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15/09/2014
Mon nom est Dieu
"Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les hommes insistent pour faire de moi un être asexué, qui règne par la distance, qui vit dans le néant et qui est responsable de tout. Quelle métaphore triste..."
Un SDF, repéré lors de l'élection du Père Noël ,n'en démord pas : il s'appelle Dieu. Il réquisitionne Morgane ,une jeune journaliste, pour écrire sa biographie. Mais Dieu n'est pas commode. Dépressif, il affirme que les hommes ne l'aiment plus et s'avère souvent peu coopératif.
Tandis que les phénomènes mystérieux se multiplient à Los Angeles, là où Dieu manifeste sa mauvaise humeur, le leader d'une secte ne tarde pas à vouloir tirer parti de ce personnage hors-normes...
Un point de vue surprenant, iconoclaste, mais une problématique à laquelle je suis restée totalement extérieure, malgré le caractère original du roman, étant donné mon total manque de spiritualité.
Lu dans le cadre du prix Confidentielles.
L'avis de Brize qui vous mènera vers plein d'autres.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : pia petersen
13/09/2014
Une part de ciel
"-Tu te souviens trop, Carole. Il faut te dépolluer de tout ça."
Curtil, le père "pigeon-voyageur" a, une fois, de plus envoyé une boule de verre à ses trois enfants pour annoncer son retour. Sans fixer de date, bien sûr.
Mais les enfants sont maintenant adultes et chacun réagit de manière différente à cette convocation. Carole, la seule à avoir quitté sa vallée natale dans la Vanoise, revient s'y installer provisoirement, en profitant pour effectuer un travail de traduction sur la vie de l'artiste Christo. Elle renoue peu à peu avec les paysages et personnages hauts en couleurs de son enfance ainsi qu'avec sa sœur Gaby, qui travaille à l'hôtel et vit dans un bungalow, attendant le retour de son homme. Quant à leur frère, Philippe, garde-forestier, il tente de préserver sa vallée.
Carole est l'élément perturbateur de ce roman de l’attente et du souvenir. Elle seule veut revenir sur un incendie qui a bouleversé leur enfance et influé durablement sur leur vie.
Claudie Gallay excelle à peindre cette atmosphère d'une vallée comme coupée du monde que certains ne voudraient pas voir évoluer vers l'avenir. Elle peint avec finesse les relations fraternelles, les silences, les non dits, tout ce qui est prêt à se rejouer par delà les années. On se glisse avec bonheur dans ce roman-cocon qui nous enveloppe durablement tant il est riche d'humanité et de bienveillance. Un coup de cœur !
Lu dans le cadre du prix Confidentielles.
L'avis de Brize
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : claudie gallay
12/09/2014
Entre mes mains le bonheur se faufile
Un très joli titre jouant sur le double sens de faufiler puisque dans ce roman il est question d’une femme qui décide de vivre son rêve de jeunesse : devenir couturière.
Filant la métaphore, on pourrait dire, hélas, que ce roman est cousu de fil blanc et que d’avance le lecteur prévoit le destin de l’héroïne. Cela ne serait pas gênant, j’accepte d’emblée les règles du jeu dans ce type de roman qui fait du bien si les personnages ne m’avaient pas paru aussi prévisibles. Une déception donc.
Lu dans le cadre du prix Confidentielles.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : schtroumpf grognon le retour
11/09/2014
Gemma Bovery, le film
Même s'il m'a fallu un temps d'adaptation pour accepter Lucchini en éditeur reprenant la boulangerie familiale normande, le roman graphique de Posy Simmonds, épuré, allégé de quelques intrigues inutilement compliquées, gagne dans l'adaptation d'Anne Fontaine en luminosité et en sensualité.
Gemma Arterton, qui incarnait déjà au cinéma une autre héroïne de Simmonds, Tamara Drewe, est parfaite dans le rôle de la "rose anglaise", beauté fraîche et en apparence naïve.
