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15/04/2015
Au 15 avril 2015...
19:06 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (7)
Les gants verts (à défaut de main verte)
Séduite par les mots magiques " qui se ressèment et "solides" la jardinière paresseuse que tu es se lance dans une entreprise périlleuse : un parterre naturel inspiré d'un magazine de jardinage.
Tu balaies d'un revers de la main les commentaires goguenards: "Un "complicata", ça te va bien, tiens !" en arguant que ce rosier est réputé pour son côté "solide et sain" . Tu te gardes bien de préciser qu'il gagne à "être abandonné à lui- même ", pour éviter une nouvelle réflexion, pertinente cette fois.
La réception du colis est plutôt décevante: difficile d'imaginer que ces bouts de bois à peine feuillus deviendront , mélangés aux digitales et aux géraniums, ce charmant fouillis florifère photographié page 21.
Dans l'idée, tu as juste quelques trous à creuser, une poignée de fertilisant naturel à balancer, beaucoup d'eau à verser et hop le tour est joué, tu sirotes ton thé en fin d'après-midi.
La réalité est plus cruelle: il faut d'abord sauvagement arracher ces marguerites qui ont proliféré derrière ton dos, détricoter les brins de chiendent mêlés aux racines des sédums, positionner toutes les plantes, redisposer les sédums, et ouf l'après-midi a filé !
Le chat passe l'inspection, tout est bien. ça ressemble autant à la photo que toi à une danseuse du Crazy Horse ,mais c'est fini. Tu croise les doigts pour que ça pousse et tu te traînes jusqu'à la baignoire pour oublier ton dos.
Le lendemain, tu te découvres de nouveaux muscles (dans les cuisses ) et arrives à peine à t'asseoir mais il te reste encore à balancer toutes les herbes arrachées...
Tu balances au compost le magazine pour éviter toute comparaison future et toute autre tentation.
05:53 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (14)
14/04/2015
L'épuisement
"Lire pour se cultiver, c'est l'horreur. lire pour rassembler son âme dans la perspective d'un nouvel élan, c'est la merveille."
88 pages. 88 pages où j'ai trouvé, quasiment à chaque page une phrase, une pensée que je prenais le temps de laisser infuser pour faire durer plus longtemps la lecture de ces textes.
La lecture, l'écriture mais aussi l'enfance sont au cœur de ces textes dont l' écriture est un "miracle de lumière et d'enfance", formule que Christian Bobin applique à Antonin Artaud.
Juste un extrait pour vous donner envie :" Vous achetez beaucoup de livres. Vous ne les finissez pas tous. C'est une infirmité chez vous, une maladie chronique, celle de ne pas finir une lecture, une conversation, un amour. Ce n'est pas nécessairement l'effet de la négligence ou d'un ennui. C'est que parfois, pour une lecture, pour un entretien ou un amour, la fin arrive avant la fin. Et c'est quoi, la fin d'un livre. C'est quand vous avez trouvé la nourriture qu'il vous fallait à ce jour, à cette heure, à cette page. Il y a mille façons de lire un livre. La mille et unième est de le tenir dans les mains et de regarder son titre, seulement son titre.Une amie qui passe son temps à élever des enfants, qui passe sa vie à nourrir la vie , vous dit un jour : je n'ai guère le temps de lire, trop fatiguée, [...]mais il y a un bien qui me vient des livres, par exemple l'Essai sur la fatigue de Peter Handke, je n'en ai lu que la moitié, je suis lente, je suis d'une lenteur qui me désespère, mais savoir ce titre près de moi comme un animal assoupi, oui, cela me faisait du bien cet été."
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : christian bobin
13/04/2015
Bridget Jones / Folle de lui
"-Jonesey, vous avez twitassé ou tweeté-cuité pendant tout le temps du trajet. J'ai tout lu."
Bridget Jones a vieilli (en même temps que ses lectrices ), et se retrouve, à l'ère des tweets et de facebook ,seule pour élever deux enfants, le moral et la libido en berne.
Las, cela ne peut évidemment pas durer et notre copine favorite va se mettre au goût du jour et rencontrer un toy boy absolument craquant. Problème: ce n'est évidemment pas qu'une une histoire de fesses.
Alors, restera ou restera pas avec son jeunot Mâme Bridget ? Les dés sont pipés car dès le début j'avais anticipé avec qui elle passerait le reste de son âge mûr, jusqu’au nouvel épisode , ou pas.
Bon, rien de bien nouveau sous le soleil de la romance, ça ronronne gentiment, les ficelles sont un peu grosses mais en souvenir des bons moments passés avec Bridget,ne boudons pas notre plaisir.
Emprunté à la médiathèque.
Cuné est bien plus enthousiaste !
05:55 Publié dans je ne regrette pas de les avoir juste empruntés, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : helen fielding
11/04/2015
Elle
"Je ne lui dis pas que je l'ai lu et beaucoup aimé, même si le rebondissement final n'est pas très satisfaisant, les résolutions d'intrigue le sont rarement: rien à voir avec la vie réelle , qui-selon moi- tourne moins autour de grands chocs ou coups de théâtre qu'autour de petits moments calmes, de quiproquos et de déceptions, des choses qu'il est facile de ne pas voir."
