05/09/2009
Le joueur d'échecs
Allez savoir pourquoi , j'étais persuadée que Zweig était un auteur du XIX ème siècle...Allez savoir pourqoui je cofondais l'intrigue du Joueur d'échecs avec celle d' un autre texte mettant aux prises des adversaires humains à un automate invincible...(Tiens c'est de qui d'ailleurs ce texte? )
Il aura fallu la conjonction d'une remarque de Papillon ici et du billet récent(en août) d'une blogueuse (que je n'ai évidemment pas retrouvé, si elle se reconnaît, vite je mettrai le lien !) pour que je comprenne ma double erreur: ce texte a été écrit en 1941 et nous montre comment un homme arrêté par les nazis, subissant ce qu'on appellerait de nos jours une expérience de privation sensorielle, parvient à s'emparer d'un livre qui , ô déception, n'est qu'un manuel d'échecs, manuel d'échecs qui lui permettra pourtant de tenir tête à ses geôliers...
Stefan Zweig en 95 pages réussit à nous montrer la double souffrance d'un homme : celle due à sa captivité sans violence physique est tout aussi redoutable que s'il avait été envoyé dans un camp de travail mais aussi les ravages que peuvent causer les monomanies, c'est à dire l'obession d'une seule idée.
Les passages consacrés à la découverte et à la lecture du livre dérobé 'ont fait penser aux propos tenus par Jean-Paul Kaufman qui lors de sa captivité, quand il parvenait à obtenir un livre faisait durer le plaisir en lisant l'ouvrage dans tous les sens, y compris à l'envers, se régalant même à la lecture d'Harlequinades...La même fièvre à l'idée de lire...
"Je voulus d'abord savourer toute la joie que me donnait la seule présence de ce livre, et je retardai à dessein le moment de le voir, pour le plaisir excitant de rêver en me demandant quelle sorte de livre je voulais que ce fût : surtout , imprimé très serré, avec le plus de texte possible, des feuillets très, très fins, afin que j'aie plus longtemps à le lire. J'espérais aussi que ce serait une oeuvre difficile, qui demanderait un gros effort intellectuel, rien de médiocre, quelque chose qui puisse s'apprendre, qui se puisse apprendre par coeur, de la poésie , et de préférence- quel rêve téméraire!-Goethe ou Homère."
Un pont également par de-là les années avec ce roman de Richard Powers...
Une oeuvre dense et puissante , profondément humaine.
Merci à toutes celles qui m'ont permis , par des chemins détournés, de rencontrer cet auteur !
Le blogobook vous mènera vers plein de billets - qui avaient aussi "préparé le terrain" !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : stefan zweig, monomanie, privation sensorielel, survivre grâce aux échecs
04/09/2009
L'amour en kilt
Quel plaisir de retrouver tous les habitants du 44 Scotland Street ! Certains ont déménagé, provisoirement ou pas , de nouvelles têtes ont fait leur apparition mais tous sont toujours aussi sympathiques et même les mauvais garçons ne sont pas bien dangereux , car ne l'oublions pas nous sommes dans une comédie.
Alexander McCall Smith célèbre avec autant de bonheur que dans les volumes précédents les charmes de sa cité de prédilection,Edimbourg, même s'il s'autorise quelques incursions exotiques et manie les rênes de son feuilleton avec autant de dextérité que d'habitude. Pas de surprises donc mais pas de déception non plus.Et c'est déjà pas mal !
L'amour en kilt, Alexander McCall Smith, 10/18 , 446 pages qui donnent le sourire , 14 euros quand même !
Un grand merci à Clarabel pour le prêt !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : alexander mccall smith, edimbourg toujours!
30/08/2009
Le verdict du plomb
Avec Le verdict du plomb, nous retrouvons Mickey Haller que nous avions laissé blessé à la fin de La défense Lincoln.clic.
Après deux ans de soins, il se retrouve propulsé bien malgré lui dans un énorme procès où il devra assurer la défense d'un magnat du cinéma , accusé d'avoir tué son épouse et l'amant de celle-ci.
