07/11/2010
Le grand livre du futur
"...combien de Templiers ont attrapé le tétanos en se faisant éventrer par une épée rouillée ? "
Au péril de leur vie, Emmanuel Vincenot et Emmanuel Prelle n'ont pas hésité à voyager dans le futur, bravant les morsure de robots et la turista. De leurs pérégrinations, ils ont rapporté" des kilomètres de notes " qu'ils ont organisées pour répondre à toutes les questions qui angoissent leurs contemporains et balaient en quatre grands chapitres les grands volets de notre vie future, proposant même des solutions pour "éviter l'inévitable", c'est vous dire leur générosité ! De plus, ils n'ont pas lésiné sur les illustrations, ce qui confère beaucoup de charme à l'ouvrage.
Adoptant un ton faussement scientifique nos deux larrons se permettent donc mine de rien de passer en revue les grands problèmes qui agitent et agiteront notre planète bleue. Mélange de non-sense et de vacheries glissées en douce, Le grand livre du futur, m'a bien fait rire et sourire dès la préface. Les chapitre sont parfois inégaux , mais bon, je suis moins sensible à l'humour politique , et j'ai carrément fait la grimace devant certaines réflexions lourdaudes concernant la conduite des femmes au volant, ou les africains (je me suis carrément cru télétransportée au boulot au moment de la pause...). Nonobstant certaines facilités donc, cet ouvrage nous offre quelques pépites comme le dessin de la future Carte du Tendre, ou un guide particulièrement hilarant des premières années de votre enfant , entre autres : "Entre 0 et 3 ans Votre enfant n'aura aucun souvenir de cette période. Il est donc inutile de lui offrir des cadeaux."Un avis quelque peu mitigé donc. A vous de voir et de feuilleter.
PS:A noter la photographie , particulièrement étrange, d'une fillette joufflue, la mine peu avenante, rentrant la tête dans les épaules, et présentant une main dont les doigts sont recourbés vers l'intérieur de la paume, photo que je croyais extraite de quelque film futuriste des années 50 ou 60 ,mais non !
Pour la voir, allez chez Tamara qui est plus enthousiaste !
Le grand livre du futur, Emmanuel Vincenot, Emmanuel Prelle, Mille et une nuits 2010, 125 pages .
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : emmanuel vincenot, emmanuel prelle
06/11/2010
La mauvaise habitude d'être soi
"Il s'attribuait son quotidien pour en faire de la bouillie."
Un homme voit débarquer chez lui un inspecteur persuadé que l'occupant de cet appartement est décédé. Qui a raison , qui a tort ? Le narrateur , comme le lecteur, est d'abord fort de ses certitudes et tente de se raccrocher à des faits qui se font de plus en plus fluctuants sous la logique imparable du représentant de la loi. " Vous ne vous remettez jamais en cause, hein ? ", ce reproche ne pourra être fait au héros de la deuxième nouvelle qui est fatigué d'être lui,ou à celui qui choisit d'habiter dans un endroit, ô combien singulier, où "pour la première fois [il a] le sentiment d'être chez [lui]..."
Sentiment de singularité, identité pesante, perte de contrôle de son existence, inversion cyniquement réjouissante des valeurs, tels sont les thèmes qui courent tout au long de ces sept nouvelles qui échappent, ô miracle, aux pièges de la chute et de la mécanique bien rodée. Il s'en dégage d'abord un mal être bizarrement joyeux car à plonger dans l'absurde, à se frotter à la fausse logique, le lecteur ne peut qu'être séduit par ce réel à la fois si proche et si délicieusement excentrique.Les deux dernières nouvelles ont une tonalité plus noire et plus tragique, puisqu'un personnage va même jusqu'à "s'expuls[er] de sa propre vie." et la paranoïa gagne du terrain sous une forme à la fois fantastique et faussement banale. Le malaise envahit le lecteur et témoigne d'un monde où cohabitent principe de sécurité à tout crin et la violence contre les individus hors-normes.Un crescendo très efficace .
Les illustrations de Quentin Faucompré se fondent totalement dans l'univers si particulier de Martin Page et en soulignent le non-sense .
Quel bonheur de commencer un recueil de nouvelles dont on sait dès les premiers mots qu'il va vous mettre le sourire aux lèvres ! On a le coeur qui bat un peu en se demandant si le livre va tenir toutes ses promesses et ... oui !
La mauvaise habitude d'être soi, Martin Page, Quentin Faucompré, Editions de l'olivier 2010, 145 pages enthousiasmantes ! Et zou, sur l'étagère des indispensables !
