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10/11/2009

Le pouvoir fascinant des histoires

Titre et couverture alléchants, vite , je fonce !

"Par quel principe de réalité change-t-on une histoire en livre et que visent les éditeurs? " A ces questions Marie Saint Dizier a toute légitimité pour répondre puisqu'elle est depuis l'enfance une lectrice boulimique, qu'elle en a fait son métier et travaille à plus d'un titre dans le monde de l'édition des livres pour la jeunesse ( traductrice, entre autres de R. Dahl, lectrice dans une maison d'édition, auteure, animatrice d'ateliers d'écriture pour adultes...). Elle va aussi à la rencontre de son public de jeunes lecteurs et n'est donc pas coupée de la réalité de ses lecteurs.
Tout cela présageait un livre aussi passionnant que son titre mais , au fil de ma lecture, mon esprit se couvrait d'un voile de plus en plus opaque...Non pas que le livre jargonne, non, il est intéressant, riche en références tant françaises qu'étrangères mais, à force de décortiquer, parfois superficiellement,  et de fustiger au passage certains auteurs(dont Marie-Aude Murail à qui elle reproche trop de manichéisme dans sa volonté d'influencer le lecteur, volonté 51l7LXaWAPL._SL500_AA240_.jpgclairement revendiquée par l'auteur de Oh, boy.), je ressentais un malaise de plus en plus profond, mon envie de poursuivre diminuant au fur et à mesure.
A noter au passage que les souvenirs de  lecture de l'auteure, prennent une grande place, mais qu'ils n'ont pas su me toucher, peut être à cause de ce manque de générosité et d'empathie que j'ai ressenti tout au long de ma lecture. Je dois avouer que pour le moins , ici, les mots ont perdu toute leur fascination.

On glânera néanmoins au passage quantité de références .

Le pouvoir fascinant des histoires, Marie saint Dizier, éditions Autrement,collection Mutations, 21 euros.

09/11/2009

Dernière adresse

"Il ne me reste que ça: la nature et les éléments."

Une vieille dame, dont nous ne connaîtrons pas l'identité-juste l'origine irlandaise- comme si le temps l'avait déjà gommée, comme si elle ne se définissait déjà plus que par rapport aux autres membres de sa lignée, revient sur sa vie et surtout sur ce que les autres interprètent comme un naufrage: la vieillesse.31GmFzoLWlL._SL500_AA240_.jpg
L'inexorable perte d'autonomie, le corps qui ne suit plus, la relégation dans ce que la narratrice préfère appeler un "nursing home", les liens familiaux qui se distendent, le corps qu'on ne caresse plus, les petites folies qu'on s'offre et qui sont interprétées comme des folies tout court...
Toute cette description intériorisée de ce glissement progressif, je l'ai beaucoup apprécié.
J'ai juste regretté les souvenirs d'enfance qui viennent perturber le récit en voulant lui apporter une tension dramatique qui n'arrive pas à exister vraiment et n'apporte donc rien au roman. L'héroïne n'avait guère besoin de cela pour marquer son détachement et son cheminement vers la sérénité. Un très joli style pour accompagner une vison juste et sensuelle, d'une calme lucidité. Premier roman qu'il faut lire en dépit de ces quelques maladresses.

Deux extraits en passant :

"Merveilleuse utopie: je rêve d'une maison de retraite où le personnel prendrait le temps  de gestes dérisoires pour maquiller les femmes en fin de vie, les vieilles peaux, les poches sous les yeux et les cous de chien.
Les femmes en fin de vie n'en demeurent pas moins des femmes.
Et la prochaine fois que qulqu'un me maquillera , je serai sûrement complètement refroidie."

"Je pleure sur tous les centimètres carrés de ma peau laissé à l'abandon et qui n'aspirent qu'à cette caresse affectueuse."

Dernière adresse, Hélène Le Chatelier, Arléa, 90pages.

 

L'avis de Clarabel.

Recommandé aussi par Patricia Martin de France inter.

07/11/2009

si c'est possible

Choco, la coquine,  m'ayant taguée, voici le résultat de mes cogitations...

1) Si on vous proposait d'écrire votre biographie, vous prendriez qui pour nègre ? (et oui, tout le monde n'a pas un don pour la littérature).

Déjà trop de livres inutiles, je passe :)

2) Vous êtes en train de lire le tout dernier chapitre d'un livre, celui qui vous a fait passer une nuit blanche, la fin qui vous fait saliver (notez le jeu de mots siouplé) depuis une centaines de pages... Lorsque survient un homme, torse nu. On va dire qu'il s'appelle... Daniel Craig. Il a l'air chagrin. Il a une petite douleur à l'épaule, et est persuadé qu'un petit massage lui ferait le plus grand bien. Que faites-vous ? (PS pour les garçons : à la place de Daniel Craig, merci de comprendre... Allez, soyons fous, Scarlett Johansson, mais en bikini, pas torse nu !)

1er cas de figure: je le masse aimablement, il s'endort, je poursuis ma lecture.

2ème cas de figure: je le masse aimablement, ses mains dérapent, je l'assomme avec mon livre, je poursuis ma lecture.

