« 2010-01 | Page d'accueil
| 2010-03 »
19/02/2010
De Niro's game
Dix mille bombes
"Les bombes pleuvaient. Les guerriers se battaient, nos ordures s'entassaient au coin des rues. Chats et chiens , gavés, grossissaient de jour en jour. Les riches en partance pour la France lâchaient leurs bêtes dans la jungle urbaine : toutous orphelins, bichons de luxe dressés à être propres, bassets portant prénoms français et noeud papillon rouge, caniches frisés au pedigree impeccable, cabots chinois ou génétiquement modifoés, clébards incestueux agglutinés en bandes qui couraient les rues par dizaines, unis sous le commandement d'un bâtard charismatique à trois pattes. La meute de chiens la plus chère du monde errait dans Beyrouth, courait sur la terre, hurlait à la lune énorme et dévorait des montagne de déchets à tous les coins de rue." Le décor est planté : Beyrouth durant la guerre du Liban, début des années 80, une ville d 'apocalypse où on tire en l'air pour se frayer un passage dans les rues ou se faire une place à la station-service.
Dans cette ville en ruines mais toujours palpitante de vie deux amis, comme deux frères: Bassam qui rêve de partir à l'étranger et Georges qui lui se sent attiré par la milice chrétienne et sa violence.
Une fraude dans un casino aux mains de ce groupe armé va précipiter les événements et décider du destin des deux garçons...
Rawi Hage, avec De Niro's game, titre faisant allusion au jeu de la roulette russe dans Voyage au bout de l'enfer nous livre un premier roman saisissant. Une plongée dans un monde où régne la violence , violence dans laquelle certains se vautrent mais que le narrateur, Bassam, utilise avec un certain détachement, outil nécessaire pour sauver sa peau. Bassam ne pose pas des mots sur ses sentiments juste des actes. Il ne joue pas au héros, il veut juste s'en sortir et ,quand la situation devient insupportable , il se raccroche aux mots et à des visions oniriques et poétiques, de longs flots inspirés qui charrient la boue et les étoiles. Cette opposition donne encore plus de force à des scènes qui sans quoi pourraient être insoutenables, comme la séance de torture qu'il subit. Le récit quant à lui est très structuré et culmine dans une séance d'explication finale qui éclaire d'un jour nouveau tout le roman. Un style inspiré et puissant qui m'a fait apprécier ce qui n'est pas d'ordinaire ma tasse de thé.
Vient de sortir en poche.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : rawi hage
18/02/2010
Un endroit où se cacher
"Désormais mes blessures seraient secrètes."
Rescapée d'un accident automobile où sa mère a perdu la vie, Jenna préfèrerait rester "dans le bleu", ces sensations étouffées que lui procurent les produits opiacés qui luttent contre ses douleurs physiques . Mais il lui faudra bientôt affronter "le vif", c'est à dire une vie à reconstruire sans sa mère.Cela n'ira pas sans une mise en danger de la jeune fille ...
Joyce Carol Oates se glisse avec aisance dans la peau de cette ado à fleur de peau, qui refuse de montrer ses souffrances et ne parvient pas toujours à s'expliquer son comportement. Elle souligne également l'importance des amis- ou prétendus tels- de Jenna mais évite toute tentation moralisatrice. Nous ne sommes pas ici dans l'optimisme forcené même si le roman se termine sur une note d'espoir. Un très beau texte.
Un endroit où se cacher ( titre original : After the wreck, I picked up myself up, spread my wings and flew away ), traduit de l'américain par Dorothée Zumstein., Albin Michel (Wizz) 2010. 300 pages sensibles.
L'avis de Marie,
celui de Clarabel
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : joyce carol oates, adolescence, deuil, tentative de suicide
17/02/2010
Eddy Milveux
Quand on sauve la vie d'une blatte magique, forcément la qualité des voeux qu'on va pouvoir faire exaucer s'en ressent. Loin de faciliter la vie -et les amours-d'Eddy, la blatte magique va le plonger dans des situations délirantes ou à tout le moins gênantes, pour le plus grand plaisir du lecteur, petit ou grand.
Lu et approuvé par Ferdi ,10 ans.
Eddy Milveux,tome 1, Lisa Mandel, Milan 2004.
Emprunté à la médiathèque.
Il était temps que je découvre cette auteure !
06:00 Publié dans BD, Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : lisa mandel, humour
16/02/2010
La vengeance du wombat et autres histoires du bush
"Oui, la vie est très étrange du Mauvais Côté du fleuve Darling."
