11/10/2017
Encore plus de bonheur
"Il sourit souvent. C'est louche, cette bonne humeur affichée.On est des ados, quand même. On est supposés tirer la tronche un minimum."
Angela a été maintenue en classe de Seconde (comprendre, elle a redoublé). Si elle a perdu en chemin sa meilleure amie, elle a gagné en expérience et peut se targuer de conseiller efficacement les membres de sa classe. De quoi recommencer du bon pied cette nouvelle année scolaire.
Que nenni car sur sa route elle va rencontrer la quintessence du boulet: Félix, faire la connaissance du nouvel amour de sa mère, devoir s'adapter à un père converti au véganisme, bref enchaîner les petits et gros malheurs,pour notre plus grand plaisir bien sûr.
Les 157 pages se tournent toutes seules, émaillées comme d'hab' de petits dessins et remarques d'Angela, façon carnet d'ado.
Que du bonheur ! clic !
06:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : rachel corenblit
23/11/2016
Sauveur & Fils Saison 2
"Ils rirent. Blaguer est une façon de mettre à sa juste place quelque chose qui vous angoisse."
Que sont devenus les patients de Sauveur Saint-Yves, psychologue antillais à Orléans ? On les retrouve dans cette saison 2 qui leur fait la part belle, même si les rebondissements de l'histoire d'amour du psy ne sont pas oubliés.
Marie-Aude Murail montre ici sa grande connaissance du monde des adolescents et son grand professionnalisme en matière d'écriture. On en s'ennuie pas une minute, même si la fraîcheur de la découverte et l’enthousiasme suscité par la saison 1 (clic) sont un peu estompés.
Sauveur & Fils, Saison 2 , Marie-Aude Murail, école des loisirs 20165, 314 pages qui se tournent toutes seules.
06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : marie-aude murail
02/11/2016
Les petites reines
"- Mais comment tu peux avaler ça, toi, d'être élue Boudin du lycée Marie-Darrieussecq ? C'est dur...C'est vraiment dur quand même.
-Oh, je dispose d'une capacité de détachement surhumaine. je sais que ma vie sera bien meilleure quand j'aurai vingt-cinq ans; donc , j'attends. J'ai beaucoup de patience.[...]
Bon, sauf quand je suis un peu crevée, ou que j'ai mes règles ou un rhume; dans ces moements-là, OK, il peut arriver que je perde de mon imperméabilité."
Loin de se lamenter sur leur sort, les trois "Boudins "du Lycée de Bourg-en Bresse, alias Mireille, Astrid et Hakima, vont se lancer dans un périple à vélo qui les mènera jusqu'à la garden -party du 14 juillet à l’Élysée , où elles ont bien l'intention de s'incruster, chacune avec un objectif différent.
Comme elles ont le sens de l'autodérision, elles ont décidé pour financer leur expédition de vendre du boudin...
Progressivement, cette expédition va prendre de l'ampleur sur les réseaux sociaux, dans les médias et dépasser un peu ces jeunes filles auparavant ostracisées.
Avec un humour décapant, une pointe de féminisme, Clémentine Beauvais traite d'un sujet grave sans pour autant tomber dans les pièges inhérents à ce thème : la récupération de la transformation des corps de ces trois" boudins" (faites du sport, vous maigrirez) ou l'optimisme à tout crin.
Il se dégage de ce roman une belle énergie et l'écriture dynamique et imagée de Clémentine Beauvais contribue au plaisir de la lecture. Pas étonnant que ce roman soit couvert de prix ! Un grand coup de cœur, déniché à la médiathèque.
Les petites reines, Clémentine Beauvais, Éditions Sarbacane 2015, 270 pages toniques.
06:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : clémentine beauvais
25/09/2016
à la place du coeur (saison 1)
"En tout cas, moi je vois clair dans son regard et son regard, il dit: Je suis désolée, voilà le monde qui vous attend."
