14/03/2013
Maisons perdues
"Les maisons sont aussi des moments de nous-mêmes en lesquels, parfois, nous ne nous reconnaissons plus : leur perte nous fait grandir."
Sociologue de formation, Nathalie Heinrich a choisi la fome plus intime du récit pour égrener, au fil de dix chapitres, Les maisons perdues., celles qu'elle a aimées, où elle a té heureuse .En filigrane, de 1950 à nos jours, se lit l'histoire d'une famille, l'évolution de la narratrice-auteure quant à sa volonté de trouver sa maison.
C'est aussi l'occasion de brosser des portraits tendres et chaleureux de ceux qui ont habité au sens fort du terme ces demeures et ont accompagné la narratrice dans son chemin de vie. Une écriture précise et sensible , une réflexion intéressante mais quelques longueurs dans les descriptions de ces maisons.
Maisons perdues, Nathalie Heinich, Editions Thierry Marchaise 2013, 123 pages.
Merci à Babelio et à l'éditeur !
Mango a été touchée par ce livre : clic !
06:40 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : nathalie heinich, chercher sa demeure
14/12/2012
Bird Cloud
"Quand on est occupée à asperger les plats d'huile d'olive et de sauces , toute inquiétude à propos du plan de travail crée une diversion inopportune."
Pendant une année entière, la romancière Annie Proulx va batailler pour acquérir et faire mettre en conformité un terrain qui lui permettra de faire construire la maison de ses rêves dans un paysage grandiose du Wyoming. Il faudra encore deux ans pour que la maison, dessinée par un architecte, sorte de terre et puisse être suffisamment habitable pour affronter les vents tempêtueux et les congères de neige. Mais la vue sublime (représentée sur le bandeau de la couv' )en vaut largement la chandelle.
Bird Cloud, nom de la propiété d'Annie Proulx est le récit de cette construction. L'occasion pour l'auteure de Brokeback Mountain non seulement de brosser un autoportrait bref et sans concessions, mais aussi de revenir tout aussi rapidement sur son enfance .
Elle s'attarde beaucoup plus longuement sur la nature sauvage qui l'entoure, sur l'histoire du Wyoming et de ses habitants aux moeurs pour le moins rustiques.
Les passages historiques m'ont rapidement lassée et , bien que friande de récit de constructions et/ou de rénovations (c'est grave docteur ? ), je suis restée quelque peu sur ma faim, Annie Proulx passant d'un sujet à l'autre sans transitions, de manière souvent déstabilisante. Néanmoins ce texte m'a donné envie de renouer avec l'écriture de cette romancière dont j'avais beaucoup aimé Noeuds et dénouements.
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : annie proulx, chercher sa demeure
19/11/2012
Le poil et la plume
"Comme était douce cette révélation du pourquoi des cageots dans sa chambre..."
Tu ne vas pas parler de ce livre sur ton blog ? Si, pourquoi ? Parce qu'il n'est pas "littéraire" et alors ? C'est un livre qui est juste fait pour ceux qui aiment les animaux, n'ont pas d'a priori et se régalent d'anecdotes tour à tour amusantes, pleines de tendresse et d'émotion.
De surcroît, on y glane au passage plein d'infos sur l'élevage des gallinacées, des races anciennes en particulier, des canards, des pigeons mais aussi des paons car oui, l'actrice a des paons, comme s'exclamera, émerveillé un petit garçon !
Ceux friands d'infos croustillantes sur la comédienne Anny Duperey en seront pour leurs frais ,mais y découvriront en creux le portrait d'une femme qui a coeur à rester discrète, n"hésitant pas à plonger derrière un petit arbuste pour échapper aux quelques curieux à qui sa maison avait servi de but de promenade, ce qu'elle prend plutôt avec philosophie.
Une femme qui avait tiré un Voile noir sur ses souvenirs d'enfance et conservait juste quelques images où des chats et des poules jouaient un rôle. Il avait fallu bien des années pour que Anny Duperey renoue avec les félins : "Ils m'avaient aidée à apprivoiser le traumatisme de la mort des parents. Maintenant les poules m'emmèneraient plus loin vers cette réconciliation avec cette enfance coupée en deux." Mais cet aspect ne concerne qu'un chapitre du livre car l'objectif affirmé est de réhabiliter poules et coqs et l'auteure s'y emploie avec efficacité. Un livre généreux et nature, à l'image de son auteure.
