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10/08/2009

Rose sainte-nitouche

"A priori, le chien du jardinier ne manque de rien."

Parce qu'au fond elle a besoin de sécurité, parce qu'elle est très jeune aussi, Rose épouse Ned alors qu'elle est tombée follement amoureuse de Mylo. Eternel triangle qui se révèle en fait à géométrie plus complexe car Mary Wesley , à son habitude, va tout au long de son roman, éclairer d'un jour nouveau ses personnages en apparence si respectables mais si profondément attachés à jouir pleinement de la vie .51kb71ZU+NL._SL500_AA240_.jpg
Les personnages féminins de  Mary Wesley, en particulier Rose , sont d'une modernité extrême pour l'époque (la  Grande-Bretagne de la 2nde Guerre mondiale). Comme les hommes elles s'octroient le droit d'avoir des amours contingentes, de vivre une vie sexuelle épanouie. Pour rien au monde Rose  ne voudrait ressembler à sa mère qui, suppose-t-elle, n'a jamais connu d'orgasme et a vécu sa  grossesse dans le dégoût de son corps. Cette femme qui ne s'épanouira que , quand elle sera -enfin- devenue veuve. Un bon mari est un mari mort.
Cet aspect corporel,, Wesley en parle de manière franche mais sans jamais tomber dans le graveleux ou la trivialité. La contraception, ou plutôt son absence  est-elle aussi évoquée mais le milieu social dans lequel évolue Rose facilite bien la vie, même dans certaines  circonstances qui pourraient  devenir dramatiques.
Là où Mary Wesley innove aussi c'est qu'elle suit son personnage de son extrême jeunesse à une vieillesse déjà  bien avancée. L'amour et le temps ne font souvent pas bon ménage, les contes de  fées s'arrêtent là où la vie conjuguale commence, mais Mary Wesley qui a commencé à écrire à l'âge de 70 ans, entend bien nous montrer que les personnes âgées ne sont pas quantité négligeable, y compris dans le domaine amoureux.
L'évolution psychologique de  Rose est-elle aussi très intéressante, de jeune fille timide elle devient peu à peu une femme qui sait manipuler son mari , riposter de manière efficace à l'égoïsme forcené et au sans gêne de prétendus amis , prend de l'assurance, s'émancipe ,comprend au fil du temps "qu'on peut fonctionner sur plusieurs plans à la fois", car "qu'elle fût trop docile pour être au-dessu sde tout soupçon l'horripila, lui mit en tête des idées qui n'y étaient pas  avant,  des idées qu'elle allait ensuite mettre en pratique."
L'auteure nous montre  aussi avec beaucoup de franchise et parfois de crudité les moindres pensées de ses personnages,pas de bons sentiments !, mais tout cela est contrebalancé par un humour souvent féroce, une insolence chic et un dynamisme contagieux ! Vite, laissez-vous séduire par Rose !

Rose, Sainte-nitouche, Mary Wesley, editions Heloïse d'Ormesson,  traduit de l'anglais par Michèle Albaret, 463 pages so british !

Un grand merci à Clarabel pour le  prêt !

 

Du même auteur, sorti  en poche, La pelouse de camomille, tout aussi savoureux !, Billet ici.

Ilne reste plus qu'à espérer  que seront bientôt réédités trois autres romans dont je vous parlais rapidement ici !

 

23/05/2009

sorti en poche

Un livre réconfortant et lumineux, Une petite fête sur la planète , de Corinne Roche ,billet ici !51wY2uxovaL._SL500_AA240_.jpg

20/05/2009

Refaire le monde .

Les trajectoires professionnelles de Greenie, pâtissière émérite, et celle de son mari, thérapeute à  Greenwich village, suivent des trajectoires tout à fait opposées:  plus la clientèle de la pâtissière augmente, plus celle de son mari diminue...Le sentant s'enliser dans une mélacolie incompréhensible, la jeune femme va accepter une offre de travail pour le gouverneur du Nouveau-Mexique et partir à l'autre bout du pays  avec son jeune fils George.41zjHjAuC3L._SL500_AA240_.jpg

