23/06/2011
La vie sexuelle des libellules
"Des fois elle est chiante la poésie
Elle arrive sans qu'on l'invite"
prologue :ouvert au hasard en pleine période toutmetombedesmains *, je découvre ceci :
"Pas envie de lire
sauf une lettre anonyme
truffée d'insultes injures insinuations salaces
que je trouverai dans ma boîte aux lettres un samedi matin
en revenant du marché
C'est sûr je reconnaîtrai l'écriture
puisque c'est moi qui l'écrirai"
J'étais cuite.
Des libellules et de leur vie sexuelle il n'en sera fait mention qu'une seule fois, au passage. Tant pis pour les odonatologues **, tant mieux pour les amateurs de poésie, libre et foutraque car Bernard Friot se lâche dans ces textes jouant avec l'espace, avec les mots, y compris les gros, dans une énergie débordante et jubilatoire.
Pas de titres, sauf parfois un vers qui se détache et qu'on pourrait considérer comme tel. Pas facile donc de les identifier mais pas grave, on s'en arrange et on avance. Comme on s'arrange de cette vie quotidienne semblable à un théâtre où des "morts vivants" sont "trimballés cahin-cahot dans le bon vieux métro brinquebalant". Heureusement que le poète-Créateur est là pour "allumer dans leur cervelle éreintée quelques ampoules / basse tension .
Célébrant l'amitié "allez on continue", l'imagination, Bernard Friot vitupère contre cette société qui fait la part belle aux messages prémâchés de la publicité:
"fraîcheur citron en super-promotion
donnez-moi ma ration d'illusions"
A chaque page, on glane des vers, des trouvailles, des surprises en pagaille et les "dessins et gribouillis" de Bruno Drouin, sans oublier une couverture facétieuse qui joue aussi les 4 èe de couv', (gare aux étourdis qui trouveront le texte sans dessus dessous !)contribuent à cette atmopshère créative en diable !
La vie sexuelle des libellules, Bernard friot, Milan 2011, 93 pages*** enthousiasmantes !
*Oui, je sais c'est dur à croire vu mon rythme apparent de croisière mais ça sert aussi à ça un blog : embellir la réalité !:)
** scientifiques étudiant les libellules (appris dans un autre livre commencé, et abandonné pour l'instant).
*** dont certaines ont été testées et approuvées par mes élèves !
06:00 Publié dans Jeunesse, Les livres qui font du bien, Poésie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : bernard friot, amis libidineux passez votre chemin !
12/05/2011
Des adhésifs dans le monde moderne
"Parfois, quand j'essaie de comprendre ce qui se passe dans le monde, je me surprends à penser à la colle."
Que Georgie utilise les adhésifs comme point de vue pour envisager le monde n'est en rien bizarre car ,d'une part elle travaille comme rédactrice pour une revue technique sur ces mêmes produits et d'autre part, elle aurait bien envie de recoller les morceaux de sa vie, son mari l'ayant quittée.
Heureusement pour elle, son existence un peu trop popote va prendre des allures nettement plus agitées car elle va devenir l'amie d'une vieille excentrique vivant dans une immense maison en compagnie d'une floppée de chats . Entre séjours à l'hôpital, assistante sociale fouineuse, agents immobiliers sexys mais peut être véreux, entrepreneurs branquignols et souvenirs intriguants, Georgie aura fort à faire...
Bon sang que ce roman est jouissif ! Les personnages, y compris les chats sont croqués à ravir, l'héroïne est dotée d'un sens de l'humour à toute épreuve,( y compris quand elle joue les dépravées) on ne s'ennuie pas une minute, l'écriture est alerte, le rythme soutenu , tous les ingrédient sont réunis pour passer un excellent moment y compris quand on est passagèrement victime d'une panne de lecture !
Un roman bourré de vitamines !
Des adhésifs dans le monde moderne, Marina Lewycka, traduit de l'anglais par Sabine Porte, Editions des deux terres 2011, 506 pages pétillantes à souhait !
