05/11/2011
Dernière caresse...en poche
Dernière caresse
Mastic des feux mignons, setter anglais mâle, rebaptisé par Elle, Joyce en l'honneur de l'écrivain irlandais nous raconte sa vie. Une histoire d'amour entre Elle et lui, une vie de famille aussi qui se dessine en filigrane, la vie d'une maison à la campagne, remplie de chats, entourée de chevaux que Joyce jalouse un peu,de mouton (qui ne lui ont pas laissé de bons souvenirs...), où l'on croise des petites filles qui grandissent et quittent le nid familial , des amis aussi, qui se posent un peu puis repartent.Sans oublier Blouse blanche dont Joyce se méfie un peu... C'est étonnamment frais, sans mièvrerie, les relations qu'entretiennent le setter et son ami félin Opium ne sont pas sans rappeler parfois celles de Toby-chien et Kiki-la-doucette, chers à Colette. On se surprend à sourire et à essuyer dignement une petite larme en terminant ce livre, parenthèse de tendresse.
Ps:Ayant été plusieurs fois échaudée par des romans prétendant donner la "parole" à des chiens mais se limitant à un examen (très) approfondi du nombril de l'auteur, le chien ne servant qu'à appâter le lecteur-gogo en puissance, c'est avec circonspection que j'ai ouvert Dernière caresse.
Premier point positif: le titre qui a le mérite de jouer franc -jeu à double titre : il indique à la fois toute la tendresse qui se donne à lire dans ce récit et l'issue inéluctable (âmes sensibles, préparez vos mouchoirs et je ne rigole pas car la fin dans tous les sens du terme est très douce et très belle mais bon,les histoires d'amour -surtout canines- finissent mal en général , vous connaissez la chanson ).
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : catherine guillebaud
15/10/2011
Nagasaki ...en poche
"Cette femme était à maudire. A cause d'elle le brouillard s'était levé."
Quelques indices lui ont mis la puce à l'oreille. Alors Shimura-san qui vit seul et mène une vie bien réglée entre la station météorologique où il travaille et sa maison, va installer une webcam dans sa cuisine. Bientôt l'impensable va se donner à voir...
Partant d'un fait-divers survenu au Japon, Eric Faye sonde avec finesse l'ambivalence des sentiments de ce personnage bien falot et interroge la notion d'intimité . Il souligne aussi l'absence de liens dans une société vieillissante où les androïdes seront de plus en plus amenés à se substituer aux humains.
Ni fantastique ni poétique le récit avance à l'image se son personnage principal, tout en retenue , suscitant d'abord l'étonnement et levant beaucoup d'interrogations chez le lecteur.Mais à trop vouloir boucler son récit bien proprement, l'auteur , tout à la fin ,lui fait perdre de son intensité. Dommage !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : eric faye
08/10/2011
Poète et paysan...en poche
"Je ne sais même pas me rendre heureux."
Pour une jolie fille de fermier, le narrateur abandonne ses études de cinéma et s'improvise agriculteur chez ses futurs beaux-parents.
Las ! Si la bonne volonté ne manque pas, la maladresse de l'apprenti paysan et le décalage entre les tableaux champêtres de Rosa Bonheur et le tracteur orange pétaradant auront tôt fait de le décourager !
L'humour de Jean-Louis Fournier n'arrive pas ici à contrebalancer sa vision très noire de l'existence, qui se teinte ici a posteriori d'amertume.
De jolies pages sur les vaches ou des anecdotes comme celles du "champ frisé" labouré dans tous les sens ne parviennt pas à dissiper une atmosphère parfois teintée de rancoeur...
On attend vite le suivant pour oublier cette semi déception. à tenter en poche ?
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : jean-louis fournier
07/10/2011
Séraphine...en poche
Une biographie lue en prolongement du film de Martin Provost, Séraphine et qui m'avait beaucoup intéressée. Un portrait sensible et fouillé. Une artiste à découvrir absolument.
