15/01/2015
Le chat
"C'est dans ma nature de réparer les choses."
Viviane se remet d'une histoire d’amour douloureuse et ,alors qu'elle a enfoui tout un pan de son enfance, celle-ci resurgit avec l'annonce de la mort de son père, qu’elle n'avait pas vu depuis quinze ans.
En acceptant finalement de s'occuper de l'aspect matériel de ce décès, Viviane finira par faire la paix avec son enfance et pourra aller de l'avant .
Un roman simple, mais non simpliste, lumineux et confortable, qui sait décrire l'intimité des maisons et des sentiments avec une grande justesse.
Un tout petit peu trop court, on aurait bien profité de cet univers douillet comme le qualifie si bien Cuné (merci pour ce billet tentateur ! ) un peu plus longtemps !
Art Global, 2011
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : danielle poulliot
04/04/2014
L'exception
"-La vie bifurque constamment. Il n'est pas de personne plus mûre que celle qui change sept fois par semaine sa façon de penser."
La nuit du réveillon, son mari annonce à Maria qu'il la quitte pour un mathématicien, spécialiste comme lui de la théorie du chaos. Pour le coup, c'est bien la vie de la jeune femme qui devient chaotique ! Aidée par sa voisine Perla, haute d'un mètre vingt, conseillère conjugale et familiale (et nègre d'un auteur policier à ses heures), la jeune femme aura fort à faire pour se reconstruire psychiquement face aux événements bouleversants qui s'enchaînent.
Truffé de réflexions sur l'écriture , les liens entre la fiction et la réalité, L'exception possède un rythme enjoué , un ton qui ne sombre ni dans le pessimisme ni dans l’optimisme à tout crin. "-Si ta vie était un roman, dit-elle depuis la cuisine, une telle saturation d'événements semblerait peu vraisemblable." Et pourtant nous savons bien que la vie est souvent bien plus surprenante que la réalité.
Pas de solution miracle, pas d'analyse sauvage, juste du bon sens et de la bienveillance, de l'empathie pour des personnages nuancés et pleins de vie. Un roman alerte et revigorant , plein d'humour, bref une réussite ! Et zou, sur l'étagère des indispensables !
L'exception, Adur Ava Olafsdottir, traduit de l'islandais par la talentueuse Catherine Eyjolfsson, Zulma 2014, 338 pages riches d'humanité.
Du même auteur : clic et reclic (le second sortira bientôt au format poche !)
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : audur ava olafsdottir
15/01/2014
En cas de forte chaleur
"Il a beau se reposer sur elle, éprouver pour elle un attachement jamais démenti, elle n'a aucune idée de ce qui se passe derrière ces lunettes, ignore quelles pensées couvent sous ces cheveux gris épais."
En cet été caniculaire de 1976, un événement vient chambouler la routine d'un coupe de retraités: Robert part acheter son journal et ne revient pas. Gretta ,sa femme, donne l'alerte et les trois enfants adultes se rassemblent pour faire front malgré leurs dissensions et leurs secrets.
"Comment se fait-il qu'au bout de vingt-quatre heures passées en famille, on se retrouve adolescente ? Est-ce que cette régression va perdurer ? ", se demande la benjamine rebelle ,Aoife.
Maggie O'Farrell scrute avec bienveillance la manière dont se remettent aussitôt en place les vieilles rivalités , mais aussi les anciens rôles ,quand la fratrie se réunit. à cette situation s'ajoutent les crises personnelles que Aoife , son frère Michael Francis et sa sœur Monica traversent, de manière bien différente.
La vie n'est jamais tranquille dans cette famille irlandaise exilée à Londres et cette constellation familiale , pleine de contradictions, réserve bien des surprises. Mais plus qu'à ces rebondissements, c'est à l'intimité de chacun que s'attache l'auteure, à la relation que chacun tisse avec les autres, par delà les mots et le temps, de manière infinitésimale. Un style imagé et limpide, des personnages plus qu'attachants et une narration fluide qui ne vous lâche pas en route. Un gros coup de cœur , malgré une fin un peu convenue, constellé de marque-pages.
