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21/01/2012
G 229 en poche
"Ils se demandent ce qu'ils vont faire de moi."
J'ai failli rester à la porte de la salle G 229 quant à la page 41, l'auteur évoque "le petit bois derrière l'école dans laquelle j'habitais quand j'étais enfant." Un prof d'anglais , fils d'instit, pfff , l'impression d'avoir déjà lu ça cent fois. Mais j'ai pioché plus loin avant de revenir page 41 et de boucler en un rien de temps ma lecture.
Car oui, ce roman, qu'on devine bien évidemment largement autobiographique, n'est pas un énième livre écrit par un prof visiblement accro à son boulot mais aussi le constat d'un homme qui n'en revient pas de voir filer le temps à toute allure, de voir grandir et partir ses élèves tandis que lui reste depuis 20 ans dans SA salle,celle qui donne son titre au roman.
L'auteur pêche parfois par excès de sensibilité mais on lui pardonnera volontiers ce défaut et on se régalera de ce roman optimiste et sincère.
J'ai entendu un jour Odon Vallet dire que les élèves avaient toujours le même âge tandis que le professeur vieillissait, c'est ici un peu l'autre côté de la pièce.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : jean-philippe blondel
20/01/2012
Biftek...en poche
"-Reprenez-la, dit-il, elle est végétarienne."
Fils-père de sept enfants , poursuivi par un époux jaloux, le jeune boucher breton, André, doit s'enfuir et quitter le plancher des vaches pour voguer, en compagnie de sa progéniture, vers la lointaine Amérique.
Commencé de manière classique Bifteck s'affranchit ensuite graduellement des contraintes du réalisme pour dériver de plus en plus vers le conte ou la fable.
Fable qui est une véritable ode à l'amour paternel,"Elle n'avait pas encore les mots pour le dire, mais elle savait déjà, comme eux, que l'amour d'un père a plusieurs visages , et que pas un ne l'empêcherait d'être heureuse." un amour absolu pour André qui nourrit, taille des vêtements, pétrit ses enfants, les absorbant pour ainisi dire dans un amour sans borne. Mais comme le rappelle Kahlil Gibran: "Nos enfants ne sont pas nos enfants" et le boucher qui leur tient à la fois de père et de mère devra apprendre à lâcher prise, à s'effacer...
Piochant dans les thèmes classiques du conte initiatique, Martin Provost les réinvente avec verve , nous régalant au passage d'une prose alerte et sensible. Seule la fin, trop réaliste pour le coup et trop explicative m'a laissé un arrière goût de déception. Une gourmandise néanmoins !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : martin provost
19/01/2012
Les lieux infidèles...en poche
"Je me retrouvais à Faithful Place, comme si je ne l'avais jamais quittée."
Vingt-deux ans que Franck Mackey n'a pas remis les pieds dans ce quartier de Dublin où il avait grandi et où sa bien- aimée, Rosie l'avait abandonné, juste le soir de leur départ pour Londres. Il avait dix-neuf ans et voulait vivre son amour loin d'une famille complètement dysfonctionnelle, marquée par la peur et la violence.
Mais la valise de Rosie vient d'être découverte et Franck, devenu flic infiltré, va devoir à la fois reprendre contact avec les siens et revisiter son passé. Bien évidemment, il ne pourra s'empêcher de mener sa propre enquête car, c'est bien connu, les infiltrés ont un respect tout relatif de la loi.
Les lieux infidèles vaut aussi bien par les péripéties de l'enquête que par l'atmosphère dublinoise qui y est évoquée. Faithful Place est un quartier à la fois pauvre, populaire et chaleureux où chacun s'efforce de préserver ses secrets pour ne pas donner de grain à moudre aux voisins. On y boit parfois plus que de raison, ça chante, ça gueule, ça pleure...Tout un pan de l'histoire dublinoise, marquée par le chômage et les musiques des années 80 s'y donne à voir et c'est ce qui fait la saveur de ce roman, un tantinet trop classique dans la forme. De quoi passer un bon moment cependant.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : tana french
18/01/2012
Pour un matin pas chagrin...
07:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : haïku
17/01/2012
Le calme retrouvé
" J'ai imaginé le premier grand massacre dans une retraite de méditation: "L'agresseur était un homme d'une cinquantaine d'années connu pour sa quête de paix intérieure. La raison pour laquelle il était venu au monastère armé d' une kalachnikov n'a pas été éclaircie.""
