26/03/2019
Sagesse de l'herbe (quatre leçons reçues des chemins )
"L'émerveillement ou l'inquiétude: tout plutôt que l'indifférence, cette mort lente du cœur."
Par quel bout prendre ces quatre textes, émaillés de citations, accompagnés d'une bibliographie riche et tentatrice, ornés de dessins évocateurs et subtils de l'auteure ?
Ces 169 pages hérissées de marque-pages, fertiles en réflexions , où puiser des informations sur la nature mais aussi de quoi étayer une vie quand le doute s'installe, quand la laideur semble l'emporter et que la destruction approche à grands pas ?
Pas de naïveté de la part d'Anne Le Maître, mais une écriture à la fois poétique et argumentée qui fait la part belle à la vie sous toutes ses formes : "Alors: la fleur qui pousse plutôt que l'arbre qui tombe. L’églantine plutôt que le lisier. Il est toujours bon de se préparer aux épreuves. il n'est pas interdit de regarder le ciel."
Si l'auteure célèbre la marche, elle nous la fait partager avec générosité et ,mine de rien, on se glisse avec elle sur les chemins la nuit pour frémir au brame du cerf, voire dans la neige pour mieux contempler le ciel.
D'aucuns pourront dire que la volonté de célébrer l'instant présent n'est pas une nouveauté, certes, mais c'est l'écriture et la voix d’Anne Le maître qui font toute la différence. Alors , vite glissez ce viatique dans votre poche ou votre havresac et partez en compagnie d'un texte lumineux.
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
Éditions Transboréal 2018
Le billet tentateur de Dominique (clic)
06:00 Publié dans Croqué sur le vif, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : anne le maître
20/07/2018
L'aventure de la Sécu
Si l'on en croit les animateurs survoltés, tout est devenu une aventure.Même la Sécu s'y est mise. la preuve.
Première épreuve ( Jour1): exerce ta mémoire grâce à la Sécu et à ses horaires et jours d’ouverture qui changent régulièrement. Petit plus: en juillet, les jours de fermetures exceptionnelles sont presque plus nombreux que les jours d'ouverture... Ne dénonçons pas les petits malins qui photographient les horaires plutôt que de mémoriser. C'est de bonne guerre ,mais qu'ils ne viennent pas se plaindre quand Alzheimer aura frappé à leur porte. On vous aura prévenus.
Deuxième épreuve (Jour 2): lève-toi aux aurores pour éviter la file d'attente. Comment, c'est les vacances ? C'est bon pour la santé (Miracle Morning, on te dit).
Troisième épreuve : gare-toi là où tu peux, c'est à dire au bas mot à 10 minutes à pied. Bouger est le meilleur remède contre le mal de dos, c'est la Sécu qui l'affirme. Ne regarde pas le parking privé de 30 places au pied du bâtiment où te narguent les 5 véhicules des employés de la Sécu présents ce jour-là.
Quatrième épreuve: médite en attendant ton tour, debout dans le couloir. Toujours très bon pour la santé. La vaste salle d'attente a été transformée en un temple vide où trône une jeunette derrière son comptoir. Elle a visiblement suivi un stage de communication avec formules figées parfaitement mémorisées, mais les options "sourire", "regarder son interlocuteur en face" n'avaient pas été cochées, d'où l’impression de s'adresser à un robot. A moins que...Tu en frémis rétrospectivement.
Dernière étape: repars (comme prévu) sans que ton problème soit réglé. Cela t'apprend l'humilité. Médite, on te dit.
06:04 Publié dans Bric à Brac, Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (5)
04/12/2014
Promenade hivernale
Il fait froid. Tu chausses tes tennis. Tu enfiles ta doudoune. Tu t'entortilles dans ton snood en manquant t'étrangler. Tu coiffes le tout d'un bonnet . Ah, ne pas oublier les mitaines à capuches et le gilet fluo. Tu équipes le chien qui en douze ans d'âge n'a toujours pas appris à mettre sa laisse et son collier.
Vous sortez. Il se soulage à trois mètres de la maison, refuse d'avancer plus avant. Vous rentrez.
Durée de la promenade : 3 minutes chrono.
19:48 Publié dans Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (11)
06/08/2011
Que diable allait-elle faire dans cette galère...1/ ?
Ploc, ploc, la cantinière verse de généreuses louches sur les articulations, referme prestement les pans de la papillote et repart , chariot brinquebalant et marmite glougloutant, dispenser ailleurs la noirâtre manne. Cloué à la table, on est, façon papillon.Cuisson: une demi-heure.
