17/02/2007
Exquis d'écrivains
Chantal Pelletier , comme les chats , a déjà connu plusieurs vies,
comédienne de café-théâtre, auteure de romans ( policiers ou non) voire scénariste.
Ici, elle nous entraîne dans des Voyages en gourmandise , textes savoureux et ciselés qui vont d'enfance à enfance tout en traversant différents pays.
Goûts
et dégoûts, se jouent souvent dès l'enfance mais l'auteure nous montre
aussi que les aliments les plus opposés peuvent être chéris à part
égale.
Chantal Pelletier allie à la fois la tradition familiale, riche en sauces, Lyon oblige , et ce que les voyages lui ont apporté.
Nos papilles et nos yeux se délectent de ces textes aussi savoureux que ceux de Colette ou de Marie Rouanet. Il ne osu reste plus qu'à imiter le personnage de couverture: lire et déguster...
PS: un commissaire déjà connu des lecteurs de Pelletier s'amuse même à nous faire un petit coucou. Signe particulier de ce visiteur: il mâche des chewingums à la cannelle. Mais où peut-on en trouver ? !
06:00 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (27)
26/01/2007
Laissez infuser
Avec un auteur que l'on découvre, la tentation est grande de se
raccrocher à des figures connues. Quand j'ai commencé ma lecture des
nouvelles composant le recueil comme tous les après-midis de
Zoya Pirzad, c'est le nom de Colette qui m'est aussitôt venu à
l'esprit. La nature est en effet très présente dans ces textes, parfois
très courts ,mettant en scène des femmes iraniennes dans leur
quotidien.
Mais j'ai dû réviser mon jugement car plus que la
nature c'est le rapport au temps qui court en filigrane tout le long de
ses 18 nouvelles dépaysantes et en même temps universelles. Ces
portraits de femmes, ce pourrait être nous, nos amies, nos voisines...
Pas
de nouvelles à chutes, l'auteure évite ainsi le piège de la mécanique
trop bien huilée, ce sont de petits faits, qui basculent parfois à la
limite du fantastique, des faits anodins mais qui minent de rien
frappent nos esprits tant le style de l'auteur infuse en nous.
j'ai d'abord eu l'impression d'être traversée par ces nouvelles mais elles sont en fait restées longtemps en moi...
La critique de Clarabel.
06:00 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (16)
19/01/2007
Le chien jaune
Il ne s'agit pas du roman de Simenon mais de celui de la couverture du recueil de nouvelles La théorie du chien
de O.Henry, auteur américain de 19 ème siècle, nouvelliste dans la
lignée de mark Twain, Ambrose Bierce voire Tchekhov , dixit la 4 ème de
couv'. Rien que ça.
Mouais, je ne devais pas être dans le bon
état desprit car j'espèrais en fait trouver des textes aussi hilarants
que ceux de Saki *. Le style m'a paru désuet et les histoires peu
"accrocheuses", elles flirtent parfois avec le "non sense" ou une folle
logique mais tombent souvent à plat...
Quant à "la théorie du chien
", c'est celle d'un shériff et elle lui vaudra d'identifier ,entre deux
suspects, celui qui est en fait un mari assassin ...
06:08 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (9)
09/12/2006
Les Inuits et nous
De la littérature canadienne francophone je ne connaissais que
Michel Tremblay (j'ai eu une période Michel Tremblay ...) et grâce à
Cuné j'ai découvert Gabrielle Roy et sa Rivière sans repos.
Rien
à voir avec la langue pittoresque et savoureuse de l'auteur des Chroniques du plateau Mont-Royal. Nous
avons ici une langue classique, parfois surannée mais très belle.
Ce
volume comprend trois nouvelles , parfois cocasses (le vieil Inuit qui
fait des farces avec son téléphone !), souvent poignantes et un roman
lui aussi très émouvant mettant en scène des Inuits confrontés au monde
des Blancs. Il est toujours intéressant de découvrir d'autres cultures
et par là même d'autres points de vue sur ce qui peut nous paraître
évident ou acquis.
J'ai beaucoup aimé aussi l'importance que la
nature tient dans ces textes, comme dans la vie des Inuits: le froid
bien sûr, mais aussi les moustiques , l'eau , omniprésente et
l'importance du plus petit brin de verdure...Un petit bijou venu du froid.
05:33 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (6)
19/11/2006
La régionale de l'étape
Comme l'a rappelé Clarabel, Régine Vandamme est éditrice à l'Estuaire. Elle est aussi écrivaine et son livre Ma voix basse fait partie de ma bibliothèque de secours, à savoir les livres que je veux toujours avoir sous la main au cas où...
Pourtant
rien ne destinait cet ouvrage particulier à atterrir sur mon étagère
favorite, seul le titre m'avait attirée ainsi que la 4 ème de
couverture mais vous savez comme moi que tout cela peut être
trompeur...Je ne risquais pas grand chose car je l'avais emprunté à la
médiathèque.
Je
ne l'avais même pas feuilleté et je dois dire que si je l'avais fait je
ne l'aurais pas glissé dans mon panier car aucun paragraphe pour
reposer nos yeux, aucune intrigue pour réveiller nos neurones flapis.
Juste
une série de 19 questions. Au hasard "Qu'est ce que t'attends", "Qu'est
ce que tu fais ? ", "T'as peur de quoi ? ", questions auxquelles la
narratrice va répondre en phrases souvent courtes, juxtaposées, qui
osent la répétition pour créer le rythme et le jeu avec les mots. Une
femme de 40 ans dont on devine la vie entre les lignes, dont la vie se
dit nous nos yeux, une voix intérieure qui rejoint celle de toutes les
femmes en disant son unicité pleine d'humour et d'énergie.
