29/04/2024
Le temps d'un visage #RuthOzeki #NetGalleyFrance !
"La salle du miroir est le lieu où, chaque jour, nous nous confrontons à nos espoirs et à nos désirs, nos illusions et déceptions, notre vieillissement et notre mortalité, et il y a quelque chose d'à la fois doux , triste et extraordinairement courageux dans le fait d'accepter de le faire. "
Découvrant qu'une professeure d'histoire de l'art propose à ses étudiants de regarder trois heures durant une œuvre d'art, Ruth Ozeki a une idée : "[...] il m'est venu à l'esprit que le visage est lui aussi une batterie temporelle, un empilement d'expériences, et je me suis alors demandé ce que mon visage de cinquante-neuf ans révélerait si je parvenais à le regarder trois heures - un temps douloureusement long , en effet. "
C'est le récit de cette expérience qui nous est offert ici. L'occasion pour l'autrice de prendre non seulement conscience du temps qui passe, mais aussi de sa situation particulière: celle d'être née de l'union d'un père américain appartenant à une lignée de conservateurs chrétiens et d'une mère japonaise, bouddhiste zen. Et ce, seulement une dizaine d'années après la fin de la Seconde guerre mondiale. Le visage de Ruth Ozeki interrogeait alors beaucoup les américains de son entourage et le racisme était plus ou moins larvé...Un texte profondément humain qui résonne longtemps en nous.
Traduit de l’américain par Sarah Tardy.
Merci à l'éditeur et à Netgalley.
Belfond 2024.
06:00 Publié dans Autobiographie, Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : ruth ozeki
22/03/2024
Le volume du temps 1
"Il est bon de voir le monde se tenir immobile. "
Venue acheter des livres anciens à Paris pour le commerce qu'elle tient avec son mari, Tara se réveille un 19 novembre. Mais non, les événements lui donnent tort: elle revit tout ce qui lui est arrivé la veille. Le temps s'est donc arrêté pour elle le 18 novembre.
De retour chez elle, elle tente d'expliquer la situation à son époux qui se montre compréhensif dans un premier temps mais oublie au fur et à mesure ce qu'elle lui a révélé. Las, elle prend ses quartiers, à l'insu de son mari, dans la chambre d'amis et observe tout ce qui se passe, réfléchissant au temps, au pouvoir des habitudes, au pouvoir des mots, à l'évolution de son couple.
Je n'ai jamais aimé le côté répétitif et moralisateur du film "Un jour sans fin", aussi ai-je abordé ce roman avec circonspection, mais j'ai été vite fascinée par la capacité de l'autrice à renouveler, sans effet de manche, la situation, à faire évoluer son personnage pendant un an, terminant ce premier volume à l'orée du 18 novembre de l'année suivante.
Le deuxième tome (il y en a sept en tout!) est dans ma Pile à Lire. Affaire à suivre.
Grasset 2024. Traduit du danois par Terje Sinding, 250 pages.
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : solvej balle
11/05/2023
Pas dormir...en poche
"Quand nous marchons au milieu des plantes et des animaux, nous nous déplaçons dans du vivant, nous en faisons partie. Quand nous nous tassons au milieu des objets, ce qui nous entoure est mort, nous en faisons partie. Et l'immobilité nous cloue entre les planches de l'insomnie."
Nul besoin d'être insomniaque pour dévorer ce nouvel opus de Marie Darrieussecq.
Souffrant de ce mal depuis la naissance de son premier enfant, elle revient ici sur toutes les méthodes employés pour tenter d'arriver à dormir, convoquant nombre d'auteurs et autrices grands insomniaques eux aussi, Kafka et Duras en tête.
Faisant preuve d'une grande franchise, elle n'élude pas son alcoolisme, boire lui permettant de dormir, mais avec des réveils plus que difficiles, mais ne se centre pas seulement sur son cas. L'insomnie lui permet aussi d'évoquer aussi bien la forêt africaine, que la jungle de Calais, posséder un lieu où dormir, une chambre à soi, n'étant pas donné à tout le monde.
