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21/09/2010
Si peu d'endroits confortables
"-Oui, j'aime bien l'hiver. C'est une saison où on peut se blottir contre les gens sans qu'ils te demandent pourquoi. Tu te blottis parce que tu as froid et les gens n'ont pas besoin de savoir que le courant d'air est à l'intérieur."
Si peu d'endroits confortables, et tellement de manques, de douleurs, de tristesses. Paris n'est pas la Ville-Lumière où Joss espérait peindre, s'exilant loin de chez lui. Paris n'est que la ville triste et grise où Hannah erre en écrivant à la fille qu'elle aime et qui est partie, dans un carnet bleu qui déborde parfois sur les tables mais aussi sur tous les endroits où Hannah va laisser ce leit-motiv donnant son titre au roman , leit-motiv qu'elle ne va bientôt plus maîtriser.
Quand Hannah et Joss se rencontrent , chacun va essayer de réenchanter le monde pour l'autre mais leurs deux solitudes sauront-elles annuler l'absence de celle dont nous ne connaîtrons jamais le prénom ?
Alternant les points de vue, sécrétant une poésie à la fois douce et mélancolique, Si peu d'endroits confortables est un de ces textes un peu magique, qu'il faut prendre le temps de savourer pour se glisser dans son atmosphère si particulière. Une écriture qui prend le temps de réinventer le monde .
Si peu d'endroits confortables, Fanny Salmeron, Stéphane Million Editeur, juin 2010,146 pages mélancoliques et tendres.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : fanny salmeron
20/09/2010
La folle équipée de Sashenka Goldberg
"Elle n'était plus l'animal de compagnie juif et soviétique de quelqu'un , mais seulement un élément du décor, une fille dans un aéroport."
Sashenka Goldberg , en quelques années, va vivre plusieurs vies. De sa Sibérie natale aux Etats-Unis, elle devra fuir plusieurs fois mais saura toujours s'adapter, tant aux gens qu'aux circonstances. Il vaut mieux d'ailleurs car être à la fois "Noire" et Juive et Soviétique n'est pas de tout repos, surtout quand on est doté d'un corps massif...
Pas de trémolo mais une narration qui avance tambour battant, effectuant de brusques coupes , juste pour éviter le pathétique et/ou susciter l'intérêt du lecteur. De l'émotion pourtant car les tribulations de Sasha en sont pleines et toujours inattendues. Notre héroïne semble parfois stagner mais toujours elle aura le déclic qui la fera se réinventer une nouvelle fois. On ne s'ennuie pas une minute au fil de ses 473 pages.
Un grand merci à Cuné !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : anya ulinich, de la sibérie aux etas-unis
19/09/2010
La pêche aux mots
"On est pêcheur, pas empailleur."
Pêche et littérature font souvent bon ménage comme nous l'ont prouvé récemment toute une série de romans.
Se faufilant parmi eux, un très bel objet littéraire tout de noir, blanc et rouge élégamment vêtu ,très fin dans tous les sens du terme, vient de trouver sa place : La pêche aux mots.
Respectant le principe de cette collection, l'auteure, qui n'est pas illustratrice d'ordinaire, a été invitée à accompagner elle-même graphiquement son texte afin de le signer davantage encore. Antigone a pensé à La linéa, j'y ai retrouvé le graphisme du Petit livre des gros câlins !
En tout cas, cette simplicité du trait s'allie parfaitement au texte qui file la métaphore de la pêche et de l'écriture, évoquant aussi bien le calme nécessaire à la rédaction que "les viscères" des poissons attrapés: "On n'y touche pas, on les laisse dedans, c'est là que ça bat." En quelques phrases tout est dit . A chacun de s'approprier le texte et de le gfaire résonner en soi.
La pêche aux mots, Joëlle Ecormier, Motus 2009. A lire et relire.
Merci qui ? Merci Dame Cuné bien sûr !:)
06:00 Publié dans l'amour des mots, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : joëlle ecormier, mots et écriture
18/09/2010
Tableaux d'une exposition...en poche
"La vie n'était-elle pas plus facile sans cette femme si difficile ? "
Une exposition rassemblant tableaux mais aussi vêtements emblématiques de la célèbre Rachel Kelly, qui vient de décéder brutalement, voilà le point de départ de chacun des chapitres du roman de Patrick Gale, Tableaux d'une exposition.
A la présentation parcellaire ,et forcément lacunaire , de chacun des éléments de cette rétrospective, répond le texte du roman qui explore au plus près l'univers d'une femme fascinante, à la fois mère et épouse prédatrice , mais aussi passionnée, excentrique et si vivante quand la dépression la laissait tranquille. Une femme brûlée par son art et qui, bien involontairement , laissa derrière elle une famille déchirée . Cette famille possède cependant un centre de gravité , un homme exceptionnel lui aussi : Anthony, le père et l'époux, sorte de roc inamovible, quaker qui sut aimer et protéger tous les siens .
