28/10/2020
Son héroïne
"Tout était parfaitement huilé, mais ça n'a pas suffi."
Feignant d'être son amie, Rosalie sauve une inconnue, Jessica, d'un homme trop "lourd" dans le tramway.
Las, Rosalie va très vite se convaincre qu'elle doit changer la vie de Jessica . La situation dérape rapidement et une série de révélations distillées au compte-gouttes font comprendre au lecteur que la situation risque de devenir très dangereuse.
Séverine Vidal tire parti avec maestria du format court imposé par cette collection et instaure un climat d'angoisse et de suspense très efficaces. Une réussite !
Collection Court Toujours Éditions Nathan, texte qui donne accès à la version numérique et à la version audio.
L'avis de Noukette: clic
Celui de Jérôme: reclic
06:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : séverine vidal
27/10/2020
Silent Boy
"Comme pour Nathan. Je me suis arrangé avec la vérité."
Anton fait profil bas dans ce lycée difficile où il est interne. Histoire de ne pas attirer l'attention des leaders de la classe qui chahutent certains profs et harcèlent les lycéens qui ne rentrent pas dans le moule.
Sa seule respiration est un forum en ligne où il intervient sous le pseudo de Silent Boy et où il trouve un espace de bienveillance.
Pourtant la rencontre avec Nathan, avec qui il va devoir partager sa chambre, va changer la donne et le forcer à intervenir dans la vraie vie.
Ces 63 pages sont un concentré édifiant de la violence sourde qui sévit dans certains établissements , au sein de certains groupes. Violence verbale ou physique dont les enseignants ne voient trop souvent que la partie émergée de l'iceberg. Une écriture sans complaisance qui fait mouche.
Collection Court Toujours Éditions Nathan, texte qui donne accès à la version numérique et à la version audio.
06:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaël aymon
26/05/2020
On n'a rien vu venir...en poche
"De toute façon, même si les Vigilants viennent m'arrêter, j'ai rien à perdre. J'ai déjà l'impression d’être en grève de la vie."
Il y a ceux qui se sont laissés berner par les promesses de changements du Parti de la Liberté , ceux qui adhèrent avec enthousiasme à leurs idées nauséabondes , ceux qui savent déjà qu'il vaut mieux s'enfuir et la majorité qui ne se rend compte de rien ou presque.
On n'a rien vu venir relate par sept voix d'enfants (et sept auteurs jeunesse) la mise en place progressive d'un État totalitaire, liberticide, qui s'en prend progressivement à tous les "clous qui dépassent": étrangers, homosexuels, handicapés, marginaux, artistes... Tout est réglementé : de l'heure du lever à la couleur des vêtements et les règlements absurdes se multiplient créant une ambiance anxiogène. Autant d'échos à des situations passées ou présentes.
Si la visée est didactique, la structure est très efficace car les personnages évoluent d'un chapitre à l'autre et les écritures sont aussi très plaisantes.Les enfants ici ne sont pas placés en situation d’impuissance car ils observent , critiquent , agissent eux aussi à leur échelle et entrent en résistance, ne serait-ce que par le rire . Un texte nécessaire. à partir de 10 ans. 110 pages efficaces.
Anne-Gaëlle Balpe, Sandrine Beau,
Clémentine Beauvais, Annelise Heurtier,
Agnès Laroche, Fanny Robin et Séverine Vidal
Éditions Alice Poche 2019. préface de Stéphane Hessel.
06:00 Publié dans Jeunesse, le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : anne-gaëlle balpe, clémentine beauvias, sandrine beau, agnès laroche, séverine vidal, fanny robin, annelise heurtier
25/01/2020
La fourmi rouge...en poche
"Tout a déjà changé sans que je le sache même. Or, je ne sais pas si ça se sent, mais je suis à peu près aussi douée pour le changement que l'étaient les dinosaures..."
Vania Strudel, quinze ans, a l'impression de ne pas avoir tiré le gros lot à la loterie de la vie. Jugez un peu : en plus d'un prénom et d 'un nom sujets à moquerie, elle est affligée d'un ptosis congénital à l’œil gauche, "En gros , [sa] paupière s’affaisse sur mon iris, ce qui fait qu'[elle a ] l’œil perpétuellement mi-clos, comme l'inspecteur Columbo.", un père taxidermiste et une ennemie jurée.
Elle trimballe aussi, nous l’apprendrons petit à petit une cargaison de secrets. Mais ce qui va déclencher toute une série de bouleversements dans sa façon d'envisager l'existence, c'est un mail anonyme à la fois "dévastateur et constructif", l'incitant, non pas à rester une"fourmi noire"banale et sans ambition, mais à assumer sa singularité en devenant une fourmi rouge.
Et il a bien raison l'auteur de ce mail car Vania en a du caractère et de l'humour, souvent vachard d'ailleurs.Il lui reste juste à accepter de grandir à la fois dans son corps et dans son esprit.