Tenant à la fois du témoignage, de l'analyse, cet Objet Littéraire non Identifié n'est pas dénué d'humour et, cerise sur le gâteau, est ponctué de photographies, pas toujours très lisibles malheureusement. 297 pages dévorées d'une traite .
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marie darrieusecq
25/10/2022
Totalement inconnu
"Ailleurs ce doit être pareil, mais je comprends moins les paroles. Mon ignorance a des côtés plaisants. "
Une pensée en action, voilà ce que nous propose ici Gaëlle Obliégly dont la narratrice, hôtesse d'accueil , travail alimentaire, doit écrire une conférence sur le soldat inconnu.
De digressions en digressions, elle évoque tour à tour sa grand-mère, la Finlande (où elle n'est jamais allée) mais qu’elle est convaincue de connaître, réfléchis sur le bien, le mal, obéis aux voix qu'elle entend ...
Un texte émaillé de réflexions-pépites mais qui laissera sur le côté tout lecteur habitué à des textes plus conventionnels.
Éditions Bourgois 2022.
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaëlle obiégly
13/10/2022
Végétal
"Je ne rêvais que de me rouler dans la mousse, la pluie, que l'humus mouillé abreuve et délivre mes racines. Je ressentais ce besoin de la terre, celle fraîchement arrachée, pour m'en recouvrir et me vautrer dedans , la sentir sur mon corps et pouvoir enfin la flairer. "
Cela commence par un changement d'odeur. Le narrateur se rend soudain compte que son corps nu sent l'humus, que son torse est " recouvert de mousse".
La "mutation organique" est en route et elle sera inexorable. Abordant tous les aspects de cette métamorphose, même les plus triviaux, ce narrateur sans nom relate avec précision sa transformation en arbre, sa relation conflictuelle avec les docteurs, car il ne veut pas devenir "un phénomène de foire dans un laboratoire".
En 38 pages, Antoine Percheron réussit un prodige poignant, celui de raconter avec distanciation son propre destin , celui d'un homme atteint d'une tumeur qui pousse "des racines au fond du cerveau", comme le précise une note en fin de texte.
Paru une première fois en 2001 aux Éditions L'Escampette, ce texte vient d'être réédité aux Éditions Belles Lettres et il ne faut surtout pas le rater.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : antoine percheron
23/05/2022
La gaufre vagabonde
Quand un auteur nous livre la définition de son texte, pourquoi se priver ?: "Alors quel style de poésie convient le mieux aux plaines betteravières ? Celui que nous employons à l'instant, digressif, discursif et évolutif. " Car ici la gaufre est un prétexte pour évoquer, au fil des souvenirs, un mot en entraînant un autre par le jeu des allitérations ou des assonances, le pays de l'enfance, de la gourmandise, de l'écriture bien sûr, au sein d'un itinéraire faussement erratique mais vraiment cultivé et poétique.
Au fil des chapitres, nous glanerons en chemin la liste des ingrédients pour confectionner cette fameuse gaufre liégeoise, mais surtout l'envie de découvrir davantage l’œuvre de cet auteur.
Éditions Cours toujours 2018
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jacques darras
05/10/2021
Pas Dormir
"Quand nous marchons au milieu des plantes et des animaux, nous nous déplaçons dans du vivant, nous en faisons partie. Quand nous nous tassons au milieu des objets, ce qui nous entoure est mort, nous en faisons partie. Et l'immobilité nous cloue entre les planches de l'insomnie."
Nul besoin d'être insomniaque pour dévorer ce nouvel opus de Marie Darrieussecq.
Souffrant de ce mal depuis la naissance de son premier enfant, elle revient ici sur toutes les méthodes employés pour tenter d'arriver à dormir, convoquant nombre d'auteurs et autrices grands insomniaques eux aussi, Kafka et Duras en tête.
Faisant preuve d'une grande franchise, elle n'élude pas son alcoolisme, boire lui permettant de dormir, mais avec des réveils plus que difficiles, mais ne se centre pas seulement sur son cas. L'insomnie lui permet aussi d'évoquer aussi bien la forêt africaine, que la jungle de Calais, posséder un lieu où dormir, une chambre à soi, n'étant pas donné à tout le monde.