3) C'est la fin du monde. Quel livre mettriez-vous dans la capsule qui sauvegardera une trace de l'humanité ? (voudriez-vous vraiment que ce soit Orgueil et Préjugés ?)

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4) Quelle est pour vous la pause lecture idéale ?

Seule, un fauteuil, un plaid, un mug de thé et mon chat.

5) Si vous aviez le pouvoir de trucider/effacer un personnage de roman, ce serait qui  ?

Personne, même les affreux sales et méchants sont nécessaires pour faire avancer le récit, non ?

6) Sauveriez-vous Voldemort, juste pour avoir un huitième tome ?

Non, sept est un chiffre plus magique que 8.

7) Jusqu'où êtes-vous allés pour un livre ?514rJwZhkdL._SL500_AA240_.jpg

Au vol. (shocking !)Mais il y a prescription: c'était un livre à l'époque (1977) épuisé: Accordez-moi cette valse de Zelda Fizgerald,(sous l'influence d'une chanson d'Yves Simon écoutée ad lib') déniché dans une biblio vouée à la fermeture. Pour compenser, je "libère" régulièrement des livres près de ma médiathèque...

8) Si vous pouviez retourner dans le passé rencontrer un auteur. Ce serait qui ? Quelles seraient vos toutes premières paroles ? (A part "bonjour").
Celui de l'Illiade et l'Odyssée , juste pour voir sa tête.
9) Décrivez la bibliothèque (personnelle ou pas) de vos rêves.
Une bibliothèque extensible à l'infini,  dont les parois bougeraient, où les livres se rangeraient seuls... Celui qui la crée , je lui voue une reconnaissance éternelle !

10) Vous retournez dans le passé (décidément, bande de veinards !), en pleine 2ème guerre mondiale. Quel livre donneriez-vous à Hitler pour qu'il arrête de cramer des bouquins ?

Un magnifique livre de photos consacré aux bergers allemands, dont les pages auraient été soigneusemement empoisonnées au préalable (merci Le nom de la rose !:).

Dans ma grande bonté, je tague qui veut :)





06/11/2009

On a de la chance de vivre aujourd'hui

Personne ne m'avait prévenue et la suprise faut d'autant meilleure:  un recueil de nouvelles de Kate Atkinson m'attendait sur la table des nouveautés cet a9782877066952_1_v.jpgprès-midi!!!! Dire que la pluie avait failli me faire rebrousser chemin...

L'opus est mince, 150 pages, mais on ne va pas chipoter...

 

On a de la chance de vivre aujourd'hui, Kate Atkinson, Editions de Fallois, 18 euros.

Le site de l'auteure

Brève histoire des fesses

"Douce , discrète" chez Bonnard, "grassouillette" chez Renoir, "grimaceuses" chez Rubens, de la plus haute antiquité ,à laquelle elle remonte bien évidemment, à nos jours, Jean-Luc Hennig l'a traquée sans relâche. Qui donc ? La fesse, bien sûr!
Dans l'art, la science, la corrida, le sport, l'histoire, le faits-divers, il la repère partout et nous la livre dans tous ses états.
Son style alerte et savoureux nous donne le sourire et nous dégustons , chapitre après chapite cette Brève histoire des fesses que Zulma (vierge folle !) a eu l'excellente idée de rééditer.51Xhe2T+uiL._SL500_AA240_.jpg
Juste un extrait qui vous donnera envie, j'en suis sûre de regarder d'un autre oeil, les joueurs de rugby : "La fesse du rugby, c'est la fesse qui a de la carure, la fesse-baraque, la fesse bourrique, c'est la fesse de la mêlée. Spécialement la fesse des troisièmes lignes, puisque ce sont celles que l'on voit le mieux. Qu'est-ce qu'une mêlée, sinon une cohorte de culs emboîtés qui forment une sorte de tortue de deux tonnes, de rosace infernale ou de roi des rats des culs ? Gigantesque monstre fessier incohérent et vivant , qui se déplace brusquement, par à-coups, pour finalement exploser dans l'atmosphère et se reconstituer ainsi trente-cin fois par match."
Quant à ceux qui voudraient  pousser la dévoration jusqu'à la frénésie, ne ratez surtout pas (mais loin de tout repas, afin d'éviter la nausée) les confidences du cannibale japonais ,qui avait boulotté une étudiante néerlandaise,et qui précise dans son autobiographie que "les fesses avaient fondu dans sa bouche comme du thon cru."

Bref, tant d'érudition et  de diversité, le tout sous une plume aussi imagée font de cette Brève histoire des fesses un indispensable à toujours avoir sous la main pour y piocher en cas de disette !

Brève histoire des fesses, Jean-Luc Hennig, éditions Zulma.


