04/03/2010
Dark tiger
"Les êtres humais se contentaient de s'entretuer."
Les nuages noirs s'amoncellent autour de Stoney Calhoun, toujours amnésique mais toujours doté de capacités qu'il a redécouvertes au fil des aventures précédentes.
Pour retrouver sa vie tranquille entre sa cabane au fond des bois et son travail à la boutique de pêche de son amoureuse Kate, le voilà contraint de remplacer un guide de pêche dans un luxueux hôtel perdu en pleine nature, afin d'enquêter en toutes discrétion sur la mort d'un agent gouvernemental.
La donne a donc changé car dans les précédents volumes, c'était bien malgré lui que Stoney se retrouvait à mener des enquêtes, ce qui donne une tonalité plus sombre au roman, le héros étant soumis à davantage de tension.
J'ai retrouvé avec une certaine mélancolie les personnages de William G Tapply, sachant que l'auteur était décédé en 2009, juste avant la sortie aux Etats-unis de ce volume. Peut être est-ce que ceci a influé sur ma lecture car , même si les magnifiques paysages sont là, l'aspect tout à la fois bourru et plein de charme de Stoney aussi,même je ne me suis pas ennuyé une minute en lisant ce roman le charme n'a plus opéré avec autant de vigueur. J'y ai trouvé des redites (concernant les relations entre les chiens et je cite "la bouffe") et Stoney , toujours stoïque face aux emportements de Kate a fini par me laisser de marbre. Peut être ai-je aussi été aussi contaminée par le certain désenchantement qui imprègne ce livre...
Un adieu en demi-teintes.
Dark tiger, William G. Tapply, Gallmeister 2010, 250 pages
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : william g tapply
02/03/2010
Les lieux sombres
"J'ai le bourdon depuis 24 ans."
Unique survivante de la partie féminine de sa famille, Libby, qui se dépeint comme "l'adorable gamine qui avait traîné son adorateur de Satan de frère devant la justice." 24 ans donc qu'elle a le bourdon et un bourdon de plus en plus agressif car, après avoir tiré partie pendant des années de l'intérêt du public pour son cas, elle se retrouve sans argent et sans situation, petite Shirley Temple qui n'aurait pas dû grandir, concurrencée par d'autres victimes plus jeunes et plus charmantes qu'elle.
C'est donc plus par intéret financier que par réelle motivation qu'elle va accepter l'offre d'un groupe de gens persuadés que son frère, Ben, est innocent, de recontrer des témoins du passé.
Kleptomane, oscillant entre "la surprotection" et "l'imprudence extrême", Libby n' a au départ rien de sympathique et c'est tant mieux. Ceci nous évite nombre de clichés et donne de l'énergie au récit.
Alternant passé et présent, celui-ci nous entraîne tout à la fois sur la trace de présumés adorateurs de Satan, mais aussi dans la vie d'une famille de fermiers pauvres qui essaient tant bien que mal de maintenir la tête hors de l'eau.
Dès le début j'ai été scotchée par ce roman qui allie une intrigue solide-même si, c'est vrai, Libby retrouve un peu trop facilement les bonnes personnes, et des personnages complexes, bien campés et fouillés.
Il y avait longtemps que je n'avais lu un roman aussi palpitant !
Les lieux sombres, Gillin Flynn, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Heloïse Esquié, Sonatine 2010 , 479 pages bluffantes.
Du même auteur, j'avais lu La haine dans la peau,disponible en poche, billet ici.
Tout le monde a lu ce livre dans la blogo ! et rares sont les avis négatifs...
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : gillian flynn, fratrie, résilience
01/03/2010
La sanction
"-Comme la vie doit être simple pour vous.
- Non, la vie n'est pas simple. La plupart des gens que je rencontre le sont."
La sanction commence comme un roman d'espionnage classique avec un héros très sûr de lui , accumulant les compétences (à la fois professeur d'art et alpiniste renommé). Le fait de vivre dans une église et de collectionner les tableaux de maître lui confère un côté baroque original mais se révèle aussi fort onéreux. Il faut donc que notre héros remplisse des missions de contre-assassinats, appelées sanctions pour le compte d'une organisation secrète américaine. La dernière en date lui vaudra d'affronter l'ine des plus dangereuses montagnes des Alpes, l'Eiger en compagnie de trois hommes parmi lesquels il devra trouver celui à abattre.
Tour à tour cinglant et péremptoire, "Mon admiration pour vous a trouvé de nouvelles limites", Jonathan Hemlock ,qui tient les autres à distance, repousse à toutes forces les sentiments et pratique la sexualité comme une hygiène, risquait de ne pas conserver longtemps mon attention.
Heureusement la révélation de ses failles au bout d'une centaine de pages m'a permis de le suivre avec plaisir au fil de ses aventures.
Que ceux qui n'apprécient pas spécialement l'alpinisme se rassurent, cet aspect ne représente qu'une toute petite partie du livre.
Notons au passage un dialogue, très cinématographique au demeurant , mêlant scène de séduction et de boulot où le lecteur est amené à deviner les comportements des protagonistes entre deux échanges d'informations. Savoureux !
