24/08/2014
Pétronille
"Pétronille, si jeune fût-elle faisait partie des auteurs de bonne compagnie."
De correspondante, puis de lectrice identifiée lors d'une séance de dédicace (décryptée avec verve par la narratrice double de Nothomb), Pétronille devient convigne (comprendre compagne de beuverie, au champagne, bien sûr !) de la narratrice, s'éclipse puis revient, à son tour auteure d'un roman.
Commence alors le récit d'une amitié placée sous le signe du champagne, boisson que nos deux héroïnes s'emploient à déguster dans les lieux les plus improbables. Amitié entre deux jeunes femmes aussi frappadingues l'une que l'autre ,mais sous des formes très différentes. L'une est brut de décoffrage, se met en danger,reste mystérieuse par bien des aspects et il n'est pas interdit de reconnaître, vu les nombreux indices, Stéphanie Hochet . L'autre, Nothomb donc, se montre plus policée, mais aussi admirative de sa "convigne" et de son talent d'écrivain.
Amélie Nothomb n'est jamais aussi drôle que quand elle se moque d'elle-même, "Dans les rues ,on me félicitait pour mon déguisement. Je portais simplement ma tenue de travail." (voir aussi l'entrevue hilarante avec Viviane Westwwood ! )aussi émouvante que quand elle s'inquiète pour les autres. Le roman file à toute allure, vers une fin en forme de pirouette un peu frustrante car on aurait bien accompagné ces deux demoiselles dans leur périple chaotique et savoureux. Un excellent moment de lecture et une ode au champagne !
l'avis tout aussi enthousiaste de Tamara !
Plein d'autres avis chez Mango !
06:00 Publié dans Rentrée 2014, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : amélie nothomb
26/01/2014
Barbe bleue...en poche
"La couleur n'est pas le symbole du plaisir, c'est le plaisir ultime. C'est tellement vrai qu'en japonais, "couleur" peut être synonyme d'"amour"."
Placé sous le triple signe du jaune, de l'or et du champagne , Barbe bleue revisite le conte éponyme en se posant la question suivante: pourquoi des femmes ont-elles continué à épouser ce "serial killer" avant l'heure ?
Le dispositif inventé par don Elemirio, ce Barbe bleue contemporain, est basé sur la proposition d'une collocation particulièrement avantageuse car "La colocataire est la femme idéale."Attirée par le confort et la modicité du loyer la jeune et belge Saturnine saura-t-elle rester en vie ?
Plein d'humour et de vivacité, les dialogues opposant les deux principaux protagonistes les voient ferrailler avec une belle ardeur et Saturnine se montre particulièrement retorse face à cet homme qui ne ment jamais. Plein de verve et de fantaisie, émaillé de remarques pleines d'humour : "On devrait taxer l'autosatisfaction", Amélie Nothomb se montre ici au mieux de sa forme, même si j'ai ressenti une légère baisse de régime vers la fin.
Un roman biscornu et plein de charme qui file à toute allure.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amélie nothomb
30/12/2013
Marilyn désossée (féérie iniatique)
"En 25 années, j'ai acquis toutes sortes de métiers dans les mains: écrire, boucherie, librairie, jouer la comédie, maquiller le chanteur Kristophe, vendre des bières, conduire des trams , fabriquer des chapeaux , faire des tartes, garder des mouflets, chanter en anglais...; cet éventail de sachant qui sait faire me permet d'aller ci et là sans obligation de m'atteler à un leu de travail fixe. Nomadisme."
Marilyn 6-8 ans ce serait un peu Zazie sans son métro mais avec une aussi belle vigueur dans le maniement de la langue, un regard aigu sur le monde qui l'entoure et une formidable déclaration d'amour anticipée à l’homme qu'elle aime(ra). C'est aussi une découverte du plaisir amoureux et de formidables scènes de classe hallucinées et hallucinantes d'énergie débridée.Marilyn 25 ans, le rythme ne faiblit pas, l'héroïne se glisse dans toutes sortes de formes de vie et les ruptures stylistiques, poésies qui se glissent de manière impromptue, déformations orthographiques, jeux sur les sons, nous mènent à un train d'enfer vers la troisième étape de ce "road movie traversant la vie d'une fille": Ici et maintenant où Marilyn se lancera dans l'écriture et découvrira sous un autre jour les gens qui l'entourent. Émotions garanties et formidable déclaration d'amour à la Belgique .