Merci à Amanda la tentatrice et à Cuné la factrice !
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : marina lewycka
03/04/2011
Paroles de marche
"Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait c'est le voyage qui vous fait ou vous défait." Nicolas Bouvier
C'est à Denis Boulbès, psychopédagogue retraité et "infatigable marcheur" que reviennent le choix et présentation de ce recueil de la collection "Carnets de sagesse" consacré à la marche.Il la replace dans son contexte historique, soulignant au passage que celle-ci est encore une nécessité pour les sept dixièmes de l'humanité et que ce n'est qu'au XVIIIème siècle, avec Rousseau , que lui sera adjointe la notion de plaisir. Auparavant primait celle d'exercice salutaire , tant pour le corps que pour l'esprit.
L'éventail des écrivains, pas forcément voyageurs , ayant célébré la marche est très vaste. Qui s'attendrait à trouver ici un texte, très beau d'ailleurs , de Jean Jaurès ou de Julien Gracq ?
Les photos de Joseph Rottner accompagnent notre parcours parmi ces extraits qui, bien évidemment nous donnent non seulement des envies de balades mais aussi de lectures ! La source des textes ainsi qu'une bibliographie des "classiques" à même de proposer une sagesse de la marche complètent idéalement ce carnet de route.
à offrir et à s'offrir sans plus tarder (10 euros)
Paroles de marche, Albin Michel 2011, collection Carnets de sagesse, 50 pages où piocher pour commencer un voyage immobile.
06:00 Publié dans Extraits, Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (12)
16/03/2011
Mes petites machines à vivre
"Car l'âge ne donne pas toujours le temps fécond de la sagesse."
Bonheur mode d'emploi ? Non, c'est à un partage , celui d'un carnet de route qui emprunte aussi bien aux souvenirs professionnels que privés que nous invite Maryse Vaillant.
Puisant aussi bien dans son expérience de toute jeune éducatrice découvrant le pouvoir des mots et de l'imagination sur des jeunes "délinquants" qu'on préconisait uniquement à l'époque de mater par la violence, que dans celle de son enfance marquée par le manque d'amour maternel, au fil de sa vie et des épreuves qu'elle a dû affronter, Maryse Vaillant ne se pose jamais en modèle mais nous montre de manière simple et chaleureuse le pouvoir de l'esprit qui vagabonde en liberté, dans la rêverie ou le vague à l'âme que ce soit lors d'une promenade ou d'une séance de ménage !
Elle a ainsi "appris à apprivoiser [son] rapport à l'angoisse en créant [ses] petites machines à vivre, à jouer avec l'incertitude plutôt que de vouloir tout maîtriser, à accepter la tristesse, à savourer les temps de solitude et à ne pas craindre l'ennui."
Des conseils parfois déjà rencontrés mais une approche bienveillante et souriante, qui s'appuie sur la psychanalyse sans jargonner pour autant, plein de conseils à glaner, en témoigne le nombre de pages cornées, un livre fluide dont l'écriture flirte parfois avec la poésie, ce qui n'est évidemment pas pour me déplaire et une femme qui n'hésite pas à nous montrer ses failles, ce qui nous la rend évidemment encore plus proche. Une sacrée dame !
Mes petites machines à vivre, Maryse Vaillant, Jean-Claude Lattès 2011 pages chaleureuses où piocher quand le temps devient nuageux.
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, Récit | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : maryse vaillant
14/02/2011
La petite et le vieux
" C'est normal d'aimer les belles chutes, ça change de la Vie."
Elle a huit ans au début du roman, mais s'attribue deux ou trois ans de plus, se nomme Hélène mais se fait appeler Joe, car elle veut vivre en garçon, comme l'héroïne de son dessin animé. Elle vit dans un quartier populaire entre une mère cachant sa fragilité derrière de péremptoires "C'é toute" qui font l'admiration des mères de famille dépassées par leurs enfants, un père qui a choisi de voir le côté sombre de la vie et trois soeurs aussi dissemblables qu'attachantes.
