08/03/2017
Le fight club féministe /manuel de survie en milieu sexiste
"Des études montrent que lorsque des hommes proposent leur aide, ils le font le plus souvent en public et s'assurent que ça se remarque, alors que les femmes le font beaucoup plus discrètement."
Elles sont jeunes, elles ont fait des études, elles sont compétentes , mais manque de chance, ce sont des femmes qui bossent dans des entreprises diverses où les hommes blancs sont majoritaires.
Forcément, ces jeunes femmes en ont assez qu'on leur pique leurs idées et leurs promotions , tout ça pour un salaire inférieur à celui des hommes. Dans un premier temps, elles se réunissent pour échanger leurs impressions, leurs expériences et se soutenir mutuellement. C'est ainsi qu'est né le premier Fight Club Féministe , comme nous le raconte avec humour l'autrice de ce manuel bourré d'informations,d'humour et de stratégies pour prendre confiance en soi, adopter les bons comportements, ne pas gaspiller ses efforts, voire argumenter pour demander une augmentation.
Dénonçant les préjugés que nous avons tous et toutes, valorisant la sororité, mais aussi la fraternité, Jessica Bennett nous incite à arrêter de nous dévaloriser, étayant ses propos d'informations, de citations mais aussi de conseils , illustrés par des exemples concrets, voire de son expérience personnelle.
Les illustrations et la mise en page contribuent à donner un petit air décontracté à ce manuel qui n'est jamais austère ni dans la forme ni dans le fond.
Un indispensable que je vais de ce pas offrir à ma fille !
Le fight club féministe /manuel de survie en milieu sexiste, Jessica Benett, traduit de l'anglais par Géraldine d'Amico et Cyrielle Ayakatsikas, illustrations de Saskia Wariner avec hHllary Campbell, adaptées par Raphaëlle Faguer pour la version française. Éditions Autrement 2017
06:00 Publié dans Document, Humour, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jessica bennett
25/01/2017
Ceci est mon sang
"Trente milliards de dollars, soit 26 milliards d'euros c'est ce que représente le marché annuel de la protection périodique, soit l'équivalent du PIB de Bahreïn, un archipel pétrolier du sud de l'Arabie saoudite qui va sans être ravi de l'apprendre."
Le titre, explicite et facétieux, donne le ton : on va parler de choses sérieuse mais avec humour. La couverture où éclate cette magnifique couleur rouge tranche sérieusement aussi avec les succédanés bleus ou verts que les publicités pour les tampons et autres serviettes périodiques se croient obligés d'utiliser.
Fi des tabous donc, Elise Thiébaut nous emmène en sa compagnie à la découverte des règles, des premières aux dernières, au fil de son histoire personnelle, dans laquelle beaucoup se reconnaîtront.Elle se réfère aussi à l'Histoire, l'économie, voire la science, sans jamais être ennuyeuse ou rébarbative.
Féministe, très drôle, ce n'est pas incompatible, l'autrice se révèle pleine d'humour et de ressources, fustigeant au passage le machisme des scientifiques, des médecins ou soulignant l'opacité entourant la composition des serviettes et tampons périodiques.
On apprend plein d'infos et même les littéraires pur jus comme moi ne seront pas perdues dans les explications scientifiques, très imagées et claires.
Remarquons au passage qu 'Elise Thiébaut ayant souffert d'endométriose, fait aussi le point sur cette pathologie trop souvent méconnue.248 pages qui se dévorent toutes seules.
Ceci est mon sang, histoire des règles et de ceux qui les font, Élise Thiébaut, Éditions La Découverte 2017. Un grand coup de cœur ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
06:03 Publié dans Document, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : élise thiébaut
28/10/2016
Le monde est mon langage
"J'ai longtemps cru que le français était une langue de l'emportement, de l'irascibilité et surtout celle de ceux qui voulaient à tout prix avoir raison."
Dans ce recueil, Alain Mabanckou revient sur les rencontres d'écrivains ou d'inconnus qui ont jalonné sa vie. Écrivain de langue française né au Congo, il revient ainsi dans un exercice d'admiration et de bienveillance sur tous ceux qui ont contribué à lui faire aimer la langue française. On le suit au fil de ses pérégrinations, un petit carnet à la main, histoire de noter au passage tous ceux qu'il nous revient de découvrir tant les écrivains(e)s francophone sont divers et plutôt méconnus en France.
Une balade très agréable , riche en découvertes.
Le monde est mon langage, Alain Mabanckou, grasset 2016.
06:04 Publié dans Document, Rentrée 2016 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : alain mabanckou
28/08/2016
Et tu n'es pas revenu...en poche
"Survivre vous rend insupportables les larmes des autres. On pourrait s'y noyer."