Émilie Chazerand brosse ici le portrait d'un microcosme plein de vie et de fantaisie où les ennuis semblent s'accumuler sur le dos de son héroïne , mais, elle a les épaules Vania et on la suit sans hésiter, défrichant à sa suite la jungle des mensonges où beaucoup de gens qui l'aiment l'ont laissée s'enferrer.
J'ai beaucoup aimé aussi la manière très directe, parfois scatologique (et pourquoi pas ?)dont Vania parle de son corps en pleine mutation. Revigorant et très drôle !
06:00 Publié dans Jeunesse, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emilie chazerand
21/01/2020
Je suis ton soleil...en poche
"Il faut que je l'accepte.
Dans ma vie, rien ne sera jamais parfait."
L'année de terminale commence bien mal pour Déborah qui constate que l'appartement où elle vit avec ses parents "incarne la glauquitude suprême" avec une mère qui "erre comme un spectre coincé dans les limbes " et un père qui s'épuise au bureau. Impression qui va s'amplifier au fil du récit, venant confirmer ce que la jeune femme appelle "la loi de la scoumoune".
Mais, bon, elle possède un grand sens de l'humour, de l'autodérision, une meilleure maie, Héloïse et bientôt deux garçons vont entrer dans sa vie.
Des soucis familiaux, des amies qui s'éloignent, des amours non réciproques, Déborah a bien du mal à se concentrer sur ses cours et on peut le comprendre. mais elle possède une belle énergie, des alliés inattendus et un gros chien mangeur de chaussures qui vont l'aider à se tirer d'affaires.. Sans oublier une amie libraire qui lui conseille de lire "les Misérables" car Déborah est une lectrice compulsive, à l'image de l'autrice qui glisse citations et allusions littéraires dans les titres de ses chapitres , mais pas seulement.
Alors oui, on remarque quelques figures imposées, mais on dévore ce roman à belle allure tant l'écriture est pleine de verve et d'humour. 411 terriblement addictives.
06:00 Publié dans Jeunesse, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marie pavlenko
01/12/2019
Le goût du baiser
"Physiquement, j'ai besoin de taper contre quelque chose ou contre quelqu'un . J'ai besoin de sentir mon corps. Mon corps devenu en partie insensible, anesthésié.Mon corps confisqué, et moqué par Antoine."
A la suite d'une chute de vélo, par ailleurs sans gravité, Aurore a perdu le goût et l'odorat. Pour cette élève de première commence alors une période particulièrement angoissante : comment savoir si on ne sent pas mauvais, comment savoir si on ne se met pas en danger (en ne sentant pas l'odeur du brûlé, par exemple) et surtout comment ne pas perdre goût à la vie et à tous les plaisirs gustatifs et sensoriels en étant privée de deux sens ?
La seule à être au courant au lycée est sa meilleure amie , Bintou, qui avec son franc-parler et son humour parfois cru , guide en quelque sorte Aurore dans ses relations aux autres, l'aidant à envoyer aux orties les préjugés sexistes qu'Aurore a parfaitement intégrés.
Mais c'est Aurore elle-même qui parviendra à reconquérir son corps en se lançant dans une pratique sportive qui lui permettra d'évacuer et de maîtriser la rage qu'elle sent en elle. C'est aussi la rencontre d'une jeune homme , Valentin, un peu plus âgé et surtout plus mûr que les petits cons ( égoïstes et nuisibles ) du lycée qui lui permettra peut être de lui redonner Le goût du (de ?) Baiser.
Parfaitement ancré dans l'univers contemporain, ce premier roman de la collection l'Ardeur (dûment muni d'un avertissement : certaines scènes explicites peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes) n'a pourtant pas une visée masturbatoire mais bien plus didactique. En effet, via Bintou et Valentin, Aurore va peu à peu prendre conscience que ce qui est véhiculé par les films pornos ou la société ne respecte pas les désirs des femmes.
Camille Emmanuelle montre les rapports parfois ratés, l'irrespect de l'autre de l'autre (amplifié par les réseaux sociaux) mais aussi la tendresse et les relations équilibrées, sans pour autant sacrifier l’aspect narratif de son texte. Un petit bémol: la fin un peu trop cliché mais bon, on ne se plaindra pas car un texte qui propose autant de pistes aux jeunes filles d'aujourd'hui pour contrer la société machiste ne peut que nous réjouir.
Camille Emmanuelle, Thierry Magnier 2019, 221 pages enthousiasmantes.
07:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : camille emmanuelle, l'ardeur, éditions thierry magnier
21/10/2019
River
"Pourquoi cette River a-t-elle une bonne moyenne générale et range-t-elle son vélo au milieu du salon quand elle est invitée chez les gens ?Pourquoi la vie est-elle si compliquée par une enfant compliquée ?"
"...strange, zarbi, bizarre, glauque même...", voici quelques-uns des adjectifs qu’on accole spontanément à River, bientôt quinze ans, six thérapeutes, une mère dévouée qui s'efforce de toujours traduire positivement les comportements de sa fille les plus dérangeants, un père plutôt perplexe et une sœur parfaite en tous points. Sans oublier deux grands-mères qui prennent ponctuellement le relais.
