends déjà avec impatience la parution des autres aventures de ce shérif selon mon coeur !
Un grand merci à Amanda pour le prêt !
Ps: Stoney,je ne t'oublie pas!!!
Craig Johnson, Little bird, Gallmeister, 409 pages qui me laissent repue, (jusqu'au prochain !)
06:05 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : little bird, craig johnson, nature writing, shérif fais-moi rire et plus si affinités
06/06/2009
Le garçon dans la lune
Même si le thème rique d'en rebuter plus d'une , il faut savoir passer outre et tenter l'aventure, vous ne le regretterez pas !
"La désintégration et l'érosion peuvent être inversés"
Il y a quelque chose de pourri dans le couple que forment Julia et Brian depuis maintenant dix ans. Le début du Garçon dans la lune est d'une acidité réjouissante car chacun des personnages traverse une mini crise existentielle, se demandant comment il est perçu par les autres.
"Il se dit: je me demande pourquoi je ne vais pas baiser un mouton mort à l'abattoir du coin
il cligna des yeux. elle se contracta. Il bâilla. Elle éternua. Il jouit. Pas elle.
(...)
il se dit: je pourrais divorcer pour moins que ça.
Elle pensa:en plus , il faut changer les draps."
Cette crise latente, car non-dite, risque de s'exacerber car le couple, accompagné de leur fils, Sam doit partir en Irlande chez le père de Brian, ce que Julia envisage comme "un long purgatoire".Ce sera pire que cela car un terrible accident va survenir ...
Kate o'Riordan à partir de là aurait pu faire sombrer le récit dans le mélo le plus larmoyant, tirant partie des paysages et de tous les clichés embusqués dans un coin de notre tête sur l'Irlande. Balayant tout cela d'un revers de main, elle lance ses personnages défricher le passé de l'autre, jusqu'à ce que la vérité éclate. En effet, tant Julia que Brian se sont forgé une image qui ne correspond pas forcément à la réalité. "Elle se demanda pourquoi Brian, contrairement aux autres, trouvait si nécessaire de réécrire le passé, et quelle part de leur vie les autres couples gardaient cachée. Elle éprouva une pointe de remords pour toutes les fois où elle l'avait sciemment blessé par ses mots, où elle avait intentionnellement tenté de l'humilier parce que tant qu'il continuait à sourire de ce sourire exaspérant, si désinvolte, ses piques ne pouvaient atteindre leur cible."
Violence des mots, violence des émotions violence tout court, l'auteure ne nous épargne pas et montre bien l'ambivalence des sentiments qui agitent ses personnages. Il serait tellement plus simple que les bons soient entièrement bons et inversement pour les autres...
Le poids du passé, le poids des non-dits qui taraudent les générations suivantes sont aussi au coeur de ce roman, bien plus que la mort d'un enfant.
Kate O'Riordan sonde les reins et les coeurs,elle fouille les plaies, jouant avec les peurs de ses lecteurs (qui n'a jamais paniqué , ne serait-ce que quelques secondes, après avoir perdu de vue son enfant dans un magasin?) dosant savamment l'espoir et la désespérance...
Un livre qui vous colle une grosse boule d'angoisse , qui vous poursuit longtemps, mais qui est une expérience magistrale.Un livre qui brûle.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : kate o riordan, un grand et beau coup de coeur !
03/06/2009
La plage
"Il y a des expériences qui sont si importantes qu'elles n'ont pas de place dans le temps où elles arrivent. Elles ont besoin d'un temps additionnel pour être appréhendées au ralenti."Ainsi parle Ulrika quand elle arrive à intégrer un tant soit peu la famille si fascinante à ses yeux que constituent les Gattman.Les vacances à Tangevik, petite ville balnéaire sur la côte suédoise deviennent alors une parenthèse magique jusqu'au moment où la fille adoptive de cette famille, la silencieuse Maja disparaît...24 ans plus tard, Ulrika revient sur les lieux accompagnée de ses enfants qui vont faire une macabre découverte. La jeune femme va alors, petit à petit, et le lecteur avec elle , renouer les fils du passé.
