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09/05/2013
"Oh..."
"La réalité se charge de vous remettre à votre place."
Trente jours hivernaux dans la vie d'une femme de cinquante ans pour qui tout doit être sous contrôle. Un récit qui commence juste après le viol dont elle vient dêtre victime et dont elle se remet avec une volonté implacable .
Il lui faut d'ailleurs faire face à beaucoup de problème familiaux , amicaux et assurer sa vie et celle de son petit monde d'un point de vue économique, laissant sous le tapis un passé douloureux qui explique son attitude rigide.
Une telle accumulation de problèmes, en commençant par un viol, avait vraiment tout pour me déplaire mais le rythme effréné qu'imprime Djian à son roman a emporté mon adhésion. Si j'ai aimé la manière dont l'auteur analyse la relation mère/fils, je suis restée plus dubitative quant à la façon dont cette femme réagit face à son violeur...237 pages qui cavalent à toute allure et brossent un portrait de femme à découvrir absolument.
"Oh...", Philippe Djian, Gallimard 2012, Prix interallié.
Déniché à la médiathèque.
08:30 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : philippe djian
07/05/2013
Là est la danse
"Allongée là, seule, nuit après nuit, , il est possible qu'elle n'ait eu envie d'avoir seulement un mari, pas un héros."
Entre Emily, la toute fraîche épouse sacrifiée d'un explorateur du Pôle Nord du début du siècle et une jeune femme de sa famille, Julia ,va se tisser ,soixante ans plus tard, un lien ténu mais solide: les lettres retrouvées sur le cadavre de l'époux d'Emily.
Se plongeant a posteriori dans cette relation amoureuse marquée par le briéveté et la solitude, Julia va éclairer d'un autre jour son propre couple et découvrir bien malgré elle un secret familial.
Opposant le froid glacial du Pôle et la canicule anglaise contemporaine, les corps figés du début du siècle et celui, libre de Julia, Amy Sackville nous livre un roman sensuel et poétique, célèbrant la liberté des femmes qui peut prendre bien des formes. Quelques longueurs pour l'univers polaire , mais des personnages lumineux et décrits de manière extrêmement vivante, attachée autant aux variations de l'âme qu' aux détails du quotidien (le jardin, le chat, les insectes, la préparation d'un repas...). Un petit régal à s'offrir en poche.
Là est la danse, Amy Sackville, traduit de l'anglais par Isabelle Chapman, 10/18 2013, 402 pages envoûtantes.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : amy sackville
06/05/2013
Cassandra au mariage
"Nous en avions eu cinq cents fois la preuve: nous ne sommes pas des esclaves qu'on peut vendre séparément, à droite et à gauche , et envoyer vivre leur petit bout de vie dans des lieux différents. "
Le jour du mariage est par excellence un temps où s'exacerbent les tensions familiales. Il l'est d'autant plus pour Cassandra, l'exaltée, qui avait envisagé un tout autre avenir pour sa jumelle, Judith.
Revenant précipitamment à la maison, Cassandra va mettre en place bien des stratégies pour empêcher le mariage de sa soeur.
Ce pourrait être une comédie, mais Cassandra au mariage possède une tonalité plus mélancolique, plus sombre. On glisse d'un non-dit à un autre, d'un moment à un autre avec beaucoup de délicatesse, au lecteur de compléter ce qui est suggéré de manière délicate. Un roman publié en 1962 qui n'a rien perdu de son acuité psychologique sur les liens ambigus qui peuvent unir les soeurs, jumelles de surcroît.
Cassandra au mariage, traduit de l'anglais (E-U) par Elisabeth Janvier, Robert Laffont, pavillons poche 2013, 326 pages de tensions sourdes.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : dorothy baker, soeurs jumelles
04/05/2013
L'écume des jours
J'ai découvert avec exaltation tout récemment l'univers de Michel Gondry, ayant eu un coup de foudre pour son film Eternal Sunshine of the spotless mind.* Et pourtant ce n'était pas gagné d'avance ! Je n'avais en effet aucune affinité ni avec Kate Winslet (les films en corset, pas mon truc) pas plus qu'avec Jim Carrey, le grimacier. Et là, la poésie, le côté foutraque et le contre-emploi des acteurs , l'humour, l'histoire d'amour, sans compter les sublimes images de plage enneigée, les piroeuttes du scénario, m 'avaient emportée !
C'est donc avec un a prirori positif que je suis allée voir L'écume des jours, adaptation du roman de Boris Vian que j'avais lu à l'adolescence (et dont il ne me restait que l'histoire d'amour tragique dans un univers loufoque et poétique). J'avais oublié le côté grand guignol et iconoclaste de Vian qui s'en prend de manière un peu brute à la religion par exemple, dans la seconde partie du roman, beaucoup plus sombre.
