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30/04/2013
La dette
La quatrième de couv' était pourtant alléchante: une histoire d'anciens vendeurs d'armes reconvertis dans la sécurité au Cap se font rattraper par leur passé et doivent payer une dette d'honneur, sous forme de service rendu. Surgit Sheemina, une avocate noire qui commence à les harceler . Les ennuis pleuvent sur nos deux anciens aventuriers.
Intrigues se succédant en cascade avec baisses de rythme à la clé , multitude de personnages dont on apprend tardivement s'ils sont Noirs ou Blancs, ce qui est quand même gênant dans le contexte de l'Afrique du Sud, tout ceci nuit considérablement à la lecture.
Le lecteur devance en outre sans cesse le récit qui est en effet par trop prévisible. Une déception donc.
Merci à Babelio et à Ombres noires.
Roman par ailleurs recommandé par Courrier international.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : mike nicol, schtroumpf grognon le retour
29/04/2013
Dressing
"Nous prêtons au vêtement la capacité de nous faire paraître autre."
Vestiaire de Jane Sautière ne vise pas à la théorisation du vêtement mais entend "joindre, [...]laisser voir endroit et envers, le vêtement comme récit de son porteur."
L'aspect quelque peu décousu (en apparence) des textes ,courts et espacés, l'édition dans laquelle est publiée ce texte, me laissaient craindre le pire mais c'est le meilleur que j'ai trouvé. Passant en revue des vêtements portés , comme on ferait glisser des vêtements sur des cintres d'un dressing, Jane Sautière, qui travaille en milieu pénitentiaire, à mille lieues donc du monde de la mode, évoque avec une langue précise et poétique les liens qui unissent le vêtement et son porteur. Les réflexions sont à la fois précises, on n'arrête pas de se dire "C'est exactement ça" et sensuelles tant le style est au plus près de ce qu'il évoque.
à la fin de la lecture, les 147 pages sont , évidemment, toute bruissantes de marque-pages. Une très jolie découverte qui nous fera envisager d'un autre oeil nos relations , pacifiées ou compliquées, aux vêtements. On se love dans ce texte comme dans un vieux pull chéri...
Dressing, Jane Sautière; Verticales 2013.
Un extrait, juste pour donner envie "Habits, habiter, habitus, être là, vivre ici. Et avoir un manteau. Je crois les avoir tous en mémoire, sans doute parce que leur achat était un geste lourd dans mon enfance. un investissement resque "immobilier" , non seulement du fait de son prix élevé , mais bien parce que le manteau est bien une sorte de maison, un enclos, une hutte contre les froids de nos hivers, mais qui permet de sortir, d'être dehors , de devenir une passante. le manteau me rend passante dans les rues froides de la ville."
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : jane sautière, vêtements
26/04/2013
Les débutants
"Quitter volontairement le bonheur, n'est ce pas la plus grand folie du monde ? "
Il aura suffi d'un extrait lu par Colombe Schcek, très tôt le matin ,pour que je me procure d'urgence ce romn qui met "en scène une déchirure", celle d'une femme Anne qui aime Guillaume mais brûle pour Thomas qui lui évoque Jude l'obscur.
Quoi de plus banal que ce schéma?
Mais Anne Serre , par son écriture à la fois précise et poétique, nous ferre d'emblée et ne nous lache plus. Mois qui ne suis guère friande d'histoire d'amour, je me suis retrouvée à piqueter de marque-pages comme jamais ces 190 pages que j'ai fait durer le plus longtemps possible.
Un roman lumineux à découvrir en poche chez Folio.
Un petit extrait pour vous donner envie :
"Elle brûle d'être avec lui comme on le serait dans une rivière, allongés, laissant les eaux vous recouvrir, jouer entre vos membres, glisser sur votre ventre, votre cou, et parfois de fins poissons passent entre vos jambes, bondissent au-dessus de votre cuisse, des herbes molles vous caressent, vos cheveus vont flottant et au-dessus de soi il y a de merveilleux branchages aux feuilles vert vif, et au-dessus encore un ciel bleu et dur mais très lumineux et les pierres sous l'eau ont presque l'air d'être de chair."
06:04 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : anne serre
25/04/2013
Les reflets d'argent
"Tu crois vraiment que c'est l'Homme-poisson? Sincèrement ?
J'adore l'idée qu'il le soit. C'est la réponse que je veux."
Une île où "la tristesse recouvrait tout et s'accrochait comme le sel.", une île qui ne se remet pas d'un deuil depuis quatre ans, une île où il ne peut y avoir de secret- trop petite, trop peu de monde. Mais la découverte d'un homme échoué sur une plage de galets va remettre toutes ces convictions en question.
Qui est-il cet amnésique? Certains veulent y reconnaître l'Homme-poisson d'une vieille légende. Celui qui apporte Espoir et enchantement.
