19/10/2017
Comment faire lire les hommes de votre vie
"C'est cela, la raison profonde de ce livre.Partager cette chance formidable de n'être jamais seul, de n’être jamais sans quelqu’un qui pose sa main sur mon épaule, me serre dans ses bras."
La majorité des lecteurs sont...des lectrices. Fort de ce constat, Vincent Monadé, ancien libraire et fervent amoureux des livres, nous confie différents stratagèmes, souvent fort drôles, émaillés de conseils de lectures adaptées aux goûts des hommes de notre vie.
L'occasion pour moi de glaner au passage de nombreuses idées de (re) lectures, mais en aucun cas de les partager avec mon Homme: trop de livres envahissent déjà la maison !
Payot 2017.
Déniché à la médiathèque.
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13/05/2017
Une putain de catastrophe...en poche
"Les Wilson sont dans une impasse linguistique.Vous, Jeremy, investirez leur mariage. Vous allez, pour ainsi dire, bivouaquer sur leur champ de bataille conjugal.
-Seigneur ! s'exclama Cook. je préfèrerais conduire un camion charge de nitroglycérine."
Au chômage, le linguiste Jeremy Cook est embauché par L'Agence Pillow, cabinet de conseil conjugal,dont la particularité est d'envoyer à demeure un spécialiste du langage pour régler les conflits entre époux.
Au bord de la rupture, les Wilson voient donc débarquer celui qui, à première vue, paraît à mille lieues de comprendre la situation, étant lui-même un célibataire endurci .
Malentendus sur des pronoms, attentes totalement opposées, Jeremy observe, interroge et, tout en suivant la plus bizarre des méthodes, met à jour les mines anti-mariages susceptibles d'exploser à la plus petite occasion. C'est drôle, acéré, souvent pertinent et chacun se reconnaîtra dans l'un des motifs de dispute ou d’insatisfaction évoqués dans ce roman.
Une putain de catastrophe, David Carkeet
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07/03/2017
Dans l'atelier de l'écriture on n'apprend pas à nager par correspondance
Vieux routier de l'écriture, jean-Noël Blanc se penche ici sur tous les problèmes qui se posent à l'écrivain en devenir .
De manière imagée, avec des titres de chapitres humoristiques et/ou intrigants ("Le goût du protège-dents, "Affûter un couteau"...), il nous livre des réflexions et des conseils, émaillés de citations et d’exemples, hélas pas toujours sourcés, même quand il s'agit de ses textes.
Chaque chapitre se termine par des exercices concrets, souvent jubilatoires, comme supprimer tout ce qui nous paraît inutile dans les texte d'un auteur qu'on n'apprécie pas (il n'en saura rien, confie malicieusement Blanc).
Aucune recette pour se faire éditer, l'auteur reste pragmatique et évoque les aléas de l'édition, mais une découverte fort intéressante des coulisses de l'écriture pour les curieux ou ceux qui aiment simplement écrire sans pour autant se prendre pour de futurs grands écrivains.
Jean-Noël Blanc, éditions Thierry Magnier 2017, "Un magasin de bricolage pour ceux qui ont envie de tâter de l'écriture" de 195 pages qui se dévorent presque comme un roman !
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03/02/2017
Les livres prennent soin de nous...en poche
Ce n'est pas facile de dire à un tiers ce que l'on a vécu, et qui fait qu'on ne va pas bien. à qui en parler ? à un proche ? C'est prendre le risque d'être renvoyé au silence ou de l'entrainer dans son propre malheur. à un psychologue ou un psychiatre ? Mais le patient refuse souvent ce recours. Restent les livres et le bibliothérapeute."
Encore mal connue en France, la bibliothérapie se propose de restaurer un espace à soi par l'intermédiaire des livres.
Rien à voir avec le développement personnel "Car il faut qu'un livre soit plurivoque, un épais feuilletage de sens et non une formule plate, conseil de vie ou de bon sens, pour avoir le pouvoir de nous maintenir la tête hors de l'eau et nous permettre de nous recréer." Et Régine Detambel de célébrer la métaphore ainsi que l’aspect plurisensoriel du livre.
L'intuition doit présider au choix des livres, pas de systématisme dans les prescriptions ,car un même livre pourra se révéler remède ou poison selon son lecteur.