Très rapidement Haller va comprendre qu'il est en danger et sera contraint de pactiser avec un Harry Bosch qui joue ici un peu en retrait, le premier rôle étant laissé à l'avocat. Mais qui titre vraiment les ficelles? Dans un monde où tout le monde ment, où chaque mot prononcé peut faire pencher la balance, tout est bon pour gagner un procès et très accessoirement faire triompher la vérité.
Pour qui aime se balader dans les coulisses d'un métier, ce nouveau Michael Connelly est un régal ! Les arguties bizantines du système judiciaire états-uniens deviennent ici presque pittoresques-qui aurait cru qu'une joueuse de poker pouvait s'y révéler fort utile? -et l'on suit avec un intérêt toujours croissant les interrogations d'un héros qui cavale à toute allure mais trouve nénamoins le temps de s'interroger sur sa vie et ses valeurs. Un bon cru !
Un grand merci à Cath et Ch'ti 31 !
Le verdict du plomb, Michael Connelly, seuil policier, 458 pages à lire d'une traite !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : michael connelly, policier, procès, justice états-unienne
12/08/2009
le coeur est un muscle involontaire
Florence déteste les livres , les écrivains et les chiens. Elle bosse avec Zéno, partageant avec lui un sentiment à mi-chemin entre amour et amitié , sentiment dont Monique Proulx parle très joliment: "Un jour Zéno et moi, quand on sera tout à fait grands sans être vieux, on inventera un sentiment bien plus aérien que l'amour, bien plus ardent que l'amitié, dans lequel, nuit et jour on pourra s'étendre pour réparer nos cassures.
En attendant, on a ça, ce petit paquet de chaleur et de chardons."
Florence, bien malgré elle, va se retrouver à la poursuite d'un écrivain "invisible", sorte de Salinger québécois, qui lui a volé une phrase, celle qui donne son titre au roman : Le coeur est un muscle involontaire (écho de Le coeur est un chasseur solitaire ? ). Cet écrivain mystérieux,Pierre Laliberté, dont elle n'a que faire, évidemment est l'idole de Zéno...S'en suit alors une quête pleine de péripéties et d'humour, où notre héroïne devra s'accommoder de cadeaux fort encombrants, dont je me garderai bien de révéler la teneur :" Je suis tombée sur une jovialiste, c'est bien ma chance."et apprendra petit à petit à voir le monde d'une façon différente.
On pleure, on rit, on note au passage quelques jurons bien sentis que l'héroïne s'adresse pour se fustiger : "manche à balai irascible", "maudite limace molle", on applaudit des deux mains aux descriptions hallucinées d'un centre commercial ou, plus poétiques mais tout aussi inspirées, du centre de New-York, bref on passe un excellent moment car Monique Proulx possède tout à la fois le sens du récit et une écriture chatoyante.
Le coeur est un muscle involontaire, Monique Proulx, Editions Boréal, 399 pages pleines de charme.
Merci qui ? Merci, Cuné évidemment !:)
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : monique proulx, des livres, des chiens, quebec, new-york, littérature
03/08/2009
La bouffe est chouette à Fatchakulla
Bienvenue à Fatchakulla, petit comté tranquille , entouré de marécages brumeux à souhait. Comme il ne se passe rien, ou presque, on y boit sec, on chasse ,on pêche et on chouchoute des matous un peu hors-normes : "Quant à l'heureux propriétaire de cet être hors pair, un chat à six doigts, à grosse tête,atteint de strabisme, il pouvait compter sur toute une vie de félicité." Alors quand " le plus fieffé salaud du canton de Fatchakulla", j'ai nommé Oren Jake Purvis qu'on soupçonnait de faire disparaître certains de ces matous -entre autres forfaits - est retrouvé mort , il ne s'est pas trouvé grand monde pour le pleurer.
Mais les victimes s'accumulent, éparpillées un peu partout , façon puzzle, comme aurait dit Audiard, et les esprits s'échauffent, d'autant plus que certains morceaux sont portés manquants...
