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30/11/2016

De tout, un peu...novembre

 

 

Mariées rebelles, Laura Kasischke, inédit, édition bilingue,  poèmes magnifiquement traduits par Céline Leroy,  et préfacés par Marie Desplechin.41JMZhJMERL._AC_US160_.jpg

Enfin, le premier recueil de poèmes de Laura Kasischke, dont on n'entendait parler que dans les articles consacrés à celle que nous ne connaissions que comme romancière ! Et ce dont deux éditeurs lillois qui se sont lancés dans cette folle entreprise ! La préface de Marie Desplechin nous donne une folle envie de dévorer tout à la fois le livre et un baba au rhum (dont acte); quant aux poèmes, je vous laisse le soin de les découvrir. Il y est beaucoup question de femmes, de neige et d'amour.

Mariées rebelles *, Laura Kasischke, Traduction Céline Leroy, Editions Page à Page 2016, 183 pages hérissées de marque-pages

*(rien que le titre donne envie !)

 Les cosmonautes ne font que passer Elitza Gueorguieva41lEK-hQAEL._AC_US160_.jpg

Je vais jouer les trouble-fêtes dans le concert de louanges qui a accompagné ce premier roman écrit par une jeune bulgare, mais le "Tu" a sans cesse corné à mes oreilles et j'ai cherché en vain l'humour.

 

Livre pour adultes, Benoît Duteurtre, Gallimard 2016

Le billet de Cuné m'avait donné envie. Si j'ai admiré l'écriture, la nostalgie qui se dégage de ces pages m'a un peu laissée de marbre.418RM0JYA7L._AC_US160_.jpg

 

 

 

 

 

 

Pour finir, un coup de cœur pour une série que je n'ai pas terminé de déguster , mais rien que ce que j'ai déjà vu, à savoir la moitié, est un pur régal : THIS IS US.

Le destin de trois personnes nées le même jour, avec des rebondissements, des retours en arrière, des détails tirés du quotidien, le passé des États-Unis (années 80), des personnages hyper attachants, des histoires qui donnent le sourire, émeuvent, autour du thème de la fratrie et des différences. Le personnage du père (avec sa moustache !) est à lui seul un concentré d'humanité.p12900254_b_v8_aa.jpg

 

Le seul avantage de novembre est qu'il n'a que 30 jours, c'est déjà ça.

29/11/2016

30 ans (10 ans de thérapie)

"Pour ceux que ça intéresse, l'intégralité de la biographie de ma mère est disponible en live chez elle tous les dimanches vers 15 h30. (Et en version longue non censurée à chaque Noël)."

Nora Hamzawi, je l'avais quelques fois entendue sur France Inter,j'avais même lu quelques unes de ses chroniques dans Grazia (oui, ça m'arrive de lire Grazia et chez moi, pas dans une salle d'attente). Mais de là à lire ce "journal d'une trentenaire névrosée" regroupant ses meilleures chroniques, enrichi même d'inédits, ce n'était pas gagné d'avance. Et pourtant, j'ai dévoré.nora hamzawi
J'ai souri, j'ai admiré son culot (aucun sujet tabou), son autodérision permanente, son regard amusé, tendre et vachard porté à la fois sur elle-même et sur des situations du quotidien que nous avons toutes connues, trentenaires ou pas.
Le récit  du plombier qui lui explique comment ne pas boucher son sanibroyeur m'a fait hurler de rire! Ses coups de gueule ( in petto), sa manière de se compliquer la vie en suranalysant tout ou presque m'ont réjouie au plus haut point ! Quant aux illustrations de Anna Wanda Gogusey, elles sont en parfaite harmonie avec le ton du livre ! Un pur plaisir dont on aurait tort de se priver !

Merci à Madame ma fille qui m'avait conseillé de tenter l'expérience car elle-même avait beaucoup ri au spectacle de Nora Hamzawi ! Évidemment, le livre va filer chez elle :)

  • 30 ans (10 ans de thérapie), Nora Hamzawi, Editions Mazarine 2016 , 188 pages réjouissantes !