Quelques coups de griffes , quelques pointes d'humour, on passe un excellent moment avec ce boulanger persuadé d'être un démiurge, un metteur en scène de cette Emma Bovary anglaise qu'il veut sauver malgré elle.
Entre le film et le roman graphique , je ne choisis pas , j'aime les deux ! :)
07:15 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (20)
J’ai rencontré quelqu’un
« Mon Dieu …est-il possible que l’on puisse se tromper sur le compte des gens qu’on aime ? Est-il vraisemblable que nous les réduisions aux attributs que la relation que nous avons à eux sollicite le plus souvent ?
Jean Toulemonde mène une existence bien ordonnée entre sa femme qu’il adore, ses enfants et son laboratoire. Las, un verdict médical tombe : il doit absolument découvrir le sens de l’humour pour sauver sa vie. Ce diagnostic va chambouler la vie de cet homme tranquille et l’amènera à faire une rencontre…
Réflexion sur le couple en forme de fable souriante et menée tambour battant, J’ai rencontré quelqu’un scrute avec bienveillance les cœurs de ses personnages, joue sur les mots et évite les écueils inhérents à ce thème. Un roman léger et distrayant.
Lu dans le cadre du prix Confidentielles.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : emmanuelle cosso-merad
10/09/2014
We are completely beside ourselves
"I believed I'd done something so bad, I'd been given away."
De Karen Joy Fowler j'avais lu, il y a quelques années, un texte fort plaisant,Le club Jane Austen. Mais rien qui nécessite de me précipiter sur un roman pas encore traduit en français , même conseillé par Cuné. Sauf que quand cette dernière écrit :"Toi, il faut ABSOLUMENT que tu le lises, je ne peux pas te dire pourquoi mais tu es LA lectrice idéale pour ce roman, foi de moi :)", on ne peut que craquer !!! En plus sur liseuse, le prix est ridiculement bas et le dico anglais/anglais a permis de me dérouiller vite fait .
Je ne vous cacherai pas qu'au tout début de ma lecture , quand j'ai vu le temps restant s'afficher , j'ai blêmi mais le rythme a été vite pris surtout quand je suis arrivée à la fatidique page77 qui contient un twist tellement renversant que j'ai failli en crier ! Tout ce qui pouvait paraître vaguement intriguant et/ou bizarre dans ce qui s'annonçait comme un secret de famille avec disparitions à la clé et narratrice perturbée prend alors tout son sens et sa profondeur. Cette révélation (surtout ne pas lire les billets, articles, 4 ème de couv' révélant Le secret de la page 77 ) n'est pas un effet de manche de l'auteure (regardez comme je vous ai bernés) mais correspond parfaitement à la volonté de renverser notre point de vue sur un thème ô combien passionnant !
Un roman bouleversant brassant , entre autres, les thèmes de la culpabilité et du souvenir à découvrir absolument ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
Vite lisez-le qu'on puisse en parler ensemble ! :)
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : karen joy fowler
09/09/2014
Un quinze août à Paris
"Mon univers intérieur avait enflé. Il avait débordé sur le monde extérieur, escamoté, et cependant je n’étais plus vraiment quelqu'un. ou seulement cette observatrice en arrière-plan, qui se contentait de juger avec intransigeance ce grand corps apathique."
En 2009, en plein été, Céline Curiol se retrouve aux urgences d'un hôpital parisien car elle n'a plus assez de médicaments pour tenir bon face à la grave dépression qui la lamine. Sa demande est traitée avec désinvolture par un corps médical débordé et/ou qui ne prend pas la mesure de la souffrance ressentie.
Cinq ans plus tard, guérie, Céline Curiol entreprend le récit de cette lente remontée vers le plaisir. Elle analyse avec précision, convoquant aussi bien les écrits scientifiques que romanesques, les mécanismes de réappropriation de son corps, de son rapport au temps, de sa lutte contre l'angoisse, contre le manque de volonté qui la terrasse.
