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13/05/2014
Tout se mérite
"-Non, ça ne va pas en "métaux". D'abord faut contacter le fabricant pour savoir si l'alliage utilisé contient moins de 3,5% de tungstène et puis le revendeur pour qu'il confirme que la vente est postérieure à mars 2003. Et ensuite revenir ici avec un certificat complet, daté et visé par la préfecture. Pour commencer."
Voilà pour le passage à la déchetterie ! Tout se mérite , affirme Voutch sur la couverture de cet opus où un couple sourit, façon puzzle.
Et de passer en revue les applications de portable, le "coming out" sauvage en deux minutes top chrono, sur arrière plan de réception à la campagne, le cynisme et la bêtise des banquiers exposés crûment, les thérapies, les implants capillaires, le refus d'être un objet sexuel, l'art de présenter la tromperie et les enfants hors-mariage comme " contribution personnelle à la biodiversité", bref un joyeux panel de nos obsessions contemporaines !
Quant aux dessins, ils sont toujours aussi précis dans les détails, aussi beaux à regarder et le contraste entre l'harmonie du décor et l’aspect corseté des personnages toujours aussi efficace ! Éclats de rires garantis !
Déniché à la médiathèque !
06:00 Publié dans BD, Humour | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : voutch
12/05/2014
Ce qui est arrivé aux Kempinski
"Une des particularités comiques de l'enfance est que l'on traverse une gamme infinie de sentiments dont on ignore les noms. Tant que le mot n'a pas épinglé la sensation, comme une aiguille perçant les thorax d'un insecte, les impressions papillonnent en liberté autour de nous et en nous, éblouissantes, féériques, mais aussi parfois menaçantes car nous n'avons aucune idée de leur trajectoire, de leur taille, de leur venimosité."
Dans les quatorze nouvelles composant Ce qui est arrivé aux Kempinski, la réalité fait un pas de côté et les rêves deviennent plus réels que la réalité. Le titre d'un roman apparaît différemment à sa lectrice, les identités sont faussées, fluctuantes. Usurpations, impostures, trahisons sont au rendez-vous et même le diable sera dupé par une femme.
Le familier révèle ses double-fonds, les sentiments inavouables (que faut-il faire des cadeaux rapportés de l'école, ces "offrandes [...]la plupart du temps ratées et mystifiantes de laideur" ?, se demande une mère de famille éprise de perfection). On sourit, on admire aussi l'écriture éblouissante d'Agnès Desarthe qui traque au plus près le réel qui se dérobe sous nos pas.
« Mon âme, dit-elle. Mon âme, que vaut-elle ? Mon âme est une liste de courses. Mon âme est une déclaration d’impôts, un bulletin de notes au bas duquel ne figurent pas d’encouragements. Mon âme est le mode d’emploi du lave-vaisselle remplacé depuis huit ans, un bordereau de la poste datant de trois mois (le paquet est reparti, mais où, et que contenait-il ? Une rivière de diamants, sans doute). Mon âme est pleine de “Bonjour, madame”, “Au revoir, madame”, elle est salie par les corvées, corrompue par la fatigue de jours sans héroïsme, sans passion, sans péril. »
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
Qu'est-il arrivé aux Kempinski, Agnès Desarthe, éditions de l'olivier 2014, 191 pages constellées d emarque-pages !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : agnes desarthe
11/05/2014
La grâce des brigands...en poche
"Cette dernière passion, ça ne faisait pas un pli, l'entraînerait loin de Lapérouse, puisque les livres servent, comme on le sait, à s'émanciper des familles asphyxiantes."
Maria Christina Väätonen, qui s'est auto-attribué le titre de vilaine sœur, a quitté son grand Nord et sa famille étouffante dès seize ans pour s'installer à Santa Monica . Quand le roman commence, le 12 juin 1989, elle reçoit un coup de fil de sa mère qui va la faire revenir sur son passé et sur la manière dont, dans les années 70, elle est devenue une très jeune écrivaine à succès.
Quel bonheur que ce livre ! Un je ne sais quoi m'avait toujours retenue dans mon appréciation des précédents romans de Véronique Ovaldé mais ici toutes les restrictions ont été balayées !
Le premier chapitre qui explique l'inclination de l’héroïne pour ce quartier de Los Angeles où elle habite est une pure merveille ! Nous sommes avec elle en train de siroter des sangrias, de sentir le vent frais qui vient des jardins... et ce sera comme cela tout le long du texte car Ovaldé a un don visuel certain. Cet éloge sensuel fonctionne d'ailleurs en contrepoint de la liste sèche et pleine de rigueur de "La vulgarité selon Marguerite Richaumont", la mère de l'héroïne. Les titres des chapitres , "L'encombrant désespoir des fillettes", " Mettre le bras entier dans un trou d'alligator", le style, plein de cette Grâce des brigands vantée dans le texte, font de ce roman d'émancipation féminine une pure merveille, jamais pesante, où les épreuves sont racontées avec justesse, sans auto-apitoiement et avec toujours une pointe d'humour. Une écrivaine qui a atteint une aisance dans l'écriture que nombre de ses confrères lui envieront !
