22/03/2018
Sofia s'habille toujours en noir
"Elle m'avait dit un jour qu'elle avait un seul et vrai talent, celui de savoir reconnaître le moment où les choses s'achèvent."
Alors que sa mère se rêve à l'horizontale -sur elle plane l'ombre de Sylvia Plath- Sofia est d'emblée dans la verticalité, la lutte. Ainsi, enfant, perdue dans un magasin flanque-telle une gifle à sa mère pour la peur qu'elle avait eue, ou bien affirme avec aplomb dans une rédaction qu'elle ne connaît pas son père, manière de signaler à ce dernier qu'il est trop souvent absent de la maison.
Ce caractère bien affirmé et la manière dont Sofia évolue, nous les découvrons au fil de chapitres où elle ne tient pas forcément le rôle principal, dans une chronologie bousculée qui ne perd pourtant jamais son lecteur en route et éclaire -ou laisse volontairement dans l'ombre, certains aspects de sa vie. Au lecteur de combler les vides à son gré.
Ce portrait-mosaïque, fait aussi la part belle à la mère et la tante de Sofia, personnages hauts en couleur, chacune à leur façon. Vite, faites-vous une nouvelle amie, découvrez Sofia !
Paolo Cognetti, Liana Levi Piccolo 2018, 213 pages aux mille tonalités qui filent sur l'étagère des indispensables !
Traduit de l'italien par Mathilde Bauer.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : paolo cognettti
20/03/2018
Maudits mots
"Comment s'y prend-on pour faire mouche ? Il s'agit, toujours et partout, de mettre l'accent sur une différence, fut-elle fantasmatique, et d'en faire un stigmate."
Dans son introduction, la linguiste et sémiologue Marie Treps, souligne le fait que maintenant en France les propos xénophobes sont punis par la loi mais que , néanmoins, des précautions langagières , des stratégies d'évitement (insinuations, périphrases, euphémismes...) permettent à ceux tenant des propos racistes d'échapper aux sanctions.
Elle a donc décidé de faire un état des lieux, inscrivant notre rapport à l'Autre dans la continuité historique, rappelant ainsi que des raisons politiques ou économiques (traites négrières, colonisations ...) sont à l'origine de ces appellations. Ses propos sont étayés par une brassée d’exemples tirés de textes aussi bien anciens que contemporains.
Par chapitres plus ou moins gros, suivant l’importance du corpus, de "Allemands " à "Polonais et Russes", elle scrute ainsi ces Maudits mots, avant que d'envisager dans son tout dernier chapitre "Retours de bâton" , la juste conséquence, à savoir les insultes dont nous bénéficions à notre tour, de "gaulois"à "fesse de craie" !
On sort de cet ouvrage très riche un peu nauséeux devant tant d'irrespect et de manque d'humanité. Un indispensable !
Merci aux Éditions Tohubohu et à Babelio.
06:00 Publié dans Essai, l'amour des mots, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : marie treps
16/03/2018
Au premier regard
"Il règne un silence de mort. La nuit hésite. Je ne sais pas si , après cette fois, j'aurais encore envie de continuer ce manège. Rencontrer, raconter, rencontrer, raconter. traquer les faits, les talonner jusqu'à ce qu'un jour peut-être ils se laissent acculer dans une impasse. Où enfin, je pourrais les coincer, leur faire les poches, leur extorquer leur marchandise de contrebande."
Dans l'écrin d'une nuit d'hiver, une femme insomniaque descend faire un gâteau, laissant dans la chambre son amant endormi. Tout en maniant la pâte, elle se remémore sa trop brève histoire d'amour avec Ton, victime de ce que tout le monde a appelé à l'époque un accident. Un coup de feu a mis fin à une union de quelques mois. Treize ans plus tard, devra-t-elle encore se contenter de relations éphémères recrutées par le truchement d'une petite annonce ou pourra-t-elle enfin avancer ?
C'est un magnifique moment d'intimité que nous offre ici Margriet De Moor, un concentré d'émotions discrètes qui laissent la part belle à la subjectivité du lecteur, lui font confiance pour mieux le ravir. On entre de plain pied dans cet univers à la fois charnel et poétique où seul le titre peut paraître mièvre. On savoure les moments passés en compagnie de l’héroïne, la connivence qui s'établit entre les personnages, la manière subtile et pudique dont le sujet est traité. Un pur enchantement .
