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18/05/2019
Dans les prairies étoilées...en poche
"En même temps, quand on vient de vous offrir un mortissoir à brinches, être content, ça va de soi."
Délaissant la veine du "Ensemble, c'est tout", Marie-Sabine Roger nous livre ici un joli roman traitant de l'amitié, du temps qui passe, mais aussi des relations entre un créateur (auteur-dessinateur de BD) et sa créature, lors du décès de l'ami qui l'avait inspiré.
L'écriture est fluide mais la trame narrative manque de force à mon goût.
Cuné est plus enthousiaste: clic.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : marie-sabine roger
17/05/2019
Mrs Hemingway...en poche
"Quel charme ! Quel magnétisme ! les femmes se jettent des balcons, le suivent à la guerre et détournent le regard le temps d'une liaison parce qu'un mariage à trois vaut mieux que d'être seule."
Il n'y aura pas eu une mais quatre Mrs Hemingway, l'auteur du Vieil homme et la mer * ayant enchaîné les mariages, comme si lui non plus ne supportait pas d'être seul. Fait qui mérite d'être noté d'ailleurs, il était systématiquement encore marié quand il envisageait d'en épouser une autre, dans une transition sans faille.
Même si nous le suivons des années 20 aux années 60, Naomi Wood a choisi de la faire en donnant la parole successivement à Hadley,la tendre, Fife,la déterminée, Martha ,l'indépendante et enfin à celle qui le découvrira suicidé, Mary.
La première partie du roman est peut être la plus intense, qui voit Hadley, au cours d'un été caniculaire à Antibes, choisir délibérément d'inviter son amie Fife, qu’elle soupçonne d'avoir des vues sur Hemingway. Stratégie qui s'avérera perdante mais que Naomi Wood décrit avec délectation, inversant parfois les rôles et donnant ensuite le point de vue de la rivale.
Le risque était double : se répéter et alourdir le récit des informations glanées au cours des recherches effectuées. Le défi a été remporté haut la main car Naomi Wood possède une écriture précise, imagée et analyse la psychologie de ses personnages avec empathie. Ce n'est ni un portrait à charge, ni à décharge mais un kaléidoscope où se révèle la complexité du romancier américain à travers le regard de ses épouses. Un grand coup de cœur et un roman que j'avais hâte de retrouver !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : naomi wood
16/05/2019
Des orties et des hommes
"Chacun dans sa cour de ferme, on n'a pas grandi avec du Nutella entre les doigts mais avec la glaise, la sueur, les caresses animales et la sale matière du travail pur. L'âge qui s'avance nous pèse comme la bosse de Joël. On devient adolescents et lointains."
Pia, double de l'auteure, nous relate dans ce roman poétique et sensuel, le monde rural de la Charente où s'est installée une famille d’origine italienne.
Le travail dur, la sécheresse intolérable d'un été des années 70 qui fait pleurer une mère de faille agricultrice, mais aussi les orties cueillies sans se faire piquer et progressivement le passage à une agriculture industrielle, sont au cœur de ce récit.
En parallèle, c'est aussi le passage à l'adolescence et si, parfois , le rythme semble lent et sans véritable intensité narrative, à la fin, on se retrouve un peu démuni et on aimerait savoir ce que sont devenus les différents protagonistes.
Éditions Liana Levi 2019, 295 pages piquetées de marque-pages.
Clara a aussi aimé.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : paola pigani
15/05/2019
Je me promets d'éclatantes revanches
" C'est une des raisons pour lesquelles l'écriture de Charlotte Delbo dérange :par sa grâce, elle peut refuser de vivre en victime."
C'est par Marie-José Chombart de Lauwe, ancienne résistante et déportée à Ravensbrück, lors de la préparation de ce qu'elle n'ose pas encore appeler son roman (Kinderzimmer) que Valentine Goby découvre la vie et l’œuvre de Charlotte Delbo.
Survivante d'Auschwitz-Birkenau, Charlotte Delbo amoureuse, résistante et déportée ne connaît pas une grande notoriété de nos jours. Valentine Goby, fascinée par la puissance de cette écriture poétique s'interroge sur les raisons de cette situation et nous livre ici un bel exercice d'admiration.
Une magnifique manière de célébrer la puissance des mots.