Les lames d'argent est un roman qui évoque le deuil et la perte , le monde en perpétuel changement, rien a à quoi on puisse s'accrocher- mais aussi les multiples formes que peut prendre l'amour. C'est un roman, qui, à l'instar de l'homme -poisson enchante le monde et redonne l'espérance. Ce microcosme prend vie sous le regard panoramique de Susan Fletcher qui s'attarde aussi bien sur les insulaires que sur les formes de vie marine , terrestre (ah les campagnols dans leur carré d'orties !) ou aérienne. La bienveillance est toujours présente car chacun trouve le réconfort à sa façon, si maldroite ou ténue soit-elle. Il faut savoir prendre son temps pour savourer ce texte plein de poésie, qui verse parfois un peu trop à mon gré dans le sentimentalisme, mais qui confirme avec brio le talent de Susan Fletcher. (clic, clic et reclic)
Les reflets d'argent, Susan Fletcher, traduit de l'anglais par Stépahne Roques, Plon 2013, 450 pages qui affirment le pouvoir d'une bonne histoire et sont , bien évidemment, constellées de marque-pages !
Le billet, encore plus enthousiaste, de Clara !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : susan fletcher, mer, deuil, perte
24/04/2013
Traders, hippies et hamsters
"La façade de la normalité est intacte. Tout va pour le mieux."
Doro(thy) et Marcus, vieux hippies gauchistes , juste devenus excentriques aux yeux de leur progéniture, ont décidé de se marier.Une surprise pour leurs trois enfants : Serge (ne dites pas à ses parents qu'il est trader, ils le croient thésard en mathématiques); Clara, enseignante dans une école pour enfants défavorisés et Oolie, trisomique sur le chemin de l'indépendance.
Cette union est donc l'occasion de revisiter le passé, les idéaux égratignés par la réalité, mais sans rancoeur ni idéalisation a posteriori.
Roman polyphonique, Traders, hippies et hamsters est sympathique en diable, plein d'humour et fait confiance à l'intelligence de son lecteur. Voyez comment Marina Lewycka pratique l'ellipse narrative: "En l'espace de six mois, Julia et Pete s'étaient séparés et Julia étaient retournée à Merseyside, le coeur brisé et, dans la main, une touffe de cheveux auburn arrachée à Moira." Quant au personnage désinhibé de Oolie, il suscite à la fois humour et tendresse. Un roman chaleureux et attachant , plein d'humanité, de mixité sociale, et qui fait un bien fou !
Traders, hippies et hamsters, traduit de l'anglais, Editions des deux terres 2013, 320 pages à savourer !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : marina lewycka
23/04/2013
L'air de rien
"Pouvoir rire de tout, ce n'est pas rien."
Ne vous fiez pas à son air avenant, patelin, sympathique: François Morel n'a rien d'un chroniqueur qui viendrait vider dans nos oreilles un flot ininterrompu de propos insipides qui s'écoulerait aussitôt avec l'eau du lavabo car, vu l'heure à laquelle il officiait alors sur France Inter, nombreux étaient les auditeurs qui étaient encore dans leur salle de bains.
Perso, j'étais plutôt sur le parking du boulot et je devais avoir l'air bizarre, assise toute seule dans ma voiture à sourire, voire à me gondoler franchement, mais bon.
Qui d'autre que lui aurait pu suggérer, à défaut d' Albert Camus, de faire entrer au Panthéon Jean-Claude Camus, le manager de Johnny Hallyday ? "On me fera remarquer que Jean-Claude Camus n'est pas mort. Je répondrai qu'en ces temps difficiles où chaque français doit faire corps avec sa patrie, il n'est pas l'heure de s'encombrer de considérations négligeables."
Qu'il revisite à sa façon la Nativité, évoque les passages éclairs de certains chroniqueurs humoristes à France Inter,s'empare des lettres de la mère de Nicolas Sarkozy à son fils, fustige, mine de rien, certains politiques, la critique est toujours parfaitement ajustée et le style élégant. Morel ne verse jamais dans la méchanceté gratuite car comme il le rappelle lui-même en citant Jules Renard : " La gentillesse, c'est le courage qui sourit." Des choniques iconoclastes et éclectiques pour se faire du bien !
Un petit plaisir à s'offrir en poche. Pocket 2013.
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : françois morel
22/04/2013
Une fille bien
"Je pense qu'il y a des moments dans la vie où l'on doit abandonner une part de soi, comme si l'on muait, pour avancer."
Les textes de Holly Goddard Jones partent d'emblée avec un double handicap: d'abord, ce sont des nouvelles, genre semble-t-il peu apprécié en France ; ensuite, ce sont des textes poignants où la vie des femmes en particulier , entre Midwest et Sud profond des Etats-Unis n'est pas particulièrement rose. Et pourtant, le style plein d'empathie et de précision de l'auteure fait qu'on ne peut quitter cet univers écrasé de chaleur, dont les personnages essaient d'agir du mieux qu'ils peuvent, où la frontière entre les gentils et les odieux est souvent floue, où la vie peut basculer dans la tragédie en un instant.
