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10/05/2023
Avec joie et docilité...en poche
"L'été est comme une plante sortant de terre. Il s'écoule à la fois avec la lenteur imperturbable de la germination et avec la rapidité presque agressive de la pousse des tiges et des fruits au cœur de la belle saison."
Finlande, 2016. Ce pays a tiré les leçons des erreurs du passé et vit, coupé du monde. La population est divisée en trois catégories: les virilos, comprendre les hommes, les éloïs, femmes blondes soumises, élevées uniquement dans le but de satisfaire tous les désirs des virilos et les morlocks , femmes rebelles à qui la reproduction est interdite (elles sont stérilisées).
Dans ce monde où le seul plaisir permis demeure le sexe, la consommation de piments est interdite, générant bien évidemment tout un trafic pour le plus grand bénéfice de nos héros, Vanna, une morlock travestie en éloï et son ami virilo, Jare.
Si ce dernier compte bien s'échapper de Finlande, Vanna, quant à elle cherche surtout à élucider la disparition de sa sœur.
Double intrigue donc et double point de vue sur les événements, le tout intercalé de documents officiels, expliquant la domestication des femmes, d'après des méthodes utilisées sur des animaux.
C'est la couverture de" Chez Gertrud "qui m'a donné envie de découvrir ce roman et , même si je ne suis pas férue de dystopie, cette analyse de la situation faite aux femmes a su me séduire par la manière dont elle est traitée. Bien évidement, on se dit que ce roman n'intéressera que les convaincu(e)s, mais une petite piqûre de rappel ne fait jamais de mal...
Avec joie et docilité, Johanna Simisalo, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, Actes Sud 2016.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : johanna sinisalo
09/05/2023
Les cerveaux de la ferme: Au coeur des émotions et des perceptions animales
Il faut savoir passer outre les blagues à deux balles du narrateur (je ne suis visiblement pas le cœur de cible car beaucoup de lecteurs les ont appréciées) pour savourer cette BD de vulgarisation scientifique, par ailleurs fort bien étayée de références scientifiques, garantissant le sérieux des propos.
Pour les curieux et curieuses de mon espèce, cet ouvrage est une mine de découvertes concernant aussi bien les poules ( des pros du morpion) , les vaches, les moutons, les cochons ou les chèvres.
Très bien organisée, cette BD envisage leur perception du monde, leur façon de réfléchir, leurs émotions, leur façon de communiquer, leur façon d'apprendre les un.e.s des autres , sans oublier leurs sociétés. Le tout illustré avec tendresse et humour. Un pur régal à découvrir d'urgence.
Merci à Babelio et à l'éditeur , La Plage.
06:00 Publié dans BD, Sciences | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sébastien moro, layla benabid
08/05/2023
#Uneexécution #NetGalleyFrance !
"Je me souviens surtout de la façon qu'il avait de nous regarder. Comme s'il se demandait à quoi on pourrait bien servir. "
Dans douze heures ,Ansel Packer sera exécuté. Il ne s’envisage pas du tout comme un tueur en série, mais comme l'auteur d'une œuvre philosophique qu'il veut léguer à la postérité.
A partir cette situation apparemment sans tension, l'assassin est connu, arrêté, son sort est scellé, Danya Kukafka crée un roman plein de suspense (et de retournements de situation ) qui tient le lecteur en haleine.
De plus, via trois femmes qui l'ont côtoyé à différents moments de son existence (sa mère, la sœur jumelle de son épouse et surtout Saffy, l’enquêtrice, qu’il avait croisée plus jeune en foyer d’accueil) , elle fait entendre les récits qui redonnent vie à ses victimes. Elle balaie ainsi toute possibilité de fascination face à cet être qui plaque sur son visage les émotions qu'il ne ressent pas mais a appris à imiter pour mieux manipuler les autres.
Un roman magistral qui évite les écueils du genre et interroge les notions de justice, de bien et de mal.
Buchet-Chastel 2023. Traduit de l'Anglais (États-Unis) par Isabelle Maillet.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : danya kukafka
05/05/2023
Les affinités sélectives...en poche
L'une, Elisabeth, a écrit un roman et vient d'avoir un enfant. Elle s'ennuie dans une petite ville, bien trop loin de New York. L'autre, Sam, est une étudiante, d'origine modeste, dont l'avenir est déjà entravé par des prêts contractés pour payer ses études.
Elisabeth va embaucher Sam pour garder son fils et vite s'enticher de la jeune femme dont elle entend bien révéler le potentiel artistique. Mais l'ingérence dans la vie amoureuse et professionnelle des autres est-elle vraiment une bonne chose ?
Tout est un peu trop parfait, trop lisse, dans ce roman qui entend pourtant dénoncer certains faits économiques et surfe sur l'air du temps en mentionnant par exemple les groupes sur les réseaux sociaux et autres influenceuses. Mais cela reste bien timide et les problèmes financiers sont trop vite résolus...
Il n'en reste pas moins que l'écriture fluide de l'autrice fait que l'on tourne les pages sans déplaisir. Un bon gros pavé estival qui fait le job.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : j. courtney sullivan
04/05/2023
Le pays des phrases courtes...en poche
"Personne ne veut savoir comment tu vas, dit-il .Souviens-toi de ça. "
Pièce rapportée, l'héroïne et narratrice de ce roman l'est à plus d'un égard. Son compagnon a été embauché dans une école d'un type particulier , privilégiant les arts, dans une région rurale du Danemark. Enseignants et élèves forment une communauté, quasi une secte aux dire d'une autre pièce rapportée, et si cette appellation est formulée avec humour, il n'en reste pas moins que la narratrice se sent fortement décalée et peine à créer des liens d'amitié avec une population trop laconique à son goût.
Expansive, peinant à obtenir son permis de conduire, jeune mère analysant avec acuité et humour les perturbations engendrées par cette naissance, nous la suivons dans ses tribulations, le tout ponctué par les lettres drolatiques et les réponses hautes en couleurs qu'elle fournit en tant qu'"oracle" dans le journal local, sorte de courrier du cœur, emploi que lui a procuré la directrice de son mari. L'écriture de chansons satiriques lui permet aussi de tenir le coup dans cet univers si étrange à ses yeux.
Le point de vue décalé, fin et plein d'humour, l'écriture alerte et les personnages croqués à ravir font de cette lecture un pur délice. J'ai surligné à tour de bras et j'ai déjà hâte de voir traduit un autre roman de cette autrice .
Éditions Le Bruit du monde 2022.
Traduit du danois par Catherine Renaud.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : stine pilgaard