Un grand coup de cœur, constellé de marque-pages, et qui file d'un seul coup d'un seul sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : veronique ovaldé
09/05/2014
Le mystère SherlocK...en poche
"Un esprit non chrétien pourrait se réjouir de la raréfaction de la concurrence...Ah, que certains ont l'âme sombre!"
N'ayant guère d'affinités avec le résident du 221 Baker Street mais beaucoup plus avec l'auteur J.M. Erre, je me suis finalement laissée tenter par la sortie en poche de cet opus. Et j'ai bien fait !
Combinant deux procédés précédemment utilisés par Agatha Christie, Le mystère Sherlock réussit le pari de nous tenir en haleine et de nous divertir avec ce récit d'universitaires bloqués dans une hôtel en pleine montagne. La rivalité fait rage car une seul parmi les présents aura l'immense d'honneur d'être nommé titulaire de la première chaire de Sherlock Holmes- éologie de la Sorbonne.
Comme dans Les dix petits nègres, les cadavres s'accumulent et comme nous sommes aussi chez J.M Erre les éclats de rires aussi ! On apprend plein d'infos sur Sherlock Holmes et , mine de rien, l'auteur nous propose quelques pistes de réflexion sur la littérature des récits à énigmes. Un divertissement intelligent et drôle , à ne pas manquer !
Plein d'avis enthousiastes chez babelio !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (20)
06/05/2014
Miss Alabama et ses petits secrets
"Ethel, quant à elle, lui avait conseillé d'opter pour un chat: "Au moins, c'est toujours propre et ils s'occupent de leurs affaires.""
Ex-Miss Alabama, Maggie Fortenberry a conservé sa beauté et son prestige dans la ville de Birmingham où elle officie désormais dans une agence immobilière.Ayant le sentiment d'avoir connu le meilleur de sa vie, elle décide, en toute lucidité, de mettre fin à sa soixantième année de vie.
Méticuleuse et organisée, elle prépare tout dans le moindre détail mais les événements vont conspirer contre elle et sa décision pourtant bien arrêtée, révélant au passage quelques-uns des secrets de Maggie mais aussi d'une des plus somptueuses demeures de la ville.
Ayant gardé un souvenir savoureux du précédent roman de Fannie Flagg (adapté au cinéma ), Beignets de tomates vertes, sans doute attendais-je un peu trop de celui-ci. D'une lecture agréable, mais un peu trop prévisible, ce livre qui fait du bien remplit parfaitement sa mission , nous distraire, évoquant même au passage les pages les plus sombres de l'histoire de Birmingham. Les personnages sont attachants en diable mais le récit manque un peu de dynamisme. Un bon moment de lecture cependant.
Miss Alabama et ses petits secrets, Fannie Flagg, traduit de l'anglais (E-U) par Jean-Luc Piningre le cherche midi 2014, 435 pages.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : fannie flagg
05/05/2014
Poulpe fiction/quand l'animal inspire l'innovation
"Au Zimbabwe, l'Eastgate Centre de la ville d'Harare, à la fois centre commercial et immeuble d'habitations, reproduit cette organisation [celle des termitières]. L'air est recyclé pendant la nuit et circule grâce à des ventilateurs situés à sa base. Il maintient ainsi une température de 25 °C en économisant 90% d'énergie, comparé à un bâtiment de même dimension- ce qui a permis aux habitants d'économiser environ 3,5 millions de dollars en cinq ans."
Même si vous n'avez pas de formation scientifique poussée (je remercie mes profs de biologie et de sciences qui ont su donner le petit bagage nécessaire pour apprécier cet ouvrage), vous pourrez lire avec enthousiasme ce texte qui montre l'infinité de domaines dans lesquels les chercheurs se sont inspirés et s’inspirent encore de la nature.
Les capacités animales sont extrêmement variées et toutes n'ont pas encore été élucidées ni totalement imitées par la science. J'avoue un petit faible pour ma copine l'araignée qui a donné du fil à retordre aux chercheurs qui voulaient imiter ses capacités extraordinaires . Pour l'instant "La course au fil fabuleux est désormais lancée"pour produire un fil à la fois efficace (en chirurgie notamment) et économique.
Plein d'infos passionnantes donc mais un petit regret: des photos en noir et blanc émaillent le texte alors qu'un cahier central regroupent les photos en couleurs...
Si, comme moi vous êtes curieux et fascinés par les capacités animales, précipitez-vous sur cet ouvrage qui regorge d'informations passionnantes !
Poulpe fiction, Agnès Guillot, Jean-Arcady Meyer, Dunod 2014.
06:00 Publié dans Document | Lien permanent | Commentaires (3)
04/05/2014
Maine..en poche
"Elle n'avait rencontré aucune famille aussi éprise de sa mythologie."
Alice,( la matriarche imperméable aux sentiments, une femme comme on n'aimerait pas en rencontrer pour de vrai), Kathleen, la fille, (ancienne alcoolique reconvertie dans l'élevage des vers de terre), Maggie (la petite fille trop accommodante) et Ann Marie , la belle-fille parfaite, sont réunies pour quelques jours dans la maison de vacances du Maine.