La sanction, Trevanian, Editions Gallmeister 2007, traduit de l'américain par Jean Rosenthal.335 pages
L'avis d'Amanda que je remercie pour le prêt !
06:03 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : trevanian, espionnage, alpinisme
28/02/2010
Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti
Même si Judy Blundell excelle à nous plonger dans l'atmosphère des films en noir et blanc, à force de vouloir terminer chaque chapitre sur un suspense ,le récit perd toute crédibilité. On a parfois l'impression que l'auteure veut nous glisser à l'oreille: "Admirez mon savoir-faire." et du coup, je suis allée droit à l'abandon. Tant pis.
L'avis plus enthousiaste de Clarabel.
Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti, Judy Blundell, Gallimard jeunesse, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Cécile Dutheil de la Rochère, 277 pages.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : judy blundell, passage à l'âge adulte, schtroumpf grognon le retour
23/02/2010
Les chaussures italiennes
"Il n'était jamais trop tard pour prendre la photo manquante"
En un peu plus d'un an, la vie de de Fredrik Welin , soixante-six ans, va être totalement bouleversée.Lui qui vivait reclus en compagnie d'une chatte et d'une chienne âgées sur une île suédoise voit un jour arriver une femme qu'il a autrefois aimée et abandonnée.mais Harriet "...était porteuse de nouvelles de la vie-pas seulement de la mort qui viendrait bientôt la cueillir."Et Fredrik va devoir revenir sur les erreurs commises, se plonger dans ce qu'il avait fui avec obstination en se limitant à une vie quasi mécanique: lui-même. En effet, comme le lui confiera le vieux cordonnier de génie qui lui confectionnera ses Chaussures iltaliennes : "Il est aussi facile de se perdre à l'intérieur de soi que sur les chemins des bois ou dans les rues des villes."
Roman sur la vieillesse, la solitude, le temps et l'amour, cet opus de Mankell est aussi l'occasion de se pencher sur le désarroi de certains jeunes, qu'il soient suédois ou étrangers ayant du mal à s'insérer dans la société(l'auteur adresse même un clin d'oeil à un de ses personnages , héroïne d'un autre roman, Tea-bag), nous montrant bien qu'il est possible d'établir des liens entre ces deux pôles de la vie.
Une psychologie fouillée mais sans pathos qui réussit tout en délicatesse à nous amener parfois au bord des larmes sans pour autant être déprimante, un roman chaleureux qui nous prend par la main et qu'on ne lâche plus.
Les chaussures italiennes, Henning Mankell, traduit du suédois par Anna Gibson, 341 pages réconfortantes.
L'avis de Dominique.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : henning mankell, solitude, vieillessse, jamais trop tard
18/02/2010
Un endroit où se cacher
"Désormais mes blessures seraient secrètes."
Rescapée d'un accident automobile où sa mère a perdu la vie, Jenna préfèrerait rester "dans le bleu", ces sensations étouffées que lui procurent les produits opiacés qui luttent contre ses douleurs physiques . Mais il lui faudra bientôt affronter "le vif", c'est à dire une vie à reconstruire sans sa mère.Cela n'ira pas sans une mise en danger de la jeune fille ...
Joyce Carol Oates se glisse avec aisance dans la peau de cette ado à fleur de peau, qui refuse de montrer ses souffrances et ne parvient pas toujours à s'expliquer son comportement. Elle souligne également l'importance des amis- ou prétendus tels- de Jenna mais évite toute tentation moralisatrice. Nous ne sommes pas ici dans l'optimisme forcené même si le roman se termine sur une note d'espoir. Un très beau texte.
Un endroit où se cacher ( titre original : After the wreck, I picked up myself up, spread my wings and flew away ), traduit de l'américain par Dorothée Zumstein., Albin Michel (Wizz) 2010. 300 pages sensibles.
L'avis de Marie,
celui de Clarabel
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : joyce carol oates, adolescence, deuil, tentative de suicide
15/02/2010
février
"Helen était ce que leurs grands-mères auraient appelé une dame."
"Il lui paraissait important de savoir ce qui était vrai en elle. Comment exprimer à quel point sa vie n' avait été qu'un tumulte de plaisir; comment dire qu'elle avait perdu quelque chose d'énorme, qu'il lui était resté un trou béant au beau milieu de la poitrine, et que le vent soufflait à travers."
Ce trou béant c'est la disparition de son jeune mari lors du naufrage d'une plate-forme pétrolière au large de Terreneuve qui l'a creusé.
Helen, alors enceinte de son quatrième enfant a dû faire face, même si , vingt-six ans plus tard, elle est toujours taraudée par des images forcément imaginaires du drame.
Un coup de fil dans la nuit de son fils John ,qui vient de se découvrir futur père sans l'avoir voulu, va lui permettre de se replonger dans le passé mais aussi de se donner une chance de ne pas vieillir seule.
Les éléments et en particulier l'eau bien sûr jouent un rôle essentiel dans ce roman jamais larmoyant qui alterne passé et présent.
