08/04/2011
L'homme qui marchait sur la lune...en poche
Rambo poète ?
Il n'a pas l'air commode sur la photo de 4 ème de couverture, Howard Mac Cord. Et le héros de L'homme qui marchait sur la lune non plus.
La" lune" est une "montagne de nulle part. Elle est délaissée par ceux qui y vivent à portée de vue, comme par ceux qui,à différents moments, peuvent être fascinés par son isolement et sa difficulté.(...) ses charmes (...) ne sont pas évidents et ne se dévoilent qu'à de rares marginaux."
Embarqué à la suite du narrateur dans une balade dans cette montagne en plein coeur du Nevada, le lecteur se dit d'abord qu'il va se régaler d'une ode à la nature, lyrisme et petits oiseaux à la clé.Que nenni !Il part surtout à la découverte progressive d'une personnalité hors du commun, au passé plein de violences et qui a une drôle de façon d'engager la conversation avec celui qui, on le découvre progressivement, le poursuit...
Epris de liberté, le narrateur se définit comme bougon, loin des montagnes et "[il ] ne tolère pas facilement la présence d'une barrière entre [lui] et la courbe infinie de l'univers." Nous avons ici un homme qui "maîtrise la monotonie", maîtrise de soi acquise par le tir ,et cette tension se , retrouve également dans la narration car petit à petit c'est dans un récit entremêlé de souvenirs réels ou imaginaires que le narrateur se dévoile et nous ne le lâchons plus, estomaqué par des découvertes que je vous laisse le plaisir de lire. Noces d'une nature âpre et d'un marcheur-escaladeur , "une constante en mouvement, jamais vraiment évident à définir par l'observation."
Le rythme s'accélère à la fin et le roman se termine sur les chapeaux de roues. Vous restez le souffle coupé.
Même si on peut rester dubitatif par rapport à certaines idées exprimées par le personnage, mais qui sont forcément en adéquation avec sa logique particulière, on ne peut qu'être séduit par ce texte qui rudoie le lecteur, le happe et le fascine
06:03 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : howard mccord
25/03/2011
Les lieux sombres...en poche
"J'ai le bourdon depuis 24 ans."
Unique survivante de la partie féminine de sa famille, Libby, qui se dépeint comme "l'adorable gamine qui avait traîné son adorateur de Satan de frère devant la justice." 24 ans donc qu'elle a le bourdon et un bourdon de plus en plus agressif car, après avoir tiré partie pendant des années de l'intérêt du public pour son cas, elle se retrouve sans argent et sans situation, petite Shirley Temple qui n'aurait pas dû grandir, concurrencée par d'autres victimes plus jeunes et plus charmantes qu'elle.
C'est donc plus par intéret financier que par réelle motivation qu'elle va accepter l'offre d'un groupe de gens persuadés que son frère, Ben, est innocent, de recontrer des témoins du passé.
Kleptomane, oscillant entre "la surprotection" et "l'imprudence extrême", Libby n' a au départ rien de sympathique et c'est tant mieux. Ceci nous évite nombre de clichés et donne de l'énergie au récit.
Alternant passé et présent, celui-ci nous entraîne tout à la fois sur la trace de présumés adorateurs de Satan, mais aussi dans la vie d'une famille de fermiers pauvres qui essaient tant bien que mal de maintenir la tête hors de l'eau.
Dès le début j'ai été scotchée par ce roman qui allie une intrigue solide-même si, c'est vrai, Libby retrouve un peu trop facilement les bonnes personnes, et des personnages complexes, bien campés et fouillés.
Il y avait longtemps que je n'avais lu un roman aussi palpitant !
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18/03/2011
L'heure trouble...en poche
L'heure trouble c'est l'heure juste avant la tombée de la nuit, l'heure à laquelle un enfant disparaît dans le brouillard épais d'une petite île de la Baltique. Vingt ans plus tard, alors que la mère de l'enfant navigue entre alcool et petites pilules, le grand-père maternel reçoit par la poste une des chaussures de son petit-fils...
