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20/08/2011
Mon couronnement ...en poche
Sur les gens habitués à réfléchir, avait-il ajouté, Le Touquet agissait comme un lavage de cerveau , et ils ne le toléraient naturellement pas."
108 petites pages qui se calent avec aisance dans la main et racontent Mon couronnement, celui d'un scientifique à la fin de sa vie, pour une découverte dont il a tout oublié -ou presque- et qui ne sera jamais précisée...
Gentiment mais fermement pris en main par sa femme de ménage qui ne jure que par " un bon plat de petites lentilles" pour se remettre d'aplomb, le narrateur fait face à ce déferlement de visites et à cette notoriété subite dont il n'a que faire. C'est aussi l'occasion pour lui de renouer avec son passé, passé lacunaire dont le lecteur complètera les pointillés...Mais c'est lors d'une escapade sur la Côte d'Opale que l'absurdité de l'existence ,qu'il ne cesse de souligner, culminera dans un discours pseudo scientifique hilarant sur les typologies respectives des habitants d'Etaples et du Touquet. Un monde où rôde une folie douce, une folie en sourdine, un monde d'une étrangeté familière. 108 pages, un excellent format, à la fois dense et léger.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : véronique bizot
19/08/2011
Le coeur régulier...en poche
"J'ai tant d'admiration pour ceux qui se relèvent."
Après la mort de son frère, sorte de mouton noir de la famille, une jeune femme part au Japon sur les traces du défunt, laissant en France un mari et des enfants adolescents qui semblent s'être éloignés d'elle. A moins que ce ne soit l'inverse...
En effet, le Japon n'est ici qu'un décor que quelques mots étrangers jetés de- ci ,de-là ,ne suffisent pas à camper et l'atmosphère créée autour de cette falaise d'où se jettent des gens à bout de force pourrait être aussi bien française que nipponne.
Quant à son héroïne, elle souffre d'un manque d'inscription dans une quelconque réalité sociale. On ignore quasiment tout du métier qu'elle exerce , semblant flotter dans une abstraction qui fait perdre toute profondeur à sa souffrance. On attendait ainsi, par exemple ,plus de mordant dans la description du stage de motivation auquel elle participe.
Bref, tous ceux qui ont aimé les précédents romans d'Olivier Adam ne seront pas dépaysés mais resteront un peu sur leur faim
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : olivier adam
18/08/2011
J'ai déserté le pays de l'enfance
"Marrez-vous, carnassiez !"
Parce qu'elle défend les intérêts d'une société informatique alors que son éthique voudrait qu'elle soit plutôt du côté de l'employé qui va se faire entuber, la narratrice s'offre une magnifique crise d'angoisse et un petit séjour dans un centre psychiatrique.
Un pied dans son enfance -paradis-perdu à Djibouti, un pied dans le monde des adultes où elle sur la refuse de sacrifier ses idéaux, la voici réduite à faire le grand écart,ce qui n'est guère confortable, vous l'admettrez.. .Son séjour dans un centre où elle est la seule à ne pas prendre de médicaments lui ouvrira-t-il les yeux ?
Si l'évocation de l'enfance et les tergiversations morales de l'avocate ne m'ont pas totalement convaincue, trop convenues à mon goût, l'évocation des malades mentaux et de la vie dans ce centre psychiatrique en plein coeur de Paris m'a totalement enthousiasmée. à la limite, j'aurais même préféré que la narratrice y séhjourne un peu plus longtemps pour apprécier encore plu cette galerie de portraits sensibles et pleins d'humanité. Une réussite en demi-teinte donc.
J'ai déserté le pays de l'enfance, Sigolène Vinson, Plon 2011, 190 pages où j'aurais bien aimé que la mère ne parle pas sans cesse EN MAJUSCULES ! Même si je vois très bien ce que l'auteure veut dire.
06:00 Publié dans rentrée 2011, romans français | Lien permanent | Commentaires (8)
17/08/2011
L'enfant du jeudi
"Comme on dit, l'ignorance, c'est le bonheur. Dehors, ma fille, c'est là qu'est ta place."
Selon une comptine anglaise"L'enfant du jeudi voyagera loin."Obéissant à cette prédiction Tin, le plus jeune enfant de la famille Flute ,choisit très vite de partir en exploration. C'est sous terre qu'il se creusera son propre royaume, s'éloignant de plus en plus des siens, mais maintenant toujours un lien avec sa soeur, Harper, la narratrice du roman.
