07/04/2011
Danbé
"On souffre tout seul et sans bruit et il n'y a personne alentour pour le voir ni pour l'entendre."
Née en France de parents maliens, Aya connaît une enfance plutôt heureuse, même si ses parents ne disposent pas de tous les codes leur permettant d'intégrer la vie en France.
La mort,dans un incendie criminel, de son père et de sa petite soeur va métamorphoser la petite fille : plutôt rebelle à l'école, ellle reste néanmoins fidèle au danbé, la dignité en malinké. La boxe lui offrira aussi une échappatoire et elle enchaînera les titres avec une apparente facilité.
Portrait troublant d'une jeune fille qui ne semble tirer ni plaisir ni orgueil des victoires sur le ring. Très peu de descriptions d'ailleurs de ses combats, Aya attache plus d'importance aux personnes qu'elle rencontre qu'à la manière de combattre.
Récit troublant aussi d'une vie où le mot "racisme" n'apparaît jamais mais où on ne peut s'empêcher de penser que si cette famille avait été blanche, elle aurait été logée dans un immeuble plus décent, traitée de manière moins désinvolte par certains avocats ou médecins et aurait ainsi évité bien des drames.
Un récit plein de dignité, sans pathos, mais qui m'a émue aux larmes.
Danbé, Aya Cissoko, Marie Desplechin, Calmann-Lévy 2011.
Merci à Chiffonnette pour le prêt !
L'avisde Stéphie qui organise une semaine Marie Desplechin !
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : aya cissoko, marie desplechin, boxe, portrait d'une résilente.
22/03/2011
Le sac, un petit monde d'amour
Quoi de plus intime qu'un sac (de fille ) ? Et pourtant, cédant à l'appel du sociologue Jean-Claude Kaufmann, nombreuses sont celles qui ont accepté de lui détailler le contenu du leur. S'appuyant sur ces témoignages mais aussi sur des extraits de romans ou de blogs, l'auteur se penche avec beaucoup d'empathie sur ces inventaires que Vialatte,* en son temps avait si bien résumé :
La femme : « C’est par le sac à main qu’elle se distingue de l’homme. Il contient de tout, plus un bas de rechange, des ballerines pour conduire, un parapluie Tom Pouce, le noir, le rouge, le vert et la poudre compacte, une petite lampe pour fouiller dans le sac, des choses qui brillent parce qu’elles sont dorées, un capuchon en plastique transparent et la lettre qu’on cherchait partout depuis trois semaines. Il y a aussi, sous un mouchoir, une grosse paire de souliers de montagne. On ne s’expliquerait pas autrement la dimension des sacs à main. »
Suivant les âges de la vie, les sacs grossissent ou s'allègent et rares sont les femmes à ne pas céder à l'appel du sac ou à ne pas sacrifier à la recherche du sac parfait, ni trop grand , ni trop petit... Ils constituent des mondes peut être pas aussi mystérieux que les hommes pourraient bien le croire.
Des redites parfois mais surtout beaucoup de sympathie et aussi d'émotion quand Jean-Claude Kaufmann évoque à la fin de son étude ces vieilles dames qui s'accrochent à leur sac à main ou la souffrance éprouvée par les femmes à qui on l' arrachait à leur arrivée à Auschwitz. Car le sac n'est en rien futile, il "est au coeur de l'être et [...] on le saisit surtout au moment d'affronter le néant.
* Non cité ! Un oubli sans doute !
Le sac, un petit monde d'amour, Jean-Claude Kaufmann, Jean-Claude Lattès 2011, 236 pages qui se dévorent d'une traite.
06:04 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : jean-claude kaufmann
10/02/2011
Consolation par le chien ( De la caninisation)
"L'homme se construit, grâce au chien, un milieu qui lui convient (...)."
Pierre Schulz nous prévient d'emblée: son livre n'est pas une énième apologie du chien mais "une analyse des motifs faisant que les citadins vivent avec des animaux de compagnie."
Volontiers critique vis à vis de certains comportements humains excessifs ou inappropriés , l'auteur passe aussi en revue les avantages et inconvénients des chiens, soulignant l'importance du rôle psycho- affectif de ces animaux dans leurs relations avec les hommes. Sa thèse ? L'animal représente un filtre protecteur face à la difficulté de la condition humaine.
Un lecteur qui feuilletterait lcet ouvrage pourrait être rebuté par les termes scientifiques mais ceux-ci sont immédiatement expliqués et contribuent à une vision à la fois originale et pleine d'humour de la place des Câline et autres Fido dans nos vies.
Beaucoup d'ironie, et une ironie réjouissante, dans ce livre qui époussète vigoureusement toutes nos idées préconçues.