Alternant passé et présent, point de vue du grand-père qui , avec ses vieux amis, anciens marins comme lui, va malgré ses difficultés motrices, relancer l'enquête, point de vue de la mère qui va , petit à petit ,accepter l'inacceptable, Johan Theorin tisse ici un roman original et passionnant. Impossible de lâcher les personnages, frustrés que nous sommes de ces retours dans le passé qui vont, petit à petit, dissiper le brouillard et mettre en place les pièces du puzzle d'une tragédie qui n'aurait jamais dû exister si...
De beaux portraits psychologiques aussi et un éloge de la lenteur à ne pas négliger "Je ne fais pas l'intéressant, dit-il. Je pense seulement qu'il vaut mieux raconter les histoires à son propre rythme. Autrefois, on prenait son temps, maintenant il faut que tout aille si vite." Dont acte.
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13/03/2011
Ne t'inquiète pas pour moi ...en poche
"Parfois on dirait que c'est plus facile de poser les questions par écrit pour te demander comment tu vas et comment ça se passe avec le médecin, tout ça".
Claire, quinze ans écrit cette remarque sur un des post-it, qui constitue l'échange de "correspondance" qu'elle entretient avec sa mère très(trop) occupée par son travail, sa mère qui l'élève seule depuis le divorce.
Si au début,le quotidien apparemment sans importance apparaît( listes de courses, demandes (pressantes) d'argent de poche), c'est finalement toute une vie qui se devine par pointillés, une vie qu'il nous faut reconstituer, une vie qui devient de plus en plus précieuse quand la maladie fait son apparition...
Life on the refrigerator door , traduit en français par le plus sentimental Ne t'inquiète pas pour moi, de la canadienne Alice Kuipers, a donc une forme originale, cet échange de post-it, qui m'a vraiment intéressée. Franchement je craignais le pire quant au contenu mais l'auteure ,si elle frôle de justesse le pathos à la toute fin du livre, si elle aborde le cancer d'une manière très américaine (groupes de soutien), nous montre aussi les relations cahotiques entre une mère qui se bat contre la maladie et une fille tiraillée entre ses amours débutantes et les besoins maternels. Rien n'est idéalisé,la mère jette un regard en arrière qui n'a rien de bien optimiste et la fille utilise son père comme solution de repli...
Un livre touchant , qui se lit très vite, trop peut être ...
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12/03/2011
meurtres entre soeurs...en poche
"Elle ne sait pas qu'il s'agit d'une prophétie."
Une famille recomposée des années 50: Mo et Pa, Olivia et Emily, deux demi -soeurs qui après quelques ajustements parviennent à bien s'entendre . Tout ce bel équilibre va être remis en question à la naissance de Rosie, petite princesse, chouchou de Ma et Po. Sans se concerter, les fillettes vont tenter d'assassiner celle qui empoisonne l'existence de toute la famille. Est-ce pour cela que , même adulte, Rosie n'aura de cesse de ruiner leur existence ?
Manipulations à gogo, vengeances, machinations tortueuses sont au rendez-vous dans ce qui commence comme un comédie , scandée par les répliques pince-sans rire de Pa :
"-Je me fais beaucoup de soucis pour les filles, confie Mo à Pa dans la soirée
-Peut être que tu aurais dû épouser un médecin." ou les leitmotives:
"Elles sont à un âge délicat
Tous les âges sont délicats, soupire Pa."
et va peu à peu prendre une tonalité plus sombre mais non dénué d' un humour , acide et réjouissant. On ne s'ennuie pas une minute et on ne lâche pas ce roman aux allures d'arsenic et vieilles dentelles contemporain.
Une réussite !