Et puis il y a le Vieux, Roger, qui n'a qu'une hâte: mourir mais qui prendra quand même bien le temps de profiter de son amitié avec Hélène.
Sans sortir de leur quartier, ils vont partager des aventures au quotidien, l'hyperlucidité de Joe et sa capacité à retrousser ses manches sans ostentation pour rétablir un équilibre, ne serait-ce que financier au sein de sa famille, n'ayant d'égal que sa capacité à rebondir et à prendre la vie à bras le corps.
Pas d'ostentation, pas de sentimentalisme, juste une formidable envie de vivre et un humour percutant comme dans la lettre que Joe est obligée d'adresser à l'infirmière scolaire qui humilie publiquement des enfants depuis plusieurs générations : "Du même souffle, j'ai expliqué la situation particulière des Péloquin, qui m'avait ainsi fait réagir, et mon ignorance de l'immense malheur que devait être sa vie, vu sa méchanceté."
L'histoire file à toute allure, les personnages sont pittoresques en diable, admirablement croqués, parfois en quelques mots ("un petit chien coup de pied" )et le style à la fois truculent et plein de vivacité nous laisse à peine le temps de noter de très jolies phrases au passage.
La petite et le vieux, Marie-Renée Lavoie, Editions XYZ, 236 pages gouleyantes.
"Un coup de coeur absolu et foudroyant" pour
Cuné chez qui vous trouverez des liens en pagaille et un entretien de l'auteure. Merciiii !
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : marie-renée lavoie, humour, tendresse, enfance
19/08/2010
Rosa candida
"L'incarnation de ma négligence en matière de contraception me regardait en face."
"Le corps, la mort et les roses, comme s'il me citait le titre d'un vieux roman de gare.", tels sont en effet les thèmes du premier roman d'Audur Ava Olafsdottir.Un très jeune homme, devenu père accidentellement, part à la fois pour remettre ses idées confuses en place et pour restaurer une roseraie renommée quasiment retournée en friche, au sein d'un monastère sur le continent. Commence alors un voyage initiatique où notre héros, candide et ne sachant comment se comporter avec les femmes, fera de nombreuses rencontres, y compris celles de la mort et de la résurrection. Sans le savoir également, il vivra les prémisses d'une histoire d'amour à rebours.
Tout sort de l'ordinaire dans Rosa candida, mais tout s'inscrit néanmoins dans une normalité paisible .Le subtil décalage qui s'établit entre Arnljotur et le monde qui l'entoure fait surgir une poésie lumineuse qui crée une atmosphère à nulle autre pareille.
L'absence de références géographiques précises, la roseraie est située "En un lieu où les courants des mers du sud caressent des rivages exotiques." laissent toute latitude à l'imagination du lecteur. Libre à lui aussi de compléter les références cinématographiques du moine féru de vidéo qui assiste le jeune homme dans sa prise de conscience , ou de se laisser séduire par toutes ces mentions de plantes qui scandent le roman, la nature jouant bien plus qu'un rôle de décor dans ce texte.
Rien de solennel ou de pesant dans ce roman où l'humour trouve sa place: "La seule adversité que je rencontre dans la vie est la difficulté à remonter la fermeture Eclair de mon jean.", l'auteure se jouant des codes du récit initiatique et leur confèrant une nouvelle fraîcheur.
Un roman chatoyant comme une bulle de savon mais qui reste longtemps en mémoire. Un gros coup de coeur ! A lire et relire pour encore mieux s'en imprégner. Et zou, sur l'étagère des indispensables !
Rosa Candida, Audur Ava Olafsdottir, traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson, Zulma 2010, 333 pages paisibles et lumineuses.
06:04 Publié dans Les livres qui font du bien, rentrée 2010, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : audur ava olafsdottir, islande, roman de formation
08/12/2009
L'âme soeur
"-Maman, est-ce que tu m'aimerais encore si je travaillais dans un pressing ? "
Fille unique, Angèle, qui n'a rien d'un ange, comme le dit avec tendresse De Gaulle le cuisinier de la maison, vit en Afrique en compagnie de ses parents. Son père est écrivain et sa mère vaccine à tour de bras pour le compte de la Croix Rouge.