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
Grasset 2018, traduit du néerlandais par Françoise Antoine.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7)
04/03/2018
Quelle n'est pas ma joie
"Ce sont les abandonnés de l'amour qui doivent essayer de comprendre. Ce sont les délaissés qui doivent se montrer nobles et intelligents, pour saisir que l'autre, on ne l'a qu'en prêt."
Ellinor , soixante-dix ans, est veuve pour la seconde fois. Au grand dam des enfants de son mari, Georg, elle vend la maison familiale et retourne s'installer dans le quartier populaire de son enfance.
A ce moment charnière de sa vie, elle s'adresse, sans aucune acrimonie, à Anna, qui fut et demeure par-delà les années, sa meilleure amie. Celle qui fut aussi la maîtresse de son premier mari, Henning. Les deux amants sont morts accidentellement dans les années 60 et , insensiblement, un nouveau couple s'est formé, entre autres pour assumer l'éducation des jumeaux de Georg et Anna.
Une configuration singulière donc, tout comme le récit des origines d'Ellinor qui se découvre progressivement. Mais c'est une sensation de grand apaisement qui se dégage de ses pages où l'on retrouve l'écriture sensible de Jens Christian Grondhal. Un pur moment de bonheur. Et zou sur l'étagère des indispensables.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : jens christian grondahl
28/02/2018
mémoire de fille ...en poche
"Ce récit serait donc celui d'une traversée périlleuse, jusqu'au port de l'écriture. Et, en définitive, la démonstration édifiante que, ce qui compte, ce n'est pas ce qui arrive, c'est ce qu'on fait de ce qui arrive. Tout cela relève de croyances rassurantes, vouées à s'enkyster de plus en plus profondément en soi, au fil de l'âge mais dont la vérité est, au fond ,impossible à établir."
Récit dont Annie Ernaux s'aperçoit a posteriori qu'il est "contenu entre deux bornes temporelles liées à la nourriture et au sang, les bornes du corps.", récit longuement différé tant a été violente la honte ressentie en cet été 58 , l' épisode évoqué de manière elliptique dans d'autres textes , Mémoire de fille le raconte et comble ce vide.
Il s'agit de sa première nuit avec un homme, H., dont elle s'entichera, qui la rejettera,entraînant aussi les sarcasmes violents des autres moniteurs de la colonie où Annie Ernaux- alors Duchesne - fait l'expérience de ce qu'elle croit être la liberté.
Cette violence physique qui lui est faite, cette violence verbale aussi, elle est,en 1958, dans l'incapacité d'en prendre conscience et la retournera contre elle, essayant de se rapprocher le plus possible, tant physiquement que socialement, de la jeune institutrice blonde que lui a momentanément préféré H.
Cet épisode, elle a voulu à toutes forces l'oublier, mais ce n'est que deux ans plus tard, grâce à la lecture de Simone de Beauvoir qu'elle pourra mettre des mots sur ce qui lui est arrivé.
Ne possédant pas les codes sociaux, voulant à tout prix masquer son inexpérience, Annie Duchesne accumule les erreurs pour un comportement féminin qui, dix ans plus tard, deviendra acceptable, voire normal.
Se basant sur ses lettres, sur des photos, Annie Ernaux remonte le temps et interroge l'acte d'écrire : "Mais à quoi bon écrire si ce n'est pour désenfouir des choses, même une seule, irréductible à des explications de toutes sortes, psychologiques, sociologiques, une chose qui ne soit pas le résultat d'une idée préconçue ni d'une démonstration, mais du récit, une chose sortant des replis étalés du temps et qui puisse aider à comprendre -à supporter-ce qui arrive et ce qu'on fait."
Le travail de mémoire est mené avec acuité et sans complaisance, Annie Ernaux se désignant comme "la fille de 58", "cette fille", "Elle" dans un distanciation nécessitée par les décennies qui se sont écoulées. Mémoire de fille est un récit nécessaire où se lit l'inscription du corps féminin dans une réalité sociale et historique, ainsi que le destin d'une jeune femme qui semblait tracé d'avance. Un texte sans concessions, qui marque profondément son lecteur.
Et zou sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : annie ernaux
25/02/2018
Une femme au téléphone...en poche
« Ah, j’en vire des hommes, qu’est-ce que je peux en virer ! j’en ai plein ma corbeille ! »
Une mère laisse des messages sur le répondeur de sa fille. Par le truchement de cette situation de communication perturbée ( autant que la narratrice !) se dessine le portrait d'une femme tour à tour dragueuse sur internet, mère envahissante, qui refuse de vieillir et fait preuve d'un humour, parfois noir « Il faut choisir, le cancer, la phlébite ou la dépression » , dévastateur.On devine très bien, en creux, les réactions des interlocuteurs invisibles et le procédé n’est jamais pesant, bien au contraire.
