18/03/2008
"La femme au loup les pieds dans le four"
La consolante aurait pu être le surnom d'une femme ou d'une maison. C'est celui d'une partie de boules et surtout le nom du dernier roman en date d'Anna Gavalda, qui au grand désespoir des critiques intello , caracole déjà en tête des listes de vente.
Certes, il faut un temps d'adaptation à ce style tout grêlé de points de suspension, mais le personnage de Charles, "un homme encombré, chargé, loaded en anagalis, comme leurs dés. Quand ils sont pipés" est si attachant qu'on le suit volontiers dans son effritement et sa rédemption. L'histoire ,c'est vrai , met un peu de temps à démarrer mais bon, on accompagne volontiers Charles dans ses pérégrinations ubuesques en Russie ou parmi les siens (le dîner de famille du début est une pure merveille, tout le monde en prend gentiment pour son grade, en particulier un specimen de beau-frère que chacun possède, j'en suis sûre! ).
L'atmosphère est plus noire, la vie plus dure mais on sent bien que la préférence de l'auteure va à ses gens que la vie a roué de coups et qui parfois n'en peuvent plus... Comme Anouk, celle qui vient de disparaître.
Gavalda croque avec un plaisir évident ses personnages, fustigeant au passage autant les clichés bobos en matière d'architecture , "un architecte d'intérieur, concepteur d'espace, créateur de volume, passeur de lumière et autres trouducuteries." que le mauvais goût de "la poubelle de table assortie à la nappe et la bobonne assortie à la poubelle de table" de la classe moyenne. Mais c'est avec les personnages de Kate ,des enfants pleins de vie qui l'entourent , voire des animaux qui gravitent autour d'elle que l'on sent que Gavalda s'est régalée. Quelqu'un qui est capable d'écrire que la cusinière Aga est "Une espèce de bonne grand-mère, chaude, gentille, présente" ou qu'un chien "quand j'avais le blues, se forçait à faire une connerie pour me changer les idée...Une petite poule en passant, un ballon, la jambe du facteur, le super rosbif du dimanche...Oh oui! Il s'en est donné du mal pour que je relève la tête! Voilà pourquoi je ...Je le porterai jusqu'au bout...", quelqu'un capable de nous dire que le monde est plein d'histoires et que personne ne veut les écouter, alors là , je la lis avec enthousiasme , le sourire aux lèvres, j'adhère à ses énumérations ,à ses interventions de l'auteur, à son humanité.
Un vrai, grand et beau coup de coeur ! merci Cuné !
L'avis de Bellesahi
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (35)
14/01/2008
Petit bréviaire amoureux
Attention, "...ce bouquin n'est pas à mettre dans toutes les mains",
prévient l'auteure."Il sent la vache". Il contient" Une
histoire par jour, pour célébrer la vache. Une histoire
d'amour.",deshistoires recueillies auprès de gens très différents,par
leur milieu social, leur âge mais qui sont tous Fous de vaches.
Mary-Gérard
Vaude a su les écouter et retranscrire avec beaucoup de charme
ces témoignages illustrés par de sublimes photos de Jérôme
Chabanne, Frédéric Decante, Philippe Deschamps,Jean-Baptiste Laissard,
Jean-Marie Lecomte, Yves Régaldi, Pierre Soissons, Maurice
Subervie, Frantisek Zvardon. Je les cite tous car c'est
vraiment la première fois que je trouve un livre où TOUTES
les photos de mes amies les vaches sont drôles, poétiques,
insolites (on y voit un taureau prendre une posture de yoga, si, si ,
je vous assure) et où l'on sent vraiment une réelle
empathie avec l'animal photographié. Vous avez la chance que je
ne puisse pas vous enquiquiner en vous tirant par la manche pour vous
montrer celle-ci et puis celle-là et puis regarde celle-ci avec le gros
plan sur les poils et le givre ...A force ça lasse, je comprends et
j'essaie de me réfréner ou de trouver de nouvelles victimes...
Quant
aux textes , savoureux et pas du tout dégoulinants de mièvrerie,
ils mettent autant en valeur les animaux que ceux qui en parlent. On y
croise Monique, bibiothécaire, tout droit échappée d'un roman de
Katarina Mazetti, qui a rencontré son amoureux au salon de
l'Agriculture et qui a reçu Jolie, croisée Blonde D'Aquitaine-charolais
en cadeau d'anniversaire ( Non, non,sans façon, merci, en ce qui
me concerne, j'ai pas la place), Laurent Avon, chargé de la
conservation des races et qui est l'auteur , bien involontaire,
de la devinette, posée samedi, Marion, lycéenne, qui constate :
"Les vaches , c'est comme les filles, ça se promène avec
une copine."...et tant d'autres qui tentent de faire survivre la
diversité des races qui tend à disparaître à cause de la Holstein noire
et blanche pour qui je n'ai guère de sympathie,je l'avoue, même me s'il
elle n'y est pour rien, la pauvre.
