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06/04/2011
La septième vague
"Et avec les mails, on passe aussi ensemble le temps qui sépare deux messages."
Leo Leike, en exil à Boston, est de retour. Emmi et lui vont donc pouvoir reprendre de zéro leur romance épistolaire (par courriel) basée sur trois grands principes: pas de rencontres, pas de sexe, pas d'avenir.
Mais , de part et d'autre de l'ordinateur, la situation a bien évolué et "la folle histoire" va reprendre de plus belle, sans doute avec de nouvelles règles, La septième vague balayant tout sur son passage...
Bon sang qu'ils m'avaient énervée ces deux -là, leurs atermoiements, leur jeu de chat et de souris ,leur minauderies presque. Et pourtant l'enthousiasme de Clara et Cuné ont eu raison de mes a priori et je me suis lancée.
Et là, je me suis régalée, cornant les pages à qui mieux mieux, appréciant les moqueries, l'autodérision "J'en ai assez de ne pas attendre ! J'attends !", la pudeur, la complexité des émotions, les coups de théâtre, la manière de fouiller au plus profond des sentiments sans pour autant sombrer dans la guimauve, l'utilisation des temps d'attente, les retournements de situation. On ne s'ennuie pas une minute, on est tenu en haleine jusqu'au bout et on sort de là , un peu étourdi, mais souriant !
La septième vague, Daniel Glattauer, traduit de l'allemand par Anne-Sophie Anglaret, Grasset 2011, 348 pages de mails et d'émotions.
L'avis de Tamara
De Fashion qui vous mènera vers plein d'autres !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : daniel glattauer, amateur de laurent voulzy passez votre chemin, merci !
05/04/2011
Une jeune fille aux cheveux blancs
"La vie est courte, autant avoir les idées longues."
Malgré ses réticences, Caroline fraîchement retraitée, teste le club de loisirs pour seniors auquel ses filles l'ont inscrite. Elle qui rêvait d'oisiveté, la voici donc en train de prendre des cours d'oenologie et de poterie avec des résultats pour le moins surprenants...
Epouse, mère, grand-mère , belle-mère , Caroline cumule sans souci toutes ces étiquettes mais n'aurait-elle pas laissé en friche la jeune fille qui est enfouie en elle ? Sensualité, humour, ne sont pas des mots que l'on a remisés par devers soi à soixante ans et Caroline entend bien profiter de la vie quitte à découvrir sur le tard les" joies" de l'épilation "ticket de métro" dans une scène particulièrement hilarante. Beaucoup de tendresse mais aussi quelques coups de griffes sur les stéréotypes dans lesquels on voudrait commodément enfermer les personnes âgées.
Le discours de Caroline à ses filles m' a évoqué celui du personnage de Maria Pacôme dans la crise (et c'est un compliment), dans le même esprit de revendication tranquille. Seul bémol: la fin un peu ratée car trop télescopée et démonstrative à mon goût.Une bien jolie entrée en littérature néanmoins !
Une jeune fille aux cheveux blancs, Fanny Chesnel Albin Michel 2011, 217 pages pour passer un bon moment.
Merci à Tamara pour le prêt et à Cuné pour avoir enfoncé le clou et joué les passeuses !
Clara a aimé la fin (mais pas que ! )
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : fanny chesnel, des vieux ? encore des vieux, toujours des vieux
04/04/2011
San Francisco
"C'est ma spécialité, les choses qui ne sont plus là."
Contrairement à ce que donne à penser le titre de ce roman de Catherine O'Flynn, l'action ne se déroule pas à San Francisco mais à Birmingham, ville où Franck présente les infos régionales sur une chaîne de télévision locale. Nettement moins exotique donc, pourtant le présentateur est très attaché à cette ville où son père, architecte autrefois renommé, a construit de nombreux bâtiments dans le style brutaliste .
Mais Birmingham, assoiffée de renouveau, fait abattre un à un ces immeubles tandis que Franck semble hanté par tout ceux qui disparaissent autour de lui : non seulement son vieil ami et prédécesseur, renversé sur une route de campagne par un chauffard, mais aussi celles de tous ces inconnus , morts en solitaire, à qui il s'efforce de redonner une identité.
La vie de Franck n'est en rien clinquante: entre les visites à sa mère qui entretient une vision cynique de l'existence , les petitesses ridicules du milieu médiatique dans lequel il évolue, sans compter les chemins boueux de la campagne où il habite, il y aurait de quoi déprimer !
Hé bien non, Franck vaille que vaille, trace sa route, élucide les mystères et parvient, presque malgtré lui à tirer son épingle du jeu , ayant accepté au final que le changement fait partie de la vie et qu'on ne peut rien contre lui.
Une ambiance un peu triste et feutrée, mais un style précis, en demi-teintes, entre humour et désenchantement qui confirme tout le bien que je pensais du premier roman de Catherine O'Flynn.
