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09/06/2010
L'école des dingues
"Il y a des gens qui sont bipolaires.
Moi, je suis simplement polaire."
"...Trop dingue pour imposer des frontières relationnelles " selon un de ses élèves, Madeline semble néanmoins avoir trouvé sa place d'enseignante au sein de la Santangelo Academy, établissement privé pour adolescents à problèmes.
Drôle d'école où l'on distribue aux élèves des calmants comme des bonbons, où la discipline est tout à la fois sévère et lâche et où les profs doivent régulièrement subir (le mot n'est pas trop fort) des entretiens psychologiques qui tournent vite aux règlements de compte.
Le suicide d'un couple d'ados va obliger Madeline à lancer un grand coup de pied dans la fourmilière et ce qu'elle va mettre à jour ne correspondra sûrement pas à ses attentes.
Une école privée qui ressemble fort à une secte, des profs plus bizarres les uns que les autres, sans oublier une héroïne, rebelle à toute forme d'autorité, un cocktail détonnant qui emporte immédiatement l'adhésion.
Pourtant l'intrigue surtout dans sa dernière partie qui envisage tous les motifs susceptibles d'éclairer le comportement des protagonistes s'embourbe un peu mais on pardonnera volontiers ce faux pas à Cornelia Read et l'on n'aura qu'une envie : découvrir au plus vite le premier volume mettant en scène Madeline !
L'école des dingues, Cornelia Read, Actes-Sud 2009, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laurent Bury , 300 pages qui speedent.
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : cornelia read, école, éléves, profs, mais des comme ça, on n'en veut pas!
08/06/2010
Les veuves d'Eastwick
"Pour revoir la scène de notre fleur de l'âge."
Trente ans après, Les sorcières d'Eastwick sont devenues Les veuves d'Eastwick et reviennent sur les lieux de leurs forfaits, nettement moins séduisantes et avec des pouvoirs affaiblis. A leur actif autrefois, sexualité débridée et mort provoquée par leurs incantations. pas sûr que leur retour soit apprécié par les autochtones...
Ultime roman de John Updike, Les veuves d'Eastwick souffre dun début laborieux. Certes les voyages en Egypte et en Chine permettent d'enviasger la mort sous des formes différentes mais on a parfois l'impression de lire un guide de voyage en à peine moins ennuyeux. Passé ces trente premières pages ,on se laisse enfin charmer par ces sorcières qui ont vieilli mais n'ont rien perdu de leurs fortes personnalités. C'est l'heure des bilans et même si certaines se voilent la face, il n'est guère brillant. Tout à leur envie de liberté, ces femmes ont négligé leurs enfants et une seule sorcière essaiera de combler le fossé qui s'est creusé entre sa fille aînée et elle.
Le propos est sombre, sans concessions, on s'est bien amusé mais les temps ont changé et les sorcières , à l'image des Etats-Unis, ont perdu de leur superbe. Updike les décrit de manière lucide et presque cruelle ces femmes riches ou moins riches mais jouissant d'une liberté confortable.
Des pages explicatives techniques alourdissent parfois le propos et l'on sort de ce roman inégal un peu désenchanté mais néanmoins ravi d'avoir retrouvé Alexandra, Jane et Sukie.
Les veuves d'Eastwick, John Updike, Seuil 2010, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claude et Jean Demanuelli, 349 pages.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : john updike, les sorcières ont vieilli et l'auteur aussi
07/06/2010
De l'eau pour les éléphants
Sur fond de prohibition et de crise de 29, un cirque qui voudrait égaler Barnum sillonne les Etats-Unis , comme c'était l'habitude à l'époque, en train. Parmi la foule des animaux, des techniciens et des artistes, un nouveau venu: Jacob Jankowski, un orphelin de fraîche date, promu vétérinaire soigneur.
Il va découvrir l'envers du décor et l'exploitation sans vergogne des hommes et des animaux.
Roman d'apprentissage, De l'eau pour les éléphants est bien huilé, un tantinet prévisible mais on prend beaucoup de plaisir à découvrir la vie de ces cirques ambulants. Sara Gruen a le chic pour rendre ses personnages attachants et bien visibles.
