13/09/2009
Apnées
"Enfin, dans les dictionnaires aussi on peut faire de bonnes plongées, réussis-je à conclure."
Parce qu'il tombe en panne à Plan-les-Ouates, un homme qui se rendait à une séance d'apnée va devoir occuper quelques heures dans un lieu qu'il ne connaît pas.Il décide de suivre ,à son insu, un guide qui le mènera à travers les rues de cette cité tout à fait ordinaire. Ce guide, ce sera une femme,"Une musarde hors catégorie".Ils finiront par entrer en contact et le récit prendra alors un nouveau tournant...
Il ne se passe pas grand chose en apparence dans ce très court texte mais la personnalité du narrateur le rend tout à fait singulier et passionnant. Un homme qui réussit à concilier le goût des mots et sa pratique de l'apnée, même hors de l'eau, voilà qui n'est pas commun. On pense aussi à des pratiques oulipiennes , un lieu*, un temps donné, des contraintes que l'on s'impose soi-même et qui , tout en donnant un cadre au texte, lui permette une plus grande liberté. Que dire enfin de la richesse du lexique, qui ne gêne en rien la progression du récit et correspond parfaitement au caractère du narrateur et permettra une très jolie pirouette finale ? Juste qu'une fois le roman terminé, on a envie de le relire un dictionnaire à portée de main !
Apnées, Antoine Choplin,La fosse aux ours, 103 pages délicieuses.
Un grand merci à Caroline pour le prêt !
* je pensais d'abord que l'auteur allait partir sur les traces de Perec et de sa tentative d'épuisement d'un lieu parisien, mais non...:)
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : antoine choplin, amour des mots
07/09/2009
Mathilda Savitch
"Comme s'il y avait en moi une autre personne qui se tortillerait pour sortir, une pousse. Je ne suis pas du tout effrayée. En réalité je l'attendais."
Mathilda Savitch décide sciemment de devenir purement et simplement horrible.Comme elle est dotée d'une imagination fertile, l'adolescente va effectivement en faire voir de toutes les couleurs à ses parents et à ses amis. Cruelle pour exister aux yeux de ses parents, qui ne se remettent pas de la mort de leur fille aînée, tout en niant leur douleur. Cruelle envers ses amis car elle non plus n'arrive pas à verbaliser sa douleur et son sentiment de culpabilité. Sur fond d'une Amérique qui ne se remet pas de ses attaques terroristes, le portrait acide et tendre à la fois, pervers et innocent ,d'une adolescente qui tour à tour met mal à l'aise et tord le coeur.Un portrait qui a néanmoins un côté un peu trop "léché"et attendu pour convaincre totalement. t Un chouïa trop américain, quoi.
Mathilda Savitch, Victor Lodato, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Fanchita Gonzalez Battle.275 pages trop sciemment dérangeantes.
Merci Cuné !
ps: j'ai eu un peu peur en lisant dans la 4 ème de couv' que Mathilda torturait son chien bien-aimé , en fait elle le réveille ne le pinçant ,mais le laisse dormir sur son lit... Ouf, je m'attendais à bien pire !:)
L'avis enthousiaste de Cécile.
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : victor lodato, deuil, adolescence, famille, pitié pas une ado comme ça !
06/09/2009
Le sens de la famille
"Autobiographie de l'inconnu"
"Je suis au téléphone avec ma mère lorsqu'elle reçoit un coup de téléphone l'informant que ma mère est morte. Voilà qui ressemble un peu trop à un vers de Gertrude Stein."
Ces phrases étonnantes sont extraites du récit autobiographique de la romancière américiane A. M. Homes. Elle a 31 ans quand surgissent dans sa vie d'abord sa mère biologique, exaltée à l'idée de rencontrer sa fille, puis son père biologique qui aura une attitude beaucoup plus ambivalente.