La bouffe est chouette à Fatchakulla est un divertissement très réussi, à la croisée du Lézard lubrique de Melancholy cove et de Fantasia chez les ploucs.On y sourit, on y frissonne et très souvent en le lisant me sont venues des images tirées des Mystères de l'Ouest (la série ,pas le film, grandguignolesque et boursouflé), pour ce qui concernait l'élucidation du mystère...
Un grand merci à Cuné !
Ned Crabb, La bouffe est chouette à Fatchakulla, Folio policier, 267 pages , seulement !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : ned crabb, humour, suspense, farce et bonne tranche de rigolade
24/07/2009
5 octobre, 23 h 33
Flic d'expérience, le shérif Carl Houseman, va se trouver confronté à un suicide ou crime qui va le plonger dans un monde bien différent de son Iowa banal.
Méfiante j'aurais pu être : éloges dithyrambiques sur la 4 ème de couv' de ce roman policier(dont un de Michael Connelly), allusions à des rites liés aux vampires, en plein Iowa contemporain, alors que j'avais été préalablement échaudée par un roman français utilisant les mêmes ressorts (Les morsures de l'aube de Tonino Benacquista, pas de billet) mais bon il y avait la caution de Cuné alors je me suis lancée...et je n'ai pas pu lâcher ce bouquin ,dévoré d'une traite.
L'opposition entre les jeunes gens gentiment ( à première vue) bizarroïdes habitant dans une grande maison placée sous le signe du gothique et le flic brut de décoffrage mais à l'usage pas si plouc qu'il en a l'air est tout à fait réjouissant.On explore, ravi, les méandres tortueux de l'âme humaine tout en découvrant le quotidien de ce shérif aguerri qui subit les lourdeurs administratives, les humeurs de ses subordonnées et regrette de n'entrevoir sa femme que de rares instants, le tout rythmé par le suivi de l'enquête, quasi heure par heure. Un Page turner diablement efficace !
5 octobre, 23 h 33, Donald Harstad, Points seuil.
L'avis tout à fait enthousiaste de Cuné que je remercie encore, et qui l'a placé dans la catégorie " excellent".
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : donald harstad, vampires et cie
23/07/2009
Jour de fête à l'hospice
Premier roman de John Updike,(dont javais déjà lu plusieurs romans il y a belle lurette (non chroniqués ici)), Jour de fête à l'hospice n' a pas su m'accrocher. J'ai trouvé la narration pesante, alourdie par ces longs monologues intérieurs qui entravent l'action plus qu'ils ne la propulsent. L'idée était pourtant intéressante: celle de confronter les pensionnaires d'un hospice de vieux au monde extérieur à l'occasion de la seule journée de l'année où les personnes étangères à ce huis-clos forcé peuvent y faire une brève incursion. Unité de temps, de lieu mais les interrogations des pensionnaires m'ont paru superficielles et je ne me suis attachée à aucun d'entre eux. Echec sur toute la ligne, tant pis !
Merci au Blog-o-book et aux éditions Robert Laffont
L'avis de Tamara, plus positif.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : john updike
22/07/2009
Lydia Cassatt lisant le journal du matin
"Ceci est une île , composée de May et de moi, de son pinceau et de mes gants, de ma douleur et de son regard. Sur sa toile, je me mue en une femme en bonne santé, vêtue de bleu et de blanc. le soleil et le pinceau me guérissent, le pinceau et le soleil, et les oiseaux français dans un jardin français." May ,c'est Mary Cassatt peintre américaine impressionniste ayant cotoyé -et aimé- Degas , dotée d'une énergie folle. Celle qu'elle peint ainsi à de nombreuses reprises c'est sa soeur aînée, Lydia . Lydia qu'elle aime d'un amour total , Lydia qui va mourir même si chacun s'obstine à le nier,sauf la malade elle-même.
Harriett Scott Chessmann choisit donc d'interroger cette constance dans la relation peintre -modèle en consacrant un chapitre par tableau peint à la fin de la vie de Lydia, (ces toiles sont d'ailleurs représentées au centre de l'ouvrage).