Quand elle est arrêtée, à quinze ans, son père lui dit :"Toi, tu reviendras peut être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrais pas."
Cette prophétie s'accomplira . Marceline pourra brièvement ,et au risque de sa vie, revoir son père , envoyé à Auschwitz, tandis qu'elle est déportée à Birkenau et elle recevra un billet de lui. Ce billet, il a disparu dans la tourmente, les mots se sont effacés de sa mémoire mais pas le fait qu'il ait signé de son prénom juif, alors qu'il se voulait français.
Des décennies plus tard, Marceline répond à ce billet, remonte le cours du temps et brosse, à grands traits parfois, des pans de sa vie.
La survie au camp, le retour, la chape de plomb qui pèse sur les survivants, la mère qui veut juste savoir si elle n'a pas été violée et ,par dessus tout, cet amour de la fille pour son père ,font de ce récit tendu comme un arc ,une lecture âpre et nécessaire. Il y a dans ce texte une sourde énergie. Le temps n'a pu balayer les émotions et on sent Marceline Loridan-Ivens à fleur de peau tout au long de ce texte.
06:00 Publié dans Document, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : marceline loridan-ivens, judith perrignon
20/03/2016
deux tableaux de Paula Becker
05:55 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (3)
12/03/2016
Un éléphant dans ma salle d'attente
Comme beaucoup d'entre nous qui avons suivi les aventures de Daktari à la télévision, Florence Ollivet-Courtois a voulu devenir vétérinaire d'animaux sauvages.
Dès l'âge de six ans, elle tenait une perfusion pour aider son père,lui même véto, puis son diplôme en poche a suivi des formations qualifiantes aux États-Unis, pour atteindre son rêve.
Seule libérale à exercer cette spécialité en France, Florence Ollivet-Courtois soigne les animaux sauvages et ceux de parcs zoologiques, faisant preuve tout à ll fois d'astuce et de robustesse face à ses patients pas toujours commodes et souvent plus fragiles qu'il n'y paraît.
On sent au fil de la lecture son profond amour des animaux et l'on suit avec bonheur ce récit qui ne se contente pas d’aligner les anecdotes, drôles ou émouvantes mais nous fait plonger au cœur des relations hommes/animaux. Un pur régal !
Un éléphant dans ma salle d'attente, Florence Ollivet-Courtois avec Sylvie Overnoy, Alpha éditions.
06:00 Publié dans Document, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : florence ollivet-courtois, sylvie overnois
03/12/2015
Mankell (par) Mankell ...en poche
"Dans les sphères du pouvoir, au Mozambique, ils commencent donc à s'apercevoir qu'il existe un type étrange qui vit depuis longtemps parmi eux et qui leur tient lieu d’ambassadeur culturel. Cela me réjouit et j'essaie de me servir au mieux de cette notoriété."
En 2010, devenu un "auteur global" (cette expression revient à plusieurs reprises dans le texte), Henning Mankell accepte de programmer dans son emploi du temps bien rempli des entretiens avec Kirsten Jacobsen. Elle n'a qu'à bien se tenir car une journaliste qui avait pourtant galéré pour obtenir un rendez-vous,ayant entamé son entretien en affirmant qu'elle ne savait pas par quoi commencer, avait provoqué aussi sec le départ de l'auteur des Wallander !
Abrupt, entier, Henning Mankell l'est certes mais il est aussi généreux et très clair dans ses rapports à l'argent. Mécène, impliqué dans la vie culturelle du Mozambique, aux grands dîners officiels, il préfère largement suivre une troupe de théâtre indienne qui intervient au beau milieu de la rue !
S'il se livre un peu sur son enfance et le départ de sa mère qui l'a laissé avec ses frère et sœur élevés par son seul père, il éclaire de manière très intéressante ses rapports avec son personnage star, Wallander, avec lequel il entretient une relation très particulière et dénuée d'affect.
Les entretiens sont contextualisés et,dans les marges, se glisse un peu du quotidien de Mankell et de ses relations avec les autres.
Un texte passionnant pour les fans de Mankell !
Traduit du danois et du suédois par Anna Gibson, Points Seuil.
06:00 Publié dans Document, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : mankell, kirsten jacobsen
24/09/2015
Stop au harcèlement !
"Mais toutes les formes de harcèlement sont nocives pour la victime, pour leur auteur, et pour ceux qui regardent."