Quand la sueur commence à couler sous les fesses, on se jure in petto de ne plus jamais regarder une feuille de brick de la même façon.
On aimerait arborer le sourire extatique que l'on voit sur les brochures des thalasso mais ici pas de musique zen , de chants d'oiseaux , juste les caquètements des curistes ,quasi centenaires, égrotants et valétudinaires ,dont la langue seule semble être agile.
L'ouverture de la papillote est plus rude : il faut se débarasser de l'emplâtre et là on manque se noyer sous le jet puissant de la douche que l'on a pourtant soi même mise en marche. On ne regrette pas l'investissement du bonnet de compet'.
A peine le temps de s'essuyer avec la minuscule serviette fournie, vite, il faut s'empaqueter dans le peignoir et rejoindre l'étape suivante...
C'est pas le tout mais comment je fais pour lire, les bras collés au corps et à la boue, hein ? !
à suivre...ou pas.
07:05 Publié dans Croqué sur le vif, Feuilleton de l'été | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : cure et thalasso, faut pas confondre!
15/05/2011
Prises de rendez-vous, prises de tête.
"Bonjour, le numéro de téléphone du Docteur Léni Fiante a changé. Veuillez appeler le ...(suit le nouveau numéro débité à toute allure)."
Dûment munie d'un papier et d'un stylo extraits de votre sac glouton, vous recomposez le numéro du répondeur pour noter à la volée les dix chiffres salvateurs.
"Bonjour, vous êtes sur la messagerie du Docteur Lénifiante. Pour prendre un rendez-vous, vous pouvez appeler le lundi de 13 h 12 à 15 h 37 les jours pairs, de 14 h 28 à 16 h 32 les jours impairs. Le mardi de 10 h 12 à 12 h00 ... " Et les nuits de pleine lune , ça compte ou pas ?
Vous cessez de griffonner à toute allure et guettez le vendredi, jour qui vous intéresse. "...le vendredi de 9 h 00 à 11h 47 . "
Super, c'est noté et il est 9 heures. Vous préparez votre agenda. Prête? Appel . Répondeur. Bon la secrétaire n'est peut être pas du genre ponctuel ou alors elle prend un café. 9 H10, elle a eu le temps d'aller faire pipi. Appel. Répondeur. Bon vous rappellerez dans une heure.
Appel. Répondeur. Votre téléphone annonce déjà six appels avant que la lumière ne se fasse : faute de pont le dimanche 8 mai, le docteur Léni Fiante et sa zélée secrétaire se sont bâti un pont perso et anticipé...
Vous perdez entre temps votre patience et le nouveau numéro de téléphone. C'est reparti pour un tour de manège...
06:02 Publié dans Bric à Brac, Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (11)
11/04/2010
De l'influence des polars suédois
9h 55: après avoir expédié les courses à toute allure et dans les placards, vous vous présentez à l'accueil de l'ophtalmo.
10 h: la secrétaire, qui a terminé sa conversation avec une patiente que visiblement elle connaît bien, daigne s'intéresser à vous et vous signifie sans ménagement que non, vous n'avez pas rendez-vous aujourd'hui à 10 h. Vous argumentez. Personne ne lâche prise. Elle finit par vous mettre en surnombre. Vous vous en fichez, parée vous êtes : 558 pages d'un polar suédois.
12 h: la secrétaire s'enfuit à toutes jambes, prétextant un rendez-vous (chez son psy ?),devant les yeux éberlués d'un patient à l'accueil.
12h01 : l'ophtalmo et vous constatez de conserve que la peste a sciemment omis de signaler votre arrivée à 10 h à son patron. Il est furax, vous bizarrement très zen. Les effets du polar suédois sont surprenants. Comme vous n'êtes plus à une heure près, l'ophtalmo décide de vous faire non pas un fond d'oeil mais deux. Ne pouvant plus lire, vous avez un peu plus de mal à supporter les premières mesure du lac des cygnes du répondeur qui fonctionne en permanence car la Peste ne décroche jamais le téléphone, elle l'avoue sans aucun scrupule. Au bout d'un heure de ce régime, vous avez juste envie de voir si les cous des cygnes feraient de jolis noeuds mais tout va bien.
13 h: vous sortez et bizarrement la lumière se réfléchissant sur les jolis murs blancs du parking vous fait soudain éprouver un bref élan de sympathie pour les vampires surpris par les rayons du soleil levant. Votre voiture est facile à trouver,il n'ya plus qu'elle.