Du même auteur: clic ( L'étrange disparition d'Esme Lennox, Cette main qui a pris la mienne)
En cas de forte chaleur, Maggie O'Farrell, traduit de l'anglais (Irlande) par Michèle Valencia, Belfond 2013, 378 pages sensibles.
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, Littérature irlandaise | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : maggie o'farrell
12/12/2013
La citation du jeudi
"Voir, entendre, aimer . La vie est un cadeau dont je défais les ficelles chaque matin au réveil. " Christian Bobin
Cité in La méditation des paresseuses, livre d’initiation et de vulgarisation très bien fait, qui balaie bien des idées reçues, explique clairement les différences entre méditation et relaxation. Du concret présenté de manière très accessible par une pratiquante chevronnée. à prix très doux pour ne rien gâcher.
Pas encore testé: je crois que j'ai besoin d'être accompagnée pour sauter le pas.et savoir vaincre les obstacles: pas le temps, pas envie aujourd'hui...
06:00 Publié dans Extraits, Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : anne ducrocq
04/08/2013
La véritable vie amoureuse de mes amies ne ce moment précis
"Cette femme vous pinçait le coeur comme on vous pince le bras et vous saviez que vous étiez vivant."
Au centre de ce roman, une vieille maison où se réunissent hebdomadairement des amis férus de cinéma. Mais attention, pas n'importe quel cinéma, celui qui rend plus léger le cours des jours !
Formé par cooptation ce petit groupe gravite autour de Max, l'hôte de ces lieux, ancien thérapeute , auprès de qui chacun vient se confier par petites touches, mais qui mettra du temps (les six mois relatés dans le roman) à s'avouer que "c'était une drôle d'idée de vouloir aider les gens à être heureux sans vraiment songer à l'être soi-même."
Truffé de références cinématographiques, jamais indigestes, La véritable vie amoureuse de mes amies est un roman délicieux ( sans véritable tension narrative, mais peu importe). C'est frais , léger et réconfortant tout à la fois. Le style est élégant, les personnages sont croqués à merveille et on a juste envie de s'introduire dans ce groupe ! Un livre qui fait du bien de manière intelligente et pétillante !
La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis, francis dannemark, Robert Lafoont 2012, 451 pages bruissantes de marque-pages et plein de références pour aller plus loin dans la (re) découverte des films mentionnés !
Cuné, la tentatrice, vous mènera vers plein d'autres billets !
Du même auteur, clic !
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : francis dannemark
16/02/2013
Un bonheur insoupçonnable...en poche
”...il n'y a rien de plus précieux que d'être l'ami d'un ami.”
Il est des livres qui tombent au bon moment : vous errez dans une librairie, ne trouvant aucun des livres figurant dans votre carnet et soudain, vous ne voyez que lui. Une couverture* joliment désuète, rose églantine, mettant en scène des tableaux gentiment décalés. Intrigué, vous lisez la quatrième de couv' et aussitôt une question vous saute aux yeux : "Comment aider un enfant plongé dans le chagrin ? " suit la promesse d'un roman fourre-tout comme vous les aimez . Vous feuilletez le livre en question et là, surprise, vous découvre en images la recette du gâteau sans-peur et constatez avec amusement que des traces de pattes de chien se sont glissées par-ci , qu'on aperçoit par là la queue du même canidé et vous commencez sérieusemnt à douter de la classification du roman de Gila Lustiger Un bonheur insoupçonnable.
Peu importe, vous glissez le livre sous votre bras et vous dirigez vers la caisse...