Quelle est la part de la génétique, quelle est la part de l'éducation dans ce qui fait son identité? Voilà quelques unes des questions que se pose A. M Homes et qui l'amèneront progressivement à remonter le temps, dans ses deux familles. Six textes courts constituent ce récit qui se conclut de la plus jolie façon : à une table ancienne- léguée par sa grand-mère- en compagnie de sa fille. Comme s'il avait fallu tout ce chemin pour que la romancière accepte de donner la vie.
Croisant son expérience d'adoptée et d 'écrivaine reconnue, A.M Homes fouille au plus profond ses sentiments,sans tabou, imagine les relations de ses parents biologiques et adresse toute une floppée de questions à son père, le traînant en quelque sorte devant un tribunal dont on ne sait s'il est réel ou imaginaire. Tout ne trouvera pas de réponse mais l'auteure ne pourra plus écrire "Je me suis volatilisée".
Le sens de la famille, A.M Homes, traduit de l'américain par Yoann Gentric, Actes Sud. 235 pages troublantes.
Merci Cuné !
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : a.m.homes, adoption, identité
03/09/2009
L'annonce
Paul , quarante-six ans , paysan en Auvergne. Il vit depuis toujours ou presque en compagnie de sa soeur et de deux grands-oncles en quasi autarcie. Il ne veut pas finir sa vie seul.
Annette, trente -sept ans, a connu une histoire d'amour pleine de cris et d'alcool avec Didier. Sans métier, elle est prête à quitter Bailleul dans le Nord en compagnie de son fils, Eric, pour redonner un sens à sa vie.
Faisant la jonction entre les deux, une petite annonce.
Le roman de Marie-Hélène Lafon commence par un magnifique description de la nuit dans le Cantal et d'emblée le lecteur sait qu'il est captif. Cet homme qui veut "faire maison", cette femme qui sait qu'elle devra faire face à une quasi guerre de tranchées mais qui va petit à petit s'ajuster autant au paysage qu'au corps de cet homme, à sa vie même, nous ne pouvons plus les lâcher des yeux. Ils sont là devant nous et ce récit qui malmène la chronologie sans que pour autant nous perdions le fil, nous mène, tout en délicatesse à ce qui va devenir sans que jamais le mot soit prononcé une histoire d'amour.
Tous les personnages, y compris la gourmande et futée chienne Lola, prennent une densité intense quand l'auteure nous les montre dans leur quotidien. Ah la lecture du journal"La Montagne" par la soeur Nicole, Nicole farouchement décidée à conserver ses prérogatives, fût ce dans les détails les plus anodins...Ah la quasi vénération du magazine Thalassa "auquel les oncles convertis par elle vouaient une sorte de culte confinant à l'idolâtrie, pratique d'autant plus incongrue que Nicole, pas plus que les oncles , n'avait jamais vu la mer et n'en manifestait ni le désir ni le regret." La maison, théâtre de luttes sourdes mais jamais sordides, elle même devient un personnage.
Rien de superflu dans ce texte qui s'élance en amples envolées, supprimant au passage quelques virgule superfétatoires, pour mieux rendre compte de la vie, tenace, qui se donne à voir à l'oeuvre.
C'est l'amour d'un pays et de ses habitants qui donne toute sa saveur à ce roman qui nous prend par la main et ne nous lâche plus.
L'annonce, Marie-Hélène Lafon, Buchet Chastel, 196 pages quasiment toutes cornées! à lire et relire.
L'avis de Lapinoursinette.
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : marie-hélène lafon, auvergne, vie à la campagne, coup de coeur!, rien à voir avec l'amour est dans le pré !
02/09/2009
Une semaine avec ma mère
"Elle avait l'impression de nager toute habillée"
Elles sont trois. Ni Grâces, ni Parques, trois mères soucieuses de mieux connaître leurs fils et débarquant chacune à l'improviste chez leur trentenaire de fils, trop secret à leur goût.
Après l'embarras initial, chacun des garçons va secrètement se réjouir de cette arrivée impromptue et durant la semaine de cohabitation bien des secrets seront révélés, tant du point de vue des mères que des fils, non sans cris, non sans larmes mais toujours avec l'amour en ligne de mire...