Ce départ va alors déclencher toute une série d'événements incontrôlables.Centré autour de la crise de ce couple, Refaire  le monde présente toute une galerie de personnages pittoresques qui,  comme dans le précédent roman de  Julia  Glass (billet ici)  vont se  croiser, se rencontrer et former ainsi  une constellation des plus sympathiques. Il y a là  Walter, l'ange gardien de Greenie , ses amours malheureuses, son bouledogue Le Bruce et son neveu Scott,  musicien à ses  heures, mais aussi  Saga  une jeune fille qui souffre  de la perte de  sa mémoire et toute une kyrielle de second rôles  tout aussi  attachants, dont un amoureux qui  offre des briques ! On y retrouve aussi , dans un rôle moins central, le libraire  Fenno et son oiseau pittoresque.
Julia Glass s'attache à  chacun d'eux (et nous avec elle) et les fait évoluer sous son regard bienveillant, sachant dénicher en chacun d'eux l'étincelle qui le fera échapper au cliché (et Dieu sait que cela aurait été facile en particulier avec le  Gouverneur haut en couleurs !).
Elle  peint aussi , avec sensibilté ,un monde qui connaît une mutation brutale, choisissant pour cela d'évacuer tout pathos et se concentrant sur la vie quotidienne des gens et leurs émotions.
Comme  Walter et Greenie, à la fin  de ces 700 pages qu'il faut prendre le temps de savourer, le lecteur peut à son tour déclarer :  "...Ils  ont passé  tant d'heures au téléphone,  partagé tant d'émotions, de bouleversements, les meilleurs comme les pires, qu'ils  sont à présents liés par une incomparable connivence."
Un livre choral réconfortant.

Julia Glass Refaire  le monde, traduit de l'anglais par Sabine Porte, Editions des  deux terres, 700 pages savoureuses.


08/04/2009

"La morosité n'est pas l'alliée de la victoire."

Poussant tour à tour coups de gueule et cris d'amour, Pascal Dessaint dans ces Chroniques vertes et vagabondes nous emmène dans une drôle de balade, un pied dans son Nord natal, un pied dans le Sud-Ouest, sa région d'adoption.
Attentif à la vie sous toutes ses formes, Dessaint s'émerveille tour à tour de la présence d'un hérisson dans son jardin clôturé et urbain ou se réjouit (et nous avec lui) de la réapparition d'une espèce d'oiseau que l'on croyait disparue.61I5qwWG9-L._SL500_AA240_.jpg
On se régale avec lui de magrets saignants arrosés de Buzet,  de balades en compagnie d'amis, écrivains ou pas, on s'identifie "Je n'ai toujours pas lu Dostoïevski" mais c'est pas grave car "C'est un beau jour pour le compost" et on sourit car Pascal Dessaint partage avec nous la même manière d'accélerer le compost (évidemment, je fais appel aux hommes de la maison !).On glane au passage plein de références de lecture que l'auteur a eu la bonne idée de collecter en fin de volume (je sens que je vais craquer sur Rick Bass!) et on s'étonne au passage d'apprécier ici un texte qui était apparu plutôt décevant dans la revue où il était précédemment paru , "Au Nord, toute !". Bref, il ne faut pas résister à L'appel de l'huître ! une savoureuse collecte de textes où l'on sent à la fois Dessaint apaisé mais toujours prêt à se révolter contre l'usage que l'Homme fait de la nature . En même temps l'auteur est dans la transmission et rien n'est plus émouvant que les interstices par lesquels se glissent quelques bribes de sa vie familiale...On se sent parfois sur des montagnes russes, Dessaint passant de la colère à l 'appréciation sensuelle des plaisirs simples de la vie mais au final on se sent tout ragaillardi ! Pascal Dessaint est définitivement quelqu'un de bien.

L'avis d'Anne .

Merci encore à Cath pour l'envoi !

Le site de l'auteur.

04/04/2009

Trois petits pingouins et Dieu

La métaphysique n'est définitivement pas ma tasse de thé mais avec Ulrich Hub et ses trois pingouins, cela devient un délice !
Imaginez le mythe du déluge (présent dans de nombreuses  civilisations) envisagé sous l'angle d'animaux réfugiés sur l'arche, en l'occurrence  des pingouins qui s'interrogent sur  l'existence de Dieu tout en rêvant de tarte au fromage et en réalisant des  prodiges pour préserver leur amitié ... Hé bien , il ya tout cela dans L'arche part à huit heures . Et plus encore car l'humour et la tendresse ont la part belle, sans oublier un brin de poésie qui volète comme un certain papillon jaune sur la banquise...51f8VIPTS9L._SL500_AA240_.jpg
On frémit, on s'interroge, on sourit , on a envie de serrer dans ses bras les trois pingouins craquants,  de poser délicatement un baiser sur le bec de la colombe affairée qui houspille tout le monde, sorte de lapin d'Alice qui s'agite à travers tout le récit  et se révèle tout à fait charmante. Dieu, pas Dieu ? A chacun sa réponse, Ulrich Hub nous laisse libre  et il n'est pas d'âge pour commencer à se  préoccuper de cela.
Un récit plein d'invention (vous y croiserez des serpents qui jouent aux cartes et une valise rebondie qui parle) qui donne le sourire et qui plaira à tous à partir de 9 ans.