06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : nora hamzawi

28/11/2016

Bridget Jones baby Le journal

"C'est névropathique, paraphrénique, adamantin, platitudineux, inepte, insane, macaronique...
-Vous pouvez traduire, Will ? demande le présentateur.- Une bouillasse totalement illisible, répond Will Sharp."

helen fielding

Bridget a renoué -et plus car affinités et cocktails alcoolisés -successivement avec ses deux ex. Problème: elle est enceinte mais ignore qui est le père de son enfant.
Sur une intrigue plus que légère,au dénouement prévisible, le roman ronronne gentiment, utilisant les bonnes vieilles recettes qui avaient fait le succès du premier opus, sans les renouveler.
J'ai même été un peu agacée par le cadeau somptueux que font les copines de Bridget à la future mère: une poussette de compétition qui doit coûter un bras mais bon, ce doit être mon côté schtroumph grognon qui ressort.
Néanmoins, je n'ai pas abandonné ce roman de détente qui fait le job.

Albin Michel 2016, 259 pages distrayantes.

27/11/2016

Les jeunes mariés...en poche

"Elle s'efforçait de trouver un lien entre la jeune fille qu'elle imaginait si souvent dans l'appartement de ses parents et l'épouse américaine se servant d'un lave-vaisselle et d'une machine à laver ou consultant ses mails sur l'ordinateur du salon.La tâche était d’autant plus difficile qu'à Rochester  personne ne connaissait la Munni d'avant, et dans son pays ,personne ne connaissait celle d’aujourd’hui.Parfois, elle se demandait si les deux filles  s'éloigneraient de plus en plus jusqu'au jour où elles ne se reconnaitraient plus."

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Amina,jolie jeune femme bangladaise, et Richard, ingénieur américain de trente-cinq ans , ont fait connaissance par le truchement d'un site de rencontre sur internet. Tous deux, forts pragmatiques, ont chacun le projet de fonder une famille. Mais ce qu'Amina ne révèle pas immédiatement c'est que pour elle cela implique que ses parents la rejoignent aux États-Unis.
Par rapport à Amina , jolie, déterminée et intelligente, Richard paraît bien falot. Mais peut être n'est-il pas aussi lisse qu’il le paraît...
La première partie du roman est malicieusement intitulée " Un mariage arrangé". En effet, Amina met tout en œuvre pour réaliser son rêve: aller vivre aux États-Unis, mais sans jamais paraître froide ou manipulatrice. Les deux chapitre suivants, forts intéressants, sont consacrés à son intégration et à sa conquête de la citoyenneté américaine. En contrepoint des héros, la cousine de Richard, qui a échoué dans son mariage avec un Indien ,vient donner un nouvel éclairage sur les couples dits mixtes. J'ai été moins convaincue par la dernière partie, "Une demande en mariage" qui décrit avec beaucoup trop de détails les embrouilles  familiales dans lesquelles sont enferrés les parents d'Amina. Un roman qui, malgré quelques longueurs, confirme le talent de Nell Freudenberger.Un joli parcours de couples qui s'effectue d'une certaine façon à l 'envers mais qui est fort convaincant dans son souci des détails et sa vérité psychologique.

Les jeunes mariés, Nell Freudenberger, traduit de l'anglais (E-U) par  Sabine Porte,  Quai Voltaire 2014,  427 pages.

10/18 2016

23/11/2016

Sauveur & Fils Saison 2

marie-aude murail"Ils rirent. Blaguer est une façon de mettre à sa juste place quelque chose qui vous angoisse."

Que sont devenus les patients de Sauveur Saint-Yves, psychologue antillais à Orléans ? On les retrouve dans cette saison 2 qui leur fait la part belle, même si les rebondissements de l'histoire d'amour du psy ne sont pas oubliés.
Marie-Aude Murail montre ici sa grande connaissance du monde des adolescents et son grand professionnalisme en matière d'écriture. On en s'ennuie pas une minute, même si la fraîcheur de la découverte et l’enthousiasme suscité  par la saison 1 (clic) sont un peu estompés.

