28/06/2019
Les soeurs Brontë...en poche
"La lecture permet de savoir où l'on veut aller, qui l’on veut devenir. Elle peut révéler, aussi, ce qu'on ne voit pas de soi-même."
Biographie centrée sur la fratrie Brontë, ce document est étayé par de très (trop?) nombreuses citations et , pour ceux qui ont déjà lu sur ce thème, n'apporte pas grand chose de nouveau.
L'écriture de Laura El Makki est discrète et n'apporte pas de souffle à cette biographie classique et efficace par ailleurs.
06:00 Publié dans Biographie, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : laura el makki
27/06/2019
La joie du matin...en poche
"Elle a l'air simple, et même si enfantine quelquefois. Mais il y a quelque part en elle une barre d'acier."
Pendant un an , nous allons suivre les débuts d'un bébé-couple, fraîchement marié, à la fin des années 20 dans le Midwest. Si Carl est à université, Annie, elle n'a pas eu la chance de suivre des études et a dû travailler très tôt. Les deux familles respectives ne sont évidemment pas enchantées de voir ces très jeunes gens se marier alors que Carl n'a pas encore obtenu son diplôme. Pourtant, Annie, par sa candeur et une forme d'intelligence rafraîchissante, arrive même à séduire les profs d'université qui l'autorisent à suivre des cours de littérature,en auditrice libre. Voilà donc Annie qui se lance dans l'écriture...
Écrit au début des années 60, ce roman vintage réédité par Belfond m'a laissée très partagée: autant Annie est charmante et souvent touchante, autant les regards masculins portés sur elle sont empreints de paternalisme condescendant. J'ai donc oscillé entre agacement et tendresse pour ce personnage à l'orée de sa vie.
Traduit de l’anglais (E-U) par Gisèle Bernier
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : betty smith
25/06/2019
Rome en un jour...en poche
Contrairement à ce qu'affirme le proverbe, "ils avaient fait Rome en un jour, toujours main dans la main, et au soir Paul avait demandé celle de Marguerite dans une trattoria...". Leurs amis attendent toujours le faire-part et surtout 10 ans plus tard, que Marguerite arrive à extraire Paul de leur appartement pour l'anniversaire surprise (et tardif) qu'ils lui ont concocté.
Même si Marguerite est convaincue "qu'on ne peut détruire Rome en une seule fois", il ne faudra bel et bien qu'une soirée pour mettre à bas leur couple, déjà bien miné, on va s'en rendre compte au fil du récit alterné entre les scènes (dans tous les sens du terme) se déroulant à l'appartement et l'attente des invités sur le toit d'un hôtel.
C'est à une comédie acide que nous convie Maria Pourchet avec Rome en un jour, mettant à jour tous les faux-semblants des relations humaines, grattant là où ça fait mal , soulignant la solitude qui mine les êtres et les moyens parfois pathétiques qu'ils mettent en place pour s'en sortir.
Sous des dehors bien policés, la violence couve car "Certains sentiments parce que trop longtemps contenus par les conditionnements sociaux et la règle comportementale, sont susceptibles de se manifester de manière inopinée dans un mouvement aussi souverain que destructeur, avec une intensité d'expression tout à fait inhabituelle."
Un roman dévoré d'une traite car d'une noirceur réjouissante.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maria pourchet
20/06/2019
Ariane...en poche
"Telle que dépeinte en ces lignes, mon existence avait pour unique objectif de me faire valider. Valider par les garçons, valider par les autres, admirer, applaudir. L'enfant mutique et invisible s'était développée en diva qui n'aspirait désormais qu'au regard d'autrui."
Dans les années 90, en Brabant wallon, la narratrice intègre"une école de riches", où elle se sent en total décalage, ne maitrisant ni les codes d'un univers qui n'est pas le sien, ni son corps en pleine mutation adolescente.
Là, elle rencontre Ariane qui semble posséder tout ce qu'elle n'a pas : beauté, richesse, assurance, et qui, ô miracle, l'adoube comme meilleure amie. Mais cette relation va vite tourner à l'aigre et Ariane prendra bientôt plaisir à torturer psychologiquement celle qu'elle ne chérit plus.
Tout pourrait s'arrêter là, mais Ariane réapparaîtra plus tard dans la vie de la narratrice et la perturbera de manière bien plus vénéneuse...