Difficile en effet pour Tim Parks de se débarrasser de son humour noir , de sa colère, bref d'accéder sans regimber à la méditation ! Comment ce romancier anglais installé en Italie où il a fondé une famille et enseigne l'art de la traduction à l'université en est-il arrivé à pratiquer la méditation et à changer sa manière d'appréhender la vie ? C'est la douleur qui, par tâtonnements successifs, l'a mené là .Une douleur dont il parle avec beaucoup de vérité, tout comme il décrit de manière la plus précise possible les effets que produisent sur lui la relaxation et la méditation.Le lisant,j'ai repensé aux descriptions de Jan Willem van de Wetering de ses séances dans un monastère où il était arrivé par des chemins bien différents de ceux de Tim Parks.
le début du récit est un peu lent mais la réflexion ne tombe jamais dans le prosélytisme ni l'idéalisation (voir la description sans concessions du deuxième gourou), mais la réflexion est toujours aiguë, sans complaisance et formidablement prenante. Un récit de vie tout hérissé de marque-pages !
Merci Cuné pour cette découverte !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : tim parks, douleur, méditation
16/01/2012
Blanche étincelle
"Vivre va prendre tout mon temps."
En 2009, dans La patience de Mauricette nous avions fait la connaissance de cette femme extra-ordinaire, marquée par la souffrance ,mais qui avait trouvé refuge dans les mots et la poésie.
Blanche étincelle nous propose ici son journal ,sans dates, d'une année de reconstruction. Mauricette a déménagé et, à la faveur d'une rencontre un peu magique dans une librairie va ,petit à petit, se lier d'amitié avec Blanche.
Blanche, qui va lui offrir en partage la musique, des expositions artistiques, mais aussi sa famille et ses propres liens avec la mort. De crêpes partagées en balades à travers la région, "Nous avançons dans l'hiver, chacune avec le ballot de ses souvenirs, de ses soucis, de ses rêves. Mon bagage est lourd. J'ai commencé à le partager." Et ce partage, Mauricette va le pratiquer aussi bien avec Blanche qu'avec les enfants de celle-ci. Étonnants , émouvants échanges culturels et affectifs entre cette femme qui pourrait être leur grand-mère (elle qui n a jamais eu d'enfants)et ces jeunes ouverts sur le monde.
L'art est en effet peut être encore plus présent et j'ai hérissé mon exemplaire de multiples marque-pages pour les références littéraires , musicales ou picturales qui émaillent ce texte et le font vibrer d'enthousiasme.
L'écriture est toujours aussi belle mais la tonalité est plus optimiste, ce qui ne gâche rien ! On sent ici Mauricette plus posée, apaisée presque, mais toujours aussi attentive aux mots, à la nature, moins exaltée , et ses épisodes de logorrhée sont plus rares. Allez, vite, embarquez dans le monde poétique et surprenant de Mauricette !
Blanche étincelle, Lucien Suel, La Table Ronde 2012, 232 pages fluides et toute bruissantes de marque-pages !
Pour écouter Lucien Suel c'est ici !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : lucien suel
14/01/2012
L'homme inquiet...en poche
"Ce personnage inquiet et mal assuré dans la marge: c'est moi."
Wallander est devenu grand-père , à sa grande surprise et à sa grande joie. Le spectre de la retraite commence à rôder autour de lui tandis que la vieillesse gagne davantage de territoire, détériorant non seulement son corps, qu'il a part trop négligé, mais aussi, et c'est ce qui l'angoisse le plus, sa mémoire.
Malgré tout cela , obstiné, il mène une enquête, en parallèle des services officiels ,sur la disparition des beaux-parents de sa fille Linda. Remontent alors à la surface des échos de la guerre froide , de sous-marins et d'espionnage.
L'enquête est particulièrement lente dans cet ultime épisode de la série des Wallander. Ce qui prime avant c'est le personnage en lui même, qui fait le bilan de sa vie à la fois professionnelle et personnelle. Reviennent ainsi à sa mémoire des souvenirs des enquêtes précédentes et des gens du passé. Les femmes de sa vie réapparaissent également pour un dernier tour de piste, une manière d'évaluer si , une fois pour toutes, il pourra se faire à l'idée de vivre seul à la campagne , en compagnie d'un chien.
Parcouru de nombreux allers-retours, à la fois dans l'espace et dans le temps, L'Homme inquiet évoque aussi une période trouble de l'histoire de la Suède et la nécessité, selon l'auteur, de ne pas négliger la politique. Tout ceci a parfois des accents de testament et ce n'est sans doute pas un hasard si, à la fin du récit, Wallander éprouve le besoin de mettre au clair ses idées sur une enquête non entièrement élucidée, par écrit.