Pas de pathos mais la notation de ces instants fragiles où une femme se rend compte que son ex-mari l' "a élégamment poussée hors du mariage, , comme il [l'] élégamment poussée hors de la maison cet après-midi- là.", où l'on va faire semblant de ne pas voir un ancien ami que l'on a trahi, "au point de rencontre malheureux entre hasard et rayon des produits congelés", où une connaissance va se réjouir de vous annoncer une mauvaise nouvelle. Mais ce sont aussi des moments où des choix vont s'effectuer, car même les très jeunes filles peuvent décider de ne pas se laisser "transformer en ce qu'elle n'était pas obligée d'être." Une vision des relations hommes femmes toute en subtilité, sans manichéisme, qui révèle une nouvelle voix qu'il faut absolument prendre le temps de découvrir. Un beau coup de coeur !
Une fille bien, Holly Goddard Jones, traduit de l'anglais par Hélène Fournier, Albin Michel 2013, 382 pages que l'on hésite parfois à tourner mais qui sont pleines d'émotion.
06:00 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : holly goddard jones
21/04/2013
Alzheimer mon amour...en poche
"Tu es devenu mon guide aveugle vers les ténèbres."
Sans préavis, le verdict tombe et le long naufrage commence: Alzheimer s'est emparé du cerveau de Daniel. Sa femme, Cécile, ne peut se résoudre à faire le deuil d'un amour de trente ans et , coûte que coûte, elle va tenter de garder Daniel près d'elle, dans tous les sens du terme, le stimulant , allant même jusqu'à tenter de refaire leur vie, ou ce qu'il en reste, à Madagascar.
Plus qu'un témoignage sur ce fléau du XXIème siècle, Alzheimer mon amour est un roman truffé d'allusions littéraires, au style à la fois alerte et pudique, dans lequel vibrent à chaque page la puissance d'un amour et la résolution hors norme d'une femme.
Mais les soignants et les proches des malades ne sont pas oubliés pour autant, car eux aussi sont les "victimes collatérales" à des degrés divers, de cette maladie. Les mots de Daniel se font également entendre et les citations de ses poèmes trouvent une résonance étrange avec les événements qui sont advenus.
On ne peut qu'être remué de fond en comble par ce livre qui touche à nos peurs les plus indicibles ( livre dont j'ai quasiment corné toutes les pages ). S'il fallait ne retenir qu'un phrase, peut être garderais-je celle-ci : "Notre incapacité à ne pas entrer en contact avec ces malades ne signifie pas forcément qu'ils n'ont plus de vie intérieure, de sentiments, de sensations.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cécile huguenin, alzheimer
20/04/2013
Espèce de savon à culotte...en poche
Fi des injures et des jurons bien policés ! Plongeons dans le monde truculent , pittoresque et plein de fantaisie du XVII ème siécle ! Côtoyons les poissardes, vendeuses de marée, les verdurières, marchandes de légumes, à la langue bien pendue, souvent crue et toujours follement imagée !
On y rencontrera une foule de dénominations pour désigner les prostituées, avec toutes les nuances du métier, des "soutireuses de savon à culotte" (courtisane de bas étage) à la "gueuse au litron" (fille de mauvaise vie"), sans oublier un"requin de terre" (huissier, parce que "l'huissier dévore tout).
J'ai beaucoup aimé aussi , "hanneton empaillé" (étourdi, niguedouille, ahuri) ou plus classique mais efficace "merdaillon" (petit puant qui veut faire l'important).
On sent le jubilation de l'auteure, férue de cette époque, à recenser, expliquer et remettre en contexte l'expression d'une pensée libre et "non corsetée". Un pur régal où piocher (sans modération ? ).
06:00 Publié dans l'amour des mots, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : catherine guennec
19/04/2013
L'oiseau canadèche...en poche
"-Nous refusons absolument tout ce qui sort de l'ordinaire.
Jake explosa:
- Eh ben, ça doit vous faire une petite vie bien merdeuse et salement étroite , non ? "
Un grand-père qui a collectionné les mariages (foireux), perdu quelque peu le sens des réalités et qui est persuadé d'être immortel grâce à une infâme gnôle dont un vieil Indien lui a transmis la recette , n'écoute que ses tripes et élève à sa façon totalement foutraque un petit fils qui lui est tombé du ciel.
Quant à L'oiseau canadèche qui donne son titre à ce très court texte, il a été trouvé ...dans la terre et a échappé de peu à un sanglier qui deviendra l'obsession de toute la famille, l'équivalent terrestre de la fameuse Moby Dick.
Amoureux de l'ordre et de la vraisemblance passez votre chemin ! Pour les autres réjouissez-vous et précipitez-vous pour découvrir ces 106 pages tour à tour hilarantes (mention spéciale à la cane qui sait si bien exprimer ses sentiments !), poétiques, tendres, truculentes, qui parlent de la vie, de la mort, avec une apparente simplicité qui fait toute sa force et décrivent un univers où les gens hors-normes ont encore leur place.
Ne ratez pas non plus la savoureuse et éclairante postface de Nicolas Richard.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : jim dodge