Pas de biographie donc à proprement parler car l'auteure s'est "immiscée dans leur univers par la pensée l'imagination et par le rêve", soulignant au passage la dichotomie entre les deux soeurs, l'une pleine de vie, revendiquant: "Je suis une artiste. Je suis indépendante. C'est le seul moyen pour une femme d'en être une." et pleine de lucidité répond à sa soeur lui demandant si elle va épouser Degas"-Je ne peux évidemment pas l'épouser, Lyddy(...)Comment le pourrais-je , il anéantirait ma peinture, il m'anéantirait moi-même . je n'aurais pas le moyen de m'en tirer." Lydia, plus posée mais néanmoins tout aussi clairvoyante et qui n'aura finalement peut être pas eu la plus mauvaise part...
L'écriture d'Harriet Scott Chessman, pleine de couleurs et de métaphores rend palpable l'émotion qui se noue entre les deux soeurs au fur et à mesure que le terme arrive et restitue à merveille l'atmosphère de cette époque. On a envie de découvrir plus à loisirs tout ce monde rempli de lumière et de douceur où rôde la mort.
Lydia Cassatt lisant le journal du matin, Harriet Scott Chessman, Folio, 223 pages lumineuses
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : harriet scott chessman, mary cassatt, degas, peinture, impressionnisme, maladie
21/07/2009
Si loin de vous
1964, Jun Nakayama, qui fut une star du cinéma muet aux Etats-unis, par l'intermédiaire d'un jeune scénariste , est amené à se repencher sur cette période du début du XXème siècle. Etre un japonais aux Etats-Unis, toute vedette qu'il était, n'allait cependant pas sans poser de nombreux problèmes, plus ou moins larvés.
Nina Revoyr évoque avec beaucoup de charme ce personnage tout en retenue et courtoisie , qui gagne en complexité au fil du roman car visiblement sa retraite forcée n'était pas seulement due à l'irruption du cinéma parlant , ou à une quelconque xénophobie ou lassitude du public ,mais semble bien plutôt liée à l'assassinat inexpliqué d'un metteur en scène britannique.
Fêtes somptueuses, hystérie du public féminin, fonctionnement des studios de cinéma, Nina Revoyr prend plaisir à retracer ici les premiers pas du cinéma, tout en montrant les ambiguïtés d'une société qui adule et rejette tout à la fois les étrangers venus fouler son sol, les cantonnant dans des rôles trop souvent stéréotypés.
La narration s'essouffle cependant un peu à mi-parcours, trop de retours en arrière ,avant que la vérité n'éclate sur un final très surprenant. Un moment de lecture tout à fait charmant.
Si loin de vous, Nina Revoyr, Phébus, 374 pages sépia.
Merci à Suzanne de Chez les filles et aux éditions Phébus.
L'avis de Clarabel.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : nina revoyr, cinéma muet, japonais aux etats-unis
20/07/2009
L'heure trouble
L'heure trouble c'est l'heure juste avant la tombée de la nuit, l'heure à laquelle un enfant disparaît dans le brouillard épais d'une petite île de la Baltique. Vingt ans plus tard, alors que la mère de l'enfant navigue entre alcool et petites pilules, le grand-père maternel reçoit par la poste une des chaussures de son petit-fils...
Alternant passé et présent, point de vue du grand-père qui , avec ses vieux amis, anciens marins comme lui, va malgré ses difficultés motrices, relancer l'enquête, point de vue de la mère qui va , petit à petit ,accepter l'inacceptable, Johan Theorin tisse ici un roman original et passionnant. Impossible de lâcher les personnages, frustrés que nous sommes de ces retours dans le passé qui vont, petit à petit, dissiper le brouillard et mettre en place les pièces du puzzle d'une tragédie qui n'aurait jamais dû exister si...
De beaux portraits psychologiques aussi et un éloge de la lenteur à ne pas négliger "Je ne fais pas l'intéressant, dit-il. Je pense seulement qu'il vaut mieux raconter les histoires à son propre rythme. Autrefois, on prenait son temps, maintenant il faut que tout aille si vite." Dont acte.
L'heure trouble,Johan Theorin , 422 pages totalement maîtrisées.
L'avis de Mango qui m'a donné envie d'emprunter ce livre à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : johan therorin, roman policier suédois, disparition d'un enfant dans le brouillard