Il existe bien des romans sur les relations adolescentes toxiques, cet âge où tout se vit de manière exacerbée . Mais la manière dont Myriam Leroy envisage son récit, de manière crue, violente , sans pour autant tomber dans la volonté de choquer le lecteur, fait de la lecture de ce roman une expérience troublante. J'ai aimé les brusques coupes du récit, les réflexions de l'autrice/narratrice, la manière dont Myriam Leroy rend compte d'une époque. un premier roman coup de poing parfaitement maîtrisé.
De la même autrice, dans un registre différent : clic.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : myriam leroy
14/06/2019
Le manuscrit inachevé...en poche
Un flic hypermnésique, une écrivaine qui , elle, a préféré oublier tout un pan de son passé, une mise en abîme, (un récit dans le récit ), un enlèvement ( celui de la fille de l'écrivaine), une incertitude: la jeune fille enlevée est-elle morte ou vivante ?, tels sont les principaux ingrédients du thriller de Franck Thilliez.
Rajoutez y quelques indices soulignés, basés sur le chiffre 2 et sur les palindromes (mots pouvant indifféremment se lire de droite à gauche et inversement) et vous obtiendrez un très bon page turner, émaillé de références à Arsène Lupin et Sherlock Holmes.
J'ai davantage été sensible au personnage du policier qu'à celui de l'écrivaine, pas assez nuancé à mon goût. L'intrigue avait parfois un goût de déjà lu et l'écriture était aussi souvent trop prévisible, mais Thilliez reste un bon fabriquant et nous tient en haleine comme personne.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : franck thilliez
13/06/2019
Mer agitée...en poche
"Mais qu'est ce qu'il a ton petit-fils ? Il a changé, il devrait aller voir quelqu'un , a insisté Marie. en levant vers moi ses yeux transparents où je percevais cette forme de pitié qui me hérisse le poil, parce que cette pitié-là est très impitoyable, elle vous englue, ne vous aide jamais, ne vous tend aucune main secourable."
Un drôle de couple que forment Jean et son petit-fils, Léo. Léo, quasi mutique, hanté par des cauchemars récurrents,censé passer des vacances chez son grand-père, après son retour d’Afghanistan, où il a servi dans l'armée.
Jean ne le comprend plus et pour oublier son corps trop âgé, il se plonge par tous les temps dans la mer. Comment faire face à ce jeune homme dont il est quasiment la seule famille, sa mère ayant brusquement disparu, son père ayant refait sa vie en Australie ?
Bientôt, Léo, qui a déjà fait preuve de violence envers une jeune fille, est accusé de meurtre. Toute la population du village voit en Léo le bouc émissaire idéal...
Mer agitée est un roman qui vaut surtout par sa finesse psychologique dans la description des personnages et la manière habile dont son auteure parvient à nouer deux intrigues par-delà les années. Un bon moment de lecture.
De la même autrice: clic.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christine desrousseaux
08/06/2019
Notre vie dans les forêts ...en poche
"Ils nous traitent comme du bétail, je me suis dit. Ils nous infantilisent au point qu'ils ne nous avertissent pas de la procédure, même pas quand il s'agit de nos corps ! De mon corps !"
Après un essai sur une peintre allemande, revoici Marie Darrieussecq aux commandes d'une dystopie se déroulant dans un futur très proche, voire ayant peut être même déjà commencé.
Marie est psychologue, spécialisée dans le traitement des traumatismes, mais elle doute de plus en plus de l'efficacité des méthodes qu'elle applique. Tandis que dans son cabinet elle s'efforce de soigner, autour d'elle la société se délite et les libertés rétrécissent dangereusement. Mais un de ses patients va lui donner la possibilité de se rejoindre une bande d'humains et de clones libérés qui vivent au cœur des forêts.
Comme dans Truismes, la narratrice est empêchée dans son corps et se hâte de rédiger son histoire car la mort rôde. Mais là où le premier roman de l'écrivaine prenait son temps pour nous décrire les changements de la société, Notre vie dans les forêts est beaucoup plus court (189 pages) et le sentiment d’urgence encore plus grand.
Il y est beaucoup question de corps, augmenté par des implants et dont on change les organes comme autant de pièces de rechange si on est très riche. Le langage tient également une place importante, tout comme les clones dont la narratrice analyse avec finesse les interactions avec les humains.
