06/09/2012
Swamplandia
Une famille d'excentriques vit dans un parc d'attractions de Floride où est mis en valeur le courage de la mère de famille, Hilola Bigtree, dompteuse d'alligators de classe internationale. Hélas au décès de cette dernière, tout va partir en décrépitude et la famille va exploser, chacun cherchant par des moyens bizarres à redonner au parc le lustre d'antan.
Roman polyphonique, original et chatoyant, à la langue superbe, Swamplandia avait tout pour me séduire. Hélas, trop de longueurs ont eu raison de mon enthousiasme initial et, cruelle que je suis, j'ai abandonné la benjamine Bigtree dans sa quête initiatique, en route pour l'enfer, rien que ça.
06:01 Publié dans Lâches abandons, rentrée 2012, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : karen russell
05/09/2012
Appâts vivants
"C'est là ma place, parmi les asticots, au lieu de m'obstiner à fréquenter les êtres humains."
L'ambition du roman de Fabio Genovesi est de nous présenter de manière pittoresque la vie haute en couleurs de certains habitants d'une bourgade endormie de la province de Pise, Muglione, de nos jours.
Commencé sur les chapeaux de roues, faute d'intrigues vraiment intéréssantes et originales , le récit s'essouffle vite et on n'a qu'une hâte: venir à bout de ce pavé indigeste de 367 pages.
L'auteur dont c'est ici le premier roman a pêché par gourmandise et comme souvent, a voulu mettre un maximum de personnages et d'informations.Il aurait gagné à élaguer son texte et à se concentrer sur quelques personnaeges qui auraient ainsi acquis plus d'épaisseur. Dommage.
Appâts Vivants, Fabio Genovesi, traduit de l'italien par Dominique Vittoz, Fayard 2012.
Lu dans le cadre d el'opération On vous lit tout organisée par Libfly et le Furet du Nord.(merci !) .
06:00 Publié dans rentrée 2012, romans italiens | Lien permanent | Commentaires (4)
03/09/2012
Que nos vies aient l'air d'un film parfait
"Des mots qui forcent le passage, qui entrent dans la tête pour t'obliger à faire ce qu'ils disent..."
Un petit frère, une grande soeur, victimes collatérales du divorce de leurs parents. La mère , peu équilibrée et très manipulatrice, le père , aimant mais dépassé par les événements, la soeur, qui bien malgré elle va causer l'éloignement de la fratrie, prennent tour à tour la parole. Chacun présente sa version des faits, seul le cadet se tait. Pendant de longues années. La dernière partie du roman , sous forme de lettre viendra remettre en perspective cette séparation.
Très peu de pages, 119, mais une émotion à fleur de peau et une écriture qui tord le coeur du lecteur. Un livre avec en toile de fond les années 80 et en bande sonore les ritournelles pop sucrées et légèrement désenchantées de cette époque. Un de mes coups de coeur de cette rentrée littéraire !
Que nos vies aient l'air d'un film parfait, Carole Fives, Editions le passage 2012.
Du même auteur: clic et reclic !
06:00 Publié dans rentrée 2012, romans français | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : carole fives, divorce
30/08/2012
La vie
"Nos yeux savent des choses que nos esprits ignorent."
Dans le texte de Régis de Sà Moreira, pas d'intrigue mais une multitude de vies effleurées, par l'intermédiaire de pensées de personnages qui se croisent, se répondent de manière muette. On glisse de l'un à l'autre sans heurts, et le petit miracle est que sans descriptions, avec des paragraphes très courts, on a vraiment l'impression de les voir ces personnages !
La variété est de mise: de l'enfant dans le ventre de sa mère au suicidaire qui se met la tête dans le four électrique, en passant par le couple qui se déchire, ce sont autant de fragments pleins d'humour ou d'émotions qui se donnent à voir, composant ainsi le kaléidoscope savoureux et réussi de La vie !
Merci Sylvie !
La vie, Régis de Sà Moreira, le daible Vauvert 2012, 120 pages piquetées de marque-pages.
Clara a aimé aussi.
Karo[line] a interrogé l'auteur.
Du même auteur, clic ! ....,
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié, rentrée 2012 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : régis de sà moreira
29/08/2012
Marcus
"Mais mon petit dictionnaire de la vie s'appelait Marcus."
Hélène, toxicomane, avant de mourir, a confié son fils, Marco dix ans, à son meilleur ami, Pierrot. Ce dernier, la trentaine,mène une vie laborieuse sur les marchés de la région lilloise et devenir père de substitution ne figurait certes pas à son programme. Mais la fraternité et le soutien de ses amis vont aider ce célibataire au coeur tendre à faire une place à ce gamin craquant,et l'on se plaît à rêver de bonheur. Jusqu'à ce que le passé rattrape Pierrot.
Les grincheux souligneront le scénario cousu de fil blanc mais ils se priveraient ainsi d'un roman lumineux qui peint, sans misérabilisme ni guimauve le monde des petites gens, ces "graines "... qui se changent tout de suite en herbes folles .[...] On passe la tête entre les dalles, on s'accroche comme du lierre aux pierres qu'on trouve. Parfois on tient, parfois on décroche. ça dépend pas que de nous, mais il faut faire comme si."Il y est beaucoup question de chaleur humaine et de familles qu'on se bricole quand la vie n'a pas toujours été généreuse, le tout raconté dans dans une langue mêlant registre familier, courant , émaillée de quelques régionalismes.
