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11/02/2022

Tant qu'il y aura des vaches

"Dès cette époque, une bulle s'était formée entre elles et moi, qui comme par une clôture, nous séparait du reste des hommes."

 

Larguée brutalement, une jeune journaliste free lance se passionne soudain pour les vaches et dévore jusqu'aux ouvrages les plus techniques les concernant.
Pourquoi une telle passion? Est-ce juste pour détacher son esprit de son ex amoureux ou  cette fixation sur les bovidés remonte-t-elle à une source plus lointaine ? patricia martel
Nous suivons dans les plus intimes méandres de son esprit cette jeune femme dont la passion soudaine risque fort de lui faire perdre contact avec la réalité...Un roman  fort plaisant qui s'amuse au passage avec les expressions ayant trait aux vaches dans ses titres de chapitres.

Comment résister à cette magnifique couverture quand on est ,comme moi ,une fan des vaches ? Merci donc à Babelio et à l'autrice  (qui a accompagné cet envoi d'une très gentille lettre et de timbres choisis avec soin).patricia martel

10/02/2022

Requiem

"Or, ce qui rend la vie supportable, c'est de pouvoir oublier."

Jonas quitte Reykjavík  et se réfugie dans un village des fjords de l'Est de l’Islande. Là, il note dans un carnet de moleskine toutes les musiques qu'il entend dans les bruits du quotidien : ronronnement du réfrigérateur, bruits de moteurs etc.  Mais il ne cesse de minorer cette création et ne se revendique jamais comme compositeur. gyrdir eliasson
On comprend petit à petit que sa vie de rédacteur publicitaire lui pèse , que son couple se délite et qu'un drame les a frappés : "Pourquoi nul ne s'enquiert de Joakim ? ". Comme autant de petit cailloux semés au fil du texte, les indices de cette souffrance jamais clairement énoncée apparaissent. Car c'est bien là le problème: Jonas ne peut parler à parler de choses importantes.
Il s'enfonce de plus en plus dans la solitude et les pertes successives jalonnent son parcours. Son identité elle-même peu à peu s'efface et cet itinéraire,tout en retenue, n'en devient que plus poignant. Un roman où quelques pointes d'humour (souvent noir) émergent d'une tonalité mélancolique et prenante. Un grand coup de cœur qui file sur l'étagère des indispensables.

Traduit de l'islandais par Catherine Eyjolsson. La Peuplade 2022

 

Du même auteur: clic 

reclic.

 

09/02/2022

Sorcière

Alors qu'un peu partout dans le monde ,des sorcières reçoivent des excuses officielles des autorités pour des supplices inutiles, "A partir des années 60, les mouvements féministes occidentaux régénèrent cette figure ancestrale en l'extirpant de son univers onirique. Elle devient le symbole du pouvoir féminin que redoute la société patriarcale".  alix paré
Alix Paré, dans cet ouvrage s'attache à présenter dans 40 notices des œuvres picturales offrant différentes facettes de cette femme fatale, tantôt séduisante, tantôt effrayante.
Si les explications sont claires et détaillées, j'ai cependant regretté que les œuvres  contemporaines soient si peu représentées et juste mentionnées .  

 

Chêne 2020

06:00 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alix paré

08/02/2022

Parler comme jamais

Avec précision, méthode  (l'ouvrage est très didactique et même interactif) humour aussi, Laélia Véron, maîtresse de conférence en stylistique et Maria Candea, professeure en linguistique françaises s’attelle à une rude tâche : dégommer les clichés concernant la langue française et son prétendu déclinisme.
Non, contrairement à ce que prétend le linguiste Alain Bentolila qui se répandait il y a quelques temps dans tous les médias, certains jeunes n’utilisent pas 400 mots de vocabulaire ! lalélia véron,maria candea
On sort de cette lecture revigoré par les preuves que la langue française est certes parfois bizarre, mais surtout changeante, pleine d'inventivité et donc pleine de vie !

 Éditions Le Robert. 2021.

