30/09/2020
Rien n'est noir ...en poche
"Il n'a rien compris, il ne voit pas, Frida ne peint pas ses rêves, ni son inconscient, elle peint une nécessité intérieure. La vérité du désarroi. Et elle n'a pas besoin d'étiquette ni de définition."
Organisé en quatre grandes parties, chacune divisée en chapitres déclinant des nuances de bleu, de rouge, de jaune, avant que de s'assombrir, le texte de Claire Berest choisit de se pencher sur des moments forts de la vie de celle qui est certainement l'une des peintres les plus célèbres au monde: Frida Kahlo.
Avec empathie, elle restitue la vie passionnée et tourmentée de celle qui fut très tôt marquée dans sa chair et que la douleur tourmenta quotidiennement. N'en faisant ni une victime, ni une femme soumise , elle brosse un portait à la hauteur de son modèle et nous livre ici une Frida pleine de vie, d'ardeurs et de flamboyance. Une femme libre et puissante
Un texte qui se joue des écueils de la biographie et qui se dévore d'une traite. Une réussite.
05:55 Publié dans Biographie, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : claire berest, frida kahlo
23/08/2020
Trencadis
"Trencadis est le mot (catalan) qu'elle retient. une mosaïque d’éclats de céramique et verre , lui explique-t-on. De la vieille vaisselle cassée et recyclée pour faire simple. Si je comprend s bien le Trencadis est une cheminement bref de la dislocation vers la reconstruction. Concasser l'unique pour épanouir le composite, broyer le figé pour enfanter le mouvement, briser le quotidien pour inventer le féérique, c'est cela ? Elle rit: ça devrait être presque un art de vie, non ? "
Caroline Deyns, dans ce roman a choisi de privilégier des moments forts de la vie de Niki de saint Phalle. Une vie où le corps féminin est extrêmement présent car "Le fait est qu'elle possède un corps à géométrie variable, extraordinairement réactif au milieu qui l'entoure, des tripes modulables et rétractiles qu'un espace charpenté au cordeau parvient à compacter au format cube à angles aigus."
Un corps d'abord sujet , objet des violences de la mère (coups de brosse) puis abus sexuels du père, un corps qui lui permettra de devenir modèle de mode, puis sujet quand la rebelle deviendra une artiste s'emparant de toutes sortes de formes artistiques.
Une femme qui vivra plusieurs passions amoureuses, dans une grande liberté bien en avance sur son époque, qui extraira de son "magma d'émotions intimes", des œuvres toujours accessibles comme le souligne Carolyne Deyns. Et l'écriture de devenir un flot charriant les émotions de Niki, mais aussi une peinture sans affèteries du corps vieillissant de l'artiste, imaginant le dialogue par delà la mort avec Jean Tinguely , qui fut à la fois son compagnon dans la vie et dans l'art.
Un roman plein d’énergie qui rend compte avec talent d'une existence riche et multiple.
Quidam 2020
Une lecture qui vient compléter cette courte biographie : clic
06:00 Publié dans Biographie, Rentrée 2020, romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : caroline deyns, niki de saint phalle
08/03/2020
#VcommeVirago #NetGalleyFrance
J’ignorais tout de la série Youtube d'Aude GG quand j'ai commencé la lecture de ces 70 portraits de femmes, plus ou moins connues, œuvrant dans des domaines très divers et venant d'horizons géographiques et d'époques très diverses.
Dans la lignée des Culottées, sont ainsi présentées aussi bien des femmes pirates, que des scientifiques victimes de l'effet Matilda (qui désigne le déni ou la minimisation récurrente et systémique de la contribution des femmes scientifiques à la recherche, dont le travail est souvent attribué à leurs collègues masculins, qui sans scrupules s'en sont attribué le mérite), d'une prostituée ou de femmes ayant lutté pour l'émancipation, des femmes remarquables donc..
Une courte biographie, accompagnée d'un portrait et d'une citation permettent ainsi la découverte de ces héroïnes souvent méconnues et donnent bien évidemment envie de les découvrir davantage.