06:05 Publié dans Essai, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : valentine goby
14/05/2019
Fleurs tardives
"J'étais tout de suite chez moi dans ce pays de chair, de peau, de bras, de lèvres. les siennes étaient blindées, rouillées, mais coopératives. N'empêche que c'était comme si j'avais appris à respirer de nouveau, un vrai bain chaud."
Dix ans après le décès de son Jacques chéri, Susie Morgenstern fait la connaissance, via internet d'un veuf, suisse et doté d'un fils unique.
Ils se donnent rendez-vous à Paris et là, Susie, sur une impulsion, pousse Georges sur le lit de la chambre d'hôtel qu'il a louée ! Ce n'est pas parce qu’on a plus de soixante-dix ans qu'on n'a plus de désir sexuel !
Commence alors une enthousiasmante histoire d'amour, soigneusement balisée au début par les deux tourtereaux qui doivent prendre en compte les réactions de leur familles respectives (on a parfois l'impression que les rôles s'inversent !).
A son habitude, Susie Morgenstern se montre à la fois franche, pudique et pleine d'humour et , ce qui est encore plus intéressant, donne la parole en alternance à George. Nous voyons donc comment chacun d'entre eux ressent les événements, sans que jamais on tombe dans des redites.
La dernière partie est plus sombre, mais tout aussi intéressante.
On souhaite beaucoup de bonheur à Susie et Georges,autant qu'on en ressent à la lecture de cet ouvrage.
Bayard 2018. Déniché à la bibliothèque. 139 pages qui donnent la pêche et filent sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Récit de vie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : susie morgenstern, george rosenfeld
13/05/2019
En attendant la neige
"J'allais trouver un territoire vierge qui ne serait pas entaché par cette faute, un espace suffisant pour exister, avoir un futur possible. C'était tout ce que je demandais."
Responsable d'un accident de voiture dans lequel sa mère a trouvé la mort, Véra tout autant pour se reconstruire que pour échapper à l'emprise d'une sœur trop parfaite qui entend régenter sa vie, se réfugie dans un chalet isolé du Jura.
Là, elle pourra se désintoxiquer des médicaments prescrits pour lutter contre les conséquences physiques de l’accident et se confronter à sa culpabilité. Mais, trop centrée sur ses problèmes, Véra n’entend pas les mises en garde et devra se confronter à d'autres problèmes inattendus, sans compter que la neige risque bientôt de la bloquer dans son chalet.
Suspense psychologique efficace, En attendant la neige ne ménage pas les nerfs de son lecteur sans pour autant bâcler les portraits de ses personnages, aussi bien principaux que secondaires. L'atmosphère est prenante et l’on dévore d'une traite ce roman.
Merci Clara !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : christine desrousseaux
12/05/2019
L'été dernier à Syracuse
"Deviner le fragilité d'une femme et s'y intéresser, c'est ma technique."
Un couple d'intellos dans la force de l'âge et un couple plus jeune de leurs connaissance, accompagné de leur très jolie pré-ado partent ensemble en vacances en Italie . Ils termineront leur périple à Syracuse.
Dans leurs valises, ils emmènent qui un manuscrit prétendument à finir, qui bien des interrogations, quelques secrets et surtout beaucoup de névroses. Le soleil, la chaleur, le fait d'être des Américains en voyage en Europe aussi, ajoutés à tous ces non-dits vont former un cocktail détonnant pour le plus grand plaisir du lecteur qui, au fil des narrations alternées de ce roman choral, mesure l'ampleur du drame à venir.
Roman commencé de manière plutôt légère, l'été dernier à Syracuse prend, au fil des pages , une tonalité plus dramatique et, s'il n'évite pas quelques invraisemblances dans la dernière partie, constitue un excellent roman à glisser dans sa valise cet été, quelle que soit notre destination.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : delia ephron
11/05/2019
La fille de la supérette/kombini...en poche
"Ainsi donc le corps, éprouvé par le travail physique, finit par ne plus être "utile". Peu importent le sérieux et l'ardeur que je mets à l'ouvrage, avec les ans, moi aussi, je suis sans doute condamnée à devenir un produit inutile dans cette supérette."
Depuis l'enfance, Keiko a conscience de sa singularité dans la société nipponne où elle est née. Pragmatique à l'excès, elle décide ainsi de séparer à coups de pelle deux enfants qui se battent à l'école primaire, au grand dam des adultes présents, bien évidemment ;(scène qui m'a fait hurler de rire , tant le contraste est grand entre le problème posé et la manière dont il est résolu !).