Nous sommes en Australie, au moment de la Grande Dépression et le père de la famille Flute va apprendre à ses dépens, mais aussi à ceux de sa femme et de ses enfants ,qu'on ne s'improvise ni fermier ni éleveur...
Au début Harper m'a un peu fait penser à Fifi Brindacier par son caractère enjoué et débrouillard mais très vite le récit prend une orientation beaucoup plus dramatique et la tonalité devient de plus en plus pesante. La Nature se révèle féroce et les mauvaises décisions du père , trompé un peu comme la mère dans Un barrage contre le Pacifique, vont entraver de plus en plus le destin de ses enfants. Mais Harper relève toujours la tête ...
Le style de Sonya Hartnett est ample et vigoureux. Très visuel, il rend prégnant cette atmosphère lourde et ,même si on est oppressé de bout en bout, on ne peut que poursuivre ce roman puissant et fascinant.
L'enfant du jeudi, Sonya Hartnertt, traduit de l'anglais (Australie) par Valérie le Plouhinec. les grandes personnes 2011, 221 pages chthoniennes.
06:00 Publié dans Jeunesse, rentrée 2011 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : sonya hartnett, australie
16/08/2011
Des bleus à l'âme
"On les trouvait bizarres, exotiques, car ils étaient fort bien faits , l'un et l'autre. Eux se trouvaient simplement décents."
Sébastien, Eléonore ont toujours profité de leur beauté, de leur élégance naturelle pour vivre sans travailler, tout en gravitant dans le monde de la richesse. On ne saurait les qualifier de parasites tant leur attitude paraît naturelle et leurs "victimes" consentantes.
Mais la quarantaine approche et les cigales ont peut être du souci à se faire.
C'est à un work in progress que nous convie ici Françoise Sagan, alternant chapitre du roman et réflexions sur la vie et l'écriture. On se demande comment l'auteur parviendra à se tirer d'affaire (tout comme les personnages d'ailleurs) mais la pirouette finale fera d'une pierre deux coups. Un texte d'une élégance folle et d'une superficialité toute apparente.
Des bleus à l'âme , Françoise Sagan, Livre de poche, 179 pages prétendument nonchalantes, .
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : françoise sagan
15/08/2011
Les forçats de la route
Quand le Tour de France passe près de chez moi, je peste et ne me dérange d'ailleurs même pas pour voir les cyclistes du Paris-Roubaix peiner dans la Tranchée d'Arenberg , à un jet de pierre elle aussi.
Il aura donc fallu toute la force de persuasion de Nadine Morano, ma ministre de tutelle, pour que je me procure ce classique dont le titre est par ailleurs devenu un cliché, signe indéniable de talent.
Hé bien merci Nadine , ou plutôt merci Albert car ce Tour de France 1924 est tout sauf ennuyeux !
Ici pas de robot à la Lance A., moulinant des kilomètres avec une régularité inquiétante, non des hommes qui partent dans la nuit (?!) après une bonne bouffe, réparent eux-mêmes leurs pneus qui ne cessent de crever vu le matériel et l'état des routes, des hommes que Londres a su saisir dans leur naturel et leur humanité.
Ce qui n'a pas changé ? Les spectateurs qui envahissent les routes, encouragent avec ferveur les cyclistes, le dopage dont ces derniers parlent avec une franchise désarmante. Une épopée bien loin des tours aseptisés et un tantinet ennuyeux, vivifiée par la style imagé d'Albert Londres.
Les forçats de la route, Albert Londres, Arléa Poche.1996 et 2008. 62 pages vivifiantes.
06:01 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : albert londres, tour de france 1924
14/08/2011
Son corps extrême
"Et tout le monde chante le silence des os dont on avait oublié le miracle."
De l'accident nous ne saurons rien ou presque. Et déjà cette manière d'entamer le récit en faisant fi de tout sensationnalisme , en abordant apparemment de biais ce qui n'est en fait "que" l'élément déclencheur m'a paru originale et de bon augure.
La victime (peut être consentante) ? Alice, une femme aux abords de la cinquantaine qui va devoir se réapproprier un corps détruit. Une expérience de douleur et de reconstruction que nous suivrons au plus près, à l'intérieur même du corps souvent et l'écriture de régine Detambel donne ici sa toute puissance , charriant les images, associant les muscles et les mots de la poésie : "Et puis dire des poèmes , car dire un poème c'est marcher en chantant. Les poètes ont toujours quelque chose de rythmique à chuchoter, si bien que, même si on ne marche pas encore, on entend au moins des pas intérieurs qui se meuvent en silence."