Pas de portrait à charge cependant, Patrick Gale avec la sensibilté qu'on lui connaît brosse ici le tableau d'une famille dont les enfants, très jeunes ,ont appris à composer avec la maladie de leur mère, et plus âgés ont eu du mal à se confronter à son talent... Nous découvrons petit à petit les différentes facettes de cette femme qui refusait de parler de son passé.
Les rebondissements et les changements de point de vue rendent le récit si vivant et rapide qu'on ralentit le rythme de lecture pour savourer un peu plus longtemps ce roman qui vibrera longtemps en nous. A noter que l'auteur réussit le pari ,si souvent raté, de nous faire voir les tableaux de Rachel. Une réussite !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : patrick gale, peinture, mère
17/09/2010
Trouville palace
Maurice n'a vraiment pas de chance : le voilà contraint par une scarlatine et des parents empêchés de partir à Trouville chez sa grand-tante Willa, 60 % mauvais poil, 40 % mauvais caractère !
Finalement le séjour s'avérera plus agréable que prévu car bien sûr Willa est plutôt pince-sans -rire que méchante et en plus elle habite un ancien hôtel de luxe , le Trouville Palace , superbe décor pour un enfant plein d'imagination qui sait traverser les portes fermées...
Beaucoup d'humour et de poésie dans ce délicieux roman qui file à toute allure et plaira sans nul doute aux enfants à partir de dix ans.
Trouville Palace , Malika Ferdjoukh, neuf, Ecole des loisirs, 67 pages pleines d'une douce mélancolie.
L'avis de Clarabel
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : malika ferdjoukh, ça c'est palace!
16/09/2010
La couleur des sentiments
"Nous connaissons tous ces lois, nous vivons ici, mais nous n'en parlons jamais."
La lutte pour l'égalité des droits est en marche mais le Mississippi des années 60 n'est pas tendre pour les Noirs...Situation paradoxale : tous ces Blancs qui supportent sans broncher ou encouragent la ségrégation ont été élevés par des bonnes Noires. Que pensent ces dernières de cette situation ? Elles qui auraient pu poursuivre des études mais dont l'avenir était déjà tout tracé. Une jeune femme Blanche , en quête d'indépendance et apprentie écrivaine, va leur donner la parole. ce livre sera-til écrit? Sera-t-il publié ? Quelles en seront les conséquences ? Autant de questions qui tiendront en haleine le lecteur (prévoir un endroit isolé et des boules quiès pour laisser le monde frapper à votre porte et finir en toute quiétude ce roman qui vous prend par la main et ne vous lâche pas!).
Le roman de Kathryn Stockett fourmille de personnages attachants et hauts en couleurs. Je n'oublierai pas de sitôt la pestouille ambitieuse Blanche, reine des punaises, qu'on adore détester ! " Gertrude, c'est vraiment le cauchemar de la Blanche du Sud. Je l'adore." C'est un roman très visuel (à quand l'adaptation cinématographique ? ), un de ces romans qui procure un très grand plaisir de lecture. A découvrir sans attendre !
Merci Cuné !
L'Ogresse nous avait alléchées...
la couleur des sentiments, Kathryn Stockett, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Girard, Editions Jacqueline Chambon 2010, 517 pages qui se dévorent.
Perso, il m'a fallu le temps d'infuser et l'enthousiasme s'est révélé plus grand encore a posteriori que pendant la lecture ! Le temps que mon p'tit coeur de pierre se fendille sans doute....
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : kathryn stockett, noirs et blancs en couleurs, blanc
C'est jeudi, c'est empathie
"Nous sommes vieux, nous sommes laids. Maurice* engraisse, Manceau est chauve. Moi j'ai cent ans. Qu'est ce que ça fait si nous nous aimons assez pour nous trouver très gentils les uns les autres ?
C'est le beau côté du vieillissement que tout vieillit ensemble.."
Extrait d'une lettre de George Sand à son éditeur Hetzel, cité in Le dernier amour de George Sand, Evelyne Bloch-Dano, Grasset 2010 , page 237.
Maurice est le fils de George Sand, Alexandre Manceau, le dernier amour de George.
05:55 Publié dans Extraits | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : ça me console et ça me donne la pêche....
15/09/2010
Le dernier amour de George sand
"La soumission lui est étrangère."
