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31/10/2012

Femmes contre nature

"J'étais excessive, je ne savais pas comment me comporter. Je me posais toujours trop de questions."

Nullipare, Jalouse, Pucelle, Vieille fille, Poilue, Anormale, Dépressive, Impuissante, Alcoolique, Frigide, Egocentrique, tels sont les intitulés de onze des douze nouvelles de Femmes contre nature. Une jolie galerie de qualificatifs - qui heureusement ne concernant pas une seule personne  ! -et une jolie galerie de portraits féminins où chacune pourra piocher à sa guise des points communs.
Autodépréciation ? Pas forcément. Les textes prêtent souvent à sourire et le trait est à peine outré. Que celle qui n'a jamais vécu une soirée (de Noël) familiale sabotée par une égocentrique forcenée lève le doigt ! Idem pour celle prête à gâcher une invitation surprise (pourtant dûment souhaitée!) pour une histoire d'épilation oubliée !léa goddard
Des histoires tragi-comiques dont les protagonistes se retrouvent dans la nouvelle finale, sobrement intitulée Epilogue, pour terminer en beauté un recueil qui se dévore d'une seule traite !

Merci à Babelio et à Emue !

Femmes contre nature, léa Goddard Emue 121 pages miroir.léa goddard

 

30/10/2012

Le jeu des ombres

"L'idée de symétrie était si puissante que pendant de longues années je ne compris pas que la structure s'était gauchie."

Un couple, lui ,peintre, elle, son unique modèle, se délite .Le tout sous les yeux de leurs trois enfants. Ecrit ainsi, cela paraît trivial, voire pire. Sous la plume de Louise Erdrich cela devient un récit fascinant tant par la composition que par l'écriture, acérée et poétique à la fois. En effet, de prime abord Gil, Irene et leurs trois enfants constituent une famille modèle. Mais petit à petit, de petits indices, vus en particulier à travers des yeux enfantins, font prendre conscience de l'ampleur des dégâts et de la catastrophe imminente qui se profile.louise erdrich,couple,art
Tout est ambivalent dans ce récit, y compris le faux journal que Irene écrit à l'intention de son mari quand elle découvre que celui-ci a lu le vrai. Au lecteur de confronter les deux versions , y ajoutant le point de vue de Gil et celui du narrateur omniscient. Manipulations de part et d'autre, mais aussi complicité qui renaît contre la psychothérapeute que le couple va consulter, tout peut basculer dans la violence ou l'amour et tout peut être utilisé comme une arme: la peinture ou les mots.
J'ai adoré chaque élément de ce ce roman de Louise Erdrich, le premier que je lis de cette auteure. L'attention portée aux détails qui pourraient paraître insignifiants mais sont tellement révélateurs. Ainsi l'attitude des chiens qui captent la tension de la famille et s'interposent pour mieux la gérer. Le fait que le lecteur voie sans cesse remise en question sa vision des principaux protagonistes, y compris dans la dernière partie, magistral retournement de situation. Mais aussi l'écriture, au plus près des sensations , des sentiments, une écriture qui fouille et appuie là où ça fait mal, cingle pour mieux s'adoucir. Un roman dans lequel on retrouve, mais sous un mode mineur l'un des principaux thèmes de Louise Erdrich: celui des Indiens d'Amérique, un retour aux sources qui permettra à certains personnages de trouver le chemin de la résilience. Une oeuvre magistrale et dérangeante. Un vrai et beau coup de coeur !

Le jeu des ombres, Louise Erdrich, traduit de l'américain par Isabelle Reinharez, Albin Michel 2012, 253 pages puissantes.

Et zou, sur ma fameuse étagère (extensible) des indispensables  !

L'avis de Clara,tout aussi enthousiaste !

Celui d'Hélène, nettement moins !

Celui d'Athalie


29/10/2012

Plan de table

"Cependant, même lui avec sa vision comptable de l'amour [...]reconnaissait que ses sentiments pour Biddyallaient au-delà de la simple gratitude."