Hélène est une femme pleine de vie qui refuse de perdre sa sensualité, même si elle l'a longtemps mise sous le boisseau, et qui est prête à offrir tendresse et plaisir. Un magnifique portrait de femme porté par une écriture charnelle.
Février, Lisa Moore, traduit de l'anglais (canada) par Carole Hanna, Plon, 273 pages pleines d'humanité.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : lisa moore, terreneuve, femme
04/02/2010
Hypothermie
"...un décès discret, une mort presque polie."
Maria, une femme fragilisée par le décès de sa mère, se suicide. Suicide confirmé par la police. Rien qui justifierait une enquête et pourtant, alerté par une amie de la défunte, Erlendur va découvrir que Maria avait tenté d'entrer en contact avec sa mère par l'intermédiaire d'un médium. En outre, le mari médecin n'est peut être pas aussi éprouvé qu'il le paraît.
En parallèle, en vieux limier obstiné qu'il est, Erlendur , toujours marqué par la disparition de son frère, poursuit ses investigations sur de vieilles enquêtes non résolues , faisnt preuve d'une compassion sans pareille auprès des familles des disparus.
Il doit aussi faire face aux sollicitations de sa fille qui veut à toutes forces lui faire rencontrer son ex-épouse.
Le croisement des diffrentes intrigues fait toute la saveur de cet opus subtil et fertile en rebondissements. L'auteur est ici au meilleur de sa forme. A ne rater sous aucun prétexte.
Hypothermie, Arnaldur Indridason, Métaillé noir, 295 pages remplies d'humanité.
Arnaldur Indridason
En présence de son traducteur Eric Boury
5 février 16h
Rencontre à la Librairie de Paris
(7-11 place de Clichy, 75017 Paris)
6 février 11h30
Rencontre à la Librairie L'Arbre à Lettres Mouffetard
(2 rue Edouard Quenu, 75005 Paris)
l'avisd d'Aifelle.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : arnaldur indridason, vie après la mort, disparitions, suicide
03/02/2010
Les variations Bradshaw
"Elle admire les gens qui ne se conforment pas à ce qu'on attend d'eux."
Le couple central des Variations Bradshaw vient, depuis peu, d'inverser les rôles. Thomas a troqué un métier lucratif contre le statut de père au foyer. il en profite aussi pour prendre des leçons de piano. Sa femme, Tonie, à l'orée de la quarantaine, vient d'accepter un poste administratif dans l'université où elle enseignait auparavant, faisant ainsi le choix de se "délester du fardeau des émotions."
Autour d'eux le reste de "l'orchestre familial" joue sa partie ,avec ses tensions, ses épisodes comiques -en autres un hilarant départ en vacances- ou dramatiques.
Autant de couples, autant de configurations pour affronter ses désirs, ses émotions, ses ambitions, assumer ses choix, ses regrets.
Tout au long des 32 chapitres (autant que les variations Goldberg) Rachel Cusk se penche avec un humour décapant sur ses personnages de la classe moyenne qu'elle nous peint ,avec ce charme british que nous apprécions tant , dans leur intimité, leur quotidien qui parfois dérape. Une réussite qui nous fait largement oublier la déception d'Egypt farm et retrouver tout le plaisir éprouvé à la lecture d'Arlington park.
Les variations Bradshaw, Rachel Cusk, traduit d el'anglais par Céline Leroy, Editions d el'Olivier 2010. 281 pages pétillantes, orchestrées de main de maître.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : rachel cusk, échange des rôles, famille, humour anglais
31/01/2010
long week-end
"C'est à cela que menait la liberté ? "
Qu'est-ce qu'une famille ? Est-ce cette femme, Adele, qui ne peut se résoudre qu'à de brèves incursions dans le monde extérieur et qui vit quasiment retranchée en compagnie de son fils de treize ans , Henry ? Fils qui s'efforce sans cesse de lui redonner le sourire . Est-ce cette famille recomposée qui s'efforce de correspondre aux clichés en vogue en s'imposant des rituels qui ne satisfont personne ? Où est-ce plutôt ce trio improbable constitué par ce preneur d'otages et ceux avec qui il s'est enfermé, Adele et Henry, en ce Long week-end du Labor Day ?
Rien ne se déroule comme prévu dans ce roman sobre, où le suspense tout autant que l'évolution des personnages se révèlent d'une efficacité redoutable . Toute mère d'un ado de 13 ans se devrait de lire ce très joli portrait d'un homme en devenir.
Long week-end, Joyce Maynard, Editions Philippe Rey. 283 pages apaisantes.
Roman lu dans le cadre du programme Masse critique de Babelio; merci à Guillaume et aux éditions Philippe Rey, particulièrement rapides !
A noter que ce roman a bien failli ne jamais paraître, l'auteure ayant été mise au ban des maisons d'éditions américaines. Son erreur ? Avoir publié auparavant un roman où transparaissaient des echos de la vie pour le moins étrange qu'ellle avait menée en compagnie du romancier américain, Salinger. Il ne fait pas bon égratigner les mythes ...
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : joyce maynard, prise d'otages, famille