06:03 Publié dans Humour, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : martin page, absurde, humour, identité
29/10/2010
Les Bidochon n'arrêtent pas le progrès
"Du dentifrice sur du nappa de bovin!! J'hallucine!"
Où Robert s'approvisionne-t-il ? En regardant des chaînes de téléachat ? Ou en feuilletant "le catalogue de l'homme moderne" (sic) où je n'ai pas retrouvé le sapin coupé en deux que "tu (..) plaques le long du mur et ça prend moitié de place qu'un vrai" mais son homologue le sapin magique qui apparaît en une seconde, déja paré de ses plus beaux atours. Son secret? un système "pop up".
Le moins qu'on puisse dire c'est que Raymonde et les invités devant subir les méfaits du "Retient -bouchon" et autres parasol bronzant ne sont guère convaincus. Sans doute en sont-ils pas sensibles aux descriptifs de ces gadgets, sans doute fort onéreux ,mais si poétiques... Ainsi le tapis d'entrée des manoirs anglais sur lequel "Revenant d'une promenade avec son chien sous cette pluie si typiquement britannique, sa seigneurie pourra entrer en toute insouciance." Et Robert de fumer la pipe offerte en cadeau avec l' achat du tapis !
On sourit tout au long de cette lecture en se disant que La Complainte du progrès composée par Boris Vian est toujours d'actualité !
A ne pas lire d'une traite pour éviter l'effet accumulation !
Les Bidochon tome 20, Binet , Fluide glacial.
Merci Cath !
Lu et approuvé par Ferdi !
06:00 Publié dans BD, Humour | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : binet
01/10/2010
Le petit Gus fait sa crise
"Si elle est sévère avec moi pour ma console, c'est normal que je sois sévère avec elle pour les câlins. c'est vrai quoi."
Gus (tave) a dix ans, une mère qui a eu la fâcheuse idée de lire (et d'appliquer) les conseils d'Aldo Nouillerie( pédiatre de la pire espèce, le roi de la frustration), un père qui claironne les prix au supermarché, filant la honte à son fils, un grand frère qui a "des boutons d'apnée plein la tronche", et une grande soeur qui rêve d'introduire en fraude un rat dans la maison, pour faire style.
Mais lui Gus, a la délicieuse intention de ne pas suivre l'exemple de ses aînés :"Quand je serai un ado, j'éviterai d'être égoïste et feignant et j'aiderai ma mère à se taper les corvées de la maison. c'est la moindre des choses et je le ferai dès que je serai en âge de le faire." (Vite signe-là mon fils ! ).Remarquons néanmoins au passage qu'il prend la précaution de ne pas préciser quand se situe cet âge bénit ...
Mais Gus ne se limite pas à son petit nombril, il chope au passage les faits d'actualités qui le touchent ou l'énervent et les commentent parfois dans un langage peu châtié (mais qui irait prétendre que nos chérubins s'expriment toujours de manière endimanchée ? ). Certains thèmes sont abordés de manière un peu maladroite mais globalement on se glisse avec délices dans la vie mouvementée de cette famille qui ressemble peu ou prou à la notre, chat compris !
Claudine Desmarteaux a su trouver le ton et le langage de Gus, mêlant à-peu-près et néologismes, et le récit cavale à toute allure entre Tamara qui balance des coups de trousse et DS Lite.
Ne reste plus qu'à le faire valider par Mister Ferdi !:)
06:00 Publié dans Humour, Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : claudine desmarteaux, gus, ah la famille, ah les ados !
27/09/2010
Franchise postale
"J'ai admis le côté ludique de l'existence."
Fan de Pierre Richard depuis toujours,"...je n'ai jamais connu le monde sans toi. Tant mieux" Christophe Duthuron est aussi devenu son ami dans des circonstances... dignes d'un film ! Les deux compères ont ici pris la plume pour brosser un autoportrait par correspondance , l'acteur répondant à une quinzaine de lettres représentatives des courriers pour le moins incongrus envoyés par des gens aussi fêlés que sans gêne, l'invitant de manière impromptue à honorer de sa présence un anniversaire (le grand Gégé (comprendre Depardieu) n'étant pas disponible hélas, ou lui envoyant des scénarios aussi indigents que boursouflés de prétention.
Cela nous vaut aussi de savoureuses et hilarantes anecdotes de l'acteur qui se souvient ainsi qu'il a joué dans une mise en scène champêtre de Shakespeare avec,entre autres ,pour partenaire un âne et une grande comédienne économisant les piles de son sonotone, ingrédients qui ne pouvaient mener qu'au désastre ! Mais un désastre qui m'a fait me plier en deux , j'en pleurais tellement je riais !