Bref, de quoi faire réapparaître le sourire les jours de morosité pour les amoureux des vaches ...et les autres !
Un livre qui vous fera regarder les vaches d'une autre façon quand vous les croiserez !
06:09 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (16)
04/01/2008
"et je décolle...et je vole"
"Amour", "aimer" sont sans doute les mots qui reviennent le plus
souvent sous la plume de Clémentine Célarié. Encore une
comédienne qui se mêle d'écrire diront certains. Hé oui et Clémentine
n'en est pas à son coup d'essai puisqu'elle a déjà écrit les
textes de son spectacle "Madame sans chaînes" dont elle nous livre
d'ailleurs trois textes.
Ni roman, ni autobiographie, Mes ailes
est un joyeux bazar qui se donne des airs bien organisé : 37
chapitres et leurs titres mais ça part dans tous les sens, c'est plein
d'humour et de tendresse, de joies, de peines,de conseils pour aller
mieux , le tout dédié à "tous les êtres qui s'appliquent à
êtres humains", ce qui n'est pas facile tous les jours vous en
conviendrez.
Dessins, écriture à la main agrémentent ces textes
pleins de fantaisie, chaleureux comme leure auteure,une femme que
l'on imaginait pas si solitaire, qui se définit avant tout comme une
mère et dont les trois enfants sont plus des frères qu'autre chose.
Clémentine a mis du temps à comprendre que tout le monde n'avait pas
cette générosité dont elle fait preuve cet immense besoin
de donner de l'amour. Elle nous révèle (un peu) ses failles et
beaucoup ses convictions : prêter attention à ce que disent les
enfants, l'importance qu'elle accorde au fait de parler et
encore parler...Elle est bien consciente de la chance qu'elle a
de recevoir tant d 'amour du public dans les sourires qui lui sont
adressés un peu partout, dans le rue,au supermarché. elle nous fait
partager ses émotions, et on ne peut que les partager avec elle. Le début du livre est parfois brouillon, on sent que l'auteure veut nous livrer toutes ses idées, ça bouillonne, ça fuse, c'est plein d'énergie. Tout s'apaise à la fin et Clémentine Célarié nous brosse un portrait tout en douceur etdélicatesse du bonheur retrouvé.
D'aucuns trouveront sûrement ce texte parfois naïf, il n'est pas bien vu de ne pas être ronchon, mais on s'en fiche, on a le sourire en refermant ce livre.
Mes ailes
n'est sûrement pas un grand texte littérature , et d'ailleurs ne se
donne pas pour tel mais, en le lisant, on entend son auteure parler à
chacun de nous comme s'il était unique c'est un formidable cadeau que
Clémentine nous livre là et on ne peut que l'en remercier.
06:04 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (15)
09/12/2007
Princesse ou pas princesse ?
Je me creusais la cervelle pour répondre à l'invitation de Beatrix :
parler des princesses qui avait marquée mon enfance ou mon présent.
Fifi
Brindacier, Fantômette, Electre, Antigone ,Athéna ne répondaient
pas à ces critères et j'allais jeter l'éponge quand j'ai pensé à celle
que j'avais découverte à l'âge adulte et qui dépoussiérait une
bonne fois pour toutes l'image que je me faisais des princesses (je ne
suis pas très girlie, vous l'aurez compris):
La princesse Finemouche !
Une
princesse selon mon coeur qui envoie paître les prétendants par une
série d'épreuves classiques en apparence par le texte mais auxquelles
les illustrations donnent toute leur saveur. En effet "les petits
chéris" de la princesse sont d'horribles monstres géants et le
reste est à l'avenant.
Babette Cole retourne comme un gant le
cliché du baiser au crapaud et la conclusion plaît à la féminste (même mariée
et mère de famille) que je suis : ""Quand ils apprirent ce qui était
arrivé à leurs copains, lesautres princes n'eurent plus du tout envie d'épouser la princesse Finemouche...
qui fut très heureuse et vécut très longtemps."
Comme quoi les femmes ne doivent pas tout attendre du prince charmant !
06:14 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (16)
13/11/2007
"le temps ne fait rien à l'affaire"A voir ...