Un roman sans prétention ,qui n'a ni le souffle ni l'ambition d'un Steinbeck ou d'un Zola, mais qui se lit avec beaucoup de plaisir.
De l'eau pour les éléphants, Sara Gruen, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Valérie Malfoy, Albin Michel 2007 , Livre de poche 2009, 469 pages qui glissent toutes seules.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : sara gruen, cirque, dépression 1929
06/06/2010
Quatre soeurs
Cet été d'aucuns reliront Proust, l'auteur qu'on ne semble jamais lire mais toujours relire . Perso, c'est avec un très grand plaisr que je glisserai sous mon siège de voiture pour que l'Homme ne pousse pas des cris d'orfraie en voyant les 609 pages qui vont alourdir sa voiture ( il est vrai qu'elles ne seront pas les seules mais il y a aura les officielles et les clandestines...) des Quatre soeurs de Malika Ferdjoukh.
Quatre soeurs et autant de saisons regroupées en un seul volume, appétissant et dodu .
Quatre soeurs, comme les filles du Dr March, Enid, Hortense, Bettina et Geneviève , plus la soeur aînée Charlie qui est sur tous les fronts depuis la mort de leurs parents et tente, vaille que vaille , d'avoir aussi une vie personnelle avec son amoureux , Basile.
Tout ce petit monde vit dans une grande maison pittoresque et pleine de charme même si la chaudière ferait mieux de fonctionner un peu plus. Les âges très disparates des soeurs permettent un bel éventail de portraits débordant de charme et d'humour. C'est la vie qui se donne à voir dans une écriture pleine d'allant et de peps . Savoureux !
Un (gros) petit bonheur à ne pas rater !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : malika ferdjoukh, soeurs
05/06/2010
les déferlantes
"Quand on n'attend plus, on meurt."
La Hague. La narratrice, employée par le Centre ornithologique, est venue y compter les oiseaux et petit à petit , elle s'est fondue dans le paysage, se faisant accepter par les habitants de cette région âpre et belle à la fois.
L'arrivée de Lambert va réveiller "la meute des fantômes " et mettre à mal "Les questions, les réponses, ce complexe tricotage de mensonges et de vérités. Les choses dites en décalé, celles dites seulement en partie et celles qui ne le seront jamais. Toutes les teintes du contre-jour."
Pas de certitudes donc dans ce roman de l'entre-deux, entre ciel et mer, dans ce moment que l'on se donne "entre bientôt et maintenant", dans cet endroit où arbres et vieux et se confondent...
Claudie Gallay dans Les déferlantes nous peint le portrait de deux solitudes, de deux êtres en déséquilibres : Lambert qui veut des certitudes et la narratrice qui est taraudée par le vide,"J'ai serré les poings. Comprendre quoi ? Qu'un jour on se réveille et qu'on ne pleure plus ? Combien de nuits j'ai passées, les dents dans l'oreiller,je voulais retrouver les larmes, la douleur,je voulais continuer à geindre. Je préférais ça. j'ai eu envie de mourir, après, quand la douleur m'a envahi le corps, j'étais devenue un manque,un amas de nuits blanches, voilà ce que j'étais, un estomac qui se vomit, j'ai cru en crever, mais quand la douleur s'est estompée, j'ai connu autre chose.
Et c'était pas mieux.
C'était le vide."
ce creux au coeur des statues de Raphaël, qui depuis dix ans," cherche à sculpter le désir ".
Claudie Gallay, elle, dans un paysage traversé parle fantôme de Prévert, sculpte le manque avec des mots âpres et denses, sculpte l'espace des phrases.
Une remontée vers la lumière, non pas fulgurante, mais pas à pas , où les personnages marchent tous vers leur destin,s'extraient ou non de la gangue de pierre qui les emprisonne, apprennent ou non à marcher à deux. "Les Indiens Hopi disent qu'il suffit de toucher une pierre dans le cours d'une rivière pour que toute la vie de la rivière en soit changée.
Il suffit d'une rencontre."