Bien vous en a pris car ce roman philosophique est un vrai bonheur. Un de ceux que l'on lit le sourire aux lèvres et qu'on ouvre au hasard pour la plaisir de retrouver une phrase ou une illustration de Emma Tissier. De quoi s'agit-il ? D'un homme plus tout jeune qui, comme dans la chanson de Joe Dassin, "les p'tits pains au chocolat" ne se rend pas compte que l'amour est tout près de lui, d'un homme -le même- qui ne prend pas le temps de regarder vraiment les enfants qui vivent autour de lui, d'une chienne qui ne se pose pas de questions , sauf celle de l 'heure de son repas, d'un livre de questions justement, mais pas de réponses. Il est aussi question d'une grand-mère qui triche avec aplomb , enfin qui trichait , car elle est morte et Paul ne peut pas supporter d'être heureux sans elle. On apprend dans ce livre que "Les cailloux ont droit eux aussi à une belle vue. que l'oncle Hubert vivait chez lui à l'étranger. Que les mères remarquent toujours que quelque chose cloche justement quand on est pressé de sortir. Et qu'il ya des gens qui ne sont pas faits pour comprendre l'écriture fractionnaire."
Doté de titres de chapitres hétéroclites, de notes en pagaille , défiant toute logique car "dans ce roman, c'est le coeur qui décide",Un bonheur insoupçonnable est un roman enjoué et hirsute dont on sort le sourire aux lèvres qui soulève mine de rien des problèmes auxquels sont confrontés grands et petits. Réconfortant !
*la couverture en poche a changé !:(((
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : gila lustiger
29/08/2012
Marcus
"Mais mon petit dictionnaire de la vie s'appelait Marcus."
Hélène, toxicomane, avant de mourir, a confié son fils, Marco dix ans, à son meilleur ami, Pierrot. Ce dernier, la trentaine,mène une vie laborieuse sur les marchés de la région lilloise et devenir père de substitution ne figurait certes pas à son programme. Mais la fraternité et le soutien de ses amis vont aider ce célibataire au coeur tendre à faire une place à ce gamin craquant,et l'on se plaît à rêver de bonheur. Jusqu'à ce que le passé rattrape Pierrot.
Les grincheux souligneront le scénario cousu de fil blanc mais ils se priveraient ainsi d'un roman lumineux qui peint, sans misérabilisme ni guimauve le monde des petites gens, ces "graines "... qui se changent tout de suite en herbes folles .[...] On passe la tête entre les dalles, on s'accroche comme du lierre aux pierres qu'on trouve. Parfois on tient, parfois on décroche. ça dépend pas que de nous, mais il faut faire comme si."Il y est beaucoup question de chaleur humaine et de familles qu'on se bricole quand la vie n'a pas toujours été généreuse, le tout raconté dans dans une langue mêlant registre familier, courant , émaillée de quelques régionalismes.
Si la troisième partie connaît une petite baisse de rythme, lançant une intrigue secondaire qui ne débouchera pas sur grand chose, on reste néanmoins scotché par ce livre généreux, fluide et dont on l'impression d'avoir déjà croisé les personnages dans un quartier populaire lillois. Un roman tendre, facile à lire (et ce n'est pas une critique) qui fait passer un excellent moment !
Marcus, Pierre Chazal, Editions Alma 2012, 328 pages qui se lisent d'une traite !
Et hop pour le challengeVivent nos régions de Lystig ! ...,
06:02 Publié dans Les livres qui font du bien, rentrée 2012, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : pierre chazal, ensemble, c'est mieux
20/08/2012
Quand nous étions grands
"Il était une fois une femme qui s'aperçut un beau jour qu'elle était devenue étrangère à elle même."
Qui aurait cru que cette jeune Rebecca, intello timide, épouserait sur un coup de foudre cet homme plus âgé qu'elle, père de trois fillettes et propriétaire d'une maison de famille où il organise des réceptions ?
Devenue mère à son tour, elle continuera à élever les filles de Joe et reprendra le flambeau de l'entreprise familiale au décès de son mari.
à cinquante-trois ans Rebecca , tout en organisant à tour de bras des réunions familiales ou non, prend le temps de faire le point sur sa vie, se demandant par exemple si Joe l'avait épousée pour son utilité , si leur amour ne reposait pas ur des malentendus (elle n'est pas aussi enjouée qu'elle le paraît) et surtout s'il était encore temps de faire des changements dans sa vie.