L'arche part à Huit heures , Ulrich Hub illustrations pleines de tendresse de Jörg Mülhe, traduit de l'allemand  par Emmanuèle Sandron* qui nous livre en post-face dans une  superbe lettre tout le plaisir qu'elle  a ressenti à incarner chacun des personnages et ce plaisir bien évidemment, nous le ressentons aussi ! Editions Alice jeunesse.

Livre déjà couvert de prix :-prix de  la meilleure  pièce  radiophonique et prix de la meilleure pièce de théâtre 2006 (Allemagne)

- Prix Tam-Tam j'aime lire 2008 (salon  de Montreuil)

-prix Sorcières 2009

* que je remercie au passage car c'est elle qui, la première,m'a signalé ce livre !

Ps: ce livre va bientôt voguer vers une petite Clémentine ...

18/03/2009

"Elle s'était demandé si quand elle n'aurait plus personne à qui parler, elle écrirait."

Une petite annonce  fonctionnant comme un aimant et  commençant par ces mots: J'aimerais tant te retrouver. Une bouteille à la mère lancée par un homme abandonné à sa naissance. Un  texte qui va attirer l'attention de deux femmes  très différentes et nouer les destins de ces trois personnages.
L'une de ces protagonistes est Rose-Marie, une femme  "naturelle" qui  vit en compagnie de chiens et de chevaux, sans oublier  un âne tonitruant et qui, ayant perdu l'homme  aimé ,affirme : "Je crois que je me suis davantage employée  à me suffire à moi même qu'à rencontrer quelqu'un."51MEE0Chm5L._SL500_AA240_.jpg
Jouant le rôle de la briseuse de solitude,Claire va débouler dans la maison et l'existence de Rose -Marie, pleine d'énergie et de vie  mais décidée à  faire une pause  dans sa série d'hommes- divorcés- avec- enfants, condition sine qua non car "Face à la maternité, [elle] était objecteur de  conscience."
Avec jubilation et tendresse, Fanny Brucker va tricoter les destins de ces trois personnages, destins qui se nouent autour des thèmes de la maternité et de la perte. Ces pertes nécessaires qu'il nous faut apprendre à accepter comme Rose-Marie"désormais habituée à  devoir  rendre à la mort des êtres qu'elle avait empruntés le plus longtemps possible à la vie, comme un livre de bibliothèque qu'on aurait aimé pouvoir garder toujours."
Evitant tous les écueils de la facilité, l'auteure réussit à établir un subtil équilibre entre ses personnages qui  ne se contentent pas  de subir ou de regimber contre leur destin mais apprennent à l'apprivoiser petit à petit.Parfois traversé de  violence, ce texte , bourré d'énergie et de tendresse jamais mièvre, nous fait souvent  frémir et même si la fin , un peu télescopée à mon goût, vient un tantinet gâcher notre plaisir, je le range sans hésitation dans la catégorie des romans confortables et sensibles. Un livre bien évidemment tout hérissé de marque-pages !

Fanny Brucker, J'aimerais tant te retrouver, Jean-Claude Lattès, 333 pages.

Billet sur le premier roman de l'auteur qui se déroulait aussi au bord de l'Atlantique, Far Ouest


16/03/2009

"Et ces manteaux-là, il ne serait que trop heureux de les tenir toute la soirée."