Ce pourrait être dégoulinant de bons sentiments ou hérissé de combats épiques et hystériques, mais non ,c'est infiniment juste et terriblement drôle.Les rapports de couple sont passés au crible,( comment William Sutcliffe arrive -t-il à se glisser avec autant d'aisance dans la peau de trois femmes en âge de devenir grands-mères? (ce qu'elles réclament d'ailleurs plus ou moins ouvertement)) mais sa vision du rôle maternel est beaucoup plus apaisée et tendre. Après tout ce sont de bons petits et ils font tout ou presque pour satisfaire leur mère . Ainsi Daniel va-il "prendre contact avec Allison, la mère de l'enfant qui allait à la crèche avec le fils du neveu de la soeur de la femme dont le chien l'avait mordu quand il était petit", ouf !, devinez à l'instigation de qui ...
Sutcliffe souligne aussi au passage ,avec infiniment de drôlerie , le fossé qui s'est creusé entre les générations, en particulier au niveau du langage mais ne rend jamais ridicules ses personnages pour qui il semble éprouver une grande tendresse. Pas de happy end généralisé pour autant ,nous sommes dans une comédie certes mais pas au pays de Candy !
Une semaine avec ma mère(Whatever makes you happy), XWilliam Sutcliffe, traduit de l'anglais par Elsa Maggion), Editions Calmann-Lévy , 2009,282 pages à lire avant que votre mère ne débarque chez vous,pour garder le sens de l'humour !
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06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : william sutcliffe, humour, rapport mèrefils
01/09/2009
Bonheur fantôme
"Saint Machiavel priez pour moi"
Pierre qui aime la peinture démodée -il veut écrire un livre sur Rosa Bonheur- et les écrivains mystiques-en l'occurrence Simone Weil , a tout quitté pour s'installer à la campagne, en Sarthe plus précisément. Là il transforme sa maison en arche de Noé, se lie d'amitié avec le tenancier d'une crêperie, une vieille voisine, s'interroge sur l'art, l'amour: "En art, comme en amour, il faut avoir le courage de ses sentiments. Nul n'est tenu d'aimer comme il faut." et petit à petit revient sur les raisons de ce départ précipité à la campagne.
C'est juste et sensible et comment pouvais-je résister à ce livre où d'une part l'on apprend plein d'infos sur Rosa Bonheur, une peintre qui se promenait en pantalon (avec une autorisation de travestissement dûment fournie par les autorités), vivait en compagnie d'une femme et d'une ménagerie (dont une lionne !) sans que nul ne s'en offusque et ne peignait que des animaux, roman d'autre part où le narrateur se choisit comme plante fétiche, totem le gratteron ?
Un roman qui alterne entre écorchures et tendresse , rempli de personnages chaleureux, de chiens qui bavent et de chats qui dorment dans les édredons...Une petite bulle de bonheur.
Bonheur fantôme, Anne Percin, Le rouergue, 220 pages pleines de vie.
L'avis de Clarabel
Celui de Ptitlapin. (Avec des reproductions de tableaux de Rosa Bonheur)
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : anne percin, rosa bonheur, campagne, garçons sensibles
31/08/2009
trois femmes puissantes
"Quel démon s'était assis sur le ventre de sa soeur ? "
Menteurs dans le meilleur des cas, lâches,"subtilement malfaisants","mal charmants" , traîtres,voire tranquilles massacreurs de vies de femmes et d'enfants ,tels apparaissent les hommes dans le très beau roman de Marie Ndiaye, Trois femmes puissantes.
Pourtant ces femmes ne récriminent pas. Elles agissent. Avec obstination. Se tenant droite uniquement par la force d'une dignité à laquelle elles tiennent plus que tout. Ainsi Norah qui quitte la France où elle est née et a toujours vécu pour rejoindre un père africain qu'elle a à peine connu, possède une "inépuisable colonne des griefs à l'encontre de son père, sachant bien qu'elle ne lui ferait part ni des graves ni des bénins, sachant bien qu'elle ne pourrait jamais rappeler dans la réalité du face -à- face avec cet homme insondable dont elle ne manquait pas au loin pour l'accabler de reproches, et de ce fait mécontente, déçue par elle même et plus fâchée encore contre lui de plier le genou, de n'oser rien lui dire."Pourtant cet homme elle le rejoint et accomplit la mission qu'il lui confie pour délivrer sa famille du démon qui l a ravagée, démon qui prend sans doute la forme d'un oiseau puique tel lui apparaît son père lors de son arrivée...