Sur une trame assez classique, Anne Tyler, par la finesse de ses observations, par l'entrain de cette famille recomposée atypique (le personnage de la première femme de Joe est un poème !), par cette élégance de l'héroïne qui signale en passant ses petits pincements au coeur mais sans jamais les transformer en récriminations, nous donne un roman plein de vie qui réchauffe le coeur !
Quand nous serons grands, traduits de l'anglais (américain) par Sabine Porte, Calmann-Lévy 2002, 343 pages qui se lisent toutes seules !
Déniché à la médiathèque.
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : anne tyler, les quinqua sont sympa
14/07/2012
Jolie libraire dans la lumière
"La vie l'a rattrapée où elle s'y attendait le moins : dans les livres."
Parce qu'une Jolie libraire dans la lumière de sa boutique attire son regard, Laurent, employé des chemins de fer va entrer pour découvrir le titre du roman qui semble tant absorber la lectrice. Ce qu'il ne sait pas encore c'est que ce roman va bouleverser sa vie et celle de Maryline , la libraire.
En effet, dans cet ouvrage d'un écrivain qui n'a pas droit aux feux de la célébrité, la jeune femme retrouve un épisode décisif de son existence, relaté de manière extrêmement précise. Un épisode qui avait bouleversé sa vie et va la chambouler à nouveau, grâce au pouvoir des mots.
Ce roman de Frank Audriat est un hymne aux livres et à tous ceux qui les aime ( j'y ai recueilli plein de citations (livre tout hérissé de marque-pages bien évidemment) , mais aussi un petit conte de fées plein de tendresse et de douceur, baignant dans la lumière, essentielle dans ce texte. Un texte qui dit l'importance des mots et des petits moments , des éclaircies, où l'on éprouve le besoin de se confier, où l'on établit une complicité fugitive, par l'intermédiaire des mots.
La pragmatique en moi regrette une pointe de joliesse dans l'écriture mais l'amoureuse des livres y trouve largement son compte alors précipitez-vous sur cette pépite !
Jolie libraire dans la lumière, Frank Andriat, Desclée de Brouwer 2012, 146 pages délicieuses.
10:10 Publié dans l'amour des mots, Les livres qui font du bien, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (14)
07/06/2012
Désaccords mineurs
"Les attentes des autres, il y a de quoi vous donner mal à la tête."
Chrissie, mère de trois filles dont la benjamine a dix-huit ans, appartient à "...cette espèce de femmes exaspérantes qui, quand on les interviewait dans leur maison impeccable sur leur aptitude à ne pas devenir folle alors qu'elles géraient l'existence de quatre ou cinq personnes en plus de la leur et en plus d'un boulot, souriaient avec sérénité et répondaient qu'en réalité, il suffisait de faire des pense-bêtes." Ou plutôt appartenait car le décès de celui qui ne l'a jamais épousée, Richie, la laisse dans un désarroi total. D'autant plus que, les dispositions de l'héritage font revenir à la surface la première famille de son compagnon, famille qu'elle aurait préféré continuer à ignorer.
Alors que Chrissie et ses deux premières filles restent bloquées sur le drame qui a bouleversé émotionnellement et économiquement leurs vies, Amy , la plus jeune, faisant fi des accusations de déloyauté ,va de l'avant et établit même un lien avec son demi-frère.
Les univers brossés par Joanna Trollope, que ce soit le Londres coquet ou le Newcastle plus rustique, sont tous empreints de ce confort douillet qu'elle sait si bien décrire. On s'y réconforte à grands coups de mugs de thé, on y croise un chat lourd comme "un hippopotame à fourrure", on déjeune dans un restaurant compassé et on se régale de la finesse des notations psychologiques. Seul bémol, les choses s'arrangent un peu trop bien mais c'est la loi de ces bons gros romans réconfortants, n'est-ce pas ?
Désaccords mineurs, (The Other Family), Joanna Trollope, traduit de l'anglais par Johan-Frédérick Hel Guedj, Editions des deux terres 2012, 332 pages si délicieusement british !
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : joanna trollope