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Sur la très snob île de Waskeke (Nouvelle-Angleterre) se déroule le mariage de l'aînée des Van Meter, glorieusement enceinte de sept mois. Homards à gogo et Plan de table casse-tête en perspective pour la famille mais aussi remise en question pour le père, Winn, passablement austère et coincé, remâchant son passé et ne digérant pas que sa candidature au très select club de golf de l'île n'aboutisse pas.
Rien ne manque à l'appel de cette description d'un mariage huppé: ni la belle-soeur éméchée, ni la demoiselle d'honneur allumeuse et frigide, ni le beau-frère, bourreau des coeurs patenté. Mais j'ai mis du temps à lire ce roman, à le "digérer" avant de mettre le doigt sur ce qui me gênait dans cette lecture. Tout simplement le fait qu'un mariage est tendu vers l'avenir, comme le symbolise si bien le ventre de la mariée, alors que le personnage principal, le père, ainsi que sa fille cadette  d'ailleurs, restent obstinément bloqués sur leur passé et ne parviennent pas à dépasser leurs échecs.
Cette tension m'a paru nuire à la progression du roman , ainsi d'ailleurs que la vison passablement démoralisatrice du mariage de Winn, et je n'ai pas totalement trouvé mon compte dans cette lecture.

Le billet de Clara la tentatrice.

27/10/2012

Les séparées

"On accepte, on provoque l'éloignement, mais les liens qui nous rassemblent sont tortueux."

Une histoire d'amitié féminine , un roman qui commence le 10 mai 1981 et nous permettra de retrouver Anne et Cécile trente ans plus tard, quand elles ont quarante-six ans et que leur belle amitié a pris l'eau.
Alternant les points de vue et les sauts dans le temps, le roman de Kéthévane Davrichewy n'est pas parvenu à m'intéresser tant j'ai trouvé la narration filandreuse et l'atmosphère manquant singulièrement de densité.
il ne me reste pas grand chose de ce roman, juste l'impression que l'auteure est passée à côté d'une histoire qui se laisse deviner à travers les interstices du roman: celle des parents d'une des narratrices, un couple qui ne se dispute jamais et a une attitude très particulière face à la vie et à la famille, une attitude due à la résilience,ce qui ferait un très beau sujet de roman...J'dis ça...kéthévane davrichewy,amitié féminine

L'avis de Stéphie qui vous mènera vers plein d'autres !

Celui de Kathel

et de Gambadou

26/10/2012

Tori Amos sur France 5...

...un moment magique ! La preuve, le silence s'est fait dans le salon hier et ça n'arrive quasiment jamais!:)

25/10/2012

Bien connu des services de police

Appuyé sur une solide documentation, Bien connu des services de police met en scène la vie d'un commissariat de banlieue imaginaire, Panteuil.
L'entrée de jeu est brutale, sans fioritures et nous plonge d'emblée chez des flics aguerris et ripoux. Un monde auquel vont heurter deux "bleus "  leur enlevant, vite fait, mal fait, pas mal de leurs illusions. Les portraits sont esquissés à grands traits mais efficaces , le style réduit à sa plus simple expression mais l'intrigue cavale à fond la caisse, brassant des thèmes toujours d'actualité : policiers proxénètes ,incendie de squat, volonté de faire baisser artificiellement le nombre de plaintes et, au contraire de "faire du chiffre".dominique manotti,polar
Le constat est accablant et Dominique Manotti souligne ici le fosse séparant deux conceptions de la police:
"Elle a des convictions, ou des certitudes, et cela lui suffit pour monter un dossier, elle se fout des preuves, elle fait du travail de police un instrument de lutte idéologique, elle remplace la recherche de la preuve par une habile politique de communication, et c'est elle qui gagne."
Trophée 813 du meilleur roman noir francophone 2010, ce roman se déroulant en 2005, demeure par certains aspects toujours d'actualité.

Pour tous ceux qui voudraient aller plus loin, voir ici sur le site de l'auteure.

Bien commu des services de police, Dominique Manotti, folio policier 2011.238 pages décapantes.

Et un de plus pour le challenge de Liliba !

dominique manotti,polar

23/10/2012

Garonne

"Elle aime fredonner qu'elle "n'a pas la vertu des femmes de marins", sans vouloir l'offenser, tout le monde avait deviné."