Écoutez, entre autres,  le billet de Laléia Véron sur l'Académie française, ça vaut le détour

 

07/02/2022

Apaiser nos tempêtes

Autant, j'avais été séduite par Dans la forêt, autant j'ai été déçue par celui-ci qui avait pourtant tout pour me plaire .
Deux parcours de femmes, qui se rejoignent à la toute fin du roman, une artiste et une mère célibataire qui peine à joindre les deux bouts et sur laquelle les ennuis tombent en pluie .jean hegland, schtroumpf grognon le retour
Et c'est justement cette abondance qui m'a empêchée d'apprécier le roman, tant j'ai trouvé que Jean Hegland ,a contrario de son précédent roman paru en France ,"chargeait la barque", n’épargnant rien à son héroïne.
Certes l'analyse de la maternité est intéressante mais les 556 pages m'ont paru bien fastidieuses.

Phébus 2021, traduit de l'anglais (E-U) par Nathalie Bru.

04/02/2022

Histoire du fils...en poche

"Ce don qu'il avait toujours eu de se sentir partout à sa place, légitime et désiré, venait de là, de Chanterelle, du nom, de la mère, de la maison, des terres, de l'air cru."

Se jouant de la chronologie, Marie-Hélène Lafon retrace l'histoire de deux familles qui n'apprendront que bien plus tard comment leurs destins se sont imbriqués et incarnés en la personne de ce fils qui donne son titre au roman. Deux familles, mais aussi deux terroirs et deux noms, car tout est ici fortement lié. marie-hélène lafon
Cette structure éclatée déroute un peu le lecteur, au début,  mais la langue  drue de l'écrivaine nous soutient et nous emporte au fil du récit et nous nous attachons à ces personnages que nous apprenons peu à peu à identifier au sein du schéma familial.
Si le plaisir de lecture était bien présent, j'ai néanmoins eu l'impression d’être tenue à distance par ce roman,  dont à mon avis, la vraie héroïne est la figure forte de la mère biologique, femme atypique mais qui nous demeure néanmoins quelque peu opaque.

03/02/2022

#LeGangdubiberon #NetGalleyFrance !

"Cependant j'avais une règle d'or: je ne me laissais jamais atteindre par le pessimisme des autres (seulement par le mien, c'est ce qui faisait ma force) . "

Envie d'une virée en voiture sur les chapeaux de roues ? Alors embarquez avec Hank le dépressif impulsif, sa femme, (non surtout pas cette formule, Alma est une féministe radicale et parfois Hank se perd un peu dans ses injonctions contradictoires...), disons la mère de leurs enfants , Marnie, huit ans, Lilirose quatre ans et le petit dernier Lino, neuf mois.  Une semaine sans téléphone ni GPS sur les routes d'Espagne pour se retrouver en famille, pour se retrouver en couple (mission quasi impossible) sur les routes d'Espagne.
Toute l'épopée est relatée du point de vue du père et sa vision des enfants, à la fois pleine de tendresse mais aussi de lucidité est follement réjouissante Ainsi parlant du bébé : "Une splendide bedaine d'un demi-litre me garantissait son innocuité pour quatre bonnes heures". philippe ségur
Mais Hank ne se donne pas le beau rôle pour autant et sa description des différentes tentatives pour renouer charnellement avec Alma ,tout en ayant auparavant tenté de neutraliser ses enfants ,est hilarante.
J'ai d'ailleurs beaucoup ri  (et cela m'arrive rarement) à la lecture de ce roman qui fonce à toute allure et fustige au passage nos illusions et notre société pour le moins décadente : "Un groupe de supporters de foot, vêtus de vert et blanc, maniant drapeaux, fanions et banderoles, venait droit sur nous en braillant à pleins poumons. Une vision qui donnait toute sa signification à la thèse du suicide de l'humanité à l'ère de l'anthropocène. "
Car la noirceur de la vision est sous-jacente dans ce roman qui reprend les codes du voyage à l'étranger pour mieux critiquer ce que nous croyons être "normal". Un roman mémorable et jouissif.

 

Buchet-Chastel 2022.