Pas question ici d’auto-apitoiement , à peine mentionnera-telle, comme en passant les deux pertes déclenchant ce qui couvait sûrement à bas feu depuis longtemps, mais une description au plus près de ce qu'on ne décide pas de "faire " comme on le dit trop souvent mais qu'on subit de plein fouet. Un récit comme j'en ai rarement lu. Et zou, sur l'étagère des indispensables !
Un quinze août à Paris, Céline Curiol, Actes Sud 2014.205 pages couvertes de marque-pages et une bibliographie très riche.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Récit | Lien permanent | Commentaires (14)
08/09/2014
La langue des oiseaux
"Je m'étais fourrée dans une curieuse histoire à m'intéresser d'aussi près aux annonces de Kat-Epadô et à la Langue qui brillait au-dessus de nous deux."
ZsaZsa , romancière, organise sa retraite d'une année dans un logement minimaliste au cœur de la forêt vosgienne. Elle n'a emporté que des livres , son ordinateur ,un dictionnaire de chinois et de quoi identifier les oiseaux. Sa solitude choisie va très vite être rompue quand elle va entrer en contact, via un site d'annonces sur internet ,avec une jeune japonaise vendant, dans un français à la fois fruste et poétique des vêtements de Comme Des Garçons.
Une relation virtuelle s'établit entre les deux femmes...
On retrouve dans ce roman les thèmes chers à l'auteure, l'écriture, la nature, le besoin (ou la nécessité )de se limiter à l'essentiel, de se préserver une vie à l'écart de la société mais la langue, toujours aussi poétique, introduit aussi quelques ruptures de ton avec l'utilisation ponctuelle d'un registre familier qui détonne un peu.
Si j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman, j'ai été aussi un peu frustrée par l'irruption de la vie trouble de la jeune japonaise qui, selon moi, pêche par son manque d'intensité. Bilan en demi-teinte donc.
06:00 Publié dans Rentrée 2014, romans français | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : claudie hunzinger
06/09/2014
Ils désertent...en poche
"Tout a été alors très différent, les livres avaient ouvert une brèche , laissé les portes ouvertes."
Elle vient enfin d'être embauchée à un poste auquel la destinait son diplôme de commerce , diplôme acquis à force de travail. Elle va donc pouvoir acquérir à crédit ce qui aurait fait la fierté de son père: un appartement, en l’occurrence trop grand pour elle et désespérément vide. Très vite, elle va comprendre la vraie raison de son embauche: licencier un vieil employé surnommé l'ancêtre, ou l'Ours, en raison de son caractère.
Mais les relations entre celui qui vit "dans une sorte d'entre-deux permanent " et celle qui doit le débarquer vont prendre un tournant auquel la direction de l'entreprise ne s'attendait guère. En effet, les mots,entre autres ceux d'un voyageur de commerce nommé Rimbaud dont les lettres accompagnent l'ancêtre, vont changer la donne et injecter de la poésie et de l'humanité dans des existences qui en semblaient tragiquement dépourvues.
Thierry Beinstingel fait évoluer ses personnages, jamais nommés, mais désignés uniquement par des pronoms, Vous pour l'ancêtre, Tu pour la jeune femme dans un univers singulièrement désincarné et peu décrit : celui des grandes zones commerciales, celui des aires de repos où surnagent quelques îlots de rencontres éphémères. Ce qui pourrait être une succession de clichés devient ici une évocation surprenante de la vie d'un commercial atypique qui transforme une vente de papiers peints en expérience quasi artistique et fascinante !
Si j'ai été un peu heurtée au début par la désignation des personnages , je suis pleinement entrée dans cet univers méconnu de ceux qu'on appelait autrefois les voyageurs de commerce. Une évocation réussie même si un tout petit peu moins puissante que dans Retour aux mots sauvages car un peu prévisible.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : thierry beinstingel
05/09/2014
Histoire d'Alice qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris plus un)
Un titre à la Woody Allen, une écriture pleine d’empathie, des personnages bien campés mais là encore j'aurais aimé lire plus que 185 petites pages pour mieux profiter de cette histoire de famille et de mariages. peut être en attendais-je trop après celui-ci.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Roman belge | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : francis dannemark