Marilyn désossée est un roman joyeux qui pulse, ne s’embarrasse d'aucune contrainte, où l'on sent une véritable passion pour la langue, triturée, malaxée, débridée, un Objet Littéraire Non Identifié qui donne la pêche et l'envie de découvrir d'autres textes de cette jeune auteure, Isabelle Wéry !
Un grand Merci à Libfly pour la découverte de cette pépite explosive toute hérissée de marque-pages, sélectionnée pour le prix Rossel 2013 !
Marilyn désossée, Isabelle Wéry, Maelström Reevolution (merci à eux aussi !)
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : isabelle wéry
16/12/2013
La nostalgie heureuse
"Je suis une aspirine effervescente qui se dissout dans Tokyo."
Chaque rentrée littéraire nous apporte un nouvel opus de notre Belge préférée: Amélie Nothomb. S'en suit une avalanche de reportages, critiques, billets, interventions de la dame dans des émissions les plus improbables et la sensation pour le lecteur, même aficionado, de ne pouvoir échapper à la folie Amélie Nothomb.
J'ai donc laissé reposer un peu tout cela avant de dévorer d'une traite La nostalgie heureuse. Je n'aime jamais autant cette auteure que quand elle se raconte sans fard, avec une lucidité qui force l'admiration et un humour toujours présent. J'avais vu le reportage sur France 5, qui avait entrainé son retour au Japon, son pays de prédilection, et j'ai découvert ici ce qui se cachait derrière les images: la rencontre avec l'ancien fiancé, Rinri et le maelström de sentiments que ce voyage a occasionné. Une plongée dans l'intimité de ce personnage hors du commun qu'est Amélie Nothomb.
J'aime quand elle va au cinéma avec son bonzaï moribond, Swfit , et que la projection d'Hugo Cabret ressuscite la plante : "Martin Scorcese l'a libéré de son envoûtement de petitesse." ou quand les Carabosses tokyoïtes se moquent d'elles : "Les mémés se régalent de ma déconfiture. Elles calculent qu'à mon âge, j'en ai encore pour une trentaine d'années à être polie.Après, je pourrais péter les plombs comme elles."Voilà une auteure qui assume tous les aspects de sa riche personnalité ! Un coup de cœur !
Déniché à la médiathèque.
Plein d'avis sur babelio !
06:00 Publié dans rentrée 2013, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : amélie nothomb
04/08/2013
La véritable vie amoureuse de mes amies ne ce moment précis
"Cette femme vous pinçait le coeur comme on vous pince le bras et vous saviez que vous étiez vivant."
Au centre de ce roman, une vieille maison où se réunissent hebdomadairement des amis férus de cinéma. Mais attention, pas n'importe quel cinéma, celui qui rend plus léger le cours des jours !
Formé par cooptation ce petit groupe gravite autour de Max, l'hôte de ces lieux, ancien thérapeute , auprès de qui chacun vient se confier par petites touches, mais qui mettra du temps (les six mois relatés dans le roman) à s'avouer que "c'était une drôle d'idée de vouloir aider les gens à être heureux sans vraiment songer à l'être soi-même."
Truffé de références cinématographiques, jamais indigestes, La véritable vie amoureuse de mes amies est un roman délicieux ( sans véritable tension narrative, mais peu importe). C'est frais , léger et réconfortant tout à la fois. Le style est élégant, les personnages sont croqués à merveille et on a juste envie de s'introduire dans ce groupe ! Un livre qui fait du bien de manière intelligente et pétillante !
La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis, francis dannemark, Robert Lafoont 2012, 451 pages bruissantes de marque-pages et plein de références pour aller plus loin dans la (re) découverte des films mentionnés !
Cuné, la tentatrice, vous mènera vers plein d'autres billets !