Sauveur & Fils, Saison 2 , Marie-Aude Murail, école des loisirs 20165, 314 pages qui se tournent toutes seules.

22/11/2016

La vie idéale

"à Rain Dragon, assurait-elle, , le secret était de ne jamais admettre son manque d'expertise. Ici, à la différence du Massachusetts, tout le monde se fichait de vos références. On était ce lui que l'on disait être.On pouvait même se montrer incroyablement médiocre dans un domaine donné, personne ne semblait le remarquer ou s'en soucier."

Damon et Amy, couple de trentenaires, ont rejoint "Rain Dragon", une grande ferme bio du Nord-Ouest des États-Unis. Si la jeune femme trouve aisément sa place dans la structure de ce projet alternatif, Damon , davantage motivé par l'idée de suivre le nouvel engouement de sa compagne, dans l'espoir de sauver leur couple, nettement moins.jon raymond
Il sera pourtant à l'origine d'une formation destinée aux grandes entreprises , initiative qui n'aura pas forcément les résultats escomptés.
J'ai retrouvé avec plaisir le style et la finesse psychologique que j'avais appréciés dans le recueil de nouvelles Wendy et Lucy. (clic)
J'ai aussi aiméécié la description du fonctionnement de cette communauté qui se veut hors normes, mais n'en reste pas moins une entreprise qui se doit de faire des bénéfices . Pas d'esprit à la Pierre Rabhi ici mais un solide sens des affaires sous un vernis de communauté dirigée par un leader aux allures de gourou.
Si les dés semblent joués d'avance, il n'en reste pas moins qu'on passe un bon moment de lecture.

La vie idéale, Jon Raymond,  traduit  de l'américian par Nathalie Bru, Albin Michel 20116 , 317 pages douces-amères.

 

21/11/2016

Nous sommes restées à fixer l'horizon

"Nous nous sommes tartinées la figure d'argile bleu-clair, nous avions l'air de deux fantômes touchés par le bonheur."

Quel personnage cette Olivia ! Manipulée dans sa jeunesse par sa mère, plutôt que de devenir architecte, elle a décidé de bosser dans une fonderie. Mise à la porte par son petit ami, elle apprend que sa tante Agot décédée brusquement lui lègue sa maison en Islande.mona hovring
Lors des obsèques, elle tombe amoureuse de Bé,elle-même mariée à une femme. Nos deux héroïnes se rendront donc ensemble en Islande.
Plus que cette histoire d'amour, toute en délicatesse et ellipses, c'est le personnage d’Olivia, en chemin vers sa liberté et le style de l'auteure qui ont su emporter mon enthousiasme. Alternant différents registres de langue, utilisant des mots tantôt anciens, tantôt peu usités (bravo au traducteur !), "J'étais sémillante, badine et rigolarde, un rien déclenchait mon hilarité, et mon rire était imprudent comme celui d'un enfant après une crise de larmes "Mona Hovring  a aussi le goût des métaphores, ce qui ne gâte rien !

Une découverte réjouissante !

Nous sommes restées à fixer l'horizon, Mona Hovring, traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud, Notabilia 2016 , 157 pages piquetées de marque-pages.

 

17/11/2016

American housewife

"Les talons aiguilles sont pour les femmes qui n'ont nulle part où aller."

Douze portraits de femmes américaines, dont beaucoup sont liées au milieu de l'écriture (écrivaine qui n'a rien écrit depuis des lustres, écrivaine ratée donnant le mode d'emploi d'une reconversion très chic, participantes allumées d'un club de lecture, autrice sponsorisée par une marque de tampons... ) , elles habitent l'Upper East Side où elles mènent une vie assez vaine.helen ellis
Dans un rythme endiablé, Helen Ellis les croque avec une férocité réjouissante,  peignant avec brio des situations de communications perturbées qui commencent de manière très policée et finissent en vrille pour le plus grand bonheur des lecteurs. On entre chez Lorrie Moore  et on finit chez Stephen King. La société en prend un sacré coup !
Plein de surprises, de rires, parfois jaunes, le lecteur est entraîné dans un univers décalé et on ne peut lâcher ces douze nouvelles.
L'observation est acérée, l'écriture virtuose, un pur régal dont il ne faut en aucun cas se priver !