Caumes, dix-sept ans, en ce mardi 6 janvier 2015 ne sait pas encore que cette semaine va bouleverser sa vie et celle de tous les Français. Il va au Lycée, prépare une option théâtre, a des copains Théo et Hakim et la belle Esther ne le laisse pas indifférent.La routine , quoi.
Les événements tragiques de janvier 2015 vont s'insérer dans son quotidien, en direct via les réseaux sociaux , internet et les chaînes d'information en continu. Ils vont avoir des répercussions inattendues,parfois dramatiques et Arnaud Cathrine parvient parfaitement à saisir la manière exacerbée dont cet adolescent intelligent et sensible réagit à ce qui l'entoure.
La langue sonne juste, l’utilisation ponctuelle des SMS accroît l'effet de réalité et les personnages, aussi bien les adultes que les ados ,sont croqués de manière vivante.On se dit parfois qu'on va frôler le voyeurisme, mais l'auteur fait preuve de suffisamment de pudeur pour que les lecteurs adultes comme les ados ne se sentent pas gênés. Rapport au corps, aux sentiments, à l'actualité, tout cela se mélange en un maelstrom qui emporte le lecteur et le fait déjà attendre avec impatience la saison 2 annoncée .
Pour patienter , je vais essayer de dénicher la pièce de théâtre évoquée :L'éveil du printemps.
à la place du cœur, Arnaud Cathrine, Robert Laffont 2016,243 pages addictives.
11:55 Publié dans Jeunesse, Rentrée 2016 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : arnaud cathrine, attentats janvier 2015
12/07/2016
Sauveur & Fils
"-C'est la famille, bonhomme. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer."
Psychologue clinicien, Sauveur Saint-Yves, au prénom prédestiné, officie chez lui et reçoit des patients aux problèmes variés (phobie scolaire, scarifications, enfants qui ne supportent pas que leur mère se mettent en ménage avec une femme, énurésie...).
Mais, s'il doute parfois d'être vraiment utile à ses patients auprès desquels pourtant il s'investit beaucoup, il "oublie" de parler de son histoire familiale à son fils de huit ans, Lazare qui ignore presque tout de sa maman, décédée dans un accident de voiture.Mais le passé va les rattraper et Sauveur ne pourra plus faire l'impasse sur ses origines et celles de son fils.
Qui ne s'est pas demandé ce qui se passait dans la tête d'un psy lors de ses séances de travail ?Marie-Aude Murail nous permet de le découvrir avec humour et empathie avec cette première saison de Sauveur & Fils.
C'est tout un petit monde qui se donne à voir et qui nous devient très vite familier car l'autrice a le chic pour peindre le quotidien de ses personnages, se moquer-gentiment- d'eux (ah le personnage de Gabin, plus vrai que nature ! ("Gabin ne décida pas de le prendre en filature, puis qu’aucun centre décisionnel n'avait encore été officiellement repéré dans son cerveau, mais il lui emboîta le pas." ))tout en leur laissant la possibilité de montrer ultérieurement leurs qualités.
Ce n'est pas un univers édulcoré qui nous est proposé ici, les prédateurs sont présents, le racisme et la souffrance aussi mais, si les adultes sont parfois défaillants et les enfants cruels, il y a toujours une possibilité de régler les problèmes.
On prend beaucoup de plaisir à dévorer ce roman qui peut se lire à plusieurs niveaux, où l'on glane aussi bien des citations de la Bible que de Pierre Desproges et quelques conseils fort utiles sur l'élevage des hamsters, ce qui peut toujours s'avérer utile !
Comme Cuné qui m'avait donné envie, j'attends déjà la deuxième saison avec impatience !
Sauveur & Fils, Marie-Aude Murail, École des Loisirs 2016, 329 pages passionnantes de bout en bout !
Attention citation "rabat-joie" (spoiler en mauvais français) ,mais que j'adore ,éloge funèbre d'un animal familier trop tôt décédé:
"-On te regrettera Bounty. Bien sûr, tu étais fou. Mais tu avais aussi des qualités, même si on n'a pas eu le temps de savoir lesquelles."