Si comme moi, trompés par le feuilleton "Skippy", vous avez toujours cru que le kangourou était un être fûté et affectueux, La vengeance du wombat et autres histoires du bush va cruellement ôter vos illusions.
En effet, Kenneth Cook qui se confronte (presque) sans sourciller avec des sauriens, des reptiles extrêmement dangereux, sans oublier quelques autochtones à la gachette facile et au gosier en pente, accumule immanquablement les ennuis dès qu'il rencontre un marsupial. Il le sait mais oublie très vite, il le reconnaît lui même.
Se dénigrant avec une belle ardeur, le narrateur de ces histoires du bush possède l'art de se fourrer dans des situations hautement improbables et/ ou dangereuses, et ce pour le plus grand bonheur du lecteur. Eclats de rires garantis !
La vengeance du wombat et autres histoires du bush, Kenneth Cook, traduit de l'anglais (Australie) par Mireille Vignol. Autrement 2010, 158 pages 100% purs rires.
Du même auteur : ici.
06:00 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : kenneth cook, australie, gens et animaux bizarroïdes
15/02/2010
février
"Helen était ce que leurs grands-mères auraient appelé une dame."
"Il lui paraissait important de savoir ce qui était vrai en elle. Comment exprimer à quel point sa vie n' avait été qu'un tumulte de plaisir; comment dire qu'elle avait perdu quelque chose d'énorme, qu'il lui était resté un trou béant au beau milieu de la poitrine, et que le vent soufflait à travers."
Ce trou béant c'est la disparition de son jeune mari lors du naufrage d'une plate-forme pétrolière au large de Terreneuve qui l'a creusé.
Helen, alors enceinte de son quatrième enfant a dû faire face, même si , vingt-six ans plus tard, elle est toujours taraudée par des images forcément imaginaires du drame.
Un coup de fil dans la nuit de son fils John ,qui vient de se découvrir futur père sans l'avoir voulu, va lui permettre de se replonger dans le passé mais aussi de se donner une chance de ne pas vieillir seule.
Les éléments et en particulier l'eau bien sûr jouent un rôle essentiel dans ce roman jamais larmoyant qui alterne passé et présent.
Hélène est une femme pleine de vie qui refuse de perdre sa sensualité, même si elle l'a longtemps mise sous le boisseau, et qui est prête à offrir tendresse et plaisir. Un magnifique portrait de femme porté par une écriture charnelle.
Février, Lisa Moore, traduit de l'anglais (canada) par Carole Hanna, Plon, 273 pages pleines d'humanité.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : lisa moore, terreneuve, femme
05/02/2010
La commissaire n'aime pas les vers
"Un autre meurtre ? Pire encore, c'était sa mère."
Un clochard surnommé Victor Hugo assassiné alors qu'il voulait confier aux Académiciens un poème inédit (et sulfureux) de Baudelaire, même si La commissaire n'aime point les vers, il lui faudra élucider cette affaire dont vont très vite s'emparer les médias.
Assistée du très craquant lieutenant Augustin, Viviane Lancier, entre deux régimes et quelques cadavres, mène l'enquête et nous devient de plus en plus sympathique, volant même parfois la vedette à l'intrigue ,au demeurant fort bien troussée et documentée.
On regrettera juste l'ultime suggestion de la commissaire à l'assassin-pas vraiment justifiée- ainsi qu'une volonté un peu trop affichée de finir à tout prix sur une minute d'émotion.
Nonobstant ces quelques réserves, j'ai passé un excellent moment avec ce polar bon enfant et je me réjouis d'avance d'en lire la suite, annoncée en 2011.
La commissaire n'aime point les vers, Georges Flipo, La table ronde, 297 pages qui filent à toute allure.
Plein d'avis : Lou
L'avis de Papillon
celui de Leiloona ,
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : georges flipo, baudelaire, roman policier
04/02/2010
Hypothermie
"...un décès discret, une mort presque polie."
Maria, une femme fragilisée par le décès de sa mère, se suicide. Suicide confirmé par la police. Rien qui justifierait une enquête et pourtant, alerté par une amie de la défunte, Erlendur va découvrir que Maria avait tenté d'entrer en contact avec sa mère par l'intermédiaire d'un médium. En outre, le mari médecin n'est peut être pas aussi éprouvé qu'il le paraît.