Pierre Richard, tout lunaire qu'on le croit, sait aussi se montrer rosse avec les fâcheux de tout poil, les irrespectueux qui croient qu'une vedette se doit d'être constamment disponible pour son public et il s'en explique avec une franchise (postale) qui l'honore.
Néanmoins, ce qui domine l'ensemble c'est cette volonté de prendre la vie avec enthousiasme , de préserver " Un appétit de vivre, un certain goût des premières fois, une capacité d'émerveillement." Un livre qui donne la pêche et l'envie de revoir tous nos classiques Pierrerichardiens !
Franchise postale, Pierre Richard, Christophe Duthuron, Le cherche midi 2010 , 259 pages pour battre en brèche la grisaille !
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : pierre richard christophe duthuron, humour
23/08/2010
Le chien boomerang
"C'était un sentimental inversé."
"C'est un vrai chien de chasse, un bleu bourru d'Auvergne" ainsi en a décidé , par intuition la mère d'Henri Cueco. Vrai chien de chasse ? A vérifier ,car Le chien boomerang (je vous laisse le plaisir de découvrir le bien-fondé de cette appellation), s'il chasse ce sont surtout les clients du petit commerce familial. Une vraie terreur, ce Loulou, et moche avec ça, mais pas question de le lui dire en face. Il se vexerait et se vengerait. Obsédé sexuel,voleur, mordeur, compissant la maison et les trottoirs, il se mêle de tout, dialoguant la nuit avec la seule qu'il aime et aux pieds desquels il est venu se coucher un beau jour, la mère de famille, veuve avec cinq enfants, qui lui passe tout, y compris les puces dont il infeste la maison.
Mais il y a une solution à tout, y compris à Loulou qui va contribuer à assurer la pitance de cette famille nombreuse au sein de laquelle il joue un vrai rôle en bon chien dominant qu'il est...
Truffé de dialogues incisifs et caustiques, rappelant tout à la fois la Toutouque de Colette ou les saynètes campagnardes de Jules Renard, Le chien Boomerang est bien comme l'indique la quatrième de couverture "Une histoire de famille" car à travers les frasques de Loulou se lit en creux le portrait d'une tribu jugée bohême par son voisinage. Un texte court où l'absurde le dispute à l'humour grinçant...
Mais après nous avoir fait rire avec cet inénarrable Loulou, Cueco enchaîne avec un deuxième texte, tout aussi savoureux mais consacré cette fois à un chat,Caramel, un fieffé voyou, rouleur de mécaniques , qu'un accident rendra plus tendre. Et le récit de se teinter de poésie et d 'émotion.
Seule la troisième partie, très courte, consacrée à l'explication d'une injonction maternelle énigmatique, m'aura laissée de marbre.
Bref, un livre destiné à tous ceux qui aiment l'humour caustique et pas seulement aux mérotes à chien et/ ou à chats !
Le chien Boomerang, Henri Cueco, JBz & cie 2010, 155 pages pour avoir la larme à l'oeil, de rire ou d'émotion.
06:00 Publié dans Humour, rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (10)
01/06/2010
Le naufrage de la Vesle Mari
A quiconque m'aurait affirmé : "Tu vas éclater de rire en lisant des histoires de chasseurs au Groenland !", je me serais contentée de hausser les épaules et de passer mon chemin. Et j'aurais eu tort. Grand tort même car découvrir l'oeuvre de Jorn Riel, même en commençant comme moi par le dernier ouvrage paru, Le naufrage de la Vesle Mari, est une vraie cure de jouvence !
Cet univers faussement naïf, où l'on trinque avec un fantôme, où un bain de nouvel an peut devenir mortel, où une femme se venge d'un fiancé qui l' a éconduite à grands coups de pelle sur la tête, est aussi un monde où l'on ruse avec l'administration qui veut renvoyer tous ces joyeux lurons loin de chez eux, et chez eux c'est bien sûr le Groenland. A chacun de trouver sa solution...
Très vite on a l'impression d'avoir toujours connu Olsen, Bjorken et les autres et l'on se frotte les mains à l'idée de poursuivre cette découverte tardive !
Le naufrage de la Vesle Mari et autres racontars, Jorn Riel, traduit du damois par Susanne Juul et Bernard Saint Bonnet, Gaïa 2009, 251 pages à ne pas lire en public, sauf à ne pas craindre les éclats de rire intempestifs !
Ps: dans la foulée, j'ai déniché à la médiathèque La maison des célibataires, juste un peu trop court à mon goût !