Que connaît-on des amours de George Sand ? Principalement ses liaisons passionnées avec Musset et Chopin. Mais face à ces deux grands artistes le graveur Alexandre Manceau pourrait faire piètre figure. Il n'en reste pas moins que cet homme jeune -il a trente-deux ans, George, quarante-cinq- va devenir le chevalier-servant de cette femme extra-ordinaire qui, par nature, rejette le conformisme car "simplement, la contrainte extérieure n'a pas de prise sur elle. "
Dans Le dernier amour de George Sand, Evelyne Bloch-Dano bat en brèche les clichés qu'on attache systématiquemenyt à l'auteure de La petite Fadette : "La bonne dame de Nohant"! ces mots respirent la condescendance et ensevelissent l'artiste sous les oripeaux de la dame patronnesse" ; quant à son âge avancé -pour l'époque! - et à son prétendu manque de créativité: "La femme de quarante-six ans qui a pris ses quartiers d'automne à Nohant est un écrivain fécond, une femme pleine de vitalité !"
Nous avons donc ici une biographie passionnante, pleine d'émotion, qui se dévore comme un roman car le texte est riche d'informations , d'empathie et d'enthousiasme et possède un style chatoyant qui emporte l'adhésion du lecteur. Ni hagiographie, l'auteure ne cache rien des difficultés qui ont opposé l'écrivaine à sa fille et les analyse avec finesse, ni tentative de "moderniser" à tout prix cette femme hors du commun , puisant avec bonheur dans la correspondance de George Sand , Evelyne Bloch-Dano rédige une somme qui fera date.
Le dernier amour de George Sand, Evelyne Bloch-Dano, Grasset 210 , 302 pages passionnantes et réconfortantes.
Le blog d'Evelyne Bloch-Dano.
Une biographie qui donne illico envie de découvrir celles que l'auteure a consacré à Mme Zola, Mme Proust ou bien encore Flora Tristan !
L'avis de Keisha.
06:00 Publié dans Biographie, rentrée 2010 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : evelyne bloch-dano, george sand, alexandre manceau
14/09/2010
Que font les rennes après Noël ?
"Vous vous êtes trop longtemps oubliée."
Vous avez toujours rêvé d'avoir un animal mais le Père noël et ses rennes ont apporté une horrible poupée géante . Vous fantasmez à propos de la grossesse de votre mère et du film Rosemary's baby. Vous vous demandez à qui vous vous identifiez dans King Kong. Vous poursuivez une lente évolution et finissez par vous rendre compte que les rennes vivent dans un paysage bien moins féérique que prévu. Tout comme les autres animaux, du loup aux cochons, en passant par les rats de laboratoire dont viendront nous parler des dresseurs, des scientifiques ou des bouchers, entre autres. Et ce discours presque clinique s'intercalera entre chaque paragraphe de votre récit, mettant ainsi en parallèle éducation des enfants et exploitation des animaux.
Récit d'une émancipation, Que font les rennes après Noël ? réussit le pari de varier les discours, sans jamais identifier les locuteurs , sans que cela nuise à la fluidité ou à la compréhension du récit ,et en nous les donnant à entendre dans leur jus. Quant à la narratrice, elle joue des codes de l'autobiographie, le pronom "Vous" instaurant à la fois distance et proximité avec le lecteur. L'humour, parfois noir, est souvent présent. Quelques passages trash (que j'ai passés vite fait, âme sensible que je suis ) mais une vision très juste et passionnante pour tous ceux qui sont curieux du monde en général. Un roman original à la fois par la forme et par le fond, ce qui est ma foi fort rare, et qui se lit d'une traite.
Que font les rennes après Noel ? Olivia Rosenthal, Verticales 2010, 211 pages quasi parfaites.
Merci à Antigone !
C'est aussi grâce à elle que j'avais découvert On n'est pas là pour disparaître.
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : olivia rosenthal, animaux
13/09/2010
Un automne à Kyoto
"C'était surtout mon coeur qui était glacé."
Maelström d'émotions pour Margaux qui vient juste de rencontrer l'amour à St Malo en la personne de Mathias et doit partir au Japon, avec de son père et de sa petite soeur, l'un et l'autre ayant des personnalités très opossées, ce n'est rien de le dire !
Très vite Margaux va se laisser prendre aux charmes de l'automne à Kyoto, d'autant qu'un jeune photographe français, tout à fait à son goût, traîne dans les parages.
Alternant listes à la manière de Sei Shonagon et récit proprement dit, tissant haïkus et illustrations comme dans un carnet de voyages, Karine Reysset brosse ici le portrait d'une adolescente qui doit à la fois faire face aux fluctuations de ses sentiments amoureux et à ceux de ses parents dans un Japon qui l'émerveille, la surprend mais aussi la rend nostalgique.
Un très joli roman d'apprentissage, dépaysant à souhait qui m'a vraiment donné l'impression de partager ce séjour , car empli de notations et de sensations qui sentent le vécu !
Un automne à Kyoto, Karine Reysset, Médium Ecole des loisirs, 177pages .
Le bill et tentateur de Bauchette
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : karine reysset, japon, roman de formation