En parallèle, en vieux limier obstiné qu'il est, Erlendur , toujours marqué par la disparition de son frère, poursuit ses investigations sur de vieilles enquêtes non résolues , faisnt preuve d'une compassion sans pareille auprès des familles des disparus.
Il doit aussi faire face aux sollicitations de sa fille qui veut à toutes forces lui faire rencontrer son ex-épouse.
Le croisement des diffrentes intrigues fait toute la saveur de cet opus subtil et fertile en rebondissements. L'auteur est ici au meilleur de sa forme. A ne rater sous aucun prétexte.
Hypothermie, Arnaldur Indridason, Métaillé noir, 295 pages remplies d'humanité.
Arnaldur Indridason
En présence de son traducteur Eric Boury
5 février 16h
Rencontre à la Librairie de Paris
(7-11 place de Clichy, 75017 Paris)
6 février 11h30
Rencontre à la Librairie L'Arbre à Lettres Mouffetard
(2 rue Edouard Quenu, 75005 Paris)
l'avisd d'Aifelle.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : arnaldur indridason, vie après la mort, disparitions, suicide
03/02/2010
Les variations Bradshaw
"Elle admire les gens qui ne se conforment pas à ce qu'on attend d'eux."
Le couple central des Variations Bradshaw vient, depuis peu, d'inverser les rôles. Thomas a troqué un métier lucratif contre le statut de père au foyer. il en profite aussi pour prendre des leçons de piano. Sa femme, Tonie, à l'orée de la quarantaine, vient d'accepter un poste administratif dans l'université où elle enseignait auparavant, faisant ainsi le choix de se "délester du fardeau des émotions."
Autour d'eux le reste de "l'orchestre familial" joue sa partie ,avec ses tensions, ses épisodes comiques -en autres un hilarant départ en vacances- ou dramatiques.
Autant de couples, autant de configurations pour affronter ses désirs, ses émotions, ses ambitions, assumer ses choix, ses regrets.
Tout au long des 32 chapitres (autant que les variations Goldberg) Rachel Cusk se penche avec un humour décapant sur ses personnages de la classe moyenne qu'elle nous peint ,avec ce charme british que nous apprécions tant , dans leur intimité, leur quotidien qui parfois dérape. Une réussite qui nous fait largement oublier la déception d'Egypt farm et retrouver tout le plaisir éprouvé à la lecture d'Arlington park.
Les variations Bradshaw, Rachel Cusk, traduit d el'anglais par Céline Leroy, Editions d el'Olivier 2010. 281 pages pétillantes, orchestrées de main de maître.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : rachel cusk, échange des rôles, famille, humour anglais
02/02/2010
Si j'étais Fifi brindacier
Fifi Brindacier ayant été la première héroïne à la fois féministe et gentiment rebelle de mon enfance, je me réjouissais à l'idée de lire Si j'étais Fifi Brindacier de la coréenne Yoo Eun-sil.
Las, j'ai trouvé le texte répétitif et plat, et j'ai abandonné au bout d'une cinquantaine de pages cette histoire languissante où une enfant remarque la, je cite ,"sollicitude" inhabituelle de sa mère. Même l'idée de cette petite fille de 10 ans qui découvre le pouvoir magique de la lecture n'a pu me décider à poursuivre. Dommage car les illustrations toutes douces sont fort plaisantes.
Si j'étais Fifi Brindacier, Yoo Eun-sil, Picquier jeunesse, 194 pages.
L'avis enthousiaste de Gawou.
06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature coréenne, yoo eun-sil
01/02/2010
L'avant-dernière chance
"Charles, mon ami, le Tour a besoin de toi."
Comment un papy de 83 ans, Georges, parti faire le tour de France avec son voisin Charles (un jeunot de 76 ans) va -t-il renouer des liens avec sa petite-fille, stagiaire sur un tournage de télé à Londres ? A coups de texto bien sûr ! C'est là le propos au demeurant fort sympathique de ce premier roman qui n'évite pas certains écueils (style un peu trop appliqué, dialogues un peu guindés ) et frôle de justesse la lassitude des descriptions de cette épopée en relançant l'action in extremis, mais compose néanmoins une jolie parenthèse.
L'avant-dernière chance, Caroline Vermalle, Calmann-Lévy, 246 pages.
Le blog de l'auteure qui vous mènera vers plein d'autres billets.
Keisha vient d'en parler ici.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : caroline vermalle, tour de france, grand-pèrepetite fille