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29/09/2012
Petit éloge des séries télé
"J'avancerai, par analogie , que les séries ont la même fonction de préparation et de réparation que les films et les romans, mais plus proche de notre manière de vivre : par la durée et le rythme, en décrivant des vies tout en ayant le loisir de retourner sur des événements passés comme nous le faisons nous-mêmes, chaque jour, en pensée ou en paroles. Au lieu de procéder par brèves explosions d'émotions comme dans les films, ou lente déambulation dans les mots, comme les romans, les séries procèdent par bouffées régulières, intermittentes et répétées; nous avons le temps, entre deux épisodes, de réfléchir à ce qui s'est dit et de nous préparer à ce qui va se dire.
Dans cette perspective, les séries dramatiques m'apparaissent comme l'équivalent des "expériences de pensée" des philosophes qui, pour examiner les dilemmes moraux , inventent des situations fictives assorties de choix déchirants"
Un petit éloge très réussi où Martin Winckler nous transmet son amour et sa grande connaissance des séries télé. Une mine où piocher , soit pour raviver des souvenirs, soit pour découvrir des séries inconnues !
06:00 Publié dans Essai, Extraits, rentrée 2012 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : martin wincler, petit éloge
28/09/2012
La tête en friche...en poche
”et je me dis que tenir à une grand-mère, c'est pas plus reposant que tomber amoureux.”
La peste (Camus), La promesse de l’aube (Gary) , Le vieux qui lisait des romans d’amour (Sepulveda), c’est en partageant la lecture de ces trois romans que Germain, le balourd, l’abruti quasi analphabète et Margueritte, la vieille dame fluette et cultivée, vont tisser des liens sur un banc de jardin public.
Germain qui a La tête en friche, va peu à peu évoluer grâce aux livres , dans ses relations avec les autres mais aussi en réfléchissant sur lui-même.
Le joli roman de Marie-Sabine Roger nous montre que le vocabulaire nous permet d’affiner nos pensées et par là même nos actes.L’auteure peint avec tendresse les relations quasi filiales qui s’établissent entre ces personnages en apparence si dissemblables
De jolies trouvailles linguistiques quand Germain malmène la langue mais aussi un sentiment de facilité et de fatigue dû ce torrent de langage grossier qui se déverse sur nous. Une réussite en demi-teinte.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : marie sabine roger
27/09/2012
Reste l'été
"Comme chaque été, Mylène et moi sommes pressés de rejpindre l'île pour nous y retrouver, laisser agir le charme. Je ne sens plus rien."
Crise de la quarantaine à l'île de Ré. Sa femme et ses enfants rentrent à Paris, lui reste sur place et entreprend de faire le point sur sa place dans la constellation famiale en tant que fils abandonné, frère négligent ,père et amoureux fatigué.
Le détachement avec lequel le héros/narrateur décrit ce qu'il a cessé de ressentir, l'acuité avec laquelle il observe son entourage ,sont à proprement parler à la limite de l'insupportable et m'ont mise franchement mal à l'aise. Il n'en reste pas moins que le style, précis et acéré confère à ce court roman au thème rebattu une qualité indéniable.
Merci Sylvie pour cetet découverte !
06:00 Publié dans rentrée 2012, romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : nicolas le golvan
26/09/2012
Oublie-moi un peu , papa !
Quand ses parents lui annoncent leur séparation, Naomi va constater , au début, un peu cruellement: "Les parents devraient se séparer plus souvent, on les connaîtrait mieux."
En effet, d'un peu lunaire et très occupé, son père va se rendre disponible le mercredi et le consacrer uniquement à sa fille. Réjouie d'abord, Noémie va très vite étouffer dans cette bulle où elle évolue seule avec son père.
Comment trouver son autonomie, son espace de liberté, faire admettre à son père que l'on a grandi, sans pour autant le blesser, voilà le défi que devra relever Naomi, dix ans.
Avec humour et délicatesse, Brigitte Smadja traite ce problème des réajustements nécessaires entre un papa poule frais éclos et sa fille qui rêve de prendre un peu son envol. Un livre réussi , à laisser traîner pour que les papas y jettent un oeil?