14h : la tête couverte de papillotes argentées, vous allez pouvoir vous détendre et retrouver figure humaine chez votre coiffeur préféré, votre fidèle polar suédois à vos côtés. Vous vous réjouissez d'avoir retrouvé l'usage de mes deux yeux.
14h 15 : entrée d'une nouvelle cliente dans le salon de coiffure : votre Pire Ennemie. Les jolis papiers argentés empêchent vos cheveux de se hérisser. Vous maudissez le sort in petto et envoiez des SMS de détresse.Vous replongez dans votre polar dont vous estimez le poids.
15 h 30 : vous devez passer au bac à shampooing. Là où croupit justement votre Pire Ennemie, les cheveux dégoulinant d'une substance verte et visqueuse. Vous vous levez, arrachez vos lunettes, adressez un superbe sourire à l'apprentie qui vous attend et vous dirigez, feignant une myopie grave , vers la seule place libre. Evidemment, juste à côté d'Elle. Vous vous ignorez royalement.
17 h: vous arrivez juste à temps pour accueillir Monsieur votre fils qui vous assène sans ménagement : "Pourquoi t'as une coiffure de vieille ? " .
Dernier recours: vous plonger dans votre polar suédois. Son titre ? "Comme dans un rêve".
Ceci est ma contribution au défi de Lou.
06:00 Publié dans Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : texte cent pour cent bio, garanti sans édulcorant ni conservateur
13/12/2008
Marathon de Noël
Cette année, foi de Cathulu, je serai au point.
Pour une fois, j'ai pensé à prendre rendez-vous pour aller chez le coiffeur le 23 décembre à 14 h pour qu'il taille ma tignasse, la détende, la brushe , la lisse avant de l'asperger d'une demi-bombe de laque (pardon la couche d'ozone !)pour mater mes cheveux qui, en temps ordinaire, n'en font qu'à leur tête (en l'occurence la mienne) et semblent doués d'un fort esprit de rebellion... Ainsi dotée d'une apparence civilisée, j'affronterai la neige, le vent et/ou la pluie qui se tiennent en embuscade à la porte du salon de coiffure, prêts à m'assaillir ,et ce en toutes saisons. Je n'aurai plus qu' à dénicher sur internet le petit repose-nuque sur lequel les pharaonnes dormaient pour ne pas défaire leur coiffure et tout ira bien. Pourquoi ne pas aller chez le coiffeur le 24 ? parce que je me prépare psychologiquement et ne sort pas de chez moi, sauf urgence.
J'ai déjà trouvé les deux tenues (un bas, deux hauts) qui me permettront d'enchaîner avec charme et élégance (je pouffe !)le réveillon dans la famille de l'Homme et le jour de Noël chez mes parents, illustrant ainsi le proverbe kathulien* " Qui mangera du foie gras, sera gavé comme une oie."
Les cadeaux sont presque tous trouvés et j'ai programmé avec ma belle-soeur numéro 1 le jour où nous partirons en quête du cadeau de belle-maman. Ayant lamentablement échoué lors d'une précédente épreuve, pourtant facile ( je n'avais juste pas prévu que pour belle-maman un vase rond signifiait : un vase dont l'embouchure est ronde , illustrant ainsi un deuxième proverbe Kathulien : "Ne compte pas sur la télépathie, ce que tu veux, tu le dis .") j'ai eu zéro pointé et mes belle-soeurs 2,4 et 5 ont tenu pour acquis que cette mission m'incombait. Depuis quelques temps, ma belle-soeur numéro 1 ,qui de temps en temps prenait gentiment le relais, et moi avons décidé d'aller traquer ensemble le tableau- pas -cher- et- qui- s'harmonise- avec -les - couleurs- du salon, le sac -pas- trop- grand- mais- pas- trop- petit quand -même...Nous sommes donc fin prêtes, le rendez-vous est arrêté, tout est bien organisé... mais que veut belle-maman cette année? On a juste oublié de lui demander ...
*Kathulien (ou cathulien) : adj. de Kathulu, plumitive grecque (-196?- -20??). Elle enseigna la rhétorique et traumatisa des centaines d'élèves. Elle a laissé une série d'aphorismes et de proverbes parfois énigmatiques: "J'adore les vaches, mais dans les prés." sur lesquels les plus grands chercheurs se cassent encore les dents. Elle périt, illustrant ainsi sa propre théorie, étouffée sous les piles de livres qui entouraient son lit. Sur sa tombe on a gravé ces mots : "D'abord, Ensuite, Enfin."