Eliane Girard, dans son petit manuel , Comment être vieux et pas con à la fois, commence par citer Benoîte Groult :"La vieillesse est si longue qu'il ne faut pas commencer trop tôt".
Certes
et dans notre pays vieillissant où les seniors seront de
plus en plus nombreux,ce livre sera fort utile quand nous
aurons atteint la cinquantaine.
Conseils
vestimentaires mais aussi expressions à éviter (préférer "j'ai beaucoup
mieux à faire" à "Ce n'est plus de mon âge") et surtout conseils
destinés aux seniors encore dans le monde du travail pour ne pas avoir l'air d'un vieil aigri...
L'auteure
ne ménage pourtant pas les anciens et les incite à davantage de
souplesse, leur glissant au passage quelques astuces pour supporter les
déjeuners tardifs ches les plus jeunes (un en-cas avant de partir)*et
autres situations de la vie quotidienne.
A offrir ou à s'offrir en prévention !
* J'en connais qui utilisent déjà cette astuce mais le font remarquer ostensiblement...
06:08 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (29)
11/11/2007
Petit bonheur
Je l'ai offert à tour de bras (en oubliant à qui, n'est-ce pas
Cath ! :)), sans jamais prendre plus que le temps de le
feuilleter...
Alors quand vendredi midi j'ai vu qu'il venait de sortir
en édtion "de poche", dans la série "Les petits bonheurs" à
un prix très raisonnable, j'ai craqué sur Princesses oubliées ou méconnues,
les textes tout en finesse de Philippe
Lechermeier et les illustrations oniriques de Rébecca Dautremer
dont Bellesahi (qui est une fan) m'avait déjà envoyé une
carte, celle de la princesse Poupoupidou.
De quoi oublier le
vent et le froid , en se plongeant dans la baignoire emplie de
fleurs rouges de la princesse Capriciosa ou en discutant lecture avec
la princesse Esperluette...
06:06 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (31)
02/11/2007
Jour des défunts
07:11 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (24)
28/08/2007
Affûtez vos dictionnaires !
Tel est le conseil du professeur Rollin (François de son prénom) dans Les grands mots du professeur Rollin.
Fondateur
du Centre de Sauvetage des Mots en voie de Disparition (ne pas
confondre avec le CECAMPI, Centre Européen de Conservation et
d'Assistance aux Mots Passablement Inutiles, vous le vexeriez!), où les
mots sont conservés à la température idéale de 12 °C. Même si le
personnel se limite à la personne de son fondateur, celui -ci comptait
sur les auditeurs de France Culture et dorénavant sur les lecteurs de
cet ouvrage car "Chaque fois que je vous exhorte à sauver un mot
menacé d'extinction , vous l'ajoutez,s'il n'y figurait pas , à votre
vocabulaire, et vous le promouvez dans vos biotopes respectifs au prix
d'efforts considérables".
En bon pédagogue, afin de faciliter la
compréhension de termes parfois rébarbatifs, le professeur Rollin
nous fait profiter d'une saynète mettant en scène un couple récurrent:
Simone et son époux,dont nous découvrirons au fur et à mesure les
nombreux amis . ce couple charmant ,jusqu'aux deux tiers de l'ouvrage,
a pour coutume ,afin de clore le débat ,de terminer par une formule
rituelle "Embrasse-moi",formule qui comporte quelques variantes,dont
celle-ci que j'ai testée pour vous : "Embrasse-moi, vieux hérisson !".*
Vous
l'aurez compris,il ne s'agit pas seulement de sauver des mots
d'une manière scolaire mais de les mettre en scène avec
verve et d'en
profiter pour s'amuser avec eux ! les mots deviennent vivants,ils
essaient pour certains de forcer le passage, l'auteur ne nous
cache pas ses préférences ou ses rejets, bref on n'est pas ici
pour s'ennuyer car le style est coruscant (brillant,quoi !).
Mission
accomplie, cher professeur, je vais sans barguigner** tester certaines
formules auprès de mes élèves, et en particulier celle-ci :
"Laissez-loi donc cheminer vers l'ataraxie***", ce qui aura au moins le
mérite de leur couper le sifflet ou les incitera à me dénoncer à
l'administration sous prétexte que j'aurais pêté un câble...
99 mots à savourer en attendant la sortie des Belles lettres du professeur Rollin (en octobre).
* L'Homme et moi aimons les hérissons et n'hésitons d'ailleurs pas à leur faire traverser la route à l'occasion, l'homme ne s'est donc pas vexé et a obtempéré.