Un tableau de Séraphine est exposé au LAM de Lille..
06:00 Publié dans Biographie, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : séraphine, françoise cloarec
17/09/2011
Hiver...en poche
"C'est toujours le désir qui tue."
Sacrifice en hommage aux dieux vikings ou meurtre commis par un esprit particulièrement tordu ? Seul le cadavre nu, obèse et gelé se balançant à une branche de chêne pourrait répondre. Mais il se contentera de commenter l'évolution de l'enquête menée par Malin Fors , inspectrice de police.Malin qui a fort à faire avec son boulot prenant, ses amours en pointillés et surtout son adolescente de fille qui se lance dans sa vie amoureuse.
Affrontant le froid d'un hiver particulièrement rigoureux, un clan familial retors, Malin Fors démêlera cette "logique absurde des sentiments." Pour autant les mystères ne seront pas tous levés, juste de quoi attendre avec impatience le prochain volume de cette série "où chaque titre est articulé à une saison."
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : mons kallentoft
16/09/2011
L'antarctique...en poche
"Les gens ne comprennent pas, mais il faut regarder le pire en face pour être paré contre tout."
Quinze nouvelles aux tonalités très différentes constituent la mosaïque de L'Antarctique. La plus troublante étant sans conteste la première qui donne son titre au recueil et plonge abruptement le lecteur dans une atmosphère tour à tour chaleureuse, sensuelle et...glaciale."Chaque fois que la femme heureuse en ménage partait, elle se demandait comment ce serait de coucher avec un autre homme."Évidemment, elle va essayer...
Cette détermination, ce caractère bien trempé caché sous des dehors lisses ou juvéniles, les héroïnes de Claire Keegan, même plongées dans des situations extrêmes ou oppressantes depuis des années, savent l'exercer pour se préserver et couper net.
Chacun se débrouille vaille que vaille pour affronter l'adversité, affronter la folie d'une mère , ou d'une épouse, la jalousie d'une soeur...
Il suffit parfois de peu de choses: refuser de fermer une barrière,accepter de se lancer sur un grand toboggan, lutter ensemble contre une armée de cafards...
L'humour est également présent, par petites touches, dans "Drôle de prénom pour un garçon" par exemple. Il désamorce la tension dans un couple et permet d'envisager une situation rabâchée sous un angle totalement neuf et décalé.
Claire Keegan n'est jamais aussi à l'aise que quand elle observe les tensions familiales , soulignant au passage de petits détails qui seront scrutés et interprétés comme "Une paire rouge à hauts talons pour les embrouiller" ou une marque sur le poignet d'un enfant...
Chaque nouvelle constitue un univers à part entière,dense et lumineux, en parfait équilibre, et ces textes, ni trop longs, ni trop courts, ne créent jamais de frustration mais laissent souvent le lecteur pensif et envoûté...
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : claire keegan
10/09/2011
Si peu d'endroits confortables ...en poche
"-Oui, j'aime bien l'hiver. C'est une saison où on peut se blottir contre les gens sans qu'ils te demandent pourquoi. Tu te blottis parce que tu as froid et les gens n'ont pas besoin de savoir que le courant d'air est à l'intérieur."
Si peu d'endroits confortables, et tellement de manques, de douleurs, de tristesses. Paris n'est pas la Ville-Lumière où Joss espérait peindre, s'exilant loin de chez lui. Paris n'est que la ville triste et grise où Hannah erre en écrivant à la fille qu'elle aime et qui est partie, dans un carnet bleu qui déborde parfois sur les tables mais aussi sur tous les endroits où Hannah va laisser ce leit-motiv donnant son titre au roman , leit-motiv qu'elle ne va bientôt plus maîtriser.
Quand Hannah et Joss se rencontrent , chacun va essayer de réenchanter le monde pour l'autre mais leurs deux solitudes sauront-elles annuler l'absence de celle dont nous ne connaîtrons jamais le prénom ?