Garonne, la cinquantaine venant, a besoin de se poser un peu et de quitter les petit boulots provisoires et la vie de nomade qu'elle avait menée jusqu'à présent.Une opportunité se présente: travailler dans l'agence de placement de jeunes filles au pair que vient d'acheter la fort brouillonne Manu.
Ne pas se laisser décourager par le début du roman et par l'agaçante Manu dont le vocabulaire de charretier et les négations incomplètes ont bien failli me faire lâcher prise . L'arrivée de la pimpante et efficace ancienne propriétaire de l'agence, Mme Debarre, survient à point nommé pour redresser la barre de l'agence et du récit ! fanny brucker
Si la vie de la petite entreprise est décrite de manière à la fois pleine d'humour et de réalisme, si j'ai beaucoup apprécié de partager la vie chaleureuse et gaie de ces femmes, j'ai néanmoins regretté la rupture de rythme et le changement de tonalité de la dernière partie du roman. Pourquoi donc opter à toutes forces pour une fin "conte de fées" ?
Un roman apaisé où l'on retrouve toute la sensibilité de Fanny Brucker. Clic !

Garonne, Fanny Brucker, Jean-Claude Lattès 2012, 329 pages à déguster  !

22/10/2012

Fantômette...

...Ficelle et Boulotte sont orphelines: Georges Chaulet vient de mourir... Tout un pan de mon enfance qui s'effondre.

Crédit photo : RTL.fr

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Fantaisies gourmandes

"...je peux vous assurer que même les Cromagnons avaient plus de savoir-vivre que vous, Modernes !"

Quatorze courtes saynètes aux tonalités différentes pour célébrer la gourmandise ont été rassemblées dans Fantaisies gourmandes.pièces courtes
Chroniqueur gastronomique, (Jean-Pierre Coffe), romancières (Murielle Magellan, Carole Martinez) mais aussi et surtout comédiens et metteurs en scène se sont lancé dans l'entreprise avec enthousiasme.
Si l'on n'évite pas le processus un peu éculé et trop facile à mon goût des aliments qui prennent la parole, on découvre aussi un superbe texte n'hésitant pas à prendre à partie le public, pour mieux l'inclure dans un monologue savoureux mêlant amour des mots et des fromages (Tous sur le plateau), ou la harangue de la Muse Gastéréa qui nous prédit un avenir gastronomique plutôt effrayant (Avalez la pilule !). On sourira de l'entretien qui dérape très vite entre La jeune femme et le diététicien et on goûtera les arguments du diable pour changer le statut de la gourmandise.
On regrettera juste de ne pas avoir pu assister aux spectacles promenades dans Le Potager du Roi de Versailles mettant en scène ces textes  en juin 2012 et on guettera le prochain spectacle de Phénomènes et Cie !

Un grand merci aux Editions Quatre vents et à Libfly !pièces courtes

Lu dans le cadre de La voie des Indés (lisez hors pistes !)

06:00 Publié dans théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pièces courtes

19/10/2012

ça m'agace !

"Jean-Louis, tu n'es jamais content et tu te plains toujours." Bonne-maman d'Arras

jean-louis fournier

Il n'a pas changé , jean-Louis Fournier, et il le reconnaît lui-même: Tout [l]'agace ! En vrac: la mite qui a boulotté son pull préféré, les messages des campagnes de dépistage, le principe de précaution appliqué à tout , les chiens qu'on abandonne, la thalassothérapie où "L'ambiance est calme, à mi-chemin entre  la maison de retraite , l'établissement de soins palliatifs et la morgue.", sans oublier le comique qui rit à ses propres blagues.
Jean-Louis Fournier fouraille, vitupère, peste et fustige entre autres les tics de langage, (ha, ce fichu improbable !) car "Quand je pense à tous les jolis mots qui veulent dire quelque chose, qu'on ne sort jamais, à qui on ne fait pas prendre l'air, qui s'ennuient et finissent par moisir dans les dictionnaires, simplement parce qu'ils ne sont pas à la mode.
Je pense à ineffable."
Comme il aime l'humour noir, il pousse parfois le bouchon un peu loin mais on lui pardonne volontiers car derrière ces airs de ronchon on sait bien que Jean-Louis Fournier est un grand tendre...

ça m'agace, Jean-Louis Fournier ,Editions Anne Carrière 2012, 185 pages de chroniques dont la phrase finale en gras et avec une  taille de police qui saute aux yeux  est un peu... agaçante !