Cette douce obscurité est à la fois une citation d'un madrigal, spécialité de la musicologue Eliza, et représente également la situation dans laquelle se trouve le lecteur qui, au fil du récit, verra s'éclairer sous une autre jour bien des personnalités et des comportements.
Dido, orpheline bien plus mûre que ses neuf ans officiels, navigue avec assurance entre sa tante qui l'a élévée et le futur ex-mari de celle-ci, Giles. Giles, chanteur lyrique et Eliza, qui traîne une thèse de musicologie depuis des années, n'arrivent pas à se séparer franchement et définitivement. Il faudra le départ pour la Cornouailles d'Eliza et de Dido pour que tout se mette en marche ...51bVLiAwWaL._SL500_AA240_.jpg
Patrick Gale nous fait ici découvrir le monde de la musique classique, ses egos surdimensionnés et ses faiblesses cachées, et explore avec délicatesse habituelle les tours et détours de l'amour. Une très jolie balade et un récit plein de revirements et de surprises, évitant avec soin les écueils des clichés. On tremble jusqu'au bout : qui repartira avec qui, qu'adviendra-t-il de tous ces personnages auxquels nous nous sommes attachés ? (A noter un personnage d'agriculteur particulièrement craquant !)
534 pages sans mièvrerie, où je ne me suis pas ennuyée une minute !

Patrick Gale , Une douce obscurité, 10/18

26/02/2009

"Dans ma cabane, j'étais une princesse.Sur le goudron, je suis une souillon."

Mi Zazie, mi Fifi, Ninon la débrouillarde  fréquente l'école en pointillés,  mais c'est la reine des fromages de chèvres qu'elle vend  sur  les marchés en compagnie de son père. La vie n'est pas toujours facile quand on met en pratique ses principes et la campagne n'est pas toujours très confortable quand l'argent manque. La séparation des parents de Ninon ne va pas arranger les choses mais la petite fille saura faire plier la réalité devant ses rêves...
Un roman de plus sur l'enfance ? Que nenni ! Maud  Lethielleux a su trouver un vrai ton, pétri d'humour et d'amour pour ses personnages, doux rêveurs qui savent retrousser leurs manches pour donner de la réalité à leurs songes. Les soucis,les tracas ne sont pourtant pas occultés (ah cette dangereuse Madame Kaffe !) mais sublimés par la vision résolument optimiste de  Ninon, petit brin de femme courageuse et tendre qui avance dans la vie le sourire aux lèvres, portée par l'amour indéfectible qu'elle porte à son père.
Alors, vite, dites-lui oui car la tendresse et l'humour sont au rendez-vous !maquetteninon_(Small).jpg

Quelques  citations au passage pour vous donner envie de découvrir le petit monde de Ninon :

"Raymond *préfère dormir  avec mon père parce que c'est lui qui a le permis, et Raymond veut être prévenu si on s'en va en voiture."

*Raymond, c'est le  chien !

"(un cadeau, c'est quelque  chose de rare qu'on te  donne  comme ça  sans raison parce que tu le mérites sans le savoir)"

"Ce jour-là, je  narguerai mes cauchemars de nuit à coup de balai et à grande eau et basta."

"Le vrai bonheur, ça  n'a  rien à  voir avec une  robe cerise.Le vrai bonheur, , il se compte dans la  tête, il est invisible, il est dans l'instant du présent, c'est comme une conjugaison qu'on n' a rien compris, il ne se conjugue pas au futur imparfait, il est parfait d'ailleurs, il est toujours là où  on s'y attend pas, il faut juste ouvrir ses yeux."

 

Dis oui, Ninon.Maud Lethielleux. Stock.245 pages qui fleurent  bon le bonheur ! A paraître le 4 mars. L'AVIS DE MARIE

Le blog de l'auteure

 

L'avis de LilY


04/02/2009

Une enfance enchantée

"Je me pris d'amitié pour ces scorpions.C'étaient, somme toute, des animaux plaisants, sans prétention et qui avaient des moeurs charmantes.", ainsi parle le jeune Gerry Durell, 10 ans, qui est prêt à se lier d'amitié avec tout ce que la nature compte d'habitants à poils ou à plumes , chiens , pies, hiboux, albatros, insectes et autres reptiles qu'il observe avec passion dans la nature édénique de Corfou, mais aussi qu'il rapporte à la maison, occasionnant quelques catastrophes mémorables."-Cette maison est un enfer, je vous assure. il n'est pas un coin qui ne fourmille de bêtes malintentionnées prêtes à se jeter sur vous. Un geste aussi simple, aussi inoffensif que celui d'allumer une cigarette est plein de risques. D'abord, j'ai été attaqué par un scorpion, une bête hideuse qui a répandu du venin et des petits partout. Puis ma chambre a été saccagée par des pies. Maintenant il y a des serpents dans la baignoire et des bandes d'albatros volent autour de la maison avec des bruits pareils à ceux d'une tuyauterie défectueuse.41ze-mHs2CL._SL500_AA240_.jpg

-Larry, mon chéri, tu exagères, dit Mère souriant vaguement aux invités."

