02/11/2011
Aimer la pluie, aimer la vie
Certains mots agissent sur moi comme des aimants. "Pluie" en est un. C'est grave docteur ? Nan, mais j'aurais mieux faire de lire la deuxième partie du titre à savoir "aimer la vie" . J'aurais ainsi pu subodorer la soupe insipide et psychologisante où surnagent quelques très beaux haïkus (cités avec le nom d'auteur mais sans autres sources) ainsi que quelques extraits de textes occidentaux (eux dûment référencés) sur le thème de la pluie.
Dominique Loreau n'est pas à son top quand elle se pique de "philosophie" et patauge surtout dans les banalités mais , on piquera dans le dernier chapitre quelques idées originales pour mieux profiter de la pluie en sortant :"Trouvez un kiosque dans un parc", "Cherchez un endroit où il y a des crapauds". Plus classique "Passez un week-end en Angleterre ou en Irlande", plus onéreux "Offrez-vous un voyage à Huang Shan" (en Chine). Vous avez déjà commencé à économiser pour le voyage !
Ou alors dans un tout autre genre filez vous marrer en Islande avec cet improbable DVD, "Mariage à l'islandaise" où la recherche d'une église blanche à toit rouge devient une épopée qui fait monter la tension ...Les secrets de famille explosent au grand jour, pour notre plus grand bonheur. mention spéciale à la grand-mère...
Déniché à la médiathèque, une bonne pioche !
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15/09/2011
Petit éloge des amoureux du silence
"On traite de mal embouchés ceux qui détestent le bruit."
Hourvari, tapage, aboiements , marteaux-piqueurs en rafale, sifflotement incessant d'un voisin, voici quelques-uns des bruits contre lesquels s'insurgent Jean-Michel Delacomptée. Tous ces bruits qui pourrissent la vie de ceux qui les subissent à longueur de temps , "une cruauté qui jouit d'une impunité scandaleuse" selon lui. Car si les lois existent bel et bien, les autorités publiques mettent bien peu d'énergie et de moyens à les faire appliquer...
L'auteur remet cependant en perspective ce bruit qu'il fustige , le bruit d'autrefois n'est pas celui d'aujourd'hui et il varie aussi suivant les cultures.
Il n'en reste pas moins que, malgré la langue châtiée, ces nombreuses anecdotes manquent un peu de liant et que le titre est un peu trompeur : plus qu'un éloge des amoureux du silence, il s'agit plutôt d'une diatribe contre les méfaits du bruit.
06:00 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jean-michel delacomptée
14/09/2011
Premier bilan avant l'apocalypse.
Beigbeider l'annonce d'emblée dans son, je cite, "making of", après avoir commenté la liste des 50 livres préférés des français, il a eu envie d'établir "un autre "hit parade" du dernier siècle" plus subjectif, injuste, bancal, intime" et ce avant que la dématérialisation du livre (l'apocalypse du titre) ne soit advenue , dans l'indifférence quasi générale.
Ses critères de sélection sont pour le moinsprovocateurs et un tantinet acides : 1/ Tronche de l'auteur (attitude ou manière de s'habiller). 8/ snobisme, arrogance mais aussi présence d'aphorismes qui tuent,un point si j'ai eu envie de jeter le bouquin par la fenêtre. D'autres critères sont néanmoins plus classiques.
Quels sont donc les goûts de Beigbeider en matière de littérature ? On peut déjà établir qu'il préfère les écrivains aux écrivaines (très peu de femmes présentes et encore moins de contemporaines), les oiseaux de nuit urbains connus des happy few (l'occasion pour nous de (re)découvrir Guillaume Dustan ou Alain Pacadis), et porte aux nues Brest Easton Ellis, le grand vainqueur de ce hit parade littéraire .
Comme précédemment Beigbeider se livre en creux mais il fait aussi son show et ce côté cabotin peut fatiguer à la longue.
On lui reconnaîtra néanmoins des goûts éclectiques et la capacité de "vendre" ses chouchous. Une occasion supplémentaire de faire grandir nos listes à lire ou de s'énerver en constatant la présence de certains "écrivains" qui ne furent que feux de paille médiatiques...