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06/03/2011
Le cheval-soleil...en poche
"Un porridge de maman tardif"
Li a repoussé son bonheur car "Les gens comme moi n'ont manifestement pas l'armature nécessaire pour supporter les bons moments." Les gens comme elle? Incolore, voilà comment se définit cette infirmière, qui, enfant a vécu en compagnie de son petit frère dans une immense demeure où ils croisaient de temps à autres ceux qu'ils appelaient entre eux les Epoux, à savoir leurs parents trop peu présents car trop occupés à soigner d'autres enfants. Pas de ressentiment néanmoins, juste le constat que "Les gens comme elle ne devraient sans doute pas avoir d'enfants, surtout quand ils sont marqués pour la vie par un chagrin d'amour universel et quand ils ont des enfants si tardivement que cela entraîne la dissolution d'un orchestre de mandolines." L'humour comme moyen de survie.
Quand l'Amoureux repoussé dans l'adolescence revient en Islande, Li repense à son passé et à son enfance si particulière (qui m'a un peu fait penser au personnage de Fifi Brindacier, en moins joyeux (même si Fifi a parfois des accès de mélancolie)). Pourra-t-elle enfin "attraper ce qui aurait dû être, (...) faire du poème la vie elle même (...)ne plus rester transie dans la froidure de l'intervalle compensatoire entre les poèmes et la vie " ?
Dans Le cheval soleil, l'islandaise Steinun Sigurdardottir nous livre un récit lumineux,celui d'une enfance qui n'a même pas le sentiment d'être fracassée, une enfance où la mort rôde tout naturellement , où les enfants se montrent plus adultes que leurs parents, où le bonheur n'est pas du tout familier.Un récit où le lien entre parent et enfants est exploré d'une manière très particulière.
La traductrice Catherine Eyjolfsson * a très bien rendu le contraste entre la langue parfois très moderne avec ses hyperboles ainsi, "l'hyperbonté" de la mère et les passages poétiques qui se mêlent au roman, comme autant d 'échappées vers la lumière.
L'Islande et ses paysages âpres et lumineux servent d'écrin à un texte puissant et jamais déprimant qui va d'emblée prendre place sur mon étagère d'indispensables.
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05/03/2011
la terre des mensonges...en poche
Quand sa mère tombe malade, Tor réussit tant bien que mal à sauvegarder un semblant de routine à la ferme familiale, rudoyant son père trop effacé et chouchoutant ses truies.Mais quand il faut hospitaliser la vieille femme, tout s'accélère et, à quelques jours de Noël, il faut prévenir le reste de la famille avec qui il n'a maintenu que d'épisodiques contacts: son frère Margido, qui dirige une entreprise de pompes funèbres, et le cadet, Erlend, décorateur de vitrines à Copenhague. trois personnalités très dissemblables , ne communiquant guère et qui vont devoir affronter un secret familial.
Rien que du classique donc, mais l'action se déroulant en Norvège avait tout pour me séduire-bien plus que le chiffre de vente faramineux s'étalant sur le bandeau rouge-.
L'atmosphère de la ferme est particulièrement bien rendue, cette économie quotidienne qui fait qu'on prend le pâté par petits éclats pour le mettre sur une tartine, qu'un personnage se dit qu'"Il pourrait bien s'offrir un bain un jour. Même si cela prenait beaucoup d'eau chaude. Et avec le prix de l'électricité." Toute une vie de privations et tandis que le "beau "linge dort tranquillement dans les armoires, on utilise des torchons hors d'âge...Anne B. Ragde peint également avec subtilié les liens qui unissent l'éleveur et ses animaux et nous décrit avec autant de détails qui sonnent juste les métiers des autres personnages.
Même si j'avais d'emblée deviné une partie du secret, les personnages sont bien campés et leurs liens décrits avec subtilité.
D'où vient alors cette légère gêne, comme un caillou dans ma chaussure ,qui ne m'a pas quittée ? De la traduction qui se moque parfois de l'orthographe- la voiture est ainsi munie d'un haillon-, oublie( ou rajoute ) une préposition au passage voire rend complètement calamiteux certains passages...500 000 exemplaireS vendus certes mais en VO . A tenter néanmoins (pour se rafraîchir, :))
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6)
26/02/2011
Bouche bée, tout ouïe...en poche
"Il y a des préfixes réservés également aux nains, aux bossus et aux boîteux."
