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08/09/2016
La fille du train...en poche
"Pour la première fois depuis bien longtemps, je m'intéresse à autre chose qu' à mon propre malheur. J'ai un but.Ou, en tout cas, une distraction."
Par la fenêtre de son train de banlieue du matin, ou du soir, Rachel observe les habitants d'une maison située en bord de voie. Un couple idéal à ses yeux, une vie parfaite qui s'offre comme un contrepoint à celle qu'elle connaît.
Mais un jour, une scène vient troubler la belle harmonie et Rachel apprend quelques jours plus tard que la si jolie jeune femme de la maison a disparu. Elle décide alors de s'immiscer dans cet univers qui fut naguère le sien...
C'est sur la foi d'une critique de Telerama (qui en disait beaucoup moins que la quatrième de couv') que j'ai commencé la lecture de ce thriller psychologique. J'ai aussitôt été happée et par les personnages (trois femmes prennent la parole ) et par le récit qui opère un virage à 180° dans le dernier tiers. Les informations sur la narratrice principale sont distillées au compte-gouttes , estompant ainsi le côté pathétique de sa situation.
Ce voyeurisme banal, qui n'a pas saisi au vol des scènes de vie au cours d'un voyage en train ?, est exploitée pleinement par Paula Hawkins qui ferre d'emblée son lecteur et ne le lâche plus ! Voilà longtemps que je n'avais dévoré un thriller avec autant d'appétit !
La fille du train, Paula Hawkins, traduit de l'anglais par Corinne Daniellot, Sonatine 2015, 379 pages à dévorer, par forcément dans les transports en commun, de crainte de louper son arrêt ! Pocket 2016
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : paula hawkins
07/09/2016
Les gens dans l'enveloppe...en poche
"C'est une histoire d'abandons. De l'abandon dont sont capables et victimes les femmes."
En juin 2012, Isabelle Monnin achète sur internet un lot de photographies d'une famille dont elle ne sait rien. Constatant une absence, celle de la mère d'une petite fille dont la photo figure en couverture, elle imagine un roman mettant en scène ces gens ordinaires qui pourraient être nous.
Le texte une fois achevé, elle part à la recherche des vraies personnes, aidée en cela par un amateur de clochers qui a recensé sur internet tous ceux de Franche-Comté. Elle découvrira alors que, dans la vraie vie, la position centrale de ce récit est en fait occupée par le père de famille...
N'ayant aucun goût pour la nostalgie, j'ai un peu traîné des pieds avant d'entamer la lecture de ce roman .Pourtant le dispositif m'intéressait vraiment et l'écriture sensible d'Isabelle Monnin, sa délicatesse et sa pudeur ont fait que j'ai été emportée par les deux textes. Une œuvre singulière, accompagnée des photographies et d'un disque avec des chansons composée par Alex Beaupain et des reprises où l'on entend certains des gens dans l’enveloppe.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : isabelle monnin, alex beaupain
05/09/2016
De tout, en bref...
*Alice ou le choix des armes : un huis-clos entre une victime de harcèlement moral au travail et l’inspecteur qui enquête sur la mort bizarre du harceleur.
Dans un style très travaillé et efficace, Stéphanie Chaillou décortique de manière précise les mécanismes du harcèlement envisagé du point de vue de la victime, soulignant l'indifférence de la direction de l'entreprise. Un bon roman auquel il a manqué ce je ne sais quoi qui fait toute la différence et emporte l'enthousiasme.
Stéphanie chaillou,Editions Alma 2016.
* Le rouge vif de la rhubarbe : Agustina, entre méditation dans le carré de rhubarbe rouge et lecture des lettres de sa mère partie aux antipodes , a formé le projet d'escalader la "Montagne" de 844 mètres. Et ce ne seront pas ses béquilles qui vont l'en empêcher !
Premier roman de mon écrivaine islandaise préférée, Le rouge vif de la rhubarbe contient en germe tout ce qui fait la saveur des romans de son autrice : poésie, humour, personnages hors-normes et familiers tout à la fois. Mais serait-ce le nombre de pages trop réduit à mon goût (156 pages), je suis restée un peu sur ma faim. Pourtant les marque-pages ont été à la fête !
Audur Ava Olafsdottir, éditions Zulma 2016 , traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsonn
06:00 Publié dans Je l'ai lu !, Rentrée 2016 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : stéphanie chaillou, audur ava olafsdottir
04/09/2016
Une comédie des erreurs
"(C'était une pratique admise que de laisser son mari camper en été près d'une source de vin doux et de steaks périmés, à condition d'aller le chercher avant l'hiver.)"
Virginie, milieu des années 60 . Peggy, jeune étudiante, s'amourache de son professeur de poésie. Classique me direz-vous .Sauf que tous deux sont homosexuels. Dix ans et deux enfants plus tard, Peggy plaque son mari et son fils, s'enfuit avec sa fille. Pour échapper à d'éventuelles recherches, par un tour de passe-passe administratif, Peggy et Mireille endossent l'identité de noires, ce qui est possible à l'époque pour peu qu'on ait une goutte de sang noir.La petite fille, blonde, ne remet pas en question son identité, pas plus que la société , dans laquelle évoluent les deux femmes, car le racisme est encore latent.