Pourquoi
"la régionale de l'étape? " Parce que ce livre m'avait donné
rendez-vous à Tournai , en Belgique ,sur les rayons d'une librairie
selon mon coeur où le vendeur m'a précisé qu'elle était une
"régionale"...
06:01 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (0)
13/11/2006
Comment concilier érudition et gourmandise, goûtez-moi ça !
Au menu, 16 recettes (2 de plus que dans l'édition originale,
veinardes que nous sommes!) écrites chacune à la manière d'un(e)
grand(e) écrivain'e) de la littérature mondiale.
Nous pourrons ainsi déguster la soupe de Kafka qui
donne son titre au recueil, enchaîner avec l'agneau à la sauce à
l'aneth de Raymond Chandler et terminer par le clafoutis grand-mère à
la Virginia Woolf.
Chacun
de ses pastiches se tient à la limite de l'exercice d'admiration mais ne
tourne jamais au jeu de massacre. L'auteur, Marck Crick, avec un humour
tout britannique, a su se glisser dans la peau de chacun de ces
écrivains et nous en donne ainsi un aperçu plus apéritif qu'indigeste.
Point
n'est besoin de connaître chacun des auteurs présentés, au contraire,
comme dans un mezze, libre à nous d'aller ensuite découvrir plus à fond
l'auteur "picoré".
Il faut noter que chacun des texte a été traduit
en français par des spécialistes français des auteurs imités (Geneviève
brisac a ainsi traduit le texte "de" Jane Austen), ce qui garantit la
fidélité à l'esprit et au style.
J'ai eu le sourire au lèvres en
piochant dans ce recueil par ailleurs illustré par Marck Crick, auteur
multitalentueux quui n'hésite pas à citer les auteurs imités donnant
sur leur avis en 4 ème de couv' sur La soupe de Kafka : "Qu'il pourrisse en enfer !" Graham Greene.
Nous
avons même droit à la photo d'un Marck Crick, qui sans doute pour
accentuer la ressemblance avec les tops modéles dont il a le physique,
fait la tronche.
Dernière précision, les recettes sont tout à fait
réalisables, si l'on se donne la peine de les "dégraisser" de leur
littérature...
06:02 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (7)
18/07/2006
perle noire...
Dans la série des nouvelles accompagnant Elle:Voleurs de Ruth Rendell . D'elle, j'avais lu L'analphabète (adapté au ciné par Claude Chabrol) et j'avais aimé l'aspect très "fouillé" de la psychologie des personnages.
C'est le cas aussi pour cette nouvelle inédite qui met très rapidement le lecteur mal à l'aise car Dame Rendell appuie toujours là où ça fait mal. De ce thème classique du voleur volé, elle tire une histoire très originale car le motif de la voleuse maladive n'est pas l'appât du gain mais la vengeance.
Incapable de supporter les frustrations, Polly vole et détruit à chaque fois un objet cher à celui ou celle qui la rejette. Dans un premier temps , nous sommes "à l'intérieur" de l'héroïne (en focalisation interne, pour jargonner) et ne voyons les faits que de son point de vue. Mais , par petites touches, à travers des remarques que lui font les autres, se dessine un tout autre portrait de celle qui ne semble capable que de revivre son trauma initial. Incapable d'évoluer, elle court toute seule à sa perte et nous en pouvons qu'assister , impuissants même si on a envie de la secouer et de lui conseiller d'agir autrement, à la catastrophe quelle a elle même contribué à mettre en place.
Rendell est implacable et ne laisse aucune porte de sortie à Polly dont elle fouille avec opiniâtreté les aspects les plus noirs.
Pour plus de légèreté, on peut s'amuser à deviner quel est le profil psy du couple de Polly et Alex (son amoureux patient ) grâce au test de Elle...
11:18 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ruth rendell
17/07/2006
petit rituel estival
L'été commence vraiment quand Elle nous fait "cadeau" de nouvelles d'écrivains. je n'achète pas tous les numéros , seulement ceux dont je connais ou ai envie de connaître les auteurs.
La nouvelle de la semaine dernière était intitulée Meurtre à Blanckness Road, son auteur: Minette Walters. L'histoire était basée sur un fait divers du début du XXème siècle. Et se basant sur la psychologie des "héros " réels, l'auteur nous propose une explication de ce meurtre campagnard.
L'atmosphère est bien rendue, mais Minette Walters me semble plus à l'aise dans ses romans; Elle a besoin de plus d'espace et de personnages moins falots que ce couple bancal auquel on ne s'attache pas.
A l'inverse, Sylvie Granotier excelle dans le format court. En témoigne fenêtre sur rue, une nouvelle extraite de son dernier recueil qui vient de sortir en poche. On arrive à peine à tourner les pages tant le climat est ici oppressant et l'horizon bouché. Un couple tout aussi falot que celui de Walters mais une situation contemporaine et un "accident" insupportable: un bébé qui passe par la fenêtre. Des policiers un rien désabusés enquêtent: "Daphné et Tonio étaient partis sur les lieux pour une intervention de routine, cellule de dégrisement à la clé et refus de porter plainte à l'arrivée, en dépit des sages conseils des policiers qui en avient assez de retrouver des cadavres de femmes définitivement muettes pour l'avoir trop été de leur vivant." Avec ce presque rien, Sylvie Granotier construit une mécanique précise et angoissante, efficace et ciselée.
10:49 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : minette walters, sylvie granotier