Grasset 2011.423 pages (à attendre en poche? )
06:00 Publié dans Je l'ai lu !, rentrée 2011 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : frédéric beigbeider
09/09/2011
De la pluie...enfin en poche
Martin Page nous parle De la pluie et non pas du beau temps car, comme Victor hugo qui aimait l'araignée et l'ortie, ces délaissées, la pluie a souvent mauvaise presse (Il suffit d'écouter les bulletins météorologiques...).
Avec lui, la pluie fait des claquettes, elle est dotée de vertus poétiques et sensuelles qui nous la rendent éminemment sympathique.
Dans cet opuscule élégant pleuvent les phrases qui nous accrochent l'oeil et le coeur, l'on se prend à guetter la bonne drache qui viendra lessiver ce ciel monotone et bleu. Ainsi rejoindrons nous l'auteur dans le cercle fermé des adorateurs du déluge, de l'ondée, de l'averse.
Un livre pétillant...comme la pluie !
06:00 Publié dans Je l'ai lu !, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : martin page
11/08/2011
Dernier inventaire avant liquidation
Mi- bateleur, mi- dépoussiérant, Frédéric Beigbeder présente, à tour de rôle et dans l'ordre décroissant, les 50 oeuvres écrites choisies par les lecteurs du Monde en 1999.
Souvent drôle et rafraîchissant, le présentateur se débarrasse de tout formalisme et de toute révérence. Certains en prennent gentiment pour leur grade et Beigbeder ne se prive pas de souligner par exemple que si certains classiques figurent dans le classement, c'est plus par leur adaptation cinématographique que par leur lecture véritable...
Offert pour l'achat de deux folio cet été. Un livre qui donne envie de (re) lire plein de romans.
En couverture un dessin d'Antonin Louchard tirée de Tout un monde.
06:00 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : frédéric beigbeider
01/07/2011
Histoire de commencer juillet...
"Chaque matin, il t'appartient de décider :
soit rien n'est grave, soit tout est grave."
Alain Chabat
Phrase commentée par Joann Sfar qui dit entre autres : "Je crois profondément qu lorsque je suis triste, c'est par paresse intellectuelle. Je lutte en décidant de rester joyeux et de ne pas embêter les autres."in Psychologies , juin 2011
06:19 Publié dans Bric à Brac, Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (4)
17/06/2011
Aphorismes dans les herbes et autres propos de la nuit
En introduction à ses Aphorismes dans les herbes, Sylvain Tesson affirme: l"Si la toxine du calembour l'a contaminé, il faudra le jeter. Ou alors le destiner aux amis indulgents." Prudente manière de se défausser car effectivement nombreux sont les calembours dans cet opus, et pas toujours réussis, hélas.
On aurait aussi éviter certains aphorismes fleurant bon son Gaulois en goguette : "On coucherait bien avec les Afghanes, en plus elles fournissent les draps.", d'un goût plus que douteux.
Il n'en reste pas moins qu'heureusement l'auteur flirte souvent avec l'esprit de Woody Allen : "Le problème avec l'avion , c'est qu'on ne peut pas sortir si l'on n'aime pas le film.", "Je ne connais personne qui ne se fasse autant prier que Dieu", ce qui rattrape quelque peu les lourdeurs précédentes.
La tonalité est moins buccolique, plus sombre- l'idée du suicide revient à plusieurs reprises- mais il semble que l'exigence ait été moins grande dans cet opus, l'auteur cédant souvent à la facilité du "bon mot" un peu creux, voire vain. C'est dommage car nous avions été habitués à plus de poésie et de finesse, comme le prouve celui-ci :
"Qui s'inquiète de rentrer les arbres quand la neige arrive ? "
Aphorismes dans les herbes et autres propos de la nuit, Sylvain Tesson , éditions des Equateurs 2011, illustrations de Bertrand de Miollis, 103 pages où l'on déniche quelques perles.
06:00 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sylvain tesson, schtroumpf grognon le retour
10/11/2009
Le pouvoir fascinant des histoires
Titre et couverture alléchants, vite , je fonce !