La solitude ne pèse pas à la fillette car elle est dotée d'une imagination fertile et d'une précocité qui alarme un peu ses parents. Mais tout son petit monde va s'effondrer quand ses parents décident d'adopter une petite africaine, Gloria." C'est sûr, je ne comblais pas mes parents. A dix ans, j'étais déjà une fieffée ratée et ma vie promettait d'être un bel échec, si prévisible que mes parents avaient jugé bon de prendre une fille de rechange, au cas où. Une police d'assurance en cas de descendance défaillante."
Quand Gloria arrive, le duel commence car l'ex-orpheline ne correspond pas du tout aux idée toutes faites d'Angèle et va se montrer tout aussi retorse qu'elle. Un texte piégé comme ces bonbons qui pétillent soudain dans la bouche...
Un livre sur la magie de l'enfance et le pouvoir des mots, ces mots que le père ne trouve plus, ces mots qu'Angèle utilise comme des projectiles pour contrer les questions paternelles: " BLANC ! criais-je à tous les coups".
Humour, tendresse sont au rendez-vous dans ces 159 pages jubilatoires et pleines d'invention qui se dévorent d'une seule traite !
Emprunté à la médiathèque, sur la seule foi de la couverture !
L'âme soeur, Anne Lenner, Le Dilettante.
L'avis de Pagesàpages.
PS:Dans la foulée, j'ai lu le premier, autour duquel j'avais tourné sans me décider, la faute à une couv' peu engageante ,et paf! voir le blogit-express! Billet à venir!
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : anne lenner, afrique, soeurs, humour
20/11/2009
Fragments de bleu
"On perd un à un des morceaux de soi."
Il est des livres que l'on voudrait garder jalousement pour soi. Parce qu'on a l'impression que l'auteure s'adresse directement à nous, que les mots qu'elle a inscrits sur la page sonnent juste, juste comme on aurait aimé les trouver.
Parce qu'elle parle du temps, de ces fragments de vie, vie que l'on devine au plus près de la sienne, de ces fragments de bleu qui vibrent malgré la douleur du monde , que l'on devine en filigrane mais qui résistent malgré tout.
Parole d'une femme qui redit son amour de trente ans à l'homme qui l'accompagne. Parole d'une mère pour qui les enfants sont tour à tour et simultanément des adultes en devenir mais aussi le nouveau-né qui a failli mourir.Permanence des émotions par de-là le temps. Richesse des sensations de la vie quotidienne où l'on guette le facteur ,"Je crois toujours qu'il va m'apporter une merveille." où l'on est au plus près des saisons: "Printemps, été , automne, hiver, quatre horizons, quatre voyages, forment des paysages changeants, mobiles, renouvelés. On se replie dans le gris, on se déploie dans les couleurs, on avance, on tourne avec les jours, on marque les temps pour que la valse nous entraîne."
Quant aux mots de l'écriture, "Ce sont des mots gardés, des mots goûtés, des mots sauvés, des mots choisi un à un pour former une flèche touchant au coeur. les mots écrits préservent le silence. Les mots parlés emportent la pensée. le monde est un puzzle dont on détient tous une pièce, un fragment de vérité." Ces mots dont Catherine Leblanc, psychologue auprès d'enfants en difficulté , connaît particulièrement la valeur.
Une écriture fine et précise, lumineuse et généreuse. Une très belle découverte qui va m'accompagner longtemps, j'en suis sûre.
Fragments de bleu, Catherine Leblanc, Editions le temps qui passe, 2008, 143 pages où piocher quand les couleurs semblent vaincues.
Le site de l'auteure.
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : catherine leblanc
16/11/2009
On a de la chance de vivre aujourd'hui
"Tina ne croyait pas en Dieu, ne croyait pas en grand chose au fond, hormis qu'il fallait être bon avec les petits enfants et les vieux chiens. les adolescents et les chats, elle n'en avait cure."