06:00 Publié dans Jeunesse, rentrée 2012 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : brigitte smadja, relations pèrefille
25/09/2012
Papa was not a rolling stone
"C'est ce qu'il y a de bien avec la littérature: elle envisage le réel avant qu'il n'advienne."
Sylvie Ohayon semble être née sous le signe du tiraillement: juive par sa mère, kabyle par son père, père très vite disparu dans la nature, elle reçoit beaucoup d'amour de la part de ses grands-parents , ce qui compense l'attitude immature de sa mère.
Cette dernière se mariant avec un Daniel, cent pour cent français, la petite fille ne parviendra jamais à appeler "papa", cet homme qui l'adoptera et lui vouera une haine féroce, bien réciproque. Malgré les coups, les sarcasmes, la petite Sylvie travaille comme une forcenée à l'école, faisant même la classe à ses petits camarades de la cité des 4000 de la Courneuve. Car oui, Sylvie est une banlieusarde, mais la vision qu'elle nous propose de cette cité n'a pas grand chose à voir avec celle propagée par les média. Certes la violence est présente, surtout envers les filles, mais aussi la solidarité.Notre héroïne, passant de l'autre côté du périph , grâce à des études de lettres, intègrera un univers tout aussi étrange: celui des bourgeois parisiens.
Autobiographie survoltée, Papa was not a rolling stone possède les défauts de ses qualités : une belle énergie, beaucoup d'humour, un sens de la formule qui a fait ses preuves en publicité (domaine où Sylvie Ohayon a excellé) ,mais aussi un récit cahotique car non maîtrisé. On sent que l'auteur a voulu tout raconter, nous transmettre ses émotions mais sans vraiment prendre le temps d'organiser son récit. J'avoue aussi avoir été agacée par les répétitives leçons de vie que l'auteure tient à nous transmettre à toutes forces et par le style parfois trop relâché. Un bilan en demi-teintes donc mais un roman qui ne se lâche pas malgré tout. Vient de sortir en poche.
06:00 Publié dans Autobiographie, romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : sylvie ohayon
24/09/2012
Nuits insomniaques
"-Je suis contre les raccourcis. C'est fini, ça , maintenant. Chaque fois que j'en prends un , je finis par me perdre."
Bonnie accumule les difficultés: divorcée, elle élève seule ses deux jeunes fils, tandis que son mari se la coule douce au Mexique. Vacataire à la fac, elle n'enthousiasme pas ses étudiants et , à l'orée de la quarantaine, suite à une liaison vouée à l'échec, elle se retrouve enceinte. Cerise sur le gâteau, bien qu' extrêmement fatiguée, Bonnie dort très mal .
La participation aux tests d'un nouveau médicament vont peut être lui permettre de compenser sa dette de sommeil. En tout cas, c'est dans ces circonstances qu'elle fera la connaissance de Ian, scientifique qui ne jure que par son travail et dont la vie amoureuse est un désastre.
Sur fond de pratiques à la limite de la légalité, c'est surtout aux parcours psychologiques des personnages, à leur évolution ,que s'intéresse Robert Cohen. Il se glisse avec aisance aussi bien dans la psyché féminine que masculine et l'on prend beaucoup de plaisir à partager durant ces 462 page, remplies d'humour ,ces vies qui pourraient être les nôtres et qu'il égratigne au passage. La description d'une assemblée de parents à l'école maternelle privée américaine est un petit délice !
Nuits insomniaques (Inspired sleep), Robert Cohen, traduit de l'anglais (E-U) par Lazare Bitoun, Editions Joëlle Losfeld 2011.
Merci Sylvie!
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : robert cohen
22/09/2012
Automne...en poche
"J'ai commencé à lire assez tard. J'ai commencé quand j'ai eu besoin de croire en quelque chose."
Pluie, pluie, pluie.Téquila, bière ,téquila.L'Automne est chez Mons Kallentoft placé sous le signe du liquide. Tiens d'ailleurs le corps d'un riche avocat parvenu a été retrouvé dans les douves du château qu'il venait d'acheter. Son cadavre va , comme dans les précédents romans de la série, commenter les événements mais cette fois Malin ne se contentera pas d'entendre les voix de son intuition. En effet, son addiction à l'alcool est devenue encore plus importante. De plus, la policière supporte mal l'éloignement de sa fille.Un intermède à Ténérife ne relance même pas l'intérêt.L'enquête est mollement menée,les errements de Malin ne convainquent pas vraiment et on se laisse porter jusqu'à la fin du récit plus par routine qu'autre chose...Un petit coup de mou donc.