L'auteur va même, malicieusement, jusqu'à imaginer un renversement de situation : le chien domestiquant l'homme, mais selon lui, heureusement, cette situation restera une utopie , entre autres tant que nos chiens ne seront pas doués du sens de l'humour !
Une importante bibliographie permet de poursuivre la réflexion.
Consolation par le chien, Pierre Schulz, Puf 154 pages .
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : pierre schulz, chiens
16/08/2010
Le jour où mon père s'est tu
Robert Linhart est le fondateur du mouvement maoïste en France. Figure importante des années 68, cet homme exceptionnel de charisme et d'intelligence décide, parès une tentative de suicide en mai 1981, de se taire.
Sa fille, Virginie, non seulement pour briser le silence qui a empesé sa famille après cette rupture brutale, mais aussi pour confronter ses souvenirs de mai 68 avec ceux des enfants des anciens compagnons de son père, commence une série d'entretiens qui aboutiront à ce livre, Le jour où mon père s'est tu.
Certains la soupçonnent parfois de vouloir critiquer à tout va cette "révolution" mais tel n'est pas l'objectif de l'auteure. Elle veut juste que soit faite une place à ceux qui n'en avaient peut être pas suffisamment à l'époque: les enfants.
Pas de réglements de compte mais une démarche éclairante et posée qui aura même un bénéfice inattendu pour Virgine Linhart : celui de comprendre le silence de son père. Très intéressant et plein d'humanité.
Le jour où mon père s'est tu, Viginie Linhart, Points Seuil 2010, 197 pages suivies de notices biographiques permettant de resituer les acteurs de cette enquête.
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : virginie linhart, mai 68, parents-enfants
13/08/2009
Un métier idéal
Mais comment fait-il ? Comment fait-il cet homme pour tout à la fois trouver la bonne distance entre lui et ses patients, s'insérer dans la petite société rurale anglaise de ce début des années 60 , vouloir tout assumer de son travail (il a une petite pharmacie et regrette de ne pouvoir s'occuper des radiographies, mais travaille aussi à l'hôpital), avoir aussi une vie de famille (très peu évoquée) tout en restant si formidablement humain et intéressé par l'Humain ? La réponse , je la trouverai tout à la fin du texte de John Berger : John Sassall s'est suicidé.
Accompagné des photos en noir et blanc de Jean Mohr, John Berger s'est attaché , dans tous les sens du terme , à rendre compte de cette existence mais aussi à élargir la réflexion sur la valeur de la vie humaine. Un livre profond et grave qu'on a envie d'offrir à quelques Diafoirus....
Un grand merci à Cuné !
06:05 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : john berger, histoire d'un médecin de campagne anglais, textes et photos
29/07/2009
Aventures en Loire
Bernard Ollivier,soixante- dix ans au compteur , est un écrivain-voyageur renommé.Ici son périple, d'abord pédestre, prend naissance aux sources de la Loire pour se poursuivre ensuite sur le fleuve dans un canot comiquement surnommé "canard". POlus que le périple en lui même, ce sont les rencontres que l'auteur privilégie car "Nomade en Loire, je veux m'ouvrir au monde, , à ses bonnes et mauvaises surprises. je prends tout. Je veux embrasser la terre entière, les arbres comme les hommes, retrouver mon humanité loin du réveill-matin ou du "vingt-heures" télévisé."
Cela ne sera pas de tout repos, le froid, la pluie, nous sommes pourtana en été, les caprices du fleuve n'épargneront pas notre ancien journaliste,qui n'est pas spécialement sportif et qui avoue s'être plutôt mal préparé. Pourtant l'homme et le fleuve vont s'apprivoiser : "Je suis venu avec l'idée de la dominer, de la conquérir. je la quitterai en amoureux transi."
Pourquoi partir ainsi? l'auteur n'y voit pas du tout une décision cartésienne mais bien plutôt "une volonté de se remettre en cause, de se transcender, de tordre les rails qui nous guident au quotidien, de rompre les digues mentales et sociales qui nous contiennent, nous ligotent plus ou moins à notre insu."
Point n'est donc besoin de partir loin, l'exotisme n'est pas nécessaire, il suffit peut être d'un élément déclencheur, peut être ce livre le sera-t-il...
Le billet de Dominique qui m'a donné envie d'offir ce livre à Belle -maman qui rentrait d'une marche au bord de la Loire ...
Belle-maman qui a eu ensuite la bonne idée de me le prêter...:)
Aventures en Loire, Bernard Ollivier, éditions Phébus, 266 pages qui donnent envie de se mettre en marche.
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : bernard ollivier, à pied, en bateau, mais pas à cheval