Tenant à la fois du témoignage, de l'analyse, cet Objet Littéraire non Identifié n'est pas dénué d'humour et, cerise sur le gâteau, est ponctué de photographies, pas toujours très lisibles malheureusement. 297 pages dévorées d'une traite .
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
P.O.L 2021
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marie darrieusecq
08/09/2021
#Maquillée #NetGalleyFrance !
" En ne voyant qu'une manifestation de notre décadence dans la culture de la beauté, dans ce qui a trait à l'ornementation des corps, on enferme le maquillage dans une vision sexiste qui associe les ravages du capitalisme à la femme, et plus particulièrement aux soins du corps.
La galaxie du maquillage , que ce soit sur internet ou dans la vie quotidienne, m'est totalement étrangère mais j'ai été très intéressée par ce livre qui multiplie les points de vue sur cet artifice, souvent décrié , mais qui existe apparemment depuis la préhistoire.
Daphné B. ,sous forme de courts chapitres, évoque à la fois sa vie personnelle, convoque la sociologie mais aussi la poésie, la philosophie , sans oublier le féminisme pour brosser par petites touches un ensemble ma foi très convaincant , bien mené et qui m'a permis de voir le maquillage sous de nouveaux angles.
Grasset 20210
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : daphné b.
30/08/2021
Sainte Marguerite-Marie et Moi
"En m'obligeant à la prendre au sérieux, en m'imposant ce parti-pris résolument bienveillant , l'éditrice a sauvé Marguerite-Marie de mes griffes ; et, à la place m'a livrée à elle. Ses inconforts, ses doutes, ses ambiguïtés, moi aussi je suis maintenant forcée de les habiter. "
Rien ne prédisposait une écolo-végétarienne, féministe, capable de réciter la première page de Harry Potter, mais pour qui le Notre Père reste lacunaire ,car agnostique et non baptisée , à écrire sur une sainte, même un peu gore.
Rien, sauf le fait que Marguerite-Marie Alacoque est apparentée à Clémentine Beauvais. De plus, l'autrice de Brexit Romance est enceinte et prend conscience de l'importance de la mémoire. Enfin, le père de son enfant est très catholique,(c'est elle qui souligne) et, par son intermédiaire, elle va devenir amie avec une éditrice d’une maison d'édition très catholique qui va lui suggérer ce projet un peu fou.
Ce livre est donc le récit d'un work in progress, émaillé des réflexions souvent très drôles de Clémentine Beauvais, mais aussi de ses tiraillements car,trouver l'angle juste, le ton juste , ne vont pas de soi quand on ne possède pas les codes d'un univers qui nous est totalement étranger ou presque.
Sans doute parce qu'on sent une grande sincérité, de la part des intervenants , comme de l'autrice, on ne tombe jamais dans une vision trop figée ou au contraire trop "décoiffante" de la sainte en question.
Si l'on m'avait dit que je dévorerais un ouvrage portant sur Sainte Marguerite-Marie, j'aurais bien ri. Et pourtant c'est le cas. Un petit "miracle "dû à Clémentine Beauvais.
Quasar 2021.
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié, Rentrée 2021 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : clémentine beauvais
15/06/2021
Un mariage en dix actes ...en poche
Pièce de théâtre sans didascalies ou roman uniquement composé de dix dialogues entre deux personnages ?
La seule chose dont on est sûr est que l'action se déroule dans un pub où un homme et son épouse se donnent rendez-vous juste avant d'aller rencontrer une thérapeute conjugale. Quelques péripéties mineures ont également lieu dans la rue mais c'est tout. De la thérapie nous ne saurons rien, à part ce qu'en évoqueront les personnages, Tom et Louise.
Cela devrait être drôle si l'on en croit al 4 ème de couv', c'est juste ennuyeux au possible tant les personnages manquent de chair et d 'intérêt.
00:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nick hornby, schtroumpf grognon le retour