06:00 Publié dans Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (35) | Tags : courses de noël, frénésie de noël, hystérie de noël
22/03/2008
Ma vendeuse préférée...
Pour faire mentir le temps , qui n'a rien de printanier, j'ai envie de renouveler , un peu, ma garde-robe et donc d'aller dans les boutiques affronter rencontrer ma vendeuse préférée...
Ma vendeuse préféré n'essaie pas à toutes forces de me vendre la ceinture en serpent qui-va-si-bien-avec-le-jean et ne me répond pas , en outre, que le serpent n'a pas été tué (Il s'est sans doute suicidé rien que pour le bonheur d'entourer ma taille).
Ma vendeuse préférée ne prétend pas que les chaussures "vont se faire", c'est faux et mes pieds ne se feront jamais à la torture infligée par ces croquenots.
Ma vendeuse préférée ne pose pas avec autorité sur la comptoir les DEUX boîtes des chaussures que j'ai essayées. Atteinte de surdité sélective, elle a bien entendu que la première paire me plaisait mais pas qu'elle me faisait mal.
Ma vendeuse préférée ne glisse pas d'échantillons de crème anti-rides dès que j'ai dépassé le cap fatidique des 20 ans.
Ma vendeuse préférée ne me donne pas comme argument "D'ailleurs, j'ai le même."Il faut me laisser l'illusion que je ne suis pas habillée comme tout le monde.
Ma vendeuse préférée ne s'arrache pas aux forceps un "Bonjour" et ne persifle pas "C'est du Machinchose , bien sûr" sous-entendant clairement que je ne suis pas assez bien vêtue, cultivée ou riche pour apprécier, pauvre vermicelle* que je suis. La même s'empressera autour de moi comme un papillon autour d'un buddléïa, avec force sourires ,si je me pointe vêtue d'une pelure que ses yeux exercés auront identifié comme digne de son standing.
Bref ma vendeuse préférée ne me prend pas pour une poire(ou une vache à lait) et en échange
-je ne lui ferai pas déballer tout son stock même si je sais pertinemment que je n'ai envie de rien,
-je serai aimable et souriante (autant qu'elle !)
- mes deux pieds seront propres et mes bas pas troués
-je reviendrai la voir !
* vermicelle, féminin de vermisseau.
06:01 Publié dans Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (17)
08/03/2008
Illettrée
Battues
Violées
Humiliées
Voilées
Lapidées
Excisées
Niées
Insultées
Sous-payées
Réifiées
Dénudées
Exploitées
Pourquoi, ici, le féminin l'emporte-t-il sur le masculin ?
Cathulu
06:17 Publié dans Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : femmes
01/12/2007
"La chair est triste , hélas, et j'ai lu tous les livres..."
Il est terrible le cri silencieux, forcément silencieux ,de la
lectrice anonyme compulsive rôdant dans une librairie comme une louve
efflanquée à la recherche de bouq-uins pour assouvir sa faim !
Tournée
vertueuse au rayon des livres de poche, histoire de se mettre en
bouche: déjà lus, trop gros, trop minces, pas
appétisssants,faisandés...Bouffée d'espoir : le dernier livre
d'esther Freud devait sortir en poche ce mois-ci. Reporté sine
die. La lectrice anonyme compulsive convulse mentalement
aux pieds de sa libraire péférée mais fait bonne figure.
Virée en
catastrophe aux grands formats. Tiens une nouveauté. Trop cher. Jasper Ffordement que ce
livre sortira bientôt en poche car la série s'essouffle et ne vaut pas
que mon banquier collapse.
La LAL ne s'avère pas d'un
grand secours: les livres ne sont pas dispos et la Lectrice
compulsive n'est pas en humeur d'attendre, le manque gagne
du terrain: elle veut palper, flairer, goûter tout de suite et
emmener dare dare sa proie dans sa tanière.
Inutile d'évoquer la hauteur de sa PAL. Inutile de montrer les rayons bourrés de bouquins : c'est définitif:
IL N'Y A RIEN A LIRE !
Fuyez , bonnes gens, ôtez-vous de son chemin car rien n'est pire qu'une lectrice anonyme compulsive en manque !
06:11 Publié dans Croqué sur le vif | Lien permanent | Commentaires (34)