06:01 Publié dans Humour, Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : jorn riel, jamais trop tard pour bien faire
19/04/2010
Tous à la campagne !
"Mettez autant de couches que possible . Puis rajoutez-en une."
Parce que son époux est tombé amoureux de l'idée de vivre à la campagne, plus précisément au fin fond du Northumberland, une journaliste cent pour cent londonienne, va quitter sa vie trépidante de mère- de- famille- qui- travaille- en -ville pour le grand plongeon dans l'inconnu rural.
Non content de l'y emmener, le charmant mari va le plus souvent la laisser se débrouiller seule -car bien évidemment son travail l'appelle souvent à la capitale- non sans avoir oublié au passage de faire le plein d'essence de la voiture familiale...
Déménagements à répétition, travaux qui vont la mener à cohabiter plus ou moins avec des artisans locaux, sans compter les difficultés d'intégration pour notre héroïne et l'un de ses enfants, les péripéties s'enchaînent pour le plus grand bonheur de la lectrice qui se reconnaîtra à coup sûr dans l'une des expériences de Judith o'Reilly qui , journaliste exilée, a tenu un blog avant de mettre en pages ses aventures.
On y apprendra au passage que pour faciliter la "rentrée des mamans", celles-ci se voient remettre un sachet de thé enrubanné, après avoir déposé leur chérubin à l'école ou qu'un "charmant jeune homme du National trust" peut venir inspecter votre projet d'extension pour vérifier que vous n'allez pas déranger quelques chauves-souris protégées...
Un livre qui ne révolutionnera pas la littérature mais qui est bien troussé, enlevé et tient toutes ses promesses: nous vider la tête et nous faire sourire !
Tous à la campagne, traduit de l'anglais par Isabelle Chapman, Belfond, collection mille comédies, 2010, 374 pages de pure détente.
06:00 Publié dans Humour, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : judith o'reilly, grande-bretagne
06/04/2010
Départs anticipés
"En ce qui me concerne, je préférerais bouffer des chenilles sur un trottoir brûlant."
Proposer une loi demandant aux personnes âgées de prendre leurs Départs anticipés ou plutôt d'effectuer leur transitionnement volontaire-comprendre leur suicide assisté- afin de ne plus creuser le déficit de la sécu et de ne pas léguer de dettes aux générations montantes, voilà qui s'appelle un coup de tonnerre dans le monde politique états-unien !
Tel est pourtant l'objectif de Cassandra Devine, conseillère en communication et blogeuse énervée à ses heures, bientôt relayée par un politique ambitieux et sans scrupules.
Tout le monde en prend pour son grade dans cette comédie à cent à l'heure qui fustige autant le monde politique que celui des affaires et place ses personnages dans des situations à la fois improbables et réjouissantes. Parfois le trait est vraiment outré mais on s'en fiche un peu (beaucoup) car le politiquement incorrect est tellement plus drôle ! On aimerait parfois que certaines scènes se déroulent "pour de vrai" , afin de casser le ronron lénifiant qui dissimule la violence et la corruption de notre monde. Un très bon moment de lecture.
Départs anticipés, Christopher Buckley, points seuil, 478 pages toniques.
Merci Cuné !
06:00 Publié dans Humour, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : christopher buckley, politique, communication
19/03/2010
Pensées
Parfois caustique, "Je pense que j'ai surestimé votre intelligence, je dis à tout le monde que vous êtes à moitié demeuré" , souvent misogyne, flirtant avec l'absurde et l'auto-dépréciation, insaisissable et désopilant, tel est Groucho Marx qui se taille la part du lion dans ces Pensées, maximes et anecdotes des Marx Brothers.
On ne sait où donner de la tête pour choisir une citation, tant est riche ce volume de la collection des Pensées. j'avoue avoir une certaine préférence pour cet avertissement que Groucho envoya au Confidential magazine :
"Messieurs,
Si vous continuez à publier des articles diffamatoires à mon sujet, je me verrai dans l'obligation d'annuler mon abonnement.
Sincères salutations,
Groucho Marx"
Et en ces temps de quasi dictature du bien-manger , un repas dont l'énoncé fait frémir: "Hier soir, je me suis offert le dîner type anti-cholestérol : courge bouillie, lait écrémé et gélatine saccharinée . Je suis convaincu que ça n'allongera pas ma vie, mais je sais que ça la fera sembler plus longue." (Groucho). En tout cas, en compagnie des Marx Brothers, le temps file à toute allure ! A (re) découvrir de toute urgence !
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : marx brothers