San Francisco (The News Where You Are), Catherine O'Flynn, traduit de l'anglais par Manuel Tricoteaux, Jacqueline Chambon 2011, 389 pages.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : catherine o' flynn, disparitions, télévision, vieillesse, temps qui passe
03/04/2011
Paroles de marche
"Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait c'est le voyage qui vous fait ou vous défait." Nicolas Bouvier
C'est à Denis Boulbès, psychopédagogue retraité et "infatigable marcheur" que reviennent le choix et présentation de ce recueil de la collection "Carnets de sagesse" consacré à la marche.Il la replace dans son contexte historique, soulignant au passage que celle-ci est encore une nécessité pour les sept dixièmes de l'humanité et que ce n'est qu'au XVIIIème siècle, avec Rousseau , que lui sera adjointe la notion de plaisir. Auparavant primait celle d'exercice salutaire , tant pour le corps que pour l'esprit.
L'éventail des écrivains, pas forcément voyageurs , ayant célébré la marche est très vaste. Qui s'attendrait à trouver ici un texte, très beau d'ailleurs , de Jean Jaurès ou de Julien Gracq ?
Les photos de Joseph Rottner accompagnent notre parcours parmi ces extraits qui, bien évidemment nous donnent non seulement des envies de balades mais aussi de lectures ! La source des textes ainsi qu'une bibliographie des "classiques" à même de proposer une sagesse de la marche complètent idéalement ce carnet de route.
à offrir et à s'offrir sans plus tarder (10 euros)
Paroles de marche, Albin Michel 2011, collection Carnets de sagesse, 50 pages où piocher pour commencer un voyage immobile.
06:00 Publié dans Extraits, Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (12)
02/04/2011
Les privilèges
"Les gens avaient des réactions bizarres avec l'argent. Ne pas le dépenser leur paraissait condescendant. Etre riche signifiait agir en riche, si cela avait le moindre sens, ne pas vivre de la manière dont on pouvait le faire à tout instant de la journée, c'est de la prétention à l'envers. Ou le désir de passer pour normal , ce que vous n'étiez pas."
Comment s'attacher à des personnages qui ont tout pour eux : jeunesse, beauté, richesse, à qui tout réussit et qui deviennent ultra-riches, perdant sans sourciller 480 000 dollars , pour donner un ordre d'idée ? On ne peut que suivre, fasciné par tant de perfection, leur évolution.
Ici pas de richesse ostentatoire, pas de citations de marques de luxe, pas d'amour effréné de l'argent. Il s'agit juste de s'offrir le meilleur à soi et à sa famille, créant ainsi une bulle confortable d'où l'on chassera sans vergogne toute émotion susceptible de bouleverser ce bel ordonnancement.
Bien évidemment tant de perfection n'est pas viable à long terme et chacun des membres de cette famille devra un jour affronter la cruauté d'un monde qu'ils ne pourront tenir éternellement à distance.
Un style impeccable et cruel en diable pour une histoire glaçante.
Les privilèges, Jonathan Dee, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Elisabeth Pellaert, Plon 2011, 298 pages fascinantes.
06:02 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jonathan dee, chez les heureux de ce monde...
01/04/2011
TENTACULES et manivelles
"Les voyelles, c'est toujours plus sucré."
Les mots, Béatrice Fontanel les écoute, elle les goûte, elle se les met en bouche, les faisant rouler, les faisant crisser. Elle les scrute aussi, se laisse envahir par eux de manière obsédante , véritable "pythie à palabres", jouant de la typographie et de l'espace pour mieux les mettre en scène.
Citation rimbaldienne tournant en boucle comme un mantra, ("le frais cresson bleu") et qui s'épuisera , portraits de mots en quelques vers, distiques , poèmes en prose courts ou longs , Béatrice Fontanel s'approprie de multiples formes pour célébrer les mots .
Ils partent en vrillent ou sont tenus serrés; de registre courant ou soutenu , tous ont droit de cité pourvu qu'ils suscitent une sensation de soudaine étrangeté. On redécouvre ainsi ces
"Mots, têtards sonores, qui frétillent
dans le cartilage des oreilles
Bulles d'écume, borborgygmes
minuscules."
Assonances et allitérations claquent au vent , Ecoutez..., Ecoutez..., nous conseille l'auteure .On renonce aussi à corner les pages,( autant tout corner, on ira plus vite ), et on savoure à toute allure ces 168 pages avant que d'y repiocher au hasard de nouvelles saveurs, mais aussi de prendre le temps de regarder plus en détails ces illustrations échappées de vieux dictionnaires qui donnent un charme fou à l'ensemble.
Un énorme coup de coeur, zou sur l'étagère des indispensables et dans la foulée, commande d'un autre recueil, plus ancien de l'auteure !*
Tentacules et manivelles, Béatrice Fontanel La petite vermillon 2011.
* moins convaincue par celui-ci, d'une toute autre tonalité : La ménagère carnivore.
06:00 Publié dans Humour, l'amour des mots, Poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : béatrice fontanel, pêché au salon du livre, il s'imposait en ce premier avril mais ce n'est pas un poisson c