06:00 Publié dans Jeunesse, Les livres qui font du bien, romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : marie-aude murail
05/05/2016
Que du bonheur !
"Faut pas me la faire à moi ! Je suis l'experte de la solitude, la professionnelle de la détresse amoureuse !"
Mais qu'a bien pu faire Angela dans un vie antérieure pour mériter une année aussi pourrie ? Jugez un peu : elle se casse le nez le jour de sa rentrée en seconde, hérite de l’étiquette "boulet"(combinaison "muette" et "moche"), son chat meurt, sa meilleure amie la trahit, sans oublier des vacances hautes en couleurs , d’abord en Ariège puis au camping Neptune...Une accumulation qui en mènerait plus d'une au trente-sixième dessous.
Mais, heureusement, Angela, même si elle ne s'en rend pas vraiment compte a hérité (un peu) de l'énergie de celle qu'admirait ses parents: Angela Davis, et aussi d'un solide sens de l'humour qui lui permet d'analyser, façon prof de philo, la chanson "deux minutes trente cinq de bonheur" pour mieux rebondir.
Dans ces 122 pages émaillées de photos , petits dessins et collages façon "carnet d'ados", nous la regardons , le sourire aux lèvres ,avancer vers une conclusion fine, en forme de clin d’œil ! Un petit bonheur à offrir (et à lire avant !).
Que du bonheur ! Rachel Corenblit, Éditions du Rouergue.
06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : rachel corenblit
11/04/2016
Ma fugue chez moi
"La distance et le silence permettent d'oublier plus facilement, de ne pas se soucier de ceux qu'on laisse derrière nous."
Trahie par celle qu'elle croyait être sa meilleure amie, se sentant incomprise par son père qui croit qu'elle est assez forte pour affronter cette situation, Anouk , 14 ans, décide de fuguer.
Mais, ayant le sens des réalités, l'action se déroule quelques jours avant Noël, elle se réfugie dans le grenier au dessus de sa chambre, tandis que sa famille s'inquiète et la recherche partout.
Une situation inédite, la fugue chez soi, en apparence plus confortable, va se révéler en fait plus perturbante pour Anouk et simultanément plus enrichissante.
En effet, elle investit, sur le modèle de Robinson Crusoé (un des romans qu'elle a emportés )- mais de manière plus écolo !- un lieu en devenir, voué à la transformation en chambre d'amis mais rassemblant aussi les témoignages du passé. Un lieu hybride qui "sent la peinture fraîche et le moisi, le neuf et le vieux. Drôle d'impression." Un lieu d'une certaine façon à l’image de l'adolescence. Un endroit qui occupe aussi une position stratégique car les tuyaux du chauffage, "comme un immense système sanguin " ,conduisent le son et permettent à l'adolescente d'entendre les paroles de son père, de sa sœur cadette. Elle est ainsi témoin de leur souffrance et entend,lors d'une réunion collégiale, le portrait à 360° que trace "ceux qui se soucient" d'elle. Pas toujours confortable mais c'est aussi l'occasion de réaliser qu'ils la connaissent mieux qu'elle ne le pensait.
Anouk constatera donc à la fin du texte : "J'ai l'impression d'avoir fugué à l'intérieur de moi.", un voyage intérieur ,enrichissant tant au point de vue personnel que familial.
En 116 pages sensibles et poétiques, Coline Pierré brosse le portrait d'une adolescente attachante dont le mal être traduit celui d'une famille au fonctionnement pour le moins particulier. Sans manichéisme, mais avec beaucoup de tendresse, elle laisse entendre la voix de chacun pour que l’harmonie soit rétablie à la toute fin du roman. Un gros coup de cœur !
La découverte d'une auteure que j'ai bien l'intention de suivre !
Ma fugue chez moi, Coline Pierré, Éditions du Rouergue 2016.
Le billet du petit carré jaune qui m'a donné une furieuse envie de lire ce roman !
06:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : coline pierré
13/01/2016
Le festin de Citronnette
"Ils ne se parlent pas, mais chacun donne ses petits bruits."
"Citronnette ne s'aventure pas souvent au fond de son jardin sauvage. Mais ce matin, elle y a vu des ombres."
Récit d'un apprivoisement réciproque, d'une découverte progressive de l'autre, aussi étrange et indéterminé soit-il, le festin de Citronnette est aussi le récit d'une libération du corps. En effet, l’héroïne, toute engoncée dans ses vêtements et portant un chignon à la fois sévère et vieillot, se libère progressivement au fil des dessins acidulés de Delphine Renon.
Sans un dialogue, ce message d'ouverture et de tolérance passe merveilleusement bien et l'on déguste ce festin de Citronnette plein de fraîcheur et d'optimisme !
Un grand merci à Angélique Villeneuve pour ce magnifique cadeau et la si gentille dédicace !
Éditions Sarbacane 2016.
06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : angélique villeneuve, delphine renon
30/11/2015
Eux, c'est nous
"Et ce sont eux, tous ces réfugiés du vingtième siècle , jugés chaque fois trop nombreux, , qui font, avec nous, la France d'aujourd'hui."
Daniel Pennac(chioni), dans un très court texte intitulé "l’instinct, le cœur et la raison" illustré par Serge Bloch, analyse d'abord l'effet que les médias produisent en nous présentant des images de foules de réfugiés, images renforcées par des mots insistant sur le déferlement et partant, la menace. L'individu souffrant est donc nié, noyé dans la masse.
Daniel Pennac qui s'étonne (et nous étonne par la même occasion, on ne voit pas le temps passer) en constatant qu'il est devenu septuagénaire, en profite pour égrener tous les réfugiés qui, depuis le début du vingtième siècle sont venus enrichir la population française.
Population qui, comme le rappellent Jessie Magana et Carole Saturno en huit notions, à partir des huit lettres du mot "réfugié" , a tout à gagner à cet apport représentant depuis 2004, 200 000 personnes , soit 0,3 % de la population française.
Didactique, clair et pas que pour les enfants, Eux, c'est nous, est édité par une pléthore d'éditeurs jeunesse et tous les revenus issus de la vente de cet ouvrage seront entièrement reversés à la Cimade, association de solidarité active avec les migrants, les réfugiés et les demandeurs d'asile.
3 euros bien employés donc.
20:24 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : daniel pennca, sege bloch, jessie maagana, carole saturno
16/11/2015
Blood family
"Même si vos soucis sont différents, les livres vous montrent au moins que vous n'êtes pas seuls à vous en faire. Vous n'avez plus besoin d'avoir peur que ce soit anormal."
Jusqu'à l’âge de sept ans, Edward a vécu avec sa mère sous l'emprise d'un tyran domestique, malfaisant et violent. Blood family relate sous forme de récit choral, l'évolution jusqu'à l'adolescence de cet enfant, qui a su trouver des repères grâce à des cassettes vidéo éducatives et, plus tard , grâce aux livres("J'avais l'impression que chacun d'eux me donnait des clés pour devenir normal ").
Adopté, Edward connaîtra pourtant bien des vicissitudes tant pour comprendre l’attitude passive de sa mère que pour se défaire d'encombrants liens du sang qui semblent l'entraîner inexorablement du mauvais côté.
Anne Fine, avec beaucoup d'empathie et de pédagogie, nous fait entrer dans l'intimité de cet enfant blessé psychiquement et trouve un parfait équilibre entre la volonté de ne rien éluder: les sentiments parfois ambivalents des parents adoptifs, les pensées perturbées de son héros,ses échecs ,ses addictions, sans pour autant tomber dans le misérabilisme ou la guimauve.
Une expérience passionnante et un roman de 341 pages qui se dévore d'une traite.
Blood Family, Anne Fine, traduit de l'anglais par Dominique Kugler, école des loisirs 2015, medium (à partir de 12 ans)
06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : anne fine