Intelligente, Keiko met en place très tôt des stratégies pour passer inaperçue (tant au niveau du langage que de l’habillement) et ne plus attirer l’attention sur elle.
Décrochant dans un job d'étudiant dans une kombini, supérette ouverte 24 h sur 24 , 365 jours par an, Keiko connaît enfin le bonheur, tant l'univers organisé de façons quasi militaire correspond à ses aspirations. Diplômée de l'université, elle ne postule pourtant pas à un autre emploi, au grand désespoir de ses parents, qui rêvent de la voir mariée et mère de famille.
L'arrivée au kombini d'un jeune homme atypique va peut être changer la donne.
Quel régal que ces 143 pages constellées de marque-pages ! De manière parfois crue, l'auteure se livre ici à une critique en règle de la société japonaise et de ses diktats. L'humour noir, hyper transgressif, qui apparaît par petites touches, la fin,glaçante, font en outre de ce roman une lecture hautement réjouissante.
Et zou sur l'étagère des indispensables !
Traduit du japonais par Mathilde Tamae-Bouhon
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sayaka murata
10/05/2019
Le dernier amour de Baba Dounia
"Parce que s'il y a bien une chose que nous n'avons pas à craindre , ici, ce sont les épidémies qui touchent le reste du monde."
Elle ne rajeunit pas Baba Dounia. C'est vrai, comme elle le dit volontiers: "Je n'ai plus quatre-vingt deux ans.". Pourtant elle a été la première à revenir s’installer, seule, dans cette zone proche d'une centrale nucléaire qui a explosé,zone où des scientifiques viennent juste effectuer des prélèvements.
Là, elle entretient des rapports épisodiques avec les quelques habitants qui l'ont suivie, l'instaurant presque malgré elle, personne référente de cette communauté qui n'en est pas vraiment une.
Par son optimisme, elle force l'admiration Baba Dounia et devient même , sans presque s'en rendre compte une personnalité connue au-delà des frontières.
Le contraste est saisissant entre ce qu'on attendrait d'une telle situation, dramatique au possible, et la manière, pleine de tendresse et d’humour dont la traite l'auteure, sans aucun pathos.
On aimerait bien ressembler à Baba Dounia quand on aura atteint son âge, sans forcément habiter au même endroit !
Actes Sud 2019, traduit de l'allemand par Isabelle Liber.
De la même auteure : clic. (vient de sortir en poche, chez Babel)
Cuné a adoré.
Merci Clara !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : alina bronsky
09/05/2019
L'encre vive
"Car son expérience l'amenait aujourd'hui à reconnaître que ce qu'elle avait considéré jusque_là comme allant de soi, une position sociale, n'était jamais définitivement acquis."
Marie King, cinquante-neuf ans, a élevé trois enfants, maintenant grands ,et après son divorce, se retrouve seule avec son vieux chat dans ce qui était la maison familiale. Elle s'occupe de son immense jardin , boit un peu trop et dépense comme au temps de sa vie confortable, même si elle n'en a plus vraiment les moyens.
Un jour ,sur une impulsion, elle se fait faire un tatouage et c'est tout un monde qui s'offre alors à elle, au grand dam de ses enfants.
C'est donc par le biais d'une artiste tatoueuse, qui deviendra une amie, voire une guide, que Marie va peu à peu reprendre le contrôle de son existence et affronter les épreuves qui l'attendent.
L'encre vive est rempli de fleurs, d'arbres et de plantes qui semblent s'évader du jardin de Marie pour venir s'inscrire dans sa peau de manière irréversible, alors même que notre héroïne va devoir accepter progressivement toute une série de pertes.
Marie prend aussi progressivement conscience de son aveuglement volontaire concernant ses prétendus amis et va nouer des liens plus intenses avec des gens de milieux bien différents.
Alternant les points de vue, l'auteure ne perd pourtant jamais son lecteur qui dévore, presque sans s’en-rendre compte les 537 pages de ce magnifique portrait de femme, pages bruissantes de marque-pages.
Et zou, sur l’étagère des indispensables !
Actes Sud 2019, traduit de l'anglais (Australie) par Isabelle Mailler.
Cuné a adoré.
Clara a beaucoup aimé aussi.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : fiona mcgregor