06:00 Publié dans Biographie, Document | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : aude gogny-goubert, adrien rebaudo
20/08/2019
#RienN'EstNoir #NetGalleyFrance
"Il n'a rien compris, il ne voit pas, Frida ne peint pas ses rêves, ni son inconscient, elle peint une nécessité intérieure. La vérité du désarroi. Et elle n'a pas besoin d'étiquette ni de définition."
Organisé en quatre grandes parties, chacune divisée en chapitres déclinant des nuances de bleu, de rouge, de jaune, avant que de s'assombrir, le texte de Claire Berest choisit de se pencher sur des moments forts de la vie de celle qui est certainement l'une des peintres les plus célèbres au monde: Frida Kahlo.
Avec empathie, elle restitue la vie passionnée et tourmentée de celle qui fut très tôt marquée dans sa chair et que la douleur tourmenta quotidiennement. N'en faisant ni une victime, ni une femme soumise , elle brosse un portait à la hauteur de son modèle et nous livre ici une Frida pleine de vie, d'ardeurs et de flamboyance. Une femme libre et puissante.
Un texte qui se joue des écueils de la biographie et qui se dévore d'une traite. Une réussite.
06:00 Publié dans Biographie, Rentrée 2019, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : claire berest
28/06/2019
Les soeurs Brontë...en poche
"La lecture permet de savoir où l'on veut aller, qui l’on veut devenir. Elle peut révéler, aussi, ce qu'on ne voit pas de soi-même."
Biographie centrée sur la fratrie Brontë, ce document est étayé par de très (trop?) nombreuses citations et , pour ceux qui ont déjà lu sur ce thème, n'apporte pas grand chose de nouveau.
L'écriture de Laura El Makki est discrète et n'apporte pas de souffle à cette biographie classique et efficace par ailleurs.
06:00 Publié dans Biographie, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : laura el makki
06/02/2019
L'amour après ...en poche
"Il faut déserter les modèles, fuir leurs pièges, leurs barbelés invisibles. L'important, c'est d'avoir de l'air, alors tout peut commencer."
Années 50, Marceline Loridan -Ivens qui est "une fille de Birkenau" est rentrée en France et ne tarde pas à prendre son indépendance vis à vis de sa mère.
La jeune femme dont le corps a été figé dans l'adolescence par le camp a soif de vie et de culture. Elle enchaîne aussi les aventures amoureuses ,même si son corps ignore toute sensation de plaisir, de désir ,et restera à jamais "sec", c'est à dire stérile, sans que Marceline le regrette, bien au contraire.
La nudité reste attachée au regard d'un médecin décidant de la vie ou de la mort et Marceline aura toujours des difficultés à se dénuder, y compris dans un contexte médical.
Un récit rare qui évoque le corps, les sentiments d'une jeune femme fracassée par les camps mais qui est pleine d'ardeur, de vie, d'énergie et d'une formidable liberté.
06:00 Publié dans Biographie, Document, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marceline loridan-ivens
12/09/2018
Et soudain la liberté ...en poche
"Ce que les mères reportent sur leurs filles, tout de même. Ce qu'elles leur demandent, souvent silencieusement. Ce pacte qu’elles signent ensemble de leur sang partagé."
Récit d'une double émancipation ,parfois erratiques, celle de la mère d'Evelyne Pisier et la sienne, ce roman avait au départ tout pour me plaire.
Que l'autrice n'ait pu terminer son livre, que son éditrice ait pris le relais, poursuivant par delà la mort le dialogue entamé avec ferveur entre les deux femmes de générations différentes n'était en soi pas gênant, bien au contraire.
Non, ce qui m'a vraiment dérangée est que ce qui est annoncé comme un roman (à tendance clairement autobiographique) exhibe ses coutures, sa fabrication : on nous énonce ce qui est inventé ou non,un personnage public est clairement identifié à une page et renommé quelques pages plus loin.
Dans un tout autre genre, j'ai ainsi nettement préféré le premier roman d'Isabelle Carré qui nous indique avoir inventé certains faits, sans pour autant nous donner les clés et nous plonge ainsi plus efficacement dans la magie romanesque.
Lu dans le cadre du grand prix des lectrices de Elle.
09:14 Publié dans Biographie, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : evelyne pisier, caroline laurent
31/08/2018
Gabriëlle...en poche
"Ce fut notre gageure de déterrer quelqu’un qui voulut rester dans l'ombre."