Évidemment, les chemins des membres de cette famille atypique finiront bien par se croiser à nouveau...
Roman de l’ambivalence et de l'identité, raciale et sexuelle,Une comédie des erreurs est un texte en roue libre où l'autrice se lâche avec un bonheur évident. Humour vachard, écriture brillante, font de ce roman un pur moment de jubilation ! à découvrir sans plus tarder !
Une comédie des erreurs – Neil Zink
Seuil, 2016, 303 pages
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles Recoursé (Mislaid 2015)
Cuné et Papillon ont été séduites elles aussi !
06:00 Publié dans Rentrée 2016, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : nell zink
03/09/2016
Nous serons des héros...en poche
Elle avait préféré insinuer que c'était moi qui avais besoin d'un père de substitution plutôt qu'elle d'un nouveau mari, cela était plus facile à entendre, plus noble et généreux."
Quelques années avant la fin de la dictature de Salazar, Olivio, huit ans, et sa mère fuient le Portugal et s'installent dans une banlieue lyonnaise. L'enfant n'apprendra que quelques temps plus tard le décès de son père.
D'abord aidés par des compatriotes, le narrateur et sa mère vont bientôt emménager chez un autre exilé, Max, un pied-noir fraîchement divorcé, qui supporte très mal la séparation d'avec son jeune fils. La cohabitation s'instaure tant bien que mal, Olivio devenant un adolescent sensible supportant mal le caractère hâbleur et souvent rude de Max.
Sur la seule foi du résumé, je n’aurais probablement pas donné sa chance à ce roman mais le seul nom de l'auteure a su me décider et j'ai bien fait car d'emblée j'ai été prise par l'émotion intense qui se dégage de ce texte.
L'exil, l'intégration, les sentiments mêlés , l'évolution de cet enfant mais aussi le portrait en creux d’une mère, à la fois volontaire et discrète, blessée mais digne, qui se forge discrètement une place dans la société française du début des années 70 et laisse sous le boisseau ses chagrins et sa détresse ont su m'émouvoir profondément.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : brigitte giraud
02/09/2016
Amelia...en poche
Quand Kate arrive en pleine journée au lycée de sa fille, il est trop tard: Amelia a sauté du toit .Pourtant rien ne semblait prédisposer cette élève intelligente et mature qui entretenait d’excellentes relations avec sa mère qui l'élevait seule à commettre un tel acte.
Alors qu'elle tente d'accepter la situation, Kate reçoit un SMS affirmant qu'Amelia n'a pas sauté.
Commence alors une exploration de l'univers de la jeune fille pleine de rebondissements et de révélations pour le moins surprenantes.
Pourquoi le cacher ? J'ai dévoré d'une traite ce roman hautement addictif , même si j'étais bien consciente qu'il fonctionnait sur des ressorts plutôt classiques (connaissons-nous vraiment nos proches ? l'amour d'une mère pour sa fille unique ). Classiques mais efficaces car, tout en variant les points de vue et les supports (textos, mails, conversations téléphoniques...) Kimberly McCreight sait raconter une histoire. Elle nous entraîne sur de fausses pistes, tout en dévoilant le petit monde pervers et hypocrite d'un établissement scolaire chic. Oui, le monde des ados est cruel et celui des adultes n'a rien à lui envier.
Si certains ressorts narratifs apparaissent a posteriori un peu outrés, il n'en reste pas moins que j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce bon gros pavé de 523 pages où je ne me suis pas ennuyée une minute !
06:03 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : kimberly mc creight
01/09/2016
ça m'agace...en poche
"Jean-Louis, tu n'es jamais content et tu te plains toujours." Bonne-maman d'Arras
Il n'a pas changé , jean-Louis Fournier, et il le reconnaît lui-même: Tout [l]'agace ! En vrac: la mite qui a boulotté son pull préféré, les messages des campagnes de dépistage, le principe de précaution appliqué à tout , les chiens qu'on abandonne, la thalassothérapie où "L'ambiance est calme, à mi-chemin entre la maison de retraite , l'établissement de soins palliatifs et la morgue.", sans oublier le comique qui rit à ses propres blagues.
Jean-Louis Fournier fouraille, vitupère, peste et fustige entre autres les tics de langage, (ha, ce fichu improbable !) car "Quand je pense à tous les jolis mots qui veulent dire quelque chose, qu'on ne sort jamais, à qui on ne fait pas prendre l'air, qui s'ennuient et finissent par moisir dans les dictionnaires, simplement parce qu'ils ne sont pas à la mode.
Je pense à ineffable."
Comme il aime l'humour noir, il pousse parfois le bouchon un peu loin mais on lui pardonne volontiers car derrière ces airs de ronchon on sait bien que Jean-Louis Fournier est un grand tendre...
"
06:00 Publié dans Humour, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jean-louis fournier