Si la troisième partie connaît une petite baisse de rythme, lançant une intrigue secondaire qui ne débouchera pas sur grand chose, on reste néanmoins scotché par ce livre généreux, fluide et dont on l'impression d'avoir déjà croisé les personnages dans un quartier populaire lillois. Un roman tendre, facile à lire (et ce n'est pas une critique) qui fait passer un excellent moment !
Marcus, Pierre Chazal, Editions Alma 2012, 328 pages qui se lisent d'une traite !
Et hop pour le challengeVivent nos régions de Lystig ! ...,
06:02 Publié dans Les livres qui font du bien, rentrée 2012, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : pierre chazal, ensemble, c'est mieux
28/08/2012
C'est qui Catherine Deneuve ?
"...mais je n'ai pas le goût des situations normales. Aussi , je n'échangerais pour rien au monde ma place de guerrier sioux au pays des bisons fous..."
Ils ont" l'avis tranché facile" les élèves de Dominique Resch, ils manquent de références culturelles (voir le titre), prennent la vie à bras le corps, et elle ne leur fait toujours de cadeaux la vie, en ont une vision très particulière et c'est ce qui fait tout leur charme. Ils ont aussi la chance d'avoir un prof qui aime les mots et qui sait le leur transmettre, vaille que vaille, avec beaucoup d'humour et de saveur.
On retrouve avec un plaisir jubilatoire les séquences croquées sur le vif d'un prof de lycée professionnel des quartiers Nord de Marseille qui arrivent juste à la fin de l'été pour nous dire que finalement la rentrée ça peut être formidable !
C'est qui Catherine Deneuve ?, Dominique Resch, Autrement 2012, 185 pages pleines d'énergie !
Du même auteur : ici.
...,
06:00 Publié dans Nouvelles françaises, rentrée 2012 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : dominique resch
24/08/2012
Un week-end en famille
"Une civilisation nouvelle se faisait jour. Elle aurait pour mot d'ordre une médiocrité de tous les instants. La seule solution serait de construire un barrage et d'engloutir la région."
"Je venais de me marier avec Aurélie à Las Vegas, dans la foulée d'une perte monumentale au poker, en me disant qu'il valait mieux rassembler toutes les conneries possibles sur un seul jour." Excessif le narrateur ? Croyez-vous ! Et ce n'est que le début d'un Week-end en famille où il fera la connaissance de sa belle-famille et de la peu riante région de Samouse. Le vendredi, , il est pourtant plein de bonne volonté , mais que voulez-vous, son beau-père et lui vivent sur deux planètes différentes et rapidement ce que les autres considèrent comme du cynisme et le héros comme "quelques saillies de moraliste modéré" va se donner libre cours ! Il aura beau gober des Zolpidem pour calmer le jeu, la situation va très rapidement partir en vrille et prendre des proportions cataclysmiques , avec un zeste de mysticisme dominical pour couronner le tout !
Accrochez vos ceintures et dévorez illico ce roman, à la croisée de Fantasia chez les ploucs et de Delivrance ,qui brise "les idoles les plus sacrées" à savoir la maison et la voiture, et de manière générale s'en prend à "tout ce qui fait de l 'homme moderne un esclave aux mains des usuriers."Un jeu de massacre totalement politiquement incorrct (et donc jubilatoire), le tout en baguenaudant à Andouillé, Carbonnat-les-Cayrouses ou Barais-Bussoles, des noms de localité plus vrais que nature !
De plus, le décalage entre le récit imposé au lecteur par le narrateur et les fragments de réalité qui parviennent à surnager est totalement hilarant et l'on ne peut lâcher ce roman qui dézingue à tout va !
François Marchand confirme ici son talent de manière magistrale !
Du même auteur : clic !
Un week-end en famille, François Marchand, Le Cherche-Midi 2012, 112 pages qui dépotent ! ....,
06:00 Publié dans rentrée 2012, romans français | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : françois marchand
23/08/2012
L'embellie
"Vous ne serez plus la même, mais au bout du compte, vous serez debout tenant la lumière dans vos bras."
Elle manie une dizaine de langues, apprises sans efforts, mais n'a "jamais su spécialement [se] servir des mots, en tête à tête, face à un homme."Coup sur coup, en ce mois de novembre pluvieux, cette trentenaire apprend , sans traumatisme apparent, avec une grande souplesse, pourrait-on dire, que son mari veut divorcer et que sa meilleure amie lui confie son fils de quatre ans, très myope et quasi sourd.
Commence alors un périple en voiture sur la route qui fait le tour de l'Islande pour regagner une vieille maison familiale .Un voyage, souvent cocasse, pendant lequel la jeune femme fantasque et l'enfant tisseront des liens qui ne passeront pas forcément par les mots , rencontreront des animaux et des hommes qui permettront peut être à une prédiction de s'accomplir.