Gabriële Buffet-Picabia,"théoricienne de l'art visionnaire, femme de Francis Picabia, maîtresse de Marcel Duchamp, amie intime d’Apollinaire" avait tout à la fois disparu de l 'histoire de l'art et de la vie de ses arrières petites-filles, Anne et Claire Berest, qui ignoraient jusqu'à son existence.
Se basant sur une solide documentation, mais faisant aussi la part belle à leur propre subjectivité, les auteures ont donc sorti de l'oubli cette personnalité exceptionnelle qui fut plus une femme qu'une mère, sachant privilégier l'art de Picabia et fermer les yeux sur ses frasques .
Elle aurait pu être une musicienne, mais sans éclat ,et se révéla bien davantage dans sa manière d'accompagner et de révéler à eux mêmes les artistes d'avant-garde.
J'ai été un peu frustrée de voir résumer en quelques lignes la vie de Gabriële après Picabia, mais cela participait de la logique intrinsèque du texte, puisqu'il s'agissait de jeter par delà les années une sorte de pont entre cette aïeule atypique, et elles-mêmes.
Quelques longueurs, mais Anne et Claire Berest ont su m'intéresser à la vie hors-normes de cette femme. Il se dégage aussi une grande sensibilité et la volonté de ne pas blesser leur propre mère en exhumant une histoire familiale douloureuse.
06:00 Publié dans Biographie, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anne et claire berest
29/01/2018
Les soeurs Brontë la force d'exister
"La lecture permet de savoir où l'on veut aller, qui l’on veut devenir. Elle peut révéler, aussi, ce qu'on ne voit pas de soi-même."
Biographie centrée sur la fratrie Brontë, ce document est étayé par de très (trop?) nombreuses citations et , pour ceux qui ont déjà lu sur ce thème, n'apporte pas grand chose de nouveau.
L'écriture de Laura El Makki est discrète et n'apporte pas de souffle à cette biographie classique et efficace par ailleurs.
Lu dans le cadre du Grand prix des Lectrices de Elle.
06:00 Publié dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : laura el makki, soeurs bronte
15/09/2017
Etre ici est une splendeur...en poche
"En s'écroulant, elle dit "Schade". C'est son dernier mot.ça veut dire dommage.
J'ai écrit cette biographie à cause de ce dernier mot. Parce que c'était dommage. Parce que cette femme que je n'ai pas connue me manque. Parce que j'aurais voulu qu'elle vive. Je veux montrer ses tableaux. Dire sa vie. je veux lui rendre plus que justice: je voudrais lui rendre l'être-là, la splendeur."
Pas d'étiquette normative rangeant Paula Becker dans un quelconque mouvement pictural, pas d'analyse picturale classique, pas de dramatisation façon Hollywood, mais le récit parfois troué de "brèches" dans lequel se lit ce que Marie Darrieusecq "en perçoit, un siècle après, une trace." Une subjectivité pleinement assumée donc pour brosser le portrait de cette femme qui s'affirme en tant que telle dans un monde encore corseté et dominé par le regard masculin porté sur le corps des femmes.
Paula Becker (1876-1907), qu'on devine joyeuse, pleine de vie , est attirée par Paris où elle fera de fréquents séjours et peint avec ardeur (80 tableaux en un an !) des portraits qui n'ont rien à voir avec les normes de l'époque.Elle est la première femme à avoir réalisé son autoportrait nue et semble aimer son corps et pas tellement le mariage. Elle mourra quelques jours après avoir donné naissance à son premier enfant.
C'est dans le dernier tiers de cette biographie intense, aussi intense que le fut la vie brève de Paula Becker, que nous apprenons comment Marie Darrieusecq a rencontré l’œuvre cette artiste peintre, quasi inconnue en France . Une artiste dont les thèmes (et la façon de vivre) ne pouvaient que faire écho à ceux qui irriguent l’œuvre de l'auteure de Le bébé : l'identité féminine, le corps des mères et des bébés, la place laissée aux artistes femmes encore aujourd'hui (un tableau de Paula Becker était relégué dans le sous-sol d'un musée...).
On ressent beaucoup d'empathie, voire d'amour dans ce texte.
06:00 Publié dans Biographie, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : marie darrieusecq