15/08/2013
Les Fuyants
"Son corps était en train de déclarer forfait. Jacob a mis du temps à réunir assez de courage pour être lâche . Ou l'inverse."
Dans la famille Hintel , les hommes ont une fâcheuse propension à se carapater et à fuir toute forme d'engagement sentimental. Le petit dernier de cette lignée familiale, Joseph, aidé par son oncle Simon, parviendra-t-il, en explorant le passé, à dépasser ce schéma transgénérationnel ?
Ils auraient tout pour qu'on les déteste ces Fuyants mais tout l'art d 'Arnaud Dudek, par une construction subtile du récit, par un humour parfois tendre, parfois féroce (ah la visite au beau-père potentiel collectionneur de tire-bouchons !) et surtout par son écriture , fertile en formules et en métaphores, est de nous les rendre sinon sympathiques , du moins diablement attachants. Car il y a beaucoup de tendresse et de délicatesse dans ce roman qui revisite, sans prendre la forme d'un règlement de comptes, les périlleuses relations père/fils. Un roman qui nous laisse un peu K.O, avec juste l'envie de le relire aussitôt pour encore mieux le savourer. Un pur délice !
Clara a elle aussi été conquise.
Le billet de Cuné !
Les Fuyants, Arnaud Dudek, Alma Editeur, 127 pages, un concentré de bonheur.
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06:00 Publié dans rentrée 2013, romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : arnaud dudek
30/01/2013
Barbe Bleue
"La couleur n'est pas le symbole du plaisir, c'est le plaisir ultime. C'est tellement vrai qu'en japonais, "couleur" peut être synonyme d'"amour"."
Placé sous le triple signe du jaune, de l'or et du champagne , Barbe bleue revisite le conte éponyme en se posant la question suivante: pourquoi des femmes ont-elles continué à épouser ce "serial killer" avant l'heure ?
Le dispositif inventé par don Elemirio, ce Barbe bleue contemporain, est basé sur la proposition d'une collocation particulièrement avantageuse car "La colocataire est la femme idéale."Attirée par le confort et la modicité du loyer la jeune et belge Saturnine saura-t-elle rester en vie ?
Plein d'humour et de vivacité, les dialogues opposant les deux principaux protagonistes les voient ferrailler avec une belle ardeur et Saturnine se montre particulièrement retorse face à cet homme qui ne ment jamais. Plein de verve et de fantaisie, émaillé de remarques pleines d'humour : "On devrait taxer l'autosatisfaction", Amélie Nothomb se montre ici au mieux de sa forme, même si j'ai ressenti une légère baisse de régime vers la fin.
Un roman biscornu et plein de charme qui file à toute allure.
L'avis de Mango , touut aussi charmée.
Déniché à la médiathèque.
06:00 Publié dans rentrée 2013 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : amélie nothomb
07/01/2013
Le roman du mariage
"C'était la stupidité des gens beaux et heureux, de tous ceux qui obtenaient ce qu'ils voulaient dans la vie et en devenaient quelconques."
Mitchell aime Madeleine qui aime Leonard, mais la jeune femme n'est en même temps pas insensible aux charmes du premier. Tous trois sont étudiants au début des années 80 aux États-Unis. Nous les rencontrons à un moment charnière de leur existence: le passage à l'âge adulte que chacun d'entre eux va négocier avec plus ou moins d'aisance.
Théologie, littérature victorienne, structuralisme français, biologie sont aussi au coeur de ce roman qui envisage les évolutions respectives de ces trois jeunes gens issus de milieux sociaux différents.
Les descriptions de la maniaco-dépression de Leonard et de l'éveil religieux de Mitchell sont particulièrement réussies et rendent un peu fade le portrait trop lisse à mon goût de Madeleine qui envisage comme une plaisanterie de "Rester vieille fille comme Emily Dickinson , et écrire des poèmes flamboyants remplis de tirets , sans jamais prendre un gramme."
Des pointes d'humour donc dans ce texte à la construction extrêmement habile car le lecteur va, au fil du temps, apprendre des informations qui remettront sa vision des personnages en question. Un roman où on ne s'ennuie jamais !
Sylvie a été encore plus enthousiaste que moi !
Le roman du mariage, Jeffrey Eugenides, traduit de langalis (E-U) par Olivier Deparis, Editions de l'Olivier 2013, 552 pages, comme un bon gros roman victorien revisité !
Merci à Libfly et aux Editions de l 'Olivier !
06:00 Publié dans rentrée 2013 | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : jeffrey eugenides, romans victoriens