Un livre qui peut changer le cours de notre vie ? En tout cas un livre précieux et nécessaire.
Vient de sortir en poche.
Ps:Malgré la couv' j'ai craqué (je l'avais emprunté à la médiathèque) car j'ai commis l'erreur de l'ouvrir au hasard ...et pof, j'ai replongé aussi sec ! Dans la foulée Susan Fletcher (même erreur, même conséquence) a aussi rejoint la biblio des indispensables !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : claudie gallay
04/06/2010
Série Z
"Numérote tes escarres, ça va saigner."
Féru de films de série Z, Félix Zac, adolescent attardé et néanmoins père de famille, commence beaucoup de scénarios, sans jamais les terminer.Un jour pourtant, notre anti-héros achève L'hospice de l'angoisse qui se déroule dans une maison de retraite où cabotinent à qui mieux mieux de vieux acteurs n'ayant jamais accédé à la gloire. Hélas, la réalité va rattraper la fiction et les cadavres du scénario vont tout à fait correspondre à ceux des pensionnaires de la Niche saint-Luc , là où Félix avait précisément situé l'action de son film ...
"Auteur en roue libre, lecteur rend ton livre !" ,prévient , sentencieux, M. hubert C. de knokke-le -Zoute, qui, mis en abîme supplémentaire ,lit le roman en même temps que nous, mais heureusement lui même finalement ne suivra pas ce conseil car auteur en roue libre , livre hors calibre !
Un récit où les péripéties se succèdent en cascade, où les dialogues sont plein de verdeur (les retraités ne possèdent peut être plus leur dentition d'origine mais ils ont cependant la dent dure et même perclus d'arthrose sont dotés d'une énergie à toute épreuve!), où les clins d'oeil aux vedettes de la série Z se faufilent en douce aux coins des rues, où les titres mémorables titillent notre mémoire,ne peut que séduire le lecteur, entraîné dans un tourbillon qui ne l'essouffle même pas !
Félix, homme un peu falot au départ, noyé qu'il est dans un gynécée dont la plus jeune représentante, à savoir sa fille Zoé n'est pas la moins intrépide , va nous réserver bien des surprises. Animateur de blog pour les fondus de nanars , il analyse les thématiques de ces séries Z avec un angle à chaque fois original et hilarant. Qui aurait cru que Max Pécas était "le cinéaste français qui a le mieux su exprimer le carpe diem antique "? ou que "L'hystérie funésienne *reflète l'angoisse métaphysique de l'homme confronté à la disparition de ses repères et à la naissance d'une nouvelle société dont il se sent exclu, et qu'il identifie donc à al barbarie. Tout mais 68 est là, dans les tics de l'adjudant Cruchot devant une jeunesse qui dit merde à l'uniforme en exhibant ses blanches fesses . CQFQ." ?
On sent que l'auteur connaît lui-même par coeur ces films et qu'il éprouve pour eux et leurs acteurs une grande tendresse, tendresse qu'il nous fait partager tout au long de ces pages pleines d'humour et d'énergie. Un livre qui donne une folle envie de regarder cet été quelques uns des titres gratinés évoqués dans Série Z !
* De Funès et ses fameux gendarmes !
Série Z, J.M. Erre Buchet-Chastel 2010 , 364 pages.
Merci à Guillaume et à Katya de Babelio et aux éditions Buchet-Chastel.
Keisha a beaucoup aimé !
Brize aussi !
Pickwick en rit encore !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : j.m.erre, humour, cinéma, personnes âgées
03/06/2010
Quand mon frère reviendra
"Au jeu des échecs, il avait été le roi."
Philippe, le frère aîné de Lia a disparu. Six mois d'attente et d'angoisse pour sa mère, son beau-père et sa soeur, la narratrice. Quand le fugitif revient, le bel ordonnancement de cette famille va se trouver remis en question.
Quand mon frère reviendra dévoile, sans jamais prendre parti, les fondements de cette famille presque parfaite aux yeux des autres. Fruit de la volonté sans faille de la mère cette perfection ne pouvait que se fêler, voire sombrer.
