19/07/2018
La frontière du loup...en poche
"Après tout, le monde est habitué à la reproduction. Rien ne semble devoir arrêter celle-ci-pas plus la guerre qu la science ou l'incommensurable stupidité de l'humanité."
Rachel Caine, meilleure experte britannique des loups, est rappelée dans sa région d'origine par un grand propriétaire terrien qui veut réintroduire le loup gris dans son domaine qui jouxte l’Écosse.
Une telle opportunité ne se refus pas, même si la jeune scientifique va devoir renouer des liens familiaux distendus et problématiques.
Sarah Hall privilégie certes l'évolution de ses personnages humains , qui sont tous très denses, mais elle fait aussi la part belle à la Nature, sous toutes ses formes, ce qui nous vaut de superbes descriptions et l'utilisation d'un vocabulaire recherché. Ceux qui aiment les loups resteront peut être un peu sur leur faim, mais on ne lâche pas ce bon gros roman de 563 pages qui sait ménager des rebondissements et ne tombe jamais dans la facilité.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sarah hall, réintroduction du loup
13/07/2018
Votre commande a bien été expédiée ...en poche
"Ils parlent de tout et de rien, de choses minuscules, parce que les mots sont des armes, d'accord, mais ils sont aussi cette musique entraînante qui s'insinue entre les hommes, les femmes , les verres de vin, et fait glisser l'ensemble vers un engourdissement bienheureux."
Un simple dysfonctionnement: Eugène n'a toujours pas reçu sa cocotte rouge en fonte commandée via internet. Pourtant, elle ne vient pas d bout du monde mais le trajet Normandie Pays basque semble soumis aux aléas climatiques, hum.
Eugène ne se décourage pourtant pas, parvient à contourner les formulaires automatiques et établit un contact avec une conseillère clientèle de l'entreprise, Lucia. Commence alors un échange d'abord épistolaire, souvent très drôle, qui débouchera sur une vraie rencontre.
Par petites touches, avec humour et tendresse, Nathalie Peyrebonne entraîne son lecteur dans un monde qui glisse avec douceur dans un fantastique très léger (façon homéopathie) pour mieux interroger les rapports que nous entretenons avec la réalité (qui hoquette dans la dernière partie du roman).
Les personnages sont attachants, la langue alerte, on se sent bien avec Eugène, Lucia et tous les autres autour de la cocotte rouge.
De la même autrice: clic.
05:40 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : nathalie peyrebonne
22/06/2018
Le journal intime de Baby George...en poche
"Maman est tellement épuisée par Ringo qu'elle a un mal fou à rester éveillée. Heureusement, Dada lui a appris à dormir les yeux ouverts, comme une crevette, un truc qui se transmet de génération en génération. Maman est ravie d'y être arrivée. Elle dit qu'elle n'a pas le moindre souvenir de la journée mais ça ne se voit pas du tout sur les photos."
Pas besoin d'être abonnée à Point de vue pour craquer sur le trop mignon Baby George ! Aussi, me suis-je précipitée sur son journal intime "Le meilleur livre d'une enfant de deux ans que j'ai lu cette année." comme l'affirme la citation apocryphe de Huhg Grant. Je confirme.
Seule une anglaise pouvait trouver le ton juste pour dépeindre les coulisses de la famille royale britannique, s'en moquer gentiment et la rendre infiniment sympathique. Les chahuts des frères et belle-sœur, les tiraillements de la jalousie de George envers la petite sœur à naître, sans oublier la nuée de conseillers improbables qui entoure la royale famille, tout cela est délicieusement croqué et nous fait passer un excellent moment ! à (s') offrir sans plus attendre !
Le journal intime de Baby George, Clare Bennett, traduit de l'anglais par Géraldine d'Amico,
05:35 Publié dans Humour, le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : clare bennett
17/06/2018
Songe à la douceur...en poche
"C'est frêle,
ces jeunes personnes tellement éblouies par le jour
qu'elles ne se sont pas apprêtées pour la nuit."
Un roman en vers libres qui dépoussière et revisite Eugène Onéguine avec une couverture rose bonbon pleine de fioritures ? Ce n'était pas gagné d'avance en ce qui me concerne, même si je n'avais jamais lu le roman de Pouchkine ni vu l'opéra de Tchaïkovski.
Et pourtant , une fois commencé, je n'ai pas pu lâcher ce roman destiné aux jeunes adultes (mais pas que).