Voilà résumée en quelques lignes la tonalité de ce récit si délicieusement anglais, où une famille d'excentriques s'installe à Corfou pour fuir la grisaille britannique et ne cesse de déménager pour loger les invités trop nombreux du fils aîné ou au contraire fuir l'arrivée d'une parente envahissante ! Évidemment, sur place ils vont se lier d'amitié avec des personnages tout aussi pittoresques et sympathiques qu'eux, amis que le jeune Gerry va observer avec autant de zèle que ses insectes favoris. On ne sait quel animal ou quel humain préférer , tant ils nous font rire (attention livre à ne pas lire en public, sous peine de passer pour une folle dingue !) et jamais des bébés perce-oreilles n'auront été aussi attendrissants que présentés par Gerald Durrell : "Mais c'était une belle couvée de jeunes perce-oreilles, , tout petits, fragiles, comme sculptés dans l'ivoire.(...) C'était un spectacle qui réchauffait le coeur (...) Ma famille merveilleuse s'était dispersée à travers le jardin.Plus tard, je revis un des bébés. il était naturellement plus gros, plus brun et plus fort mais je le reconnus tout de suite.  Il était roulé en boule dans un labyrinthe de pétales de roses , en train de faire un somme, et, quand je le dérangeai,il leva ses pinces avec irritation. J'eusse aimé croire  que c'était un salut, un joyeux accueil, mais j'étais honnêtement  obligé d'admettre que  ce n'était que l'avertissement d'un perce-oreilles à un ennemi en puissance. Je l'excusai pourtant. Il était très jeune, après tout, la dernière fois que je l'avais vu." Autant de bonne volonté ne pouvait que me plaire et je suis tombée follement amoureuse de ce livre, l'emmenant partout avec moi, grappillant quelques lignes chaque fois que c'était possible, le cornant éhonteusement quasiment à chaque page, me régalant des descriptions sensuelles de la nature de Corfou et me réchauffant le coeur !

Un livre à conseiller aux dépressifs !

Ma famille et autres animaux. Gerald Durrell. Gallmeister qui pour une fois a troqué la sobriété de ses couvertures pour un orange pétant !

19/01/2009

"Il avait appris à ne jamais contrarier les grilles."

L'action se déroule à 8 kilomètres de Lille, les personnages parlent ch'ti,l'une des héroïnes, Gisèle, travaille à la Poste et le roman de Cypora Petitjean-Cerf s'intitule Le  film mais  bien sûr tout cela  n'a rien à voir avec Bienvenue chez les Ch'tis.31ZTBsZhGgL._SL500_AA240_.jpg
Ruth, professeure des écoles au bord de la déprime ,tant l'ennui la tenaille ,est au bord de trucider ses élèves (du moins en esprit ! ). Heureusement  elle devient amie  avec sa voisine Gisèle  et toutes deux décident de  participer au festival  du film documentaire de Marseille. Pour chaque femme  Racines sera l'occasion de revenir sur le  passé et de s'interroger sur son identité .Mais peu à peu c'est  tout leur entourage qui va aussi être bouleversé par la réalisation de ce film.
A lire ce résumé vous bâillez déjà prévoyant la prise de  tête et de doliprane. Vous auriez tort car il ya chez  les personnages de Cypora Petitjean-Cerf une énergie, une truculence,  une excentricité tranquillement assumée qui les  rend instantanément sympathiques et attachants.  On y croise (comme dans le corps  de Liane ) des femmes fortes qui ici tarabustent et infantilisent leurs maris tout en les chouchoutant,  des  mères de  famille hystériques, des  secrets de  famille, mais  aussi  des relations tendres et touchantes qui se nouent  de manière improbable, avec en fond sonore des chansons du latin lover Julio Iglesias...ça pleure, ça rit , ça s'embrasse mais ça ne verse jamais dans la guimauve et les  bons  sentiments.
Cypora Petitjean Cerf s'interroge sur les liens familiaux , l'identité sexuelle, religieuse et culturelle  et son roman nous réserve plein  de  surprises,  montrant la capacité que nous  avons à nous aveugler , mais aussi à rebondir , à ne pas laisser les situations se fossiliser.
Chaleureux comme les gens du Nord qui ont dans le coeur...vous connaissez la chanson !

Cypora Petitjean-Cerf, le film, stock.342 pages pétillantes !

Du même auteur, tous deux sortis  en poche : le musée de la sirène, le corps de Liane.