Telles sont donc les grandes lignes de cette thérapie que l'auteure, kinésithérapeute de formation , enseigne sous sa forme créative à Montpellier. Un avant-goût qui donne envie d'approfondir cette piste.
Babel 2017, avec une préface qui resitue un peu les faits par rapport à la polémique et aux accusations de plagiat (R. Detambel citent les personnes pionnières dans cette discipline).
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27/01/2017
Une activité respectable
"Dans mon enfance, l'excès ne m'a pas été désigné comme un défaut-et sans doute était-ce une erreur- mais depuis j'arpente la littérature comme un champ dans lequel mes pas laissent l'herbe ployée un instant derrière moi, juste le temps de voir le chemin parcouru, et l'immensité encore inconnue."
Pour les parents de Julia Kerninon, écrivain était Un métier respectable. Normal : ayant grandi dans l'amour des livres, des mots, de l'écriture, l'autrice toute petite se voit offrir une machine à écrire électrique, se sent comme chez elle dans la fameuse librairie Shakespeare and Compagny où elle éprouve "la sensation la plus forte que j'avais jamais éprouvée en cinq ans et demi d'enfance."
Comment s'étonner alors de la voir négocier une année sabbatique où elle ne fera qu'écrire et lire après avoir économisé ses salaires de jobs d'été ?
Des moments et des images très forts émaillent ces 60 pages pleines de fièvre et d'énergie: celle de ces jeunes filles, "horde d'impalas exhibitionnistes qui venait se jeter à l'eau", les conseils intuitifs et justes de la mère sur l'écriture, le travail manuel " j'ai fait l'expérience de la sueur, et ce n'était pas simplement une expérience, c'était un grade." et je pourrai en citer beaucoup d'autres tant ces pages sont denses et riches.
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
Le billet de Cuné qui m'a donné envie.
De Julia Kerninon, clic.
06:00 Publié dans l'amour des mots, l'étagère des indispensables, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : julia kerninon
01/01/2017
Remèdes à la mélancolie
Pour bien commencer l'année...
"J'aime l'idée du rendez-vous. Le rendez-vous avec un objet, un être, une saison, , un geste, un regard, un son. Ce sont les rendez-vous qui évitent la mélancolie." Alain Passard
Rituel dominical : de 10 h 15 à 11 h sur France Inter, mon rendez-vous perso avec Eva Bester.Je n'y suis pour personne, la porte est close, revenez plus tard, merci. J'aurai le sourire aux lèvres, et noté certainement une ou plusieurs références de baumes pour l’âme ou d'antidotes consolatoires.
Un invité partage en effet avec nous ses remèdes à la mélancolie. Les commensaux et les antidotes sont éclectiques: "Films, chansons, livres...la consolation par les arts", tel est le sous-titre de ce recueil qui synthétise plusieurs années d'investigation, de quoi trouver sans aucun doute son p'tit bonheur du jour ou de l'année.
Je craignais dans la version papier le côté "catalogue" mais Eva Bester a su habilement contourner cet obstacle, commençant par un petit tour de l'évolution de la notion de mélancolie avant que de nous livrer les remèdes en tous genres: à manger, à boire, citations béquilles sans oublier "les choses à éviter", glanés au fil du temps, ainsi que de des extraits d'entretiens. Quelques généreux bonus, remèdes perso ainsi qu'une bibliographie complètent l'ouvrage.
On y apprend ainsi qu'étudier est choisi comme remède par Agnès Desarthe, Philippe Starck ou Geneviève Brisac, que les films de Woody Allen l’emportent haut la main et que René Char et Oscar Wilde sont les auteurs des citations les plus usitées... à consommer sans modération !
Remèdes à la mélancolie, Eva Bester, coédition France Inter Autrement 2016
Je vous souhaite de ne pas trop user de ces remèdes en 201 7 mais au cas où...
Meilleurs vœux pour cette nouvelle année ! Plein de bises !
Pour écouter, réécouter l'émission: clic !
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : eva bester
12/10/2016
Remèdes littéraires...en poche
Adieu à l'aveuglement ! Avec vos nouvelles exigences en matière d'honnêteté, votre nouvelle gamme d'émotions , vous verrez votre relation ratée telle qu'elle est. Ayez mal pour Caro durant votre lecture , et pour vous-même à l’instant où vous aurez tourné la dernière page. Faites le compte des dégâts et partez en courant avant qu'il ne soit trop tard."