Le poil et la plume, Anny Duperey, Points seuil 2012, 236 pages qui calment, quelques photos en noir et blanc pour cette édition.
06:03 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (7)
31/07/2012
Promenons-nous dans les bois
"C'est sans doute lié à sa tendance historique à domestiquer et exploiter les grands espaces mais , si vous voulez mon avis, l'attitude de l'Amérique envers la nature est à tous points de vue très étrange."
L 'Appalachian Trail est un sentier qui serpente sur 3 500 kilomètres , du Maine à la Georgie. Une sorte de mythe que certains marcheurs n'hésitent pas à réaliser par tronçons, sur plusieurs années, un peu comme le chemin de Compostelle, la dimension religieuse en moins.
C'est à ce mythe que décide de se confronter Bill Bryson en compagnie d'un ami d'enfance, Stephen Katz, qu'il n'a pas revu depuis belle lurette. Las ! Si Bill est relativement en forme et (en théorie) bien équipé, son compagnon traîne plutôt la patte et semble davantage intéressé par la junk food et les séries télévisées ! Un duo bancal dont l'auteur de American rigolos va tirer toute la puissance comique !
Mais il n'en reste pas moins que ce récit comporte également un aspect documentaire et critique sur la relation qu'entretiennent les Américains et la nature .
Un texte à lire (entre autres) par tous ceux qui voudraient entreprendre le même périple. S'ils sont prêts à affronter les conditions météo versatiles, les refuges avec un côté ouvert, les fêlés (que Bryson semble attirer avec une belle constance), la forêt oppressante, les rencontres potentielless avec les ours (gris ou noirs suivant les endroits), voire les tueurs en série ou pas, alors enjoy ! Pour ma part, je me contente de rester dans mon fauteuil et de savourer ce livre mais j'en connais de plus courageuses !
Merci à Keisha qui m'a donné envie de lire ce texte !
06:00 Publié dans Humour, Récit | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : bill bryson, marche, appalachian trail
21/06/2012
Les pieds sur terre
Pour les dix ans de son émission Les pieds sur terre , Sonia Kronlund a choisi de regrouper certaines de ces histoires qui disent la France d'aujourd'hui et ses manières souvent infimes de résister à l'oppression . "Un hommage à l'intelligence et au courage des gens simples que l'on dit ordinaires mais qui sont les personnes les plus surprenantes qui soient...". Une sélection passionnate et riche qui propose une autre vision de ceux qu'on n'ose plus appeler de manière méprisante "La France d'en bas."
Les pieds sur terre, Sonia Krollund, Actes Sud 2012,359 pages qui donnent illico envie d'écouter cette émission sur France Culture.
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : sonia kronlund
12/06/2012
Un éléphant dans ma salle d'attente
"Pas de doutes, j'ai gravi un échelon par rapport à bergère de tortues."
Oui, elle en a gravi des échelons Florence Ollivet-Courtois et soigné bien des animaux ! Seule vétérinaire libérale en France à exercer exclusivement sur la faune sauvage et les animaux de parcs zoologiques , elle en a des anecdotes à raconter et c'est un régal !
On sourit, on est ému, mais on apprend aussi beaucoup d'informations sur l'évolution des techniques et sur les moyens , souvent très surprenants, de soigner les animaux. Qui croirait qu'un insecte peut remplacer , et ce de manière beaucoup plus précise, les fameuses flèches (souvent erratiques) des fusils hypodermiques ?
Promis, on ira faire une visite au grand dans tous les sens du terme) éléphant , Siam ,exposé au premier étage de la Grande galerie du Jardin des Plantes, pour voir celui qui a si profondément marqué l'auteure.
Que tous ceux qui, gavés d'épisodes de Daktari ,se sont rêvés vétérinaires se précipitent sur ce récit au rythme enlevé et qui évite le côté "enfilage d'anecdotes" !
Un éléphantt dans ma salle d'attente, aventures d'une vétérinaire, Florence Ollivet-Courtois,Sylvie Overnois, Belin 325 pages pour les amis des animaux.
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : florence ollivet-courtois, sylvie overnoy, vétérinaire, faune sauvage, parcs zoologiques
21/05/2012
On peut se dire au revoir plusieurs fois
"La santé ne peut se concevoir qu'à l'échelle de l'organisme, voire à celle d ela nature, tant il est vrai que tout est interconnecté."