Deux femmes que tout semble opposer, aussi bien physiquement que psychologiquement. L'une ,Nina, est une peintre reconnue, raffinée et attentive aux moindres détails, parfaitement maîtresse d'elle même; l'autre, Emma, a mis sa carrière professionnelle entre parenthèses et mène une vie harassante , brouillonne et insatisfaite entre son mari et ses deux jeunes enfants.
Leurs chemins se sont déjà croisés, mais seule Nina s'en souvient, et cela avec l'acuité qui la caractérise. Quand Nina s'immisce, par touches chirurgicales, dans la vie d'Emma, qui ne peut qu'admirer l'image que l'artiste accomplie donne de sa vie, est-ce vraiment pour lui venir en aide ?
"Une seule pierre et toutes ces fichues ondulations.", sur le thème d'une action en apparence infime qui peut entraîner des conséquences dramatiques, Harriet Lane nous donne un roman tout en finesse et en subtilité. Alternant les points de vue, elle éclaire d'un jour nouveau des actions qui en apparence étaient anodines et instille un suspense psychologique efficace et élégant.
Pas de révélations fracassantes mais des personnages qui nous deviennent très vite proches. L'auteure a le chic pour croquer en quelques lignes caustiques une personne "Si je joue vraiment de malchance, je tombe sur Trudy et son intonation enlevée, sa solennité antipathique, sa compétence pétillante et implacable." ou nous faire entrer dans l'intimité d'un intérieur chic ou plus négligé. Les sensations sont également très présentes, rendues de manière impeccable par le style précis de l'auteure.
On ne peut qu'admirer, malgré soi ,l'impeccable maîtrise apparente de Nina qui pèse le moindre de ses mots et actions et avance de manière diffuse mais efficace vers son objectif. La fin du roman, comme au ralenti, est juste oppressante au possible !
Bref, c'est une merveille de roman tout à la fois douillet, par le côté thé et sympathie,et empoisonné ! Et zou, sur l'étagère des indispensables !
Elle, Harriet Lane, Plon 2015, 262 pages à savourer d'une traite ! oui, je sais c'est contradictoire ! :)
Du même auteur, et qui sortira bientôt en poche: clic !
12:20 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : harriet lane
10/04/2015
La cigale du huitième jour
"Son visage exprimait le trouble de quelqu'un qui, pensant caresser le poil doux d'un petit animal, sentait sur ses mains un contact rêche et désagréable."
Une femme enlève, sans préméditation, le bébé qui aurait pu être le sien. Commence alors une fuite éperdue, tandis que se noue entre la mère de substitution et l'enfant une relation empreinte de douceur et d'amour.
Tout est surprenant dans ce roman japonais qui se joue dans sa première partie des codes de la cavale. En effet, la fugitive parvient toujours à créer , avec trois fois rien, des havres de paix pour la petite et rien ne semble pouvoir entamer l'harmonie de cette relation.
Le changement de point de vue, dans la seconde partie ,vient nuancer encore plus nos a priori et remettre en question la notion de victime et celle de singularité .
Un roman dont émane une étrange sérénité malgré le thème abordé, une traduction fluide et éclairante par les notes de la traductrice , bref j'ai dévoré d'une traite ces 344 pages ! (Et j'ai envie de poursuivre ma découverte de cette auteure !)
La cigale du huitième jour, Mitsuyo Kakuta, traduit du japonais par Isabelle Sakaï, Actes sud 2015.
à noter que ce roman fut au japon un immense succès et qu'il a été adapté au cinéma.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : mitsuyo kakuta
09/04/2015
Le cadeau...en poche
"Il avait fait son propre malheur tout seul, comme un grand. Comme un grand couillon."
"Maniaco-dépressif de l'argent", alternant dépenses inconsidérées et radineries mesquines, Félicien est loin de se douter du tsunami que va déclencher dans sa vie l'achat d'une paire de bottes hors de prix pour l'anniversaire de son amie Laure.
Nous le suivons dans le maelström de sentiments qui vont s'affronter en lui, au gré de ses rencontres, certains le confortant dans son cadeau, d'autres le culpabilisant , voire l'agressant , et transformant ainsi en odyssée l'offrande du cadeau.
Chacun d'entre nous pourra s'identifier à ce Félicien cédant aux sirènes de la société de consommation, cherchant à toutes berzingues comment rattraper cette erreur. Un récit qui file à toute allure, drôle et léger et qu'on aurait aimé un tout petit peu plus grinçant.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eliane girard
08/04/2015
La nuit des lucioles
" Vous pourriez considérer les promesses comme une série de filets : certains durent une vie entière, d'autres se défont, incroyablement fragiles, en un clin d’œil.Les promesses de garder un secret , ce sont les plus délicates - en particulier quand il s'agit de secrets que vous ne pensiez même pas détenir."
Christopher, dit Kit, la quarantaine passée , s'englue dans une vie dépourvue de perspectives. Son énergique femme, Sandra, l'enjoint de partir à la recherche de son père biologique, père dont sa mère a toujours refusé de lui révéler l'identité.