(Conclusion de l'article consacré à l'entrée Gâcher son temps dans une relation ratée, remède prescrit Le Passage de Venus Shirley Hazzard)
D'abord, il y a l'objet en lui même: un bon gros pavé de 639 pages, pas trop encombrant cependant et qui n'abîmera pas nos poignets. Ensuite, les auteurs: l'une artiste-peintre, l'autre romancière . Elles se sont rencontrées à Cambridge, excusez du peu, et sont aidées dans la version française par le journaliste littéraire Alexandre Fillon, mais aussi par des libraires, clairement identifiés qui eux aussi proposent leurs ordonnances littéraires.
Enfin, les prescriptions,parfaitement ordonnées, avec deux index,l'un par pathologies (physiques ou psychiques) l'autre par auteurs, avec indication des références précises pour dénicher les œuvres mentionnées, ce qui ne manquera évidemment pas de faire monter nos PAL, effet "indésirable" non mentionné mais évident ! à noter aussi des pages spéciales pour les "Maladies de la lecture", dans lesquelles chaque livre-addict se reconnaîtra !
Quid du contenu ? C'est intelligent sans être pédant, les résumés sont très fouillés, les prescriptions sont variées et incluent même des références de littérature jeunesse , ado , ou de science-fiction. Il y a du classique et du contemporain, des auteurs de nationalités diverses et l'on sent une grande empathie, non dénuée d'humour dans les textes présentant les remèdes (voir par exemple à l'entrée Grippe, avoir la* quand on est un homme...).
L'émotion est aussi présente et je retiendrai pour l’illustrer cette "confession" d'une jeune librairie révélant sa bipolarité, mais aussi tout le bien que lui a procuré Sans télé on ressent davantage le froid de Titiou Lecoq (p.522).
J'ai découvert plein d'auteurs, plein de romans et j'ai même été tentée par des romans de SF, c'est dire l'efficacité des présentations !
Last but not least, des listes pour diverses occasions sont aussi présentées, mais non détaillées, pour chaque entrée dans une nouvelle dizaine, par exemple (de 20 à 100 ans) et je trouve que ce serait une excellente idée de cadeau collectif .
06:00 Publié dans l'amour des mots, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : ella berthoud, susan elderkin
11/08/2016
Dictionnaire des mots manquants
"Il manque le mot pour dire qu'on manque de mots."
(Isabelle Minière)
D'autres dictionnaires, à vocation souvent humoristiques, cf Le Baleinié , s'était déjà penché sur le problème: l'insuffisance de notre langue pour désigner certaines situations. Ici ce sont des écrivains et écrivaines qui évoquent les problèmes qu'ils ont rencontré au cours de leur travail. Certaines nuances de sentiments (en particulier, l'amour), des problèmes de sensations ou d'identité sont ainsi analysés. D'aucuns ont choisi le prisme de la fiction, d'autres celui de la réflexion pied à pied et, au début de chaque entrée de ce dictionnaire, permettant de situer le mot manquant il y a une triangulation , façon géolocalisation.
Au gré de ses humeurs ou de ses affinités, chacun pourra ainsi butiner d’entrée en entrée et faire son miel de ce Dictionnaire des mots manquants , découvrant au passage de nouveaux auteurs et autrices.
J'ai particulièrement été touchée par le texte d’Isabelle Minière autour du manque de mots en cas de mauvaises nouvelles: "C'est sa place pas la nôtre. C'est lui, c'est elle, qui vit cet événement-là, cette perte, ce chagrin, cette tristesse, et parfois ce désespoir.
Il manque un mot qui dise qu'on manque de mots.
Un mot qui dise: "Je suis là, je suis avec toi, tu peux compter sur moi mais je ne sais pas bien le dire parce que je suis bouleversé(e). Ce serait un mot naïf, simple et profond.[...]
On aurait envie de s'essuyer les yeux en entendant ce mot-là."
Le texte de Brina Svit sonne lui aussi très juste, qui traite d'une certaine inversion des relations,quand c'est la mère qui a besoin de se faire "houspiller" par sa fille: "Il n'y que sa fille qui puisse la sermonner de la sorte, avec ce mélange de ton réprobateur et bienveillant à la fois: c'est le prolongement de leur histoire, un changement provisoire et bénéfique des rôles."