En filigrane et par bribes, une histoire plus grave, venue du passé, se construit, éclairant sous un autre jour ce road trip.
Quel bonheur que ce livre lumineux et plein de fraîcheur ! Je l'ai d'abord dévoré d'une traite, puis ai pris le temps de le relire pour mieux en apprécier l'humour et surtout la manière pleine de justesse qu'à l'héroïne d'affronter les vicissitudes de la vie.
Un voyage initiatique, plein de charme et de tendresse retenue, qui se conclut d'une manière généreuse par quarante- sept recettes de cuisine et une de tricot !
Un énorme coup de coeur de cette rentrée littéraire !
L'embellie, Audur Ava Olafsdottir, traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson, Zulma 2012, 395 pages et une forêt de marque-pages !
Du même auteur mon coup de coeur 2010 ! .....
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, rentrée 2012 | Lien permanent | Commentaires (26)
22/08/2012
Acharnement
"dans le plaisir, également, quelque peu fébrile et grisant de manier des paroles qui détiendraient la puissance de se transformer en faits, de nommer (car tel est l'apanage de la langue du pouvoir) des actes et des décisions qui auraient une incidence directe et concrète dans le réel."
Longtemps speech writer d'un ministre,Müller vit désormais retiré à la campagne. Là, entre feuilletons télé et verres de Chartreuse, il tente de composer Le discours parfait.Sa solitude est à peine troublée par la présence quasi mutique de son jardinier, Marceau, seul lien qui le relie au village voisin. Pourtant,la tranquillité des lieux sera brisée par des suicidaires qui viennent se jeter du viaduc surplombant le jardin de Müller.
Commencé de manière quelque peu austère, Acharnement prend rapidement son rythme de croisière et brosse par petites touches d'abord, par grands pans ensuite, le portrait d'un homme, praticien de la langue et observateur lucide des moeurs politiques actuelles. Ceci nous vaut quelques portraits au vitriol de politicards tocards, quelques scènes croquées sur le vif mettant à jour la fatuité et l'histrionnisme de certains, morceaux de bravoure forcément réjouissants. Pour autant, même si l'on peut facilement mettre des noms sur certains personnages , tel n'est pas l'essentiel.
En effet, c'est surtout à l'usage dévoyé de la langue que s'attache l'auteur, fustigeant ces hommes politiques qui méprisent leur auditoire, auquel "il n'est même pas besoin de s'adresser en disant ce que l'on pense, mais simplement, ce que l'on croit qu'elle (cette masse) veut entendre, c'est à dire une adjonction de stéréotypes et de slogans, de tournures immuables , de grandes considérations morales creuses et d'émotions primaires". Aux speech writers d'alimenter en allocutions et réponses toutes prêtes, en bouillie de mots, ces hommes qui , dans la colère peuvent parfois se lâcher dans "une longue diatribe informe, décousue, mue par une rage sanguine et syncopée, traduisant (...) la bousculade des idées et des sentiments dans [leur] esprit" avant de retrouver leur self contrôle.
Le style est ample, le vocabulaire soutenu et le décalage, entre l'univers de Müller et celui du monde politique qu'il a quitté ,radical. Un roman acéré et vif, un regard nécessaire sur le monde politique actuel.
Un de mes coups de coeur de cette rentrée !
Acharnement, Mathieu Larnaudie, Actes Sud 2012, 199 pages corrosives.
Lu dans le cadre de l'opération On vous lit tout , organisée par Libfly et le Furet du Nord . Merci ! ....
06:00 Publié dans rentrée 2012, romans français | Lien permanent | Commentaires (13)
16/08/2012
La dernière nuit de Claude Eatherly
"C'est comme un sujet sur une photo qui n'arrêterait pas de bouger. (...) J'arrive pas à le saisir."
Quand la jeune photographe-reporter Rose Carter croise la route d'un certain Claude Eatherly en 1949 au Texas, elle est loin de se douter que ce vétéran de l'armée de lair occupera ses pensées pendant trente ans.
Fascinant, insaisissable, joueur de poker à ses heures- et peut être même au-delà- cet homme est le pilote de l'avion qui s'est assuré des conditions météo avant le bombardement d'Hiroshima. Mais le retour à la vie civile est loin d'être glorieux et, torturé apparemment par la culpabilité, Claude enchaîne petits braquages et séjours en hôpital psychiatrique.
La description de la relation trouble qui s'établit entre les deux protagonistes est finement analysée, riche en rebondissements et passionnante. Les informations sur l'utilisation de l'énergie atomique et ses conséquences, dans le monde de la guerre froide sont tout aussi éclairantes et c'est un pan entier de l'Histoire qui renaît ici à travers la vision sélective de Rose Carter.
Le style est impeccable, riche en notations dûment soulignées, et le temps passe trop vite en compagnie de Rose et de Claude. Un excellent cru !
La dernière nuit de Claude Eatherly, Marc Durin-Valois, Plon 2012, 340 pages.
L'avis de Clara
Celui d'Ys.
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06:00 Publié dans rentrée 2012, romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : marc durin-valois, bombe atomique