Ce n'est pas parce que le harcèlement a toujours existé , sous des formes parfois différentes de celles d'aujourd'hui, qu'il faut continuer à le considérer comme un mal nécessaire, ce n'est en aucun cas "une étape dans l'apprentissage de la vie, un moment pénible et normal qu'il faut supporter si on veut grandir et s'endurcir."Directement concernée, sa fille s'est suicidée à l'âge de treize ans pour échapper au harcèlement violent dont elle était victime, Nora Fraisse a décidé de composer un vadémécum, pour aider tous ceux qui y sont confrontés en tant qu'élève, parent animateur ou enseignant.
Ponctué de témoignage d'enfants mais aussi d'adultes qui ont été confrontés à ce phénomène autrefois et en sont restés traumatisés,ce guide est très complet, pédagogique ,riche en ressources diverses (sites internet, contacts utiles ...) et utilise un langage accessible à tous.
Il déculpabilise les victimes, sans pour autant stigmatiser les harceleurs. Il n'en reste pas moins que j'ai été choquée quand j'ai découvert l'ampleur de l'utilisation néfaste qui peut être faite du téléphone portable et des réseaux sociaux.
Son petit prix(4,50 euros) le rend volontairement accessible. à lire par tous.
Halte au harcèlement, le guide pour lutter contre la violence à l'école et sur les réseaux sociaux, Nora Fraisse, Calmann-Lévy 2015, 96 pages.
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : nora fraisse, harcèlement scolaire
05/06/2015
Le charme discret de l'intestin
"Nous modifions parfois notre flore intestinale, et parfois, c'est elle qui nous modifie. Nous sommes son climat et ses saisons .Et elle peut nous soigner comme nous empoisonner."
Ce n'est pas la première fois que je m'attelle à la lecture d'un ouvrage documentaire sur l'intestin mais c'est bien la seule fois où j'ai réussi à le terminer et , de surcroit, à regretter qu'il soit déjà fini !
Grâce au style, à la fois imagé et clair, de Giulia Enders, à son enthousiasme contagieux pour un sujet qui visiblement la passionne, on comprend enfin le fonctionnement de cet organe souvent malaimé et considéré comme moins "noble" que le cœur par exemple et on apprend plein d'informations surprenantes le concernant !
Si par hasard nous n’avions pas compris, la technique de la balançoire, par exemple, les illustrations de la sœur de l'auteure sont là pour nous aider.
Le charme discret de l'intestin, Giula Enders, traduit de l'allemand par Isabelel Liber, Actes Sud 2015, 351 pages piquetées de marque-pages.
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : giulia enders
11/05/2015
Chiens, chats...pourquoi tant d'amour ?
"Ceux qui vivent avec des animaux s'y attachent comme à des personnes , parce que cet attachement s'impose du fait que nous sommes ce que nous sommes et que les animaux sont qui ils sont. Or, la plupart des recherches s'efforcent de comprendre le fait que des humains s'attachent à des animaux comme s'il s'agissait d'une anomalie.Aucun sociologue ne va enquêter sur les raisons pour lesquelles les gens aiment les enfants !"(Vinciane Despret)
Saviez-vous que des chiens, il y a bien longtemps, avaient été enterrés avec leurs maîtres ? Que la religion catholique, dans sa volonté de contrer la religion polythéiste égyptienne, avait beaucoup œuvré contre les animaux ? Que les chiens avaient le sens de l'humour ? (ça plein de maîtres le savent mais, comme le rappelle fort opportunément Le Telegraph du 11 juin 2004: " Les scientifiques viennent de prouver ce que les propriétaires de chiens savent depuis des siècles : leurs chiens comprennent presque tout ce qu'ils disent.").
Catherine Vincent, journaliste au Monde a interrogé Eric Baratay, professeur d'histoire contemporaine, Claude Béata, vétérinaire comportementaliste et Vinciane Despret, philosophe et éthologue, et leurs entretiens sont passionnants !
On a juste envie d'applaudir aux propos de chacun d'eux et tout particulièrement à ceux, pleins de vie, d'humour et d'empathie de Claude Béata et Vinciane Despret. Des réflexions émaillées d'anecdotes qui parleront forcément aux amis des animaux et , on l'espère aussi, aux autres.
Aucun jargon, de l' enthousiasme à revendre et une lecture qui confortera tous ceux qui, comme moi, sont persuadés que l'animal est sensible et intelligent. Je me suis régalée de bout en bout !
Un grand merci à Vinciane Despret (clic) qui a ,si gentiment et si rapidement ,répondu à ma demande de bibliographie supplémentaire !
Le lien vers l’émission de France inter qui m'a permis de découvrir cet ouvrage paru chez Belin: clic .
PS: ne pas s'arrêter à la couv', pourquoi avoir jugé nécessaire d'ajouter, en coloriant heureusement, des accessoires ridicules à ce bouledogue français ?
06:00 Publié dans Document, Essai | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : eric baratay, claude béata, vinciane despret, catherine vincent