Du même auteur, clic !
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : francis dannemark
28/07/2012
La petite dame en son jardin de Bruges
"Ma grand-mère "inventait" les coquillages sur le sable avec la même aisance insolente que les trèfles à quatre feuilles dans l'herbe du jardin."
Parce que sa grand-mère Thérèse-Augustine lui est apparue en rêve, l'auteur, plus d'un demi-siècle après la disparition de cette dernière , décide de "regagner le pays où [il] n'a jamais cessé d'avoir huit ans."
Dans ce clos vert, la vieille dame et Charles avaient tissé une connivence un peu magique qui allait marquer l'auteur à tout jamais : "La merveille est qu'il me suffise d'évoquer ton visage, ô maison, pour que le miracle renaisse : voici que le charme agit de nouveau, que l'enchantement se recompose, que la vieille tendresse se réveille et me presse de courir vers toi comme on se hâte vers une fontaine."
Par petits épisodes, c'est tout à monde suranné et délicieux qui renaît, celui du début du XXème siécle, quand les chevaux parcouraient encore les rues pavées, quand aller à la mer devenait une expédition pleine d'aventure.
C'est aussi le portrait -par petites touches- d'une vieille dame qui a su échapper au destin sacrifié qu'on lui imposait et qui avait toujours préféré "tirer des plans sur la comète" ,ouvrant ainsi les portes de la poésie à son petit fils. Quel bonheur enfin de voir Thérèse-Augustine, obligée de quitter l'école à douze ans, établir une vraie complicité avec Charles en partageant ses lectures !
On pense à Colette, à Proust aussi bien sûr et même si ce thème des souvenuirs d'enfance a souvent été traité en littérature, on se trouve avec ce récit de Charles Bertin, au style très soutenu et évocateur ,devant un petit bulle de plaisir et de poésie qu'il faut absolument découvrir ! Un livre magique !
Il aura fallu que Franck Andriatl e cite en exergue ici et que je le déniche à la médiathèque pour enfin lire ce récit !
Aifelle et Chiffonnette ont adoré aussi et en parlent ici !
Lilly a été la vile tentatrice ici !
La petite dame en son jardin de Bruges, Charles Bertin, Babel.
06:00 Publié dans Roman belge | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : charles bertin
25/07/2012
Premier chagrin
"Le pire mensonge, c'est celui qu'on se fait à soi-même."
Pour la première fois, Sophie va faire du baby-sitting. Mais très vite, la très jeune fille va se rendre compte que les petits-enfants de la vieille dame, Mouche , qui l'a engagée ne viennent en fait pas la voir. Or, celle-ci est gravement malade et Sophie va l'aider en s'impliquant bien plus que prévu.
Pas de chagrin d'amour adolescent comme le titre pourrait le donner à penser mais un chagrin plus profond quand une adolescente va se trouver confrontée à des situations graves .
On suit avec plaisir l'évolution de Sophie, ses relations avec sa mère divorcée, ses récits plein d'humour de ses cours au collège et l'on ne peut qu'admirer la manière pleine de maturité dont elle va traiter les différents problèmes qu'elle va rencontrer.
Abordant avec délicatesse les thèmes de la fin de vie et du pardon, Premier chagrin est un texte chaleureux , sensible et pas du tout pesant. Un petit moment de bonheur à ne rater sous aucun prétexte !
Premier chagrin, Eva kavian, Mijade 2011, 189 pages pleines de vie et de tendresse.
Déniché à la médiathèque.
06:00 Publié dans Jeunesse, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : eva kavian, fin de vie, relation intergénérationnelle
14/07/2012
Jolie libraire dans la lumière
"La vie l'a rattrapée où elle s'y attendait le moins : dans les livres."
Parce qu'une Jolie libraire dans la lumière de sa boutique attire son regard, Laurent, employé des chemins de fer va entrer pour découvrir le titre du roman qui semble tant absorber la lectrice. Ce qu'il ne sait pas encore c'est que ce roman va bouleverser sa vie et celle de Maryline , la libraire.