Un solide maillage familial donc , mais qui ne pourra empêcher le harcèlement de cette jeune fille par une bande de garçons manipulateurs et brutaux qui profitent du fait que River ne maîtrise pas les codes sociaux.
Avec une extrême finesse, Claire Castillon se glisse dans la peau de River, n'apposant aucune étiquette psychologique à l'adolescente, libre à chacun de glisser ce qu'il veut derrière cette notion de "différence" et de ne pas réduire le personnage à un "cas" médical.
Le récit qui ménage un formidable retournement de situation est aussi intelligemment mené, révélant par petites touches ce qui sera le calvaire de River avant que l'adolescente ne trouve en elle-même les moyens de se sortir de cette situation . Soulignons au passage que dont les membres de l'institution scolaire ne sortent pas vraiment grandis de ce roman, mais il est vrai que la loi du silence ne les aide en rien. Un roman qui broie le cœur.
Gallimard Scripto, 2019, 185 pages qui ouvrent les yeux des plus sceptiques.
Et zou sur l'étagère des indispensables.
06:00 Publié dans Jeunesse, l'étagère des indispensables, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : claire castillon, différence, harcèlement scolaire
21/03/2019
Ma vie sens desssus dessous
"Sans aucune hésitation, j'avais menti à ma meilleure amie pour garder ce joli carnet , et tout ce que j'imaginais y écrire c’étaient des vacheries pour faire enrager ma mère."
Dire qu'Erica est très remontée contre sa mère est un euphémisme ! L'adolescente se voit déjà remplir le magnifique carnet argentée que sa maman vient de lui offrir de toutes les méchancetés qui lui viendront à l'esprit, un exutoire à double détente car l'adolescente a dans un coin de sa tête l'idée tordue que sa mère a bien l’intention de lire en cachette ce fameux carnet !
Pourquoi autant d’agressivité ? Parce que la vie d'Erica va être mise sans-dessous à cause du divorce des ses parents, un couple arrivé en bout de course . Difficile de l'accepter, tout comme il est difficile d’accepter les nouveaux partenaires des futurs divorcés.
Rien que de classique me direz-vous. Certes, mais Anna Fine avec sa finesse habituelle peint ici surtout le portrait d'une adolescente qui, si elle rue dans les brancards, va aussi gagner en maturité et réservera au fameux carnet argenté un tout autre sort. Un petit plaisir s'offrir à tout âge écrit par une autrice qui dépeint la vie quotidienne et ses tracas comme personne.
École des Loisirs Médium 2019, traduit de l'anglais par Dominique Kluger
06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anne fine
14/02/2019
Pull
"Il avait abandonné son maître." Par cette simple phrase, Claire Lebourg retourne la situation et , simultanément, broie le cœur de tous ceux qui aiment les chiens (mais pas que). D'autant que, sur la page d'en face, elle représente le héros qui donne son nom au livre, Pull , un petit chien, souriant, les oreilles volant au vent à travers la vitre ouverte d'une voiture.
Pull, heureusement, va rencontrer la solidarité canine (et féline) en rejoignant une communauté qui vit dans un vieux train abandonné, sur une voie secondaire cachée, dans une ambiance bucolique . Là, Pull fera découvrir à ses nouveaux amis les vertus gustatives de la fameuse tarte aux poireaux-jus de poubelle.
Les humains, à l'exception des enfants, semblent indifférents au sort de ces animaux pour qui la ville devient un terrain d’expérimentation et de jeux et si le livre se termine sur une note un peu mélancolique , il prône néanmoins les vertus de la famille qu'on s'est choisie.
Un livre aux tonalités très douces, aux dessins pleins de tendresse et d 'humour, qui file directement sur l'étagère des indispensables !
Éditions MeMo 2019
06:00 Publié dans Jeunesse, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : claire lebourg, chiens et compagnie
04/12/2018
Mes émotions en expressions
"On peut dire qu'on s'ennuie comme un rat mort ou comme un crouton derrière une malle !"
La peur, l'émotion et la joie sont les émotions ayant donné naissance aux expression imagées les plus nombreuses de ce recueil, mais la tristesse, l'ennui, la fierté , la surprise et la honte ne sont pas en reste ! Une chose est sûre: dévorer cet ouvrage de lexicographes éminents comme Alain Rey et Danièle Morvan , le tout illustré par les malicieux dessins de Roland Garrigue, nous fait voir la vie en rose ! Ce n'est jamais la barbe et les lecteurs, petits ou grands ne monteront pas sur leurs grands chevaux, bien au contraire !
Ils prendront même plaisir à frisonner un peu au vu de la faucheuse et souriront à voir la tête d'enterrement d'une demoiselle d'honneur tout de rose vêtue (ma chouchoute).
A offrir sans modération !
Merci à Masse Critique et aux éditions Le Robert.
06:00 Publié dans Jeunesse, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : alain rey, roland garrigue, danièle morvan