Gondry, avec son inventivité habituelle, sans effets spéciaux à l'américaine, se coule avec bonheur dans l'univers de Vian, aussi bien le côté enjoué et lumineux, plein d'inventivité (mention particulière à la souris, si émouvante), que dans son côté pessimiste et tragique. L'espace se raréfie, les couleurs disparaissent et le spectateur retrouve la lumière un peu sonné. Les acteurs sont très justes, Romain Duris a un petit côté Bébel jeune des plus plaisants et certaiens scènes fonctionnent un peu en écho visuellement de Eternal Sunshine, mais la tonalité finale est beaucoup plus sombre, ce qui risque de dérouter le spectateur au vu de la promo du film qui insiste surtout sur le côté enjoué.
* ne pas rater dans le DVD le commentaire de Michel Gondry et du scénariste Charli Kaufman qui nous font découvrir plein de détails que nous avions loupés!
10:00 Publié dans je l'ai vu ! | Lien permanent | Commentaires (15)
03/05/2013
Les débutantes...en poche
"Avec les Smithies , c'était différent. Il était parfois difficile de savoir où l'une commençait et où les autres s'arrêtaient."
Le "pays des filles entre elles" c'est l'université féminine de Smith, haut lieu de la culture féministe américain.Quatre jeunes filles, très différentes à bien des égards, s'y rencontrent en première année et vont tisser une amitié intense, avec ses hauts et ses bas, ses alliances variables , ses déceptions et ses enthousiasmes.
Quelques années plus tard, nous retrouverons Bree, Celia April et Sally ayant pris un nouveau départ: celui de leur vie adulte, ce qui ne va pas toujours sans mal. Face aux épreuves de la vie les Smithies pourront tester la fiabilité de leur amitié.
On plonge dans ce bon gros roman avec délices ! On suit avec bonheur les amours, les relations familiales, l'évolution de ces filles tour à tour sainte Nitouche et délurées qui , ô miracle, ne jettent pas leur amitié aux orties une fois qu'elles ont rencontré l'amouuuur ! J. courtney Sullivan , à défaut d'être une grande styliste, sait peindre avec vivacité et humour ces jeunes femmes en pleine évolution. Elle les considère avec tendresse et bienveillance et on passe un fabuleux moment en leur compagnie. J'aurais juste aimé un peu plus de vraisemblance dans les derniers chapitres, ce qui a quelque peu gâché mon plaisir.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : courtney sullivan
02/05/2013
Un été sans les hommes...en poche
"Le temps est une question de pourcentages et de convictions."
Abandonnée par son mari, Mia, poétesse rousse aux cheveux frisés a "pété les plombs" s'est retrouvé un court moment en hôpital psychiatrique . L'été venu, la quinquagénaire part se réfugier auprès de sa mère qui réside dans une maison de retraite du Minnesota.
Là, au contact de la vieille dame et de ses amies qui profitent de la vie avec une réjouissante férocité, Mia va se reconstruire peu à peu, au fil de ses rencontres avec des femmes de tous âges.
Un été sans les hommes est un roman qu'il faut prendre le temps de savourer, tant pour ses réflexions sur le temps, la vie des femmes et ce quel que soit leur âge, les différents rôles que la vie leur fait endosser mais aussi pour la très grande énergie et la compassion qu'il dégage.
Il faut absolument faire la connaissance d'Abigail ,nonagénaire brodeuse rebelle, qui "maintient qu'à force de pétiner ses désirs on les déforme." et assister aux cours de poésie que donnent Mia à de pas si charmantes adolescentes que cela.
Les mots et leur pouvoir tiennent en effet un grand rôle dans ce texte , envolées féministes mettant à bas des préjugés sexistes , mots chuchotés pour distiller un pernicieux venin mais aussi citations poétiques qui sont autant de balises par temps agité...
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : siri hustvedt
01/05/2013
Maine
"Elle n'avait rencontré aucune famille aussi éprise de sa mythologie."
Alice,( la matriarche imperméable aux sentiments, une femme comme on n'aimerait pas en rencontrer pour de vrai), Kathleen, la fille, (ancienne alcoolique reconvertie dans l'élevage des vers de terre), Maggie (la petite fille trop accommodante) et Ann Marie , la belle-fille parfaite, sont réunies pour quelques jours dans la maison de vacances du Maine.
Si la situation géographique est idéale, la configuration familale , elle, est pour le moins explosive ! On pouvait craindre le pire, clichés à gogo, situations convenues, mais, roman polyphonique, Maine alterne à chaque chapitre les points de vue et éclaire sous des angles différents les personnages. Nuancés, ils deviennent tour à tour attachants ou exaspérants , mais diablement humains. Notre opinion varie et nous éloigne de toute forme de caricature.
L'exploration psychologique est passionnante, les révélations se succédent sans que le rythme fléchisse et l'on ne peut que se demander comment une "gamine" de trenet ans peut avoir unr telle expérience humaine ! Si ce roman , impossible à lâcher, ne devient pas LE roman de l'été, c'est à n'y rien comprendre !
Maine, J. Courtney Sullivan, traduit de l'anglais (E-U) par Camille Lavacourt, Editions Fromentin 2013, 450 pages addictives.
L'avis tout aussi enthousiaste de Cuné !
Absolument génial pour Clara !
Lu et apprécié par Brize.
Du même auteur sortira bientôt en poche ce roman (clic)
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : j.courtney sullivan, le roman de l'été