L'histoire ? Une jeune femme, Tatiana, à l'aube d'entrer dans la vie adulte, rencontre fortuitement Eugène, celui dont elle était tombée amoureuse quand elle avait quatorze ans ans et lui trois de plus. Dix ans plus tard, Eugène est-il toujours aussi désenchanté et cynique ? Les amours adolescentes avortées peuvent-elles renaître de leurs cendres ?
On craint le pire et c'est le meilleur que l'on découvre tant Clémentine Beauvais se penche avec empathie que ses héros, les décrivant sans mièvrerie mais avec une acuité non dénuée de poésie. La sensualité est-elle aussi présente, sans tomber pour autant dans l'impudeur et la tragédie qui touche un des personnages est évoquée avec délicatesse.
Un exercice d'équilibre improbable parfaitement réussi dont la forme renforce le plaisir: intertextualité (des vers célèbres s'insèrent au fil du texte) des calligrammes et des interventions de l'auteure viennent encore ajouter au plaisir de lecture. On sort de là avec des étoiles dans les yeux, ravi que la fin évite les clichés du genre. Un grand bonheur de lecture dont on aurait tort de se priver.
Et zou sur l'étagère des indispensables !
Paru initialement dans une collection pour ados.
06:03 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : clémentine beauvais
16/06/2018
#LeCoupleIdéal(enfin) #NetGalleyFrance
Clara peine à tenir à flots sa petite librairie de quartier à Paris. Elle s'efforce pourtant de garder le moral entre ses ami (e) s et sa clientèle fidèle.
Ferraillant sur Twitter avec un auteur à succès dont les derniers romans perdent en qualité, la jeune femme ne se doute pas qu'elle va bientôt rencontrer cet homme guère habitué à ce qu'on lui refuse quoi que ce soit, en l'occurrence des conseils éditoriaux .
Évidemment, l'amour va s'en mêler, pour le plus grand plaisir des lecteurs qui dévorent d'une traite cette romance pleine de fraîcheur, d'allant et...de conseils de lecture pour le moins originaux (une liste de titres par exemple contenant le mot "cimetière"!).
Un roman pétillant qui ravira les amoureux des livres, ceux de Paris ainsi que les fans d’Angéla Morelli !
Un grand plaisir de lecture à s'offrir en poche.
L'avis enthousiaste de Cuné.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : angéla morelli
14/06/2018
Hors-service...en poche
"Complètement libre ,en fait, complètement libérée de toute responsabilité."
Paradoxalement, c'est quand elle se retrouve accidentellement enfermée un vendredi soir dans le local à photocopieur de du collège où elle enseigne que Eva-Lena se sent soudain totalement libre. Libre de réfléchir à sa vie calibrée, où tout est bien organisé, où règnent la perfection et l'exigence , mais à quel prix ?
Son mari traîne des pieds pour rentrer à la maison et ses enfants se rebellent chacun à sa manière, sa fille lui reprochant de s'occuper davantage de ses élèves que de ses enfants. Le bilan n'est pas fameux et Eva-Lena, petit à petit va se livrer à un passage en revue des événements qui ont précédé son enfermement et jeter un œil neuf sur sa vie trop bien agencée. Un portrait qui parlera aux femmes de quarante ans dont le quotidien est trop souvent tristouille car si l'intendance roule, les sentiments, eux, commencent à rouiller. Un roman sensible et juste.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : solja krapu
10/06/2018
Les cosmonautes ne font que passer...en poche
Je vais jouer les trouble-fêtes dans le concert de louanges qui a accompagné ce premier roman écrit par une jeune bulgare, mais le "Tu" a sans cesse corné à mes oreilles et j'ai cherché en vain l'humour.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : elitza gueorguieva
09/06/2018
Les filles au lion...en poche
Odelle, originaire des Caraïbes,vit depuis quelques années à Londres, où elle poursuit son rêve de devenir écrivains tout en vendant des chaussures. Le destin va lui donner l'opportunité de travailler comme dactylo dans une galerie d'art pour une femme au tempérament affirmé, Marjorie Quick.
La jeuen fille fait aussi la connaissance de Lawrie Scott, jeune homme charmant en mal d'argent, qui possède un tableau atypique représentant Les filles au lion.
Odelle va mener l'enquête et établir un lien entre Marjorie, le tableau et un peintre Andalou des années trente.