Les revirements de la mère vis-à-vis de sa petite-fille, ses tentatives de culpabilisation i la mélancolie, la dépression qui s’immiscent entre deux tout cela sonne très juste. L’émotion n'est pour autant pas oubliée, en particulier quand s'amorce une possible inversion des rôles.Ça cavale à toute allure et quand la fin arrive, on est tout étonné et un peu déçu car on aurait bien continué !
Carole Fives nous fait vivre des montagnes russes émotionnelles, c'est rondement mené, brillamment écrit (j'ai surligné à tour de bras) et ce roman file donc directement sur l’étagère des indispensables !
11:55 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : carole fives
20/02/2018
La fin d'où nous partons
"Il existe tant de silences différents, et seulement un mot pour les désigner. le silence dans la maiosn a mûri, de silence comme absence de bruit à autre chose, un silence texturé, granuleux, une épaisseur à traverser en trébuchant."
La narratrice vient juste d’accoucher quand Londres est envahie par les eaux.Elle, son mari R. et le nouveau-né, baptisé Z., vont devoir faire à cette catastrophe, d'abord ensemble, puis de manière séparée.
Entre la mère et l'enfant le lien se renforce, tandis que se déroule le scénario malheureusement connu de ce type de situations: camps de réfugiés, organisation des secours,le tout entrecoupé de violences évoquées ici de manière succincte et elliptique, en quelques mots dénués de toute émotion apparente.
On est ici à mille lieues des figures imposée et du style afférent à ce type de texte. Le récit est distancié, on assiste ici à une quasi dissociation de la narratrice, sans doute pour mieux tenir à distance les sentiments trop forts qui pourraient l'empêcher de mener à bien sa tâche essentielle: survivre afin que son fils survive aussi. Mais cette grande économie de moyens et le petit nombre de pages (167) rendent l'émotion d'autant plus puissante.
Un récit paradoxalement optimiste dont la discrète poésie ajoute au plaisir de lecture. Une parfaite réussite.
Cuné m'avait donné envie !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : megan hunter
14/02/2018
Dans les angles morts
"Frances était la seule femme de la famille de Catherine à avoir poursuivi une carrière et dont la vie n'avait pas été assujettie aux besoins et aux intérêts des autres."
Catherine, George Clare et leur adorable petite Franny ont emménagé , pour une bouchée de pain , dans une ancienne ferme laitière d'une bourgade peu à peu envahie par les New-yorkais en mal de week-end. Ce que George a omis de préciser à sa femme est que leur demeure a été le théâtre d'événements dramatiques.
Huit mois, plus tard, Catherine est retrouvée assassinée dans sa chambre. Le shériff soupçonne aussitôt le mari , mais ce dernier ne sera pas inquiété.
Commencé par le meurtre de Catherine, le roman remonte le temps et peu à peu se dévoile une réalité très différente de ce que voulait bien bien montrer les Clare. En parallèle se déroule aussi en quelques épisodes significatifs, la vie des précédents occupants, les Hale, dont les fils vivent encore à Chosen. Passé et présent s'entremêlent dans ce roman polyphonique qui fait aussi la part belle à la maison, personnifiée de manière très efficace, qui fait monter l’intensité dramatique
Petit à petit les convictions se forgent et l’intensité dramatique n'est plus de voir identifier le coupable mais de savoir comment procéder pour que justice soit enfin rendue.
Dans les angles morts est un roman parfaitement construit, tout en tension, qui donne chair à tous ses personnages, qu'ils soient universitaires ou simples habitants de cette bourgade campagnarde. Elizabeth Brundage nous gratifie de magnifiques portraits de femmes, femmes qui, dans ces années 70, sont tiraillées entre les modèles résignés que leur inculquent leurs mères et le vent de liberté qui se donne aussi à voir.
Le style est magnifique, les marque-pages qui le constellent en témoignent- créant l'émotion, sans jamais tomber dans le pathos car l'auteure maîtrise l'art de l'ellipse sans pour autant perdre son lecteur. à dévorer et savourer ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
Lu dans le cadre du grand prix des lectrices de Elle.