Un roman surprenant, constellé de marque-pages.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marie darrieusecq
07/06/2019
Nos vies...en poche
"Nous parlions peu. Nous étions, je l'ai pensé plus tard, dans la pleine gloire de nos corps.souples, et à la proue de nous-mêmes."
La narratrice du roman a toujours été du côté de la fiction,observant, voire inventant, pour suppléer en quelque sorte la cécité de sa grand-mère. Devenue adulte, sans doute pour distraire sa solitude, elle continue en imaginant, brodant à partir de petits détails, la vie d'une caissière d'origine étrangère au Franprix de son quartier et celle d'un de ses clients du vendredi matin.
Parallèlement, se dévoile petit à petit la propre existence de la narratrice.
La solitude, les sentiments mis sous le boisseau, l'exil, tels sont les principaux thèmes du nouveau roman de Marie-Hélène Lafon. Qu'il soient étrangers ou juste venus de leur région, ses personnages partagent une même absence d'acclimatation à Paris. Ces vies infimes en apparence, Marie-Hélène Lafon sait leur prêter toute l'attention nécessaire pour nous les rendre proches et infiniment attachantes.
Nos vies, Marie-Hélène Lafon,
à noter que le personnage de Gordana, la caissière ici, apparaissait dans une longue nouvelle précédemment parue aux éditions du Chemin de fer en 2012.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marie-hélène lafon
05/06/2019
Farallon Islands...en poche
"J'ai été cette personne constituée de sensibilité artistique et de chagrin. J'ai cru que mon esprit était primordial et mon corps secondaire."
"Photographe, nomade, orpheline de mère. Une épistolière, laissant derrière elle une traînée de papier et de mots partout dans le monde, comme celle d'un avion. une artiste avec un appareil photo en guise de cerveau: froid, précis, calculateur. Une femme en noir." Ainsi se définit a posteriori Miranda, la narratrice qui va passer une année sur les Farallon slands. Des îles tout sauf hospitalières où ne vivent que des biologistes chargés d’étudier la faune locale.
Rebaptisée Melissa, voire Souricette, la narratrice va peu à peu prendre ses marques et se laisser fasciner par cet environnement violent et meurtrier, peu accessible,où "tout est dangereux, même la peau des requins", ce qui nous donne un étonnant huis-clos en plein air.
Roman initiatique, se déroulant dans un environnement oppressant, où les distinctions entre humains et animaux ont disparu aux yeux des biologistes qui semblent détachés et sans empathie, Farallon Islands distille une sourde fascination qu'il faut prendre le temps de laisser agir. Un roman riche aussi en informations étonnantes sur les animaux qui la peuplent, avec un mention spéciale pour le poulpe "domestique", Oliver. Abby Geni, par son écriture précise, nous fait ressentir l'odeur du guano, sentir les poux d'oiseaux ou les attaques des goélands furieux avec une acuité sans pareille. Un roman puissant qui file sur l'étagère des indispensables.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : abby geni
30/05/2019
Les buveurs de lumière ...en poche
"-Cette fille est un diamant brut. Quelles sont ces ambitions politiques, alors ?
- Que chaque être humain jure de signer un contrat qui ferait de lui un gardien temporaire de la planète pendant la durée de sa vie, et que la guerre contre les femmes prenne fin."
Dylan, chassé du petit cinéma de quartier de Soho où il a grandi avec sa mère et sa grand-mère,toutes deux décédées, emménage dans une caravane en Écosse, son seul héritage. Là , il fait la connaissance de Constance, une femme débrouillarde qui vit seule avec sa fille, Stella.
Toutes deux défraient la chronique de la petite communauté villageoise car elles sont chacune à leur manière libres et hors-normes.
Il y aurait pourtant urgence à se préoccuper d'autres choses, bien plus importantes car l'hiver 2020 s'annonce comme un des pires que l'humanité ait jamais affronté.
L’ambiance pré-apocalyptique est ici contrebalancée par la poésie et l'humanité qui se dégagent de ce roman, anxiogène à un niveau supportable pour la frileuse (dans tous les sens du terme) que je suis. La violence n'est pas niée , mais elle se contente de rôder à proximité ou est juste évoquée comme ayant lieu ailleurs.
Ce qui prime ici ce sont les relations complexes entre les personnages, l’évocation des paysages et la manière dont Stella, adolescente trans cherche son identité coûte que coûte, à sa manière originale et et bravache. un coup de cœur !
Cuné m'avait donne envie:clic
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jenni fagan