Huit nouvelles de Kate Atkinson, ça ne se refuse pas !
Et ça commence sur les chapeaux de roues avec un benêt nommé Franklin sur qui une certaine Connie va jeter son dévolu. Du coup le benêt envisage son avenir marital avec béatitude: "Il nageait dans le marais génétique des Kingshott comme une loutre heureuse caressée par le soleil."Mais très vite il basculera d'un monde à la Jane Austen , sa dulcinée étant dotée de soeurs fort enthousiastes, à une atmosphère radicalement différente, pour le plus grand bonheur du lecteur. Le tout mené par une Kate Atkinson au mieux de sa forme !
Deux nouvelles revisitent ensuite le mythe de la Génèse, de manière quasi poétqiue, voire pour la seconde sur un mode fantastique, déjà exploré par l'auteure dans son recueil Ce n'est pas la fin du monde, mais toujours avec un humour et une ironie mordante.
Comment réactualiser le thème de l'immaculée conception à la sauce british, c'est le propos de "La lumière du monde", propos fort réjouissant !La tonalité s'assombrit néanmoins avec "La guerre contre les femmes" où l'inexorable oppression des femmes du monde entier va de facto être comprise par leurs consoeurs britanniques...le tout sans pathos mais avec efficacité et émotion.
Les femmes âgées et en contrepoint les jeunettes qu'elles ont été il n'y pas si longtemps que cela ,nous valent deux nouvelles très différentes; l'une mélancolique, "Je ne suis pas une Joan" l'autre plus acide, "L'amour à mort"mettant en scène une très jeune actrice, mélange de toutes ces Lolitas carburant avec entrain aux substances illicites pour mieux oublier le monde factice dans lequel elles évoluent. Et les perdantes ne sont peut être pas celles qui brodent d'affreux coussins roses...
Bref, Kate Atkinson possède un talent ébourrifant, elle nous fait rire, nous émeut, nous fait réfléchir, le tout avec un bel entrain communicatif !
Un recueil qui va évidemment trouver sa place sur l'étagère des indispensables !
On a de la chance de vivre aujourd'hui, Kate Atkinson, traduit de manière pétillante par Isabelle Caron, Editions de Fallois.
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : kate atkinson, pour sourire, rire et même réfléchir
01/10/2009
Ces choses qui font battre le coeur
Ces choses qui font battre le coeur est d 'abord un bel objet qu'on a plaisir à prendre en main. S'inspirant Des Notes de chevet de Sei Shönagon, Catherine Grive égrène des micro-événements qui, par appréhension ou bonheur anticipé, nous font vivre plus intensément. Moments d'enfance que revivrons avec nostalgie les plus grands, moments tout en délicatesse, reflétant peurs ou bonheurs fugaces: "Avoir peur d'être emportée par la mer", "rentrer tout seul" mais aussi "se sentir libre".
Certains moments sont plus originaux voire plus graves: "avoir peur de ne pas finir à temps", "passer devant une prison", "traverser un champ plein de vaches".
Chacune de ces phrases est illustrée par une ou deux photos . Et c'est là que le bât blesse . En effet, certaines situations, visiblement mises en scène, prennent un caractère factice : une coccinelle disproportionnée ou un oiseau-poterie. A trop vouloir "coller" à la situation la photographe emprisonne notre imaginaire. De plus, les enfants qui reviennent tout au long de ces photos prennent la pose, ce qui accentue l'aspect artificiel de l'ensemble. Nous n'échappons également pas à certains clichés, ainsi l'inévitable petite filel chaussant les escarpins maternels... J'ai nettement préféré les situations qui sollicitaient davantage l'imagination du lecteur, où, par exemple ,les enfants étaient réduits à l'état de silhouettes...Bref, un livre agréable mais avec un petit bémol.
L'avis plus enthousiaste de Clarabel
Gio et ses notes de chevet ...relayées par Antigone.
06:05 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : catherine grive, carole bellaïche, schtroumpf grognon le retour