Un grand bravo à la traductrice:  Sophie Brissaud .

American Housewife, Helen Ellis, Éditions de la Martinière 2016, 206 pages addictives.

Cuné m'avait donné envie, qu'elle en soit remerciée !

 

15/11/2016

Comment apprendre à s'aimer

"Linde rit."Moins j'ai confiance en moi, plus je m'en donne l'air." C’était la seule qualité qu'elle pouvait se vanter d'avoir acquise."

Avec beaucoup de délicatesse, un soupçon de poésie et une rudesse feutrée, Yukiko Motoya nous propose des instantanés d'une même femme, Linde,à différent âges de sa vie.yukiko motoya
Si les premiers textes suivent l'ordre chronologique,  (16 , 28, 34 et 47 ans), il faut attendre l'avant dernier pour avoir un épisode révélateur se déroulant à l'école maternelle (alors qu'elle a trois ans )pour que notre vision du personnage se  réorganise et que nous ayons l'explication de son prénom si original.
L'avoir placé juste avant celui de ses soixante- trois ans me paraît fort judicieux car les deux  textes permettent de voir l'évolution du personnage.
Linde peut apparaître insatisfaite, mais il me semble surtout qu'elle peine à trouver sa place et se soucie beaucoup du regard des autres, n"hésitant pas par exemple à mettre en scène sa maison pour le regard d'un personnage qui pourrait paraître anodin mais joue un rôle important dans sa vie : le livreur de colis.
Nous ne connaissons pas tout de Linde,mais cette vacuité nous la rend encore plus proche peut être car chacun peut y projeter ce qu'il veut, remplir les pointillés à sa guise.
J'avoue que dans un premier temps ce roman m'a paru seulement intéressant du point de vue de la description de la vie quotidienne, mais dans un second temps, avec la lecture du chapitre consacré à la petite enfance, tout a gagné en profondeur.
Une vie ordinaire mais dont la description distille un réconfort subtil.

Comment apprendre à s'aimer, MOTOYA Yukiko, traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako, Picquier 2016, 152 pages au charme exquis

08/11/2016

L'étrange bibliothèque...en poche

"Je n'irais pas jusqu'à affirmer que je suis idiot. Simplement ,depuis que j'ai été mordu par le grand chien noir, ma tête fonctionne sur un mode un peu particulier."

Parce qu'il voulait se renseigner sur la collecte des impôts dans l'Empire ottoman, un jeune garçon va se retrouver prisonnier dans une bibliothèque labyrinthique.haruki murakami
L’action se déroule de nos jours au Japon et c'est par petites touches que Haruki Murakami nous fait basculer dans le fantastique. Un fantastique très noir, teinté d'horreur mais aussi d'humour. Ainsi son prisonnier mange-t-il aussi bien des donuts bien croustillants qu'une épinoche à trois épines farcies, des saucisses de Toulouse ou un croissant ! Un melting pot culinaire bien loin des ambiances à la Edgard Poe à laquelle fait parfois penser cette nouvelle qu'on peut aussi envisager comme un conte.
Les personnages ont des identités fluctuantes et la lecture devient un moyen de pression pour l"inquiétant geôlier. Rien n'est figé, tout évolue , on se croirait parfois dans un kaléidoscope tant les ambiances changent avec subtilité.
Les illustrations qui accompagnent ce texte jouent à la perfection des variations de noir, gris et sépia et seules quelques touches de couleurs viennent les éclairer. La couverture avec ce formidable étourneau a su aussi me séduire. Un petit plaisir à (s') offrir, histoire de frisonner un peu .

L'étrange bibliothèque, HaruKi Murakami, 10/18  2016 ,traduit du japonais par Hélène Morita,  illustrations de Kat Menschik .