Cette quête lui permettra tour à tour de voir sous un autre jour le père qui l'a élevé , un robuste montagnard, sorte de héros local, mais aussi de découvrir tout un pan de son histoire paternelle et de faire la connaissance de Fenno MacLeod, libraire déjà rencontré dans Jours de juin (quel plaisir de le retrouver et de découvrir ce qui lui était arrivé !)
Quels que soient les paysages (on se balade dans plusieurs États américains très différents), les milieux sociaux évoqués , on sent l'auteure parfaitement à l'aise dans ses descriptions. Avec beaucoup de sensibilité et de bienveillance, elle peint des familles dissemblables, mais qui , chacune à leur façon , se débrouille pour s'adapter aux changements des temps et des mœurs. Un bon gros roman comme on les aime,avec des personnages hauts en couleurs dont on devient vite très proches !
La nuit des lucioles, And The dark Sacred Night, Julia Glass, traduit de l’anglais(E-U) avec élégance par Anne Damour, Éditions des deux terres 2015, 567pages qui se dévorent toutes seules !
Et il n'est pas besoin d'avoir lu Jours de Juin pour lire La nuit des lucioles, même si lire ce dernier ne peut que donner envie de lire le premier Ai-je été claire ? !
Du même auteur, tous sortis en poche : clic, clic , clic et reclic.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : julia glass, gay friendly
07/04/2015
En même temps, toute la terre et tout le ciel...en poche
"C'était quelque chose que je devais à Nao. j'avais envie de lire son journal au rythme de ce qu’elle avait vécu."
Oui, il faut prendre son temps pour savourer et laisser infuser les 596 pages du roman de Ruth Ozeki. se laisser prendre par la magie de ce livre qui alterne les récits de Nao, jeune japonaise victime de harcèlement dans un pays qu'elle ne reconnaît pas comme le sien et Ruth, écrivaine en panne d'inspiration au Canada, sur une île où la nature sauvage a encore droit de cité.
Probablement emporté par le tsunami, un sac en plastique contenant le journal de Nao , des lettres et une vieille montre s'échoue sur la baie de Desolation. Il sera trouvé par Ruth qui se rendra vite compte que les mots de la lycéenne lui sont destinés. S'établit alors entre les deux femmes, entre les deux pays, entre passé et présent, une relation où les mots joueront un rôle essentiel.
La frontière entre réel et imaginaire devient poreuse mais le lecteur accepte sans broncher qu'un rêve puisse modifier le passé ou qu'un corbeau joue un rôle essentiel tant il est captivé par ce récit à la construction harmonieuse. On veut savoir ce qu'il advient de chacun des personnages, on partage leurs souffrances, on découvre les situations sous différents points de vue et on finit ce roman en parvenant même à s'intéresser au chat de Schrödinger sans mal de crâne !
Un roman d'une grande richesse et d'une extrême sensibilité qui évoque aussi bien le zen, avec une nonne de cent quatre ans pleine d'empathie et d'humour, les kamikazes, le choc des cultures, l'identité , la tentation du suicide mais sans jamais devenir pesant. On y glane aussi, grâce au mari de Ruth, plein d'infos scientifiques. Bref, on se régale de bout en bout ! un roman constellé de marque-pages ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : ruth ozeki
06/04/2015
Nos contrées sauvages
"Aucune humiliation ne lui sera épargnée. Et il se demande pourquoi, par dessus tout le reste, sa tendresse est la pire ;"
C'est autant pour échapper à sa mère , hippie attardée, toujours soucieuse de respecter la planète (et de se faire bien voir de ses amies), que pour faire la connaissance de son père,Rich, que Sophie, quinze ans, se lance dans un trek en sa compagnie. Le lieu n'est pas innocent, la Tasmanie, endroit où ses parents se sont rencontrés lors de leur unique fait d'armes, la préservation d'une rivière , dont ils se gargarisent de encore des années après.
Tandis que la mère fait une retraite spirituelle pour calmer ses angoisses, père et fille randonnent d'abord façon moutons de Panurge, au grand dam de Rich. Mais, quand on veut sortir des sentiers battus, il faut être prêt à en payer le prix...
Quelle jubilation que ce roman qui se moque de personnages dont la maturité n'est pas forcément là on serait en droit de 'attendre ! Si les points de vue alternent, l'humour est toujours présent et l'observation toujours aussi pertinente."Alors nous allons commencer par un gommage total exfoliant avec des sels marins purifiés, de l'huile de pépins de raisins pressée à froid, du citron vert, du gingembre et de la citronnelle.
ça prépare le corps à la séance détox
-Ah, c'est très bien". ça ressemble surtout à une recette de marinade pour poisson."
Pieux mensonges, engouements successifs, aveuglement parental, tout y passe en un joyeux chamboule tout qui pourrait bien virer au drame, tant la météo est fluctuante en Tasmanie. Pour randonner par procuration, un pur régal !
Nos contrées sauvages (the World Beneath), Cate Kennedy, traduit de l'anglais (Australie) par Carine Chichereau, Actes sud 2012, 349 pages , garanties sans ampoule, pour le lecteur.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : cate kennedy