Alternant les points de vue, sécrétant une poésie à la fois douce et mélancolique, Si peu d'endroits confortables est un de ces textes un peu magique, qu'il faut prendre le temps de savourer pour se glisser dans son atmosphère si particulière. Une écriture qui prend le temps de réinventer le monde .
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : fanny salmeron
09/09/2011
De la pluie...enfin en poche
Martin Page nous parle De la pluie et non pas du beau temps car, comme Victor hugo qui aimait l'araignée et l'ortie, ces délaissées, la pluie a souvent mauvaise presse (Il suffit d'écouter les bulletins météorologiques...).
Avec lui, la pluie fait des claquettes, elle est dotée de vertus poétiques et sensuelles qui nous la rendent éminemment sympathique.
Dans cet opuscule élégant pleuvent les phrases qui nous accrochent l'oeil et le coeur, l'on se prend à guetter la bonne drache qui viendra lessiver ce ciel monotone et bleu. Ainsi rejoindrons nous l'auteur dans le cercle fermé des adorateurs du déluge, de l'ondée, de l'averse.
Un livre pétillant...comme la pluie !
06:00 Publié dans Je l'ai lu !, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : martin page
03/09/2011
Plage...en poche
Mais samedi existerait-il ?"
Une femme encore jeune attend sur une plage bretonne l'homme marié et en âge d'être son père qui a promis de la rejoindre dans une semaine.
"Encombrée par [ses] souvenirs", Anne observe les gens autour d'elle et leur comportement, leurs paroles font écho et la renvoient à sa situation de petite fille tiraillée entre un père, aimant mais volage, et une mère aigrie et mal aimante.Le temps de l'attente sera finalement celui de la réflexion et quoi qu'il arrive, Anne aura enfin grandi, se sera frottée aux autres et aura pris la mesure de ses possibilités.
Il ne se passe presque rien en apparence mais jamais le lecteur ne s'ennuie en suivant le parcours de cette femme en dormance qui va peu à peu explorer son univers mental et s'ouvrir aux autres, délaissant les romans , aux titres évocateurs, qu'elle avait emportés...
Le style, tout en précision de Marie Sizun accompagne cet éveil sans tambour ni trompettes mais avec beaucoup de délicatesse. Une très jolie découverte !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : marie sizun
27/08/2011
Ce que je sais de Vera Candida...en poche
"Ne te prends pas pour un tremblement de terre."
Est-il besoin encore de résumer l'histoire de ces trois générations de femmes, chacune d'elles enfantant sans pouvoir révéler le nom du père ? Si ces personnages sont hauts en couleurs, le lieu dans lequel se déroule l'action est tout autant remarquable: une île, Vatapuna, où se dresse un rêve inachevé de marbre, au sommet d'un immense escalier, comme une pyramide maya menant à un autel sacrificiel...
Seule Vera Candida brisera la fatalité et osera rejoindre le continent,quelque part en Amérique du Sud, devinons-nous. Là, elle rencontrera une sorte de chevalier blanc qui tentera d'apprivoiser celle qui se donne des allures d'amazone.On craint le pire en commençant ce roman: l'exotisme de pacotille, les grosses coutures du conte annoncé, mais Véronique Ovaldé s'empare avec jubilation de son décor tropical et de sa faune pour mieux explorer "les territoires du secret et de la dissimulation dont elle [connaît] bien les contours et les lois.", à l'instar de son héroïne.Ses personnages ne sont jamais caricaturaux et on s'immerge avec bonheur dans ce récit qui brasse à la fois le réalisme (la condition faite aux femmes) et le fantastique qui se vit ici d'une manière tout à fait anodine. On s'attache à ces heroïnes tour à tour victimes et rebelles et on ne peut plus les lâcher. un enchantement au sens fort du terme.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : véronique ovaldé