Mais c'est aussi au coeur de l'hôpital et de ses soignants que se vit cette expérience, "L'hôpital [qui] démontre sa remarquable faculté à réveiller d'anciennes émotions qui n'étaient oubliées qu'en surface." car c'est bien d'émotions qu'il s'agit, d'émotions et de douleurs vécues dans la fraternité, voire dans ce qui n'est pas de l'amour mais s'en approche de très près. Un texte formidable, à lire et relire pour mieux le laisser décanter et s'en imprégner.
Son corps extrême, régine Detambel, Actes Sud 2011, 147 pages dont beaucoup ont été cornées et recornées.
L'auteure lit un extrait du début de son roman ici.
06:00 Publié dans rentrée 2011, romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : régine detambel
13/08/2011
Que diable allait-elle faire dans cette galère...2/?
Flic, Floc, les bottes blanches de la poissonnière ponctuent chacun de ses pas. Son tablier blanc n'augure rien de bon. Son sourire sanguinolent non plus...
Douche pénétrante annonce le panneau.
Amis obsédés, passez votre chemin. Amis maso, prenez place. A plat- ventre sur une table, le menton coincé sur un boudin de mousse, les bras le long du corps, vous voici exposé aux jets d'eau chaude d'une série de douches placées au dessus-de vous. ça trépigne, ça marteau-pique, ça masse en profondeur, ça fait du bien c'est indéniable.
Mais le lendemain matin, vous avez juste l'impression qu'un tracteur (même pas conduit par le beau gosse de L'amour est dans le pré") vous est passé sur le corps et vos douleurs (oubliées, les coquines !) se rappellent à votre mauvais souvenir...Tiens j'avais des muscles là ?
C'est normal. Tout va bien et en arrivant juste un peu plus tôt vous trouvez même le temps de lire un peu...
06:00 Publié dans Bric à Brac, Feuilleton de l'été | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cure et thalasso, faut pas confondre!
12/08/2011
Le syndrome E
Avec Le syndrome E Franck Thilliez réunit ses deux plus célèbres personnages: Lucie Hennebelle, lieutenant de police à Lille et Sharko (ne pas confondre, please), un cabossé, genre baroudeur comme on les adore mais schizophrène à ses heures (on y réfléchit à deux fois là, non ?).
Deux personnages hantés par la noirceur et qui ne pouvaient que s'accorder pour démêler les fils de cette intrigue mettant aux prises un film malsain rendant aveugle, des cadavres aux crânes sciés façon oeuf coque et qui va les balader des années cinquante à nos jours du Caire au Canada.
Waouh, il y a longtemps qu'un livre n'avait eu sur moi un effet physique aussi puissant ! à croire que Thilliez aurait utilisé un procédé identique à celui du film évoqué pour provoquer ce sentiment de malaise prégnant mais jamais gratuit.
En effet, l'auteur se penche ici sur les origines de la violence de masse et ce qu'il en dit écrit est tout à fait troublant. Un roman efficace, premier volume d'un diptyque. Le deuxième est déjà sorti, il n'y a plus qu'à le dénicher à la médiathèque...d'autant que le syndrome E se clot par un suspense insoutenable...
Emprunté à la médiathèque. Fleuve noir 2010, 429 pages scotchantes.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : franck thilliez, origine de la violence de masse
11/08/2011
Dernier inventaire avant liquidation
Mi- bateleur, mi- dépoussiérant, Frédéric Beigbeder présente, à tour de rôle et dans l'ordre décroissant, les 50 oeuvres écrites choisies par les lecteurs du Monde en 1999.
Souvent drôle et rafraîchissant, le présentateur se débarrasse de tout formalisme et de toute révérence. Certains en prennent gentiment pour leur grade et Beigbeder ne se prive pas de souligner par exemple que si certains classiques figurent dans le classement, c'est plus par leur adaptation cinématographique que par leur lecture véritable...
Offert pour l'achat de deux folio cet été. Un livre qui donne envie de (re) lire plein de romans.
En couverture un dessin d'Antonin Louchard tirée de Tout un monde.
06:00 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : frédéric beigbeider