En effet, dans cet ouvrage d'un écrivain qui n'a pas droit aux feux de la célébrité, la jeune femme retrouve un épisode décisif de son existence, relaté de manière extrêmement précise. Un épisode qui avait bouleversé sa vie et va la chambouler à nouveau, grâce au pouvoir des mots.
Ce roman de Frank Audriat est un hymne aux livres et à tous ceux qui les aime ( j'y ai recueilli plein de citations (livre tout hérissé de marque-pages bien évidemment) , mais aussi un petit conte de fées plein de tendresse et de douceur, baignant dans la lumière, essentielle dans ce texte. Un texte qui dit l'importance des mots et des petits moments , des éclaircies, où l'on éprouve le besoin de se confier, où l'on établit une complicité fugitive, par l'intermédiaire des mots.
La pragmatique en moi regrette une pointe de joliesse dans l'écriture mais l'amoureuse des livres y trouve largement son compte alors précipitez-vous sur cette pépite !
Jolie libraire dans la lumière, Frank Andriat, Desclée de Brouwer 2012, 146 pages délicieuses.
10:10 Publié dans l'amour des mots, Les livres qui font du bien, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (14)
01/12/2011
L'homme qui valait trente cinq milliards
"Avec un type qui a trahi toutes ses promesses, on se sent moins obligé de respecter sa propre parole."
Bienvenue dans la région de Liège (Belgique) où les hauts-fourneaux cesseront bientôt de fumer, comme partout en Europe.Là un artiste un peu raté décide , pour redonner leur dignité aux ouvriers licenciés, d'enlever Laskmi Mittal pour un happening politique qui revisitera de grandes oeuvres abstraites. Mais bien évidemment, la machine s'emballe et Richard ne maîtrise plus grand chose...
C'est à un grand jeu de massacre que nous convie Nicolas Ancion qui tire à boulets rouges aussi bien sur l'aspect inhumain de l'économie que sur les syndicalistes magouilleurs. Il garde pourtant une grande tendresse pour les gens simples dont, en filigrane, il peint la vie, bousculée par les remous de l'économie mondiale. Les péripéties se succédent, les fils se nouent et se dénouent avec un enthousiasme contagieux ! On aurait même envie de voir à l'écran les aventures de ces bras-cassés belges ,mi-Robin des bois mi-Duchamp.
Un roman iconoclaste qui cavale à toute allure !
L'homme qui valait trente cinq milliards, Nicolas Ancion, Pocket 2011, 283 pages bourrées d'énergie !
Merci à News Book et à Pocket.
06:00 Publié dans Roman belge | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : nicolas ancion, tiens ça tombe bien c'est la st eloi !
05/08/2011
Les petites voix
De Francis Dannemark, je connaissais le nom et quelques poèmes , piochés dans :
J'avais envie de poursuivre la découverte de cet auteur né sur la frontière franco-belge, ce qui en fait déjà un "pays". Et comme il n'y a pas de hasard, Les petites voix ont sauté dans mes mains ...
Parce qu'elle a besoin d'argent, une traductrice accepte de rédiger un article sur un musicien : Paul Grenz.Sur lui, peu d'informations officielles, beaucoup de bruits, quelques disques qui déjà la fascinent. Le travail mercenaire va bientôt se transformer en quête quasi initiatique , et, au fil des rencontres, se constitue le portrait kaléidoscopique d'un homme entier, poète, musicien et grand amoureux des femmes. Et pas facile à vivre !
Sur une trame assez classique, Francis Dannemark, avec une apparente légèreté, pleine de charme, brosse le portrait éclaté d'un artiste tourmenté et , en creux, celui de celle qui s'est lancée à sa recherche. Joli prétexte pour évoquer de manière discrètement poétique, le monde de l'art et celui de l'amour. Les formules, les citations émaillent un texte qui enchante le lecteur et l'incite à corner allègrement, pour mieux y revenir ensuite, de nombreuses pages.
Les petites voix, Francis Dannemark, Pocket 2011, 90 pages magiques.
06:00 Publié dans Roman belge | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : francis dannemark