Henning Mankell en finit avec son personnage d'une manière particulièrement efficace et réussie, lui laissant tout à la fois un espace de liberté et l'impossibilité physique de réapparaître dans une autre enquête. Un texte riche en réflexions et un portrait particulièrement poignant.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : henning mankell
13/01/2012
La vengeance du Wombat...en poche !
"Oui, la vie est très étrange du Mauvais Côté du fleuve Darling."
Si comme moi, trompés par le feuilleton "Skippy", vous avez toujours cru que le kangourou était un être futé et affectueux, La vengeance du wombat et autres histoires va cruellement ôter vos illusions.
En effet, Kenneth Cook qui se confronte (presque) sans sourciller avec des sauriens, des reptiles extrêmement dangereux, sans oublier quelques autochtones à la gâchette facile et au gosier en pente, accumule immanquablement les ennuis dès qu'il rencontre un marsupial. Il le sait mais oublie très vite, il le reconnaît lui même.
Se dénigrant avec une belle ardeur, le narrateur de ces histoires du bush possède l'art de se fourrer dans des situations hautement improbables et/ ou dangereuses, et ce pour le plus grand bonheur du lecteur. Eclats de rires garantis !
06:00 Publié dans Humour, Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : kenneth cook
12/01/2012
Attachée
"Elle survola l'hypothèse qu'elle vivait peut être sa propre aventure avec Giovana-flirtant et fantasmant comme tant d'internautes à travers le monde, en proie à l'illusion."
Jean, américaine de 46 ans ,mariée à un séduisant Anglais, ouvre un courriel destiné à son époux,courriel rédigé par une aguichante Giovana. Plutôt que d'en parler directement au principal interessé, elle va entretenir une correspondance avec celle qu'elle soupçonne être la maîtresse de son mari, en se faisant passer pour lui.
Cet accroc dans sa vie paradisiaque sur une île tropicale fictionnelle , Saint Jacques, va remettre en question ses relations avec l'homme avec qui elle vit depuis la fin de ses études. La prise d'indépendance de sa fille , ses inquiétudes concernant sa santé de femme en milieu de vie , ses relations avec ses propres parents qui ont divorcé, avec sa soeur, tout ceci va aussi être reconsidéré avec finesse et perspicacité.
D'où vient alors que nous n'éprouvons presque pas d'empathie pour Jean ? Peut être parce que'Isabel Fonseca fouille dans le plus noir de ce qui fonde les attachements, la part de dépendance, voire de masochisme, que nous ne sommes pas forcément prêts à admettre. Un roman tout sauf confortable mais qu'on ne lâche pas.
Attachée, Isabel Fonseca, traduit de l'anglais (E-U) par David Fauquemberg, Métaillé 2012, 319 pages dérangeantes.
Le billet de Cuné !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : isabel fonseca
10/01/2012
Rester sage
"La vie se termine souvent là où les statistiques commencent."
Martin Leroy a tout perdu en quelques semaines: sa femme, leurs amis communs, son emploi. Cette "accumulation de revers" va le décider à se rendre chez son ancien patron car "Il est prêt à tout pour remettre sa vie dans le bon sens". Gare !
En chemin, il croisera toute une galerie de personnages et surtout son ami d'enfance , l'occasion de faire revivre un passé à la fois douloureux et cocasse et de reconstituer une amitié en pointillés.
On flirte avec la mélancolie mais l'humour pince sans rire d'Arnaud Dudek rattrape à chaque fois le récit qui pourrait sombrer dans l'apitoiement : "Difficile de rester poli dans ces circonstances. face au premier maccabée de leur existence d'être humain, peu d'individus parviennent à garder leur flegme, à ponctuer cette scène d'un what the hell , à prononcer un saperlipopette, . à moins d'avoir du sang anglais. Et encore." Les deux amis n'ont rien d'héroïque ou d'extraordinaire mais c'est justement ça qui nous touche et fait qu'on dévore ce roman d'une traite , avant de le relire afin de mieux savourer son charme. C'est un exercice périlleux que de choisir des personnages en apparence ordinaires sans pour autant ennuyer le lecteur et Arnaud Dudek réussit son pari haut la main !
L'auteur s'est créé un univers à la fois subtilement poétique et plein d'humour ,qui transfigure le quotidien et le rend presque séduisant. De quoi voir la vie non pas en rose mais au moins en couleurs !
Rester sage, Arnaud Dudek, Alma éditeur,2012, 116 pages qui donnent le sourire !
Premier roman, bravo !
Clara a aimé aussi !
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : arnaud dudek