Parce que c'est un grand amoureux des langues, Alex Taylor a rassemblé dans Bouche bée, tout ouïe, une flopée d'informations recueillies au cours de ses pérégrinations et de ses rencontres amicales ou amoureuses. ça pétille à chaque page car notre chroniqueur européen préféré a autant de culture que d'humour.
Sans jamais pontifier, il nous gratifie au passage de remarques intéressantes concernant tant l'enseignement que la traduction et se penche avec une curiosité inlassable sur les particularités linguistiques les plus incongrues et donc hautement réjouissantes.
On croisera au passage aussi bien les Teletubbies que de la confiture contraceptive et l'on se régalera des sous-titres aussi savoureux qu'énigmatiques: "Des grands-mères ne font pas de grimaces même en se rasant !" Et comme par magie, en lisant ce livre, j'entendais la voix si caractéristique du si charmant Alex...
06:00 Publié dans l'amour des mots, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : alex taylor
25/02/2011
Les variations Bradshaw...en poche
"Elle admire les gens qui ne se conforment pas à ce qu'on attend d'eux."
Le couple central des Variations Bradshaw vient, depuis peu, d'inverser les rôles. Thomas a troqué un métier lucratif contre le statut de père au foyer. il en profite aussi pour prendre des leçons de piano. Sa femme, Tonie, à l'orée de la quarantaine, vient d'accepter un poste administratif dans l'université où elle enseignait auparavant, faisant ainsi le choix de se "délester du fardeau des émotions."
Autour d'eux le reste de "l'orchestre familial" joue sa partie ,avec ses tensions, ses épisodes comiques -en autres un hilarant départ en vacances- ou dramatiques.
Autant de couples, autant de configurations pour affronter ses désirs, ses émotions, ses ambitions, assumer ses choix, ses regrets.
Tout au long des 32 chapitres (autant que les variations Goldberg) Rachel Cusk se penche avec un humour décapant sur ses personnages de la classe moyenne qu'elle nous peint ,avec ce charme british que nous apprécions tant , dans leur intimité, leur quotidien qui parfois dérape. Une réussite qui nous fait largement oublier la déception d'Egypt farm et retrouver tout le plaisir éprouvé à la lecture d'Arlington park
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : rachel cusk, couples
19/02/2011
le koala tueur...en poche
"Selon le principe que dans tout périple se cache une bonne histoire" Kenneth Cook se lance dans les entreprises les plus bizarroïdes en compagnie d'acolytes pour le moins surprenants ! N'ayant rien d'un Crocodile Dundee -il se présente à plusieurs reprises comme pesant une centaine de kilos,non-pratiquant fervent du sport, il n'a donc guère d'atout en mains pour jouer les héros dans le bush australien. D'autant moins qu'il a le chic pour se choisir des compagnons qui ont un rapport pour le moins flegmatique (hérité de leurs ancêtres grands-bretons?) avec le danger...
Quant aux animaux, les plus dangereux ne sont peut être pas ceux que l'on croit. Tel George, "le chien qui aimait les animaux" et le seul qui ait "délibérément attenté "à la vie de l'auteur et de cinq autres personnes, réfugiées piteusement sur un comptoir de bar, jusqu'à ce qu'une émule de Ma Dalton vienne rétablir l'ordre. Quant à Cedric le chat, s'il vous regarde d'un air gourmand, gare ! Au passage, nous apprendrons que l'haleine de chameau est "l'une des choses les plus redoutables en ce monde" (je vous en épargne la description, très imagée) et que " les koalas "n'ont pas un poil de gentillesse" vu la façon dont l'un d'entre eux a montré son attachement féroce à l'auteur,on comprend cette assertion !
Bref, j'ai a-do-ré ce recueil de nouvelles qui certes, comme le souligne la traductrice Mireille Vignol dans sa post-face, n'a pas oeuvré pour le tourisme australien, mais m'a , et ce à de nombreuses reprises littéralement fait éclaté de rire, ce qui ne m'était pas arrivé depuis un bon moment avec un livre !
Sollicitée par Hélène, je craque et hop, m'inscris à son challenge !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : kenneth cook