C'est un quartier africain et une prison qui établissent un lien apparemment ténu avec la deuxième partie du roman où s'exprime un homme, un homme fou d'amour pour Fanta qu'il a emmenée en France et qu'il est en train de perdre.La chaleur l'accable tout au long de cette journée où il part en vrille, se remémorant tout ce qu'il a commis à l'encontre de celle qu'il a trahie , lui faisant miroiter un avenir qu'il se complaît à saborder. Saura-t-il lui aussi lutter contre l'oiseau qui le harcèle et redonner le sourire à Fanta ?
Fanta , seule vague référence donnée à Kady Demba si elle parvient à rejoindre la France où l'expédie sa belle-famille après le décès de son époux. Mais la route est longue , hérissée de périls que n'envisage même pas celle qui a pour tout viatique son nom,nom auquel elle se raccroche farouchement tout au long de son chemin de croix.
Il se dégage du roman de Marie Ndiaye une atmosphère lourde, saturée de lumière et de chaleur. On se laisse prendre au piège de ses longues phrases sinueuses qui ne diluent pas la violence mais la rendent plus sournoise. Accablante. On frémit, on enrage et on a le coeur serré en refermant ce livre qui dit le malheur et la force des femmes liées à l'Afrique. Trois femmes que nous n'oublierons pas.
06:10 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : marie ndiaye, femmes, afrique
22/08/2009
Regarder le soleil
"Nous avons trop de respect pour le chagrin, dit-il .Il faut que ça s'arrête un jour."
Ce pourrait être en dehors du temps tant ce qui est décrit est intemporel. L'histoire se déroule dans un ranch de l'outback australien où un fermier vient de faire une chute de cheval. Sa femme devient progressivement aveugle et si elle parvient dans un premier temps à faire tourner l'exploitation, à la mort de son époux, sa maladie empirant aussi, elle perd tout à la fois le contrôle de sa vie et de sa fille, Chloé. cette dernière en profite alors pour explorer toute cette étendue sauvage qui les entoure.
C'est par une série de chapitres que nous découvrons progressivement l'histoire de cette famille atypique où les émotions passent plus par le regard que par les mots. "Je n'arrive pas bien à ne pas la regarder ."pense Chloé de sa mère tandis que sa demi-soeur affirme : "Son oeil te suit, même si elle ne regarde pas . Sans que tu le remarques, elle l'accroche à toi et il se balade avec toi, où que tu ailles, comme la bardane."
Intensité des sensations, observation tout aussi intense de la mère dans ce qu'elle a de plus intime, de plus charnel: "ça se passe maintenant , je le sais. En ce moment-ci se forment les nouveaux petits vaisseaux. Ils se développent le long de l'humeur vitrée, se ramifient en tous sens, mais ne valent rien."Amour absolu qui ne dira jamais son nom.
Il se dégage du roman d'Anne Provoost une poésie étrange et sourde sans que pour autant on verse dans l'abstraction.On s'attache à ces personnages qui acquièrent progressivement un arrière plan, une histoire qui nous les rend plus proches,moins éthérés et c'est beaucoup trop vite qu'on termine ce roman sur une image à la fois banale, dans sa quotidienneté, et forte. Un roman puissant.
Regarder le soleil, Anne Provoost, traduit du néerlandais (Flandre) par Marie Hoogje, Fayard, 266 pages intenses. Parution le 26 août.
Ce roman vient de recevoir en Flandre le prix triennal de la prose.