Quant à Pia Petersen, née au Danemark, vivant et écrivant en français, elle traque le mot permettant de définir sa situation spécifique d'écrivaine non francophone et célèbre simultanément la quête même car "Quand il n'y aura plus rien à chercher parce qu'on saura tout précisément , que se passera-t-il ? "
Dictionnaire des mots manquants, dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet, éditions Thierry Marchaisse, 211 pages inspirantes.
Je mangeais tranquillement ici quand il m'a tendu les bras !
AUTEURS: Élisabeth BARILLÉ , Pierre BERGOUNIOUX, Stéphane BOUQUET, Belinda CANNONE, Pierre CLEITMAN, Pascal COMMÈRE, François DEBLUË, Michel DEGUY, Jean-Michel DELACOMPTÉE, Gérard DESSONS, Jean-Philippe DOMECQ, Max DORRA, Christian DOUMET, Anne DUFOURMANTELLE, Renaud EGO, Denis GROZDANOVITCH, Jacques JOUET, Pierre JOURDE, Cécile LADJALI, Pierre LAFARGUE, Frank LANOT, Alain LEYGONIE, Diane de MARGERIE, Jean-Pierre MARTIN, Isabelle MINIÈRE, Dominique NOGUEZ, Gilles ORTLIEB, Véronique OVALDÉ, Alexis PELLETIER, Pia PETERSEN, Didier POURQUERY, Philippe RAYMOND-THIMONGA, Henri RAYNAL, Philippe RENONÇAY, Jean ROUAUD, James SACRÉ, Marlène SOREDA, Morgan SPORTES, Brina SVIT, François TAILLANDIER, Claire TENCIN, Gérard TITUS-CARMEL, Patrick TUDORET, Julie WOLKENSTEIN.
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : belinda cannone, christian doumet
31/12/2015
La grande vie...en poche
Quoi de plus beau pour terminer l'année que ce recueil de textes de Christian Bobin ?
Un opuscule d'une centaine de pages comme "une déclaration de vie, une échelle plantée sur le sol, appuyée sur le ciel", image par laquelle Bobin désigne Marceline Desbordes-Valmore mais qu'on pourrait tout aussi appliquer à l’auteur de La grande vie.
Des textes courts ,en apparence légers, poésie qui ne dit pas son nom, mais fait étinceler le quotidien comme jamais.L'intensité est là, la spiritualité aussi, mais jamais dérangeante, jamais contraignante. On glane au fil des textes les métaphores affûtées, les réflexions et on sort de ce texte ébloui.
Je vous souhaite donc pour l'année 2016 La grande vie !
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : christian bobin
23/10/2015
Manuel d'écriture et de survie...en poche
"Fais ce que tu veux et surtout ne prête pas attention à ce qu'on dira de toi et de ton travail."
Dans l'esprit de Lettres à un jeune poète (Rilke), Martin Page répond aux missives d'une écrivaine en devenir, Daria. Il la conseille dans son écriture mais aussi dans ses rapports aux autres, abordant avec lucidité la jalousie, la différence entre les véritables amis et le réseau que l'on peut se constituer: "Les arrivistes ont des copains et des connaissances, ils sont à l'aise en toute occasion, ils sont lubrifiés pour mener une vie sociale faite de sourires, d’écoute distraite et d'un amoncellement de paroles." . Il aborde tous les aspects de la vie littéraire , lui conseille de ne pas oublier les libraires, la convainc de la créativité des ateliers d'écriture, bref lui transmet une vision lucide et pragmatique de la vie d'écrivain et de la vie tout court.
En creux, Martin Page nous livre aussi un autoportrait sans fards, plein de sensibilité, sans gommer ses aspects tour à tour exaltés ou dépressifs.
Ce qui frappe dans ces 172 pages, que j'ai piquetées de marque-pages, en plus d'une vision riche et passionnante de l'écriture, c'est l'inscription de l'écrivain dans la vie économique et sociale. La difficulté à s'affirmer écrivain mais aussi à assurer tout simplement sa vie d'un point de vie financier. Pas de retraite, pas de garantie de ne pas finir à la rue, thème qui hante Martin Page.
Évidemment, plein de références à glaner au passage et plein de découvertes littéraires à faire ! Un viatique nécessaire à lire et relire.
06:00 Publié dans l'amour des mots, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : martin page