"Par quel principe de réalité change-t-on une histoire en livre et que visent les éditeurs? " A ces questions Marie Saint Dizier a toute légitimité pour répondre puisqu'elle est depuis l'enfance une lectrice boulimique, qu'elle en a fait son métier et travaille à plus d'un titre dans le monde de l'édition des livres pour la jeunesse ( traductrice, entre autres de R. Dahl, lectrice dans une maison d'édition, auteure, animatrice d'ateliers d'écriture pour adultes...). Elle va aussi à la rencontre de son public de jeunes lecteurs et n'est donc pas coupée de la réalité de ses lecteurs.
Tout cela présageait un livre aussi passionnant que son titre mais , au fil de ma lecture, mon esprit se couvrait d'un voile de plus en plus opaque...Non pas que le livre jargonne, non, il est intéressant, riche en références tant françaises qu'étrangères mais, à force de décortiquer, parfois superficiellement, et de fustiger au passage certains auteurs(dont Marie-Aude Murail à qui elle reproche trop de manichéisme dans sa volonté d'influencer le lecteur, volonté clairement revendiquée par l'auteur de Oh, boy.), je ressentais un malaise de plus en plus profond, mon envie de poursuivre diminuant au fur et à mesure.
A noter au passage que les souvenirs de lecture de l'auteure, prennent une grande place, mais qu'ils n'ont pas su me toucher, peut être à cause de ce manque de générosité et d'empathie que j'ai ressenti tout au long de ma lecture. Je dois avouer que pour le moins , ici, les mots ont perdu toute leur fascination.
On glânera néanmoins au passage quantité de références .
Le pouvoir fascinant des histoires, Marie saint Dizier, éditions Autrement,collection Mutations, 21 euros.
06:00 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : marie saint dizier, ce que disent les livres pour enfants
27/06/2009
Ecrivaines, visionnaires,plasticiennes,interprètes
16 femmes sont à l'honneur sans ce numéro spécial de "MUZE".
Certaines sont très connues (Marguerite Duras, Françoise Dolto, Soeur Emmanuelle, Ingrid Bergman), d'autres un peu moins (j'avoue que que je n'avais jamais entendu parlé de la photographe avant-gardiste Tina Modotti ). Toutes ont en commun une forte personnalité, une vie chahutée et avide de liberté,une vie qui nous est présentée de manière agréable et aérée en autant de dossiers, doté chacun d'une bibliographie commentée pour ceux qui voudraient approfondir.
A noter que l'article consacré à Virginia Woolf est suivi d'un entretien avec Viviane Forrester.
Sommaire détaillé:
Ecrivaines: Virginia Woolf, Carson McCullers, Christine de Pisan, Marguerite Duras, Irène Némorovsky, Françoise Sagan.
Plasticiennes: Louise Bourgeois, Charlotte Perriand, Tina Modotti.
Visionnaires: Françoise Dolto, Sophie Scholl, Soeur Emmanuelle, Hannah Arendt.
Interprètes: Ingrid Bergman, Ella Fitzgerald, Françoise Dorléac.
Cerise sur le gâteau: une interview d'Arielle Dombasle !
MUZE hors-série ,16 destins de femmes d'exception, 4,90 euros.
07:20 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : muze
27/03/2009
"ça t'en mastique une fissure..."
Friand de mots et d'expressions, Daniel Percheron guette et note avec jubilation les trouvailles langagières entendues "au hasard de [son] chemin".Expressives, ces découvertes témoignent de l'inventivité de la langue et de son constant renouvellement. Au fil de ses chroniques, Percheron remonte aussi le cours de sa mémoire pour exhumer des expressions passées de mode. Il n'oublie pas de nous livrer au passage le sens de quelques expressions imagées comme "être chocolat" qui "vient du clown Chocolat, le compère de Footit. Il ya d'abord eu "faire le chocolat" pour "faire le naïf". Puis on a glissé à "être chocolat" pour "être frsutré dans son attente."
Mais la plus jolie expression que j'ai pêchée dans ce joyeux bazar est celle de "Faire un trou à la nuit" pour "filer à l'anglaise"...
Bruits de langue, Daniel Percheron, 10/18 , 154 pages seulement ...juste de quoi donner envie de se plonger plus avant dans l'oeuvre de cet amoureux des mots !
06:00 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : daniel percheron, bruits de langue, amour des mots