05/11/2009

Manhattan Freud

En 1909, Freud, accompagné de son disciple déjà un peu dissident Jung ,débarquent à New-York pour une série de conférences qui doivent étendre aux Etats-Unis le succès que connaît déjà la psychanalyse en Europe. Les deux hommes, aidés par un policer intègre, chose rare à l'époque, vont avant cela devoir résoudre une série de meutre commis par un meurtrier féru d'alchimie.51o-UvD9iWL._SL500_AA240_.jpg
Manhattan Freud pourrait être un roman policier relativement banal n'était le style, lumineux de l'auteur. Manhattan devient  un personnage à part entière et nous découvrons,fascinés, l'histoire de cette île et de ces architectes qui faisaient la course au gratte-ciel le plus haut. C'est tout un pan de l'histoire des Etats-unis qui se donne à lire ici avec cet élan et cette foi dans le progrès tant scientifique que psychanalytique. Les personnages de Freud et de Jung sont montrés dans toute leur humanité avec leurs doutes et leurs erreurs et on ne lâche pas une minute ce triller élégant et captivant.

 

Manhattan Freud, Luc Bossi, Albin Michel , février 2009, 365 pages.

 

Emprunté à la médiathèque.

 

 

04/11/2009

L'échappée belle

Parce que les insomnies ça a-parfois du bon,51ilDb+mCVL._BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA240_SH20_OU08_.jpg

Parce que commencer la journée à cinq heures du mat-j'ai des frissons, pas de chauffage avant une heure- avec Patricia Martin, c'est déjà agréable mais avec Patricia Martin ET Anna Gavalda, c'est encore mieux...

Parce qu'Anna Gavalda parle avec une tendresse sans pareille de ses personnages...

Parce qu'on la sent profondément sincère et profondément humaine...

Parce qu'elle a voulu réponde à l'attente d'UNE lectrice en particulier qui refusait cette"Happyfewisation" du livre

Parce qu'elle a voulu donner, en quelques mots, davantage de profondeur à ses personnages,

Même si j'ai déjà lu et relu de nombreuses fois la première version (devenue apparemment une rareté), ce midi je vais m'offrir une mini Echappée belle et profiter de ma mini pause- déjeuner pour filer à la librairie ...

03/11/2009

Jours tranquilles

"Zaytshik disait que dans son salon, on ne pleurait jamais au sujet de ce qui faisait souffrir."

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Quand le patron du salon de coiffure de ce quartier de Tel-Aviv meurt, la manucure Leyele voit son univers bouleversé pour la troisième fois. Lui reviennent alors en mémoire tous les souvenirs liés aux habitués du salon de coiffure, tous rescapés de la Shoah. Il lui faudra aussi affronter son propre passé et ce ne sera pas sans souffrances.
Comment tous ses rescapés font-ils pour continuer à vivre? A chacun sa stratégie , mais chacun reste fragile et parfois le simple fait de balayer des cheveux coupés peut provoquer une émotion intense. Seul point commun entre eux: personne ne parle directement du passé, il faut passer par un tiers, fût-il un chien.
Une grande émotions se dégage de la première partie de ce roman, toute en délicatesse. Hélas le personnage de Leyele vieillit mal et devient par trop caricatural dans son attitude abusive de mère juive et geignarde et c'est dommage. A découvrir cependant .

Jours tranquilles, Lizzie Doron.Editions Heloïse d'Ormesson.199 pages.avril 2009

Emprunté à la médiathèque.

L'avis de Clarabel.

02/11/2009

Kadogos

"Ces gens n'utilisaient pas la violence.
Ils étaient la violence."

Profession de Marnie ?Envoyer ceux qu'elles appellent des bienheureux, à savoir des gens en fin de vie, ad patres. Cette euthanasie d'un genre particulier n'est cependant pas toujours dénuée d'intérêts de la part des commanditaires... Marnie étant une pro, tout se déroule à merveille .Jusqu'au jour où le corps d'un euthanasié disparaît, tandis que la cliente de Marnie est retrouvée sauvagement assassinée et éviscérée...
Entre alors en scène le capitaine de Police  Eustache qui a fort à faire entre son boulot et le gamin , ex-"enfant du placard" ,à qui il tient lieu de famille d'accueil à lui tout seul.51RwxQ5i4XL._SL500_AA240_.jpg
Les crimes se multiplient, de plus en plus atroces, tandis qu'une bande de gamins, rescapés des guerres africaines, tente de survivre sur le territoire français.
Trois trajectoires donc, qui évidemment vont se rencontrer, des enfances fracassées de différentes manières et une même volonté de s'en sortir, quel que soit le prix à payer. Trois lectures possibles également , comme le précise l'auteur au début du roman (je me suis contentée de la plus "clasique" mais si vous voulez le mode d'emploi des 2 autres c'est ici).
C'est donc une mécanique de précision que nous offre ce superbe roman, empli d'humanité, au style efficace et percutant. A la fin, on se sent juste orphelin et on attend avec impatience de savoir ce que deviendront Eustache et son fils adoptif, Tony.

Kadogos, Christian Roux, Rivages noirs poche.317 pages .

 

NB: Eustache et Tony apparaissaient déjà dans un roman qui est donné comme indisponible : Placards et dont on peut juste espérer qu'il sortira en poche .Renseignements pris auprès de l'auteur,que je remercie au passage, cela ne semble pas être envisagé par l'éditeur...:(