06:05 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : anne provost, australie, rapports mèrefilles, cécité
21/08/2009
La Perrita
Deux fêtes d'anniversaire pour la même personne, le même jour : celle organisée par sa famille biologique qui a en fin retrouvé 18 ans après sa naissance celle qu'ils appellent Rosa; celle organisée par ses parents adoptifs pour l'enfant qu'ils ont appelée Malvina. La situation est encore plus tendue quand on sait que le bébé a en fait été arraché à sa mère par un militaire argentin dont la femme était en mal d'enfant.
Rosa/Malvita fait en effet partie de ces enfants de disparus durant la dictature argentine que les "folles de la place de mai" -comprendre les mères obstinées qui manifestaient pour réclamer leurs fils et filles que les militaires argentins avaient enlevés, torturés et assassinés- qui, se regroupant en association soulèvent des montagnes pour retrouver leurs petits-enfants et leur rendre leur identité.
Mais plus qu'une histoire politique, La Perrita (la petite chienne, la chienne bien-aimée) est une histoire d'amour. Amour entre Ernestina , la grand-mère paternelle de Rosa, son mari et son fils, un amour qui la porte avec obstination malgré les obstacles. Amour plus trouble entre Violetta, la bourgeoise qui se voile la face et feint de ne pas remarquer tous les indices qui pourraient entacher l'image qu'elle se fait de son militaire de mari. Amour aussi pour ce pays dont l'auteure parle avec sensualité (les odeurs ,même malsaines , y ont une importance considérable).
La Perrita est un roman sensible et chaleureux, dont la tension dramatique ne verse jamais dans le pathos mais qui souffre parfois d'un style un peu hasardeux. Une jolie découverte néanmoins.
La Perrita, Isabelle Condou, Plon, 294 pages sensibles.Paru le le 13 août.
Merci Cuné !
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : isabelle condou, dictature argentine, enfants enlevés
20/08/2009
Nouveaux Indiens
"Bye bye Mary, tout est consommé."
A. l'anthropologue voudrait "savoir comment font les musiciens pour se dire des choses quand ils jouent alors qu'ils ne peuvent pas se parler.Tout se passe en dessous, quoi..."Il ne croit pas si bien dire ce petit frenchie venue aux Etats-Unis sur un campus étudier le groupe de musiciens animé par Frank Firth car , se transformant malgré lui en limier, il va peu à peu mettre à jour les liens qui unissent différents acteurs du campus, qu'ils soient professeurs ou sans -abris et qui sont liés à a disparition d'une anorexique, Mary.
Sur fond de campagne électorale, celle qui aboutira à la réélection de Bush junior, l'anthropologue sera donc amené à sortir de sa position d'observateur voire même d'enquêteur, devenant à son tour partie prenante d'une fabuleuse performance...
Et les Nouveaux Indiens dans tout ça ? Ils sont beaucoup plus proches de nous qu'on pourrait le croire...
Brassant les thèmes de la langue (le narrateur éprouve des migraines à devoir sans cesse faire le va et vient entre français et américain mais éprouve beaucoup de plaisir à entendre la broussaille de mots de la logorrhée d'une musicienne française, long flots de mots abrupts retranscrivant aussi les notes prises par A. lors des exercices des musiciens) des rapports qu'entretiennent l'Art et le pouvoir, du pouvoir dans les groupes quels qu'ils soient, mais aussi pointant du doigts les échecs de notre société, Jocelyn Bonnerave nous donne ici un roman dense ( 170 pages seulement) qui galope sans trêve, secoue le lecteur , le tient en haleine et se termine d'une manière tout à fait originale et quasi philosophique. Le style est vif, alerte, et Bonnerave réussit même le pari de nous donner de somptueuses pages érotiques, roboratives sans être ni maniérées ni triviales. Un livre original et intelligent, sans être pédant. Une réussite !
Nouveaux Indiens, Jocelyn Bonnerave,Seuil.
Merci à Suzanne de Chez les filles et aux éditions du Seuil.
Sortie le 20 août.
Saxasoul n'a pas aimé.
Doriane non plus !
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : jocelyn bonnerave, musique et mots, nourriture