**barguigner : marchander, puis par extension,hésiter, mettre du temps à prendre une décision.
***ataraxie: tranquillité de l'âme.
06:52 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (23)
28/06/2007
"J'ai aperçu la duchesse dans le jardin. Elle a l'air tout à fait normale"
Dans la famille des extravagantes soeurs Mitford,* je demande la dernière en vie: Deborah Devonshire qui nous présente Les humeurs d'une châtelaine.
Ces
chroniques qui parlent de son enfance si particulière , de sa vie, de ses
rencontres,des emballages (on se croirait dans un sketch de Desproges !) , de la chasse au renard (ou aux enfants),
des animaux, des plantes, sont à déguster dans une solitude absolue si
vous ne voulez pas passer pour une folle comme moi qui ai hoqueté de
rire en dévorant ce recueil ,hélas trop court .
Avec
un humour délicieux, l'auteure nous fait partager sa vie et ses
pensées. Elle élève des poules, les nourrit en robe de soirée et les
utilise ,vivantes, en décoration de table. Pendant la 2nde guerre
mondiale, devant quitter la petite île sur laquelle elle
habitait, elle part avec chiens, chèvre et bagages, pour
l'Oxfordshire et nous raconte avec le plus grand naturel son épopée en
bateau, train et taxi,concluant son Odyssée dans un jardin rempli de
roses:"Au bout de deux heures,il n'y avait plus rien à tailler avant
très longtemps. Tous les propriétaires de chèvres et de jardins
me comprendront".
La duchesse apprécie ceux qui s'adressent à
tous de la même manière,sans faire de distinction sociale,
gageons qu'elle fait partie de ceux-là, car elle discute sans chichis
avec tous les ouvriers qui restaurent le Versailles anglais dont
elle a hérité mais brocarde les consultants de tout poil.
Pour
elle le luxe consiste en "un feu de cheminée, un quart d'hectare et une
demi-vache" et si quelques jours après
la publication d'un billet dont je vous laisse deviner le contenu
, elle reçoit un scalpel anonyme par la poste , elle déclare: " avec
lui le bonheur est dans la maison".
Saluons au passage la traduction et
la présentation de Jean-Noël Liaut qui a su nous faire
partager toute la sympathie que visiblement Deborah Devonshire lui a inspirée.
Je
pourrais multiplier à l'envie les citations mais ce billet fait déjà
offense à ma volonté affichée de briéveté, donc précipitez-vous sur ce
livre et régalez-vous !
06:05 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (26)
21/05/2007
Ceci est une déclaration d'amour *
Qu'est-ce que l'homme ? Pour répondre à cette question
essentielle, Jean-Noël Blanc y va par quatre chemins et plus : les
momies ( (récurrentes dans les différentes chroniques composant
ce petit bijou)( mais celles, bien sûr, de
Saint-Bonnet-le château)), les pâtes,les mots, les
librairies, les chats, les chiens, les vaches (dans
mes bras Jean-Noël!), les jardins et les femmes.
Si
tous ceux-ci ont
sa faveur, l'auteur voue néanmoins une haine féroce aux boulistes
auxquels il réserve de savants supplices : "Qu'on le flagelle, qu'on
l'ébouillante,qu'on le tenaille, qu'on lui inflige le knout, le chat à
neuf queues, les poucettes, la poire d'angoisse, qu'on le
pende enfin par le cou jusqu'à ce que mort s'en suive, puis qu'on lui
plonge dans la panse un couteau de cuisine, et qu'on l'étripe et le
dilacère avant de répandre aux quatre vents les restes de sa dépouille.
Les corbeaux se chargeront du nettoyage. ils accompliront une
démarche de charognards: rien ne sortira de la famille". Ecolo en
plus ! Ce brin de cruauté verbale est juste là pour relever
la grande tendresse et l'humour infatigable qui se dégagent de ce Jardin à moustaches et autres définitions de l'homme.
Nous
y apprenons par exemple que le chat possède trois noms et la
manière, toute en délicatesse, pour approcher le nom secret du
chat..., qu'"écrire est une activité de jardinier amoureux" ou bien
encore que "le métier de libraire consiste à fabriquer des rencontres
amoureuses: les libraires sont des tantes marieuses. Tous nos
voeux aux époux".
Vous l'aurez compris, j'ai adoré ces
chroniques savoureuses tout au long desquelles j'ai souri , pour le plus grand
étonnement des "patients" de la salle d'attente de l'ophtalmo où
je n'ai pas vu le temps passer. Un seul regret : je suis restée
sur ma faim la dernière page tournée... A quand un nouveau volume
de ces délicieuses chroniques ?
* Platonique, bien sûr !
06:05 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (13)