Alternant les époques et les narrateurs, La plage est un roman lumineux et poétique, qui fait passer le lecteur par tout un éventail d'émotions, un roman hanté par les cris des oiseaux et par la mer, omniprésente. Un roman où l'auteure, Marie Hermanson, se glisse avec aisance dans la peau de personnages très différents mais tous attachants. A savourer et à relire.
Marei Hermanson, La plage, Le serpent à plumes.318 pages apaisantes.En librairie le 4 juin !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : la plage, marie hermanson
27/05/2009
La vie privée des arbres
Veronika tarde à rentrer de son cours de dessin. Pour occuper la fille de l'absente, la petite Danielà, Juliàn, son beau-père lui raconte La vie privée des arbres, "une suite complète d'histoires quil a inventées pour l'endormir." Mise en abyme du récit donc mais aussi occasion de nous raconter simultanément sa rencontre avec Veronika et elur histoire qui est devenue , petit à petit, une histoire d'amour.
"Pour l'heure, la vie est un casse-tête qui lui semble résolu : il a été invité dans une nouvelle intimité, dans un monde où il lui revient d'être à peu de chose près le père de Danielà, la petite fille qui dort, et el mari de Veronica, la femme qui ne rentre pas, pas encore, de son cours de dessin."
L'arrivée de Veronika devrait donc mettre un terme à ce récit qui n'a de raison d'être que par l'absence de la jeune femme.
Il ne se passe presque rien dans ce roman très court d'Alejandro zambra. mais c epresque rien nous envoûte par l'écriture si particulière du romancier (qui m'a parfois fait penser au détachement de La femme Gauchère de Peter Handke, roman qui est depuis 1980 sur l'étagère de mes essentiels). Détachement au sens où les mots , en apparence très simples, se détachent sur le fond du récit. Cet aspect ténu ne séduira pas forcément les amateurs de péripéties et de grandes houles démotions mais il plaira aux amateurs d'ambiances poétiques. Une parenthèse , un moment figé dans le temps qui émet des pseudopodes dans le passé, une bulle iridescente..
La vie privée des arbres, Alejandro Zambra, 117 pages cristallines.
Le très joli billet de Pagesapages qui m'avait donné envie de découvrir cet auteur.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : la vie privée des arbres, alexandre zambra
26/05/2009
Le temps des métamorphoses
"Un huis clos magistral aux troublants échos hitchcockiens" dans "un vieux manoir victorien des années 50 à nos jours", il ne m'en fallait pas plus pour me précipiter sur Le temps des métamorphoses de Poppy Adams . Las , cette famille de lépidoptéristes qui trucide à tour de bras les papillons- mais pas seulement...- pour d'improbables recherches qui nous sont détaillées à longueur de pages n'a suscité chez moi qu'un ennui poli. Pourtant dieu sait si je suis capable de m'intéresser à quasiment n'importe quoi pour peu que l'auteur ait du talent...
Quant aux relation vénéneuses entre les membres de cette famille d'excentriques anglais, elles m'ont laissé sur ma faim. Certes, des révélations fracassantes il y en a mais elles tombent régulièrement à plat ou presque. De plus, le choix de la narratrice unique, la soeur aînée, ne permet pas un changement de point de vue générant le malaise comme l'avait très bien réalisé Hilary Mantel dans La locataire.Leurs héroïnes ont beaucoup de points communs mais celle de Poppy Adams ne suscite que baîllements. J'ai réussi à terminer ce roman , lui laissant toujours une dernière chance mais ce fut une perte de temps. Peut être qu'en visant moins l'exhaustivité et en concentrant l'intrigue en une centaine de pages aurions-nous eu la chance de lire un roman équivalent à l'Ailleurs de Julia Leigh.
Poppy Adams, le temps des métamorphoses,330 pages.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : le temps des métamorphoses, poppy adams, vous ne pourriez ps les faire un p'tit peu plus courts?