Le regard à la fois tendre et acéré de Lia nous dévoile peu à peu les rouages de cette constellation familiale sans pour autant en faire un "cas d'école". Quant aux motifs de la fugue de l'adolescent, ils ne seront pas totalement élucidés, ce qui confère beaucoup de justesse au roman. Pourquoi vouloir expliquer ce que le principal intéressé a du mal à formuler ?
Une écriture sensible et belle, une oeuvre dont j'ai envie de poursuivre la découverte.
Quand mon frère reviendra,Isabelle Collombat, doAdo, Le rouergue, 2009, 249 pages sans mièvrerie.
L'avis de Sylvie qui vous mènera vers plein d'autres.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : isabelle collombat, fugue, relation frèresoeur, famille
02/06/2010
Les silences
"Dans le monde des hommes, seul l'amour est à même de combler les manques."
Deux" couples " frères-soeurs, très dissemblables en apparence, vont lutter chacun à leur façon pour la possession d'un mas cévenole, splendidement isolé.
D'un côté, Aramon qui y vit seul, dans un capharnaüm et une saleté indescriptibles. Non loin de là, sa soeur , Audrun, habite une bicoque, "verrue" qui dépare la beauté de la propriété de son frère. De l'autre, nettement plus raffinés, une Anglaise déjà installée dans la région, Veronica, qui va aider son frère Anthony à trouver une demeure pour redonner un sens à sa vie. Cette maison devient vite un enjeu crucial qui va réveiller au passage de vieux traumatismes de l'enfance chez chacun des personnages , traumatismes qui les rendent à la fois vulnérables et capables de tout. Quand Anthony jettera son dévolu sur le mas cévenole, la tragédie pourra se mettre en marche.
Rose Tremain a le chic pour créer une ambiance lourde et étouffante, son intrigue est parfaitement structurée et efficace mais je n'ai pas totalement adhéré au personnage d'Audrun dont la psychologie m'a paru un peu trop sommaire. Le lecteur français de régalera au passage de l'obsession de nos amis d'outre Manche quant à l'innocuité du contenu de leur sandwich, ne risqueraient-ils pas leur vie en mangeant un fromage non pasteurisé ?
Trêve de plaisanterie Silences est un bon roman, dense et prégnant mais je lui préfère néanmoins les premiers textes de Rose Tremain, Le royaume interdit et L'été de Valentine, dont je garde un souvenir intense.
Les silences, Rose Tremain, traduit de l'anglais par Claude et jean Demanuelli, Jean-Claude
Lattès, 2010, 398 pages.
L'avis de Cuné .
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : rose tremain, les anglais en france
01/06/2010
Le naufrage de la Vesle Mari
A quiconque m'aurait affirmé : "Tu vas éclater de rire en lisant des histoires de chasseurs au Groenland !", je me serais contentée de hausser les épaules et de passer mon chemin. Et j'aurais eu tort. Grand tort même car découvrir l'oeuvre de Jorn Riel, même en commençant comme moi par le dernier ouvrage paru, Le naufrage de la Vesle Mari, est une vraie cure de jouvence !
Cet univers faussement naïf, où l'on trinque avec un fantôme, où un bain de nouvel an peut devenir mortel, où une femme se venge d'un fiancé qui l' a éconduite à grands coups de pelle sur la tête, est aussi un monde où l'on ruse avec l'administration qui veut renvoyer tous ces joyeux lurons loin de chez eux, et chez eux c'est bien sûr le Groenland. A chacun de trouver sa solution...
Très vite on a l'impression d'avoir toujours connu Olsen, Bjorken et les autres et l'on se frotte les mains à l'idée de poursuivre cette découverte tardive !
Le naufrage de la Vesle Mari et autres racontars, Jorn Riel, traduit du damois par Susanne Juul et Bernard Saint Bonnet, Gaïa 2009, 251 pages à ne pas lire en public, sauf à ne pas craindre les éclats de rire intempestifs !
Ps: dans la foulée, j'ai déniché à la médiathèque La maison des célibataires, juste un peu trop court à mon goût !
06:01 Publié dans Humour, Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : jorn riel, jamais trop tard pour bien faire