Si la situation géographique est idéale, la configuration familiale , elle, est pour le moins explosive ! On pouvait craindre le pire, clichés à gogo, situations convenues, mais, roman polyphonique, Maine alterne à chaque chapitre les points de vue et éclaire sous des angles différents les personnages. Nuancés, ils deviennent tour à tour attachants ou exaspérants , mais diablement humains. Notre opinion varie et nous éloigne de toute forme de caricature.
L'exploration psychologique est passionnante, les révélations se succèdent sans que le rythme fléchisse et l'on ne peut que se demander comment une "gamine" de trente ans peut avoir une telle expérience humaine ! Si ce roman , impossible à lâcher, ne devient pas LE roman de l'été, c'est à n'y rien comprendre !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19)
03/05/2014
L'intensité secrète de la vie quotidienne ...en poche
"L'érudition, l'ironie, le silence: c'est la méthode Nick Crocker."
Au coeur du roman qui se déroule en sept jours au cœur de la campagne anglaise en mai 2000, Laura. Archiviste, la petite quarantaine, elle reçoit un courrier de son amour de jeunesse, le charismatique Nick Crocker. Mariée à Henry, historien et réalisateur qui se partage entre Londres et le Sussex, mère de deux enfants, Laura se laissera-t-elle perturber par cette irruption du passé ?
Je craignais le côté à l'eau de rose de cette hésitation entre mari chéri mais un peu plan-plan et ex-amoureux torturé mais la galerie de personnages qui prennent tour à tour la parole ont des préoccupations si diverses et sont si parfaitement croqués que j'ai passé un bon moment dans ce coin de campagne anglaise.
Le regard de William Nicholson est à la fois bienveillant et acéré (voir son analyse des véhicules adoptés par les bourgeois qui ont envahi ce petit village) mais il se glisse aussi avec une aisance stupéfiante dans la peau d'une femme lors d'une hallucinante séance de shopping. Il s'en est fallu de peu que ce livre soit un coup de coeur mais il y manque un je ne sais quoi (une touche d'acidité pour relever le tout ? ) pour que le plaisir soit total.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : william nicholson
02/05/2014
Manuel d'écriture et de survie
"Fais ce que tu veux et surtout ne prête pas attention à ce qu'on dira de toi et de ton travail."
Dans l'esprit de Lettres à un jeune poète (Rilke), Martin Page répond aux missives d'une écrivaine en devenir, Daria. Il la conseille dans son écriture mais aussi dans ses rapports aux autres, abordant avec lucidité la jalousie, la différence entre les véritables amis et le réseau que l'on peut se constituer: "Les arrivistes ont des copains et des connaissances, ils sont à l'aise en toute occasion, ils sont lubrifiés pour mener une vie sociale faite de sourires, d’écoute distraite et d'un amoncellement de paroles." . Il aborde tous les aspects de la vie littéraire , lui conseille de ne pas oublier les libraires, la convainc de la créativité des ateliers d'écriture, bref lui transmet une vision lucide et pragmatique de la vie d'écrivain et de la vie tout court.
En creux, Martin Page nous livre aussi un autoportrait sans fards, plein de sensibilité, sans gommer ses aspects tour à tour exaltés ou dépressifs.
Ce qui frappe dans ces 172 pages, que j'ai piquetées de marque-pages, en plus d'une vision riche et passionnante de l'écriture, c'est l'inscription de l'écrivain dans la vie économique et sociale. La difficulté à s'affirmer écrivain mais aussi à assurer tout simplement sa vie d'un point de vie financier. Pas de retraite, pas de garantie de ne pas finir à la rue, thème qui hante Martin Page.
Évidemment, plein de références à glaner au passage et plein de découvertes littéraires à faire ! Un viatique nécessaire à lire et relire.
Manuel d'écriture et de survie, Martin Page, Seuil 2014, 172 pages passionnantes !
Du même auteur : clic, clic, clic et reclic
Le blog de l'auteur
06:00 Publié dans Essai | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : martin page
01/05/2014
Le bleu est une couleur chaude (chapitres 1&2)
"Pour Emma, sa sexualité est un lien vers les autres. Un lien social et politique. pour moi, c'est la chose la plus intime qui soit."
Ayant amassé une brassée de prix, librement adapté au cinéma (Palme d'or à Cannes), La vie d'Adèle a été encensée par la critique et lue par toute la blogosphère.
J'ai laissé reposer tous ces discours élogieux pour aborder l'esprit libre cette BD. Et là ce fut le coup de cœur !
Une tragédie annoncée d'emblée, une histoire d'amour compliquée entre deux très jeunes filles issues de milieux sociaux différents qui évolue au fil du temps. Un côté à la fois naïf, fleur bleue, sensuel tout à la fois et en même temps des sentiments très finement analysés ne pouvaient que me plaire. Que l'histoire se déroule à Lille ajoutait un plus, bien évidemment !
Quant aux dessins et aux couleurs sourdes, ils créent une atmosphère particulière et envoûtante., Une BD dévorée d'une traite !
08:30 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : julie maroh