Alternant les chapitres se déroulant dans deux périodes historiques, le roman de Jessie Burton fait la part belle au romanesque, multipliant les coups de théâtre .
Si j'ai apprécié la description des sixties londoniennes (l'auteure n'oublie pas de montrer leur racisme décomplexé), j'ai moins été convaincue par certains personnages de la partie pré guerre d'Espagne, trop caricaturaux à mon goût. En outre, je n'arrive pas à comprendre le choix que fait l'une d'entre elle ,mais bon peut être que je réagis avec une mentalité trop contemporaine.
07:08 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jessie burton
08/06/2018
Quand sort la recluse...en poche
"D'aucuns disaient que l'on ne pouvait pas toujours savoir si le commissaire était en veille ou en sommeil, parfois même en marchant, et qu'il errait aux limites des ces deux mondes."
Nous avions laissé le commissaire Adamsberg dans les brumes islandaises. Forcé de renter à Paris par un crime qu'il résout en deux coups de cuillers à pot et quelques gravillons, Adamsberg découvre bientôt une série de décès d'hommes âgés à la suite d'une morsure d'araignée, la recluse. Or, les morsures de cette arachnide ne sont pas mortelles ,mais produisent d'ordinaire une nécrose des tissus humains. Alors que les forums s'enflamment sur internet, le commissaire faussement lunaire, subodore plutôt une série de crimes. Se mettant à dos son adjoint le cultivé Danglard, Adamsberg poursuit néanmoins ses investigations, forcément en dehors de toute procédure légale.
Quel plaisir de dévorer ce nouveau roman de Fred Vargas ! Jouant sur la polysémie du mot recluse, elle nous balade de Paris à Lourdes en passant par Nîmes et sa région, collectant au passage quelques boules à neige, deux cuillers et des araignées en pagaille ! On y croise aussi une brigade qui se mobilise pour nourrir une famille de merles, le chat qui ne ferait pas sept mètres pour réclamer sa nourriture, autant de présences animales chaleureuses et pleines de vie.
Il serait dommage d'en dévoiler plus sur l'intrigue qui ne semble jamais suivre de ligne droite mais parvient toujours à "retomber sur ses pattes" . Elle vaut surtout par l'écriture et l'attention qu'Adamsberg prête aux mots, les collectant soigneusement dans son carnet, avant de laisser agir ses "protopensées". On imagine très bien ce qu'un romancier "classique" aurait fait de cette histoire de vengeance par delà le temps, lui ôtant tout charme et toute poésie. Laissez-vous piéger par Fred Vargas , c'est un pur bonheur !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : fred vargas
07/06/2018
Dans la forêt ...en poche
"Avant j'étais Nell, et la forêt n'était qu'arbres et fleurs et buissons. maintenant , la forêt, ce sont des toyons, des manzanitas, des arbres à suif, des érables à grandes feuilles, des paviers de Californie, ses baies, des groseilles à maquereaux, des groseilliers en fleurs, des rhododendrons, des asarets, des roses à fruits nus, des chardons rouges, et je suis juste un être humain, une autre créature au milieu d'elle."
Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans sont sur le point de quitter le domicile familial au cœur de la forêt pour que l'une s'inscrive à Harvard et l'autre vive son rêve de danse.Las, la civilisation bascule, l'essence, l'électricité disparaissent, après la mère, c'est le père qui meurt à son tour. Les deux jeunes filles, à l'écart de la ville vont donc devoir, seules, survivre en autarcie au sein d'un univers sylvicole qu'elles ne connaissent que de manière superficielle.
Emprunt de sensualité, le roman de Jean Hegland ne dépeint pas ses héroïnes dans une volonté de domination de la nature, voire de reconquête de la civilisation à toutes forces. D'abord dans le déni, puis dans l'abattement, elles se raccrochent chacune à leur passion, l'étude, la danse, et il leur faudra un long temps pour se réapproprier la forêt, inconnue et menaçante.
On sent même de la part de la narratrice, Nell (porte-parole de l'autrice ?), l'idée d'une certaine acceptation d'un état de faits dont il faut s'accommoder de la manière la moins mauvaise, car cette disparition d'une civilisation n'est pas une nouveauté dans l'Histoire. à nous d'éviter de commettre de telles erreurs, un message que les deux sœurs semblent nous adresser .
Un roman puissant et sensuel.
Dans la forêt, jean Hegland, traduit de l’américain par Josette Chicheportiche,
06:23 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : jean hegland