Un tout petit livre - 156 pages- pour dire la rechute du cancer du cerveau, rechute que l'auteur avait réussi à éviter pendant plusieurs années, mais aussi pour faire le point sur Anticancer, sa "méthode" pour lutter contre cette saloperie de maladie.Aucun traitement n'est infaillible et l'auteur lui-même reconnaît que, pris par la frénésie de vouloir transmettre dans le monde entier ses connaissances, il en a oublié de s'appliquer à lui même certains principes qu'il préconise.
Cet ouvrage est aussi l'occasion de faire le bilan d'une vie et de se laisser un message d'amour à sa famille et en particulier à ses enfants. Un livre très émouvant qui prône une prise en charge globale du cancer et souligne en particulier tous les bienfaits de la méditation.
Déniché à la médiathèque.
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : david servan-schreiber
17/04/2012
Let go
62 petites pages pour dire "la dernière semaine de l'homme qu'[elle] aime. La vie sans lui. Et la vie qui recommence."
Un récit à l'image que j'ai de son auteure: cash, sensible, poétique et au plus près des émotions. Une jolie façon de dire l'amour qui dure et de retrouver celui qui n'est jamais nommé que par son prénom, Alain.
Merci Cuné.
Let go, Chloé Mons, Fetjaine 2012.
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : chloé mons
02/04/2012
La bénédiction inattendue
"Quand j'écris un roman, j'ai toujours peur. J'écris chaque ligne d'une main tremblante, en retenant mon souffle. Comme si j'empilais les fruits l'un après l'autre dans le dos du vieil homme debout près de moi."
Dans ces courts récits s'ébauche le portrait éclaté d'une femme seule, de son fils et de son frère, décédé. La narratrice est écrivaine et s'interroge sur l'écriture, l'inspiration, relate de cette manière si particulière à Yoko Ogawa des événements qui pourraient être banals s'ils n'oscillaient soudain entre le réel et "l'autre côté" ,un univers poétique , surprenant,voire inquiétant. Le tout porté par l'écriture pleine de grâce et d'élégance de l'auteure de La piscine.
De très jolies notations sur les mots et l'écriture : "Les mots étaient tous mes amis. ils donnaient une forme à tout ce qui était incertain, agaçant ou timide. Une forme de mot, rehaussée d'encre bleu nuit."
La bénédiction inattendue, Yoko Ogawa, récits trduits du japonais par Rose-marie Makino-Fayolle, Babel 2012, 188 pages "un tout petit peu décalée[s] par rapport à mon champ visuel".
06:00 Publié dans Nouvelles étrangères, Récit | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : yoko ogawa
23/03/2012
Mine de rien
"Mon François, tu vas avoir un choc. Il y a un vieux travelo chauve dans ton lit. Bon, tu l'as compris, c'est moi."
Oh, comme on aurait aimé qu'elle le gagne, Annie François, ce combat contre la maladie ! Fourbissant ses armes préférées, l'humour et la colère, usant de mots quelque peu oubliés (elle "fourgonne" à tout va), elle avait pourtant bien l'intention de lui tenir la dragée haute à cette saleté de crabe ! Et de défourailler contre l'inventeur ce qu'elle appelle le "presse doudoune": "un instrument de torture d'un autre âge malgré les matériaux modernes, inventé par un médecin-ingénieur sadique et misogyne qui, à l'évidence aurait pris plus de précautions ergonomiques s'il s'était agi de placer sa quéquette en sandwich dans du plastique avant de lui serrer la vis.".
Consciente de la difficulté, pour elle même et pour son entourage, elle avait opté pour l'option Mine de rien , analysant avec finesse les relations parfois étranges, voire cruelles, que la maladie fait naître autour du malade.Mais quand la carapace se fendille, elle laisse apparaître la peur, la douleur...
La seconde partie du récit, "De guerre lasse", rédigée par son compagnon, François Chaslin, nous donne à voir l'aspect bouleversant de la fin de vie d'Annie François," [sa] vaillante".
Un livre commencé tambour-battant, que l'on termine les larmes aux yeux.
Mine de rien, Annie François, Le Seuil 2012, 186 pages., un grand et beau coup de coeur !
Un récit qui vient clore la trilogie par laquelle Annie François a raconté sa vie : Bouquiner (que tout fêlé de livres se doit d'avoir dans sa biblio)et Clopin-clopant.
Du même auteur, j'avais aussi beaucoup aimé Scènes de ménage, au propre et au figuré.
Merci à Cuné d'avoir attiré mon attention sur ce livre.
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : annie françois, françois chaslin