Éditions Quai Voltaire (qui ont troqué leur couverture pervenche contre un marron beaucoup plus inquiétant) 2018. Magnifiquement traduit de l'américain par Cécile Arnaud.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : elizabeth brundage
07/02/2018
Le paradis des animaux...en poche
"C'était un mensonge. J'étais un homme qui tissait des promesses sur la trame de la tristesse, le genre de promesses que la vie avait bien peu de chances de vous permettre de tenir."
Les personnages des douze nouvelles composant ce recueil sont des gens ordinaires. Ils ne sont pas "stupides" mais, pour certains d'entre eux" simplement sous-performants, des gens qui ,après l'université , avaient opté pour la sécurité d'un travail facile."
Leurs narrateurs, à une exception près, sont des hommes qui ne savent pas forcément maîtriser leurs émotions et que la vie a pas mal malmenés, sans que forcément ils réagissent de la manière adéquate, sans jamais être tout à fait à la hauteur des attentes de leurs compagnes..
David James Poissant, dans un style extrêmement évocateur, nous les peint avec beaucoup de délicatesse, sans jamais les juger. De petites touches d'humour émaillent ces textes extrêmement touchants mais sans pathos, où l'on sent une grande maitrise de l'écriture et un grand sens de l'observation.
Des situations sur le fil du rasoir (le groupe de paroles où les participants se livrent, de manière implicite, à un concours de malheurs ), les regrets, les remords, les rancunes, sont toujours éclairés de lueurs d'espoir, parfois malicieuses comme la fin de "James Dean et moi", mettant en scène un Beagle jaloux.
Quant au père du texte inaugurant ce recueil qui balance littéralement par la fenêtre son fils quand il découvre l'homosexualité de ce dernier, une chance de rédemption lui sera peut être offerte le temps d'un road-trip cathartique , empli de souvenirs ,dans la nouvelle qui clôt le livre.
Une découverte qui file directement sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : david james poissant
11/01/2018
Tombée des nues
"...j'ai tendance à faire confiance au couple même si le couple vient de montrer une terrible cécité, j'aime croire en ce qui peut renaître des failles, au côté salutaire du choc..."
Marion et Baptiste, un couple d'éleveurs, vivent heureux à la lisière d'une village.Une nuit d'hiver,Marion est prise de douleurs violentes. A leur grande surprise, il s'agit d'un accouchement.
Déni de grossesse. cette expression- pas très jolie d'ailleurs- ne sera jamais prononcée dans ce roman choral. Il épinglerait comme un papillon une situation que l'auteure envisage avec délicatesse, sous différents angles, via le prisme de ses personnages.
Pendant trois jours, vont ainsi alterner le point de vue du voisin qui a sauvé l'enfant, de l'employé du couple, de la sage-femme,de la grand-mère maternelle, de Baptiste et Marion, sans oublier celui plus trouble de Madame Peyre. Cette dernière, toujours à sa fenêtre, tout à la fois en retrait et aux premières loges, pourrait être la caricature d'une commère de village. Mais,au fil du texte, son personnage prendra de la densité et gagnera en subtilités. Il fonctionnera aussi en contrepoint du vent de folie et de solidarité qui s'empare du village à l'annonce de cette naissance.
Le parti-pris de l'auteure est de nous présenter sous forme de fragments numérotés qui s’enchaînent avec fluidité les points de vue différents, libre à nous de consulter si nécessaire (cela a été rarement mon cas) les grilles de lecture fournies en fin de volume. On peut aussi choisir de suivre les numéros à partir du 5 (je vais bientôt le faire).
En 160 pages, Violaine Bérot réussit un pari fou : traiter d'un thème qui se tient à la frontière du sordide et du cas psychologique, sans tomber ni dans le pathos ni dans l'angélisme. Ses personnages ont chacun leur voix, bien identifiable, la majorité d'entre eux n'est pas dans le jugement, mais dans l'action. Seul le grand-père, dans un premier temps, se préoccupera du regard des autres et des explicitations à fournir. Quant à la mère, elle ne prend la parole qu'au fragment 31 et semble au sens propre Tombée des nues, puisqu'elle se réfugie dans le monde des nues, des nuages. Seule la voix de Dédé, qui s'occupe du troupeau de chèvres de Marion en son absence, parvient dans un premier temps à la ramener sur terre. Quant à la fin, elle est juste sublime.
L'écriture, toujours sur le fil du rasoir, est à la fois poétique et précise. Les personnages sont denses et savent préserver leur part de mystère.
Un formidable roman sur une maternité déroutante s'inscrivant dans un rapport charnel aux animaux et à la nature. Un pur bonheur ! Et zou, sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : violainr bérot