Mon calendrier dit que l'automne c'est aujourd'hui...
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : mons kallentoft, policier
21/09/2012
Tous les matins je me lève
"Tiens, en voilà qui se foule pas, il se laisse porter."
Parfois, dans un roman languissant vient une scène ou une phrase qui vient tout sauver, tout racheter. J'étais à deux doigts de me dire que c'était le roman de Jean-Paul Dubois de trop et que cette histoire de romancier sans contraintes mais qui se "débrouillait toujours pour [se] retrouver coincé dans les embarras", qui la nuit rêve de manière répétitive de matchs fabuleux de rugby dans lesquels il se donne le beau rôle, tout en conduisant le jour de vieilles bagnoles qu'il chérit, j'allais l'abandonner quand tout à coup...Une scène de sauvetage de chien , poignante, qui vient cueillir le lecteur au plexus et la phrase finale , comme un mantra désabusé et d'un simplicité ravageuse:
'Je ne vaux pas grand chose, je ne crois en rien et, pourtant, tous les matins, je me lève."Tout est dit.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jean-paul dubois
20/09/2012
Duboismania (tendance Jean-Paul)
"...au regard de ce qui nous attend on devrait parfois vivre avec davantage de modestie."
Il aura fallu que je me décide à terminer Une vie française, où, en plus d'un roman familial se donnant comme ossature les mandats des différents présidents de la Vème République, j'ai découvert un personnage principal selon mon coeur et de superbes pages sur les arbres, pour que je sois atteinte de la Duboismania, tendance Jean-Paul.
Avant d'arriver à cette quasi perfection du personnage masculin qui parvient à gagner sa vie presque sans s'en rendre compte, sans horaires, sans contraintes ou presque (ici il est photographe de plantes ) mais passe en contrepartie à côté de sa vie de famille, il aura fallu bien des avatars. Il s'agit souvent d' écrivains ou de scénaristes prénommés Paul, flanqués d'une femme prénommée Anna, tour à tour dépressive ou au contraire carriériste hyper active avec laquelle le héros masculin n'entretient plus que de lointains rapports. Ce couple est généralement accompagnés d'enfants, plus proches de la mère, et dans lesquels le narrateur se reconnaît rarement.
Personnages récurrents aussi dont on guette l'apparition et les diatribes inhérentes, le dentiste que le héros de Kennedy et moi n'hésitera pas à mordre pour lui faire perdre sa suffisance ( à sa décharge, dans Le Cas Sneijder, le narrateur expliquera que dans sa jeunesse les dentistes étaient de vrais tortionnaires pourvus de matériel rudimentaire...) et le psychiatre. Ce dernier, manipulé dans Kennedy et moi, peine à trouver un traitement adéquat à la dépression d'Anna dans Les accommodements raisonnables et aura un rôle beaucoup plus violent dans Le cas Sneijder. Défiance du narrateur donc par rapport à ces hommes qui semblent ne traiter les symptômes sans prendre réellement en compte la souffrance de leurs patients.
Beaucoup de tendresse se dégage de ces romans, que ce soit pour les parents du narrateur dans Une vie de famille, ou pour le vieux metteur en scène hollywoodien qu'un projet improbable va remettre en selle dans Les accommodements raisonnables. On suit le vieillissement du narrateur au fur et à mesure , il atteint la soixantaine dans Le cas Sneijder, et on le voit se détacher de plus en plus des contraintes sociales et laisser place à l'expression de sa souffrance.
On sourit, on a le coeur serré en lisant ces textes qui distillent à la fois beaucoup d'humour et de désenchantement face aux compromis auxquels nous contraint la vie.
Le charme agit presque toujours (un seul livre m'a déçue car trop prévisible, Si ce livre pouvait me rapprocher de toi, où un fils part au Canada sur les traces de son père défunt) et l'addiction est au rendez-vous !
Romans dénichés pour la plupart à la médiathèque et existant en format poche.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : jean-paul dubois
19/09/2012
Une bonne nouvelle: Babelio revient !:))
La liste des ouvrages proposés est ici !
06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (5)