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20/11/2009
Fragments de bleu
"On perd un à un des morceaux de soi."
Il est des livres que l'on voudrait garder jalousement pour soi. Parce qu'on a l'impression que l'auteure s'adresse directement à nous, que les mots qu'elle a inscrits sur la page sonnent juste, juste comme on aurait aimé les trouver.
Parce qu'elle parle du temps, de ces fragments de vie, vie que l'on devine au plus près de la sienne, de ces fragments de bleu qui vibrent malgré la douleur du monde , que l'on devine en filigrane mais qui résistent malgré tout.
Parole d'une femme qui redit son amour de trente ans à l'homme qui l'accompagne. Parole d'une mère pour qui les enfants sont tour à tour et simultanément des adultes en devenir mais aussi le nouveau-né qui a failli mourir.Permanence des émotions par de-là le temps. Richesse des sensations de la vie quotidienne où l'on guette le facteur ,"Je crois toujours qu'il va m'apporter une merveille." où l'on est au plus près des saisons: "Printemps, été , automne, hiver, quatre horizons, quatre voyages, forment des paysages changeants, mobiles, renouvelés. On se replie dans le gris, on se déploie dans les couleurs, on avance, on tourne avec les jours, on marque les temps pour que la valse nous entraîne."
Quant aux mots de l'écriture, "Ce sont des mots gardés, des mots goûtés, des mots sauvés, des mots choisi un à un pour former une flèche touchant au coeur. les mots écrits préservent le silence. Les mots parlés emportent la pensée. le monde est un puzzle dont on détient tous une pièce, un fragment de vérité." Ces mots dont Catherine Leblanc, psychologue auprès d'enfants en difficulté , connaît particulièrement la valeur.
Une écriture fine et précise, lumineuse et généreuse. Une très belle découverte qui va m'accompagner longtemps, j'en suis sûre.
Fragments de bleu, Catherine Leblanc, Editions le temps qui passe, 2008, 143 pages où piocher quand les couleurs semblent vaincues.
Le site de l'auteure.
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : catherine leblanc
19/11/2009
L'échappée belle (Gavalda vs Gavalda)
In Cold Blog m'avait confié ici une mission: comparer les deux versions du (très ) court roman d'Anna Gavalda. la première version , destinée à un club de lecture (et entre temps devenue"culte"), je la relis régulièrement pour me redonner la pêche. La seconde, avec sa couverture très colorée, Cuné a eu la bonne idée de me l'envoyer ! :)
Rassurez-vous , je ne me suis pas livrée à une étude loupe à la main, traquant les changements de ponctuation, les précisions ajoutées ou les chansons citées (elles ont changé, sisi!), non, je me suis juste laissée porter par la lecture, notant dans un coin de ma tête ce qui me paraissait nouveau.
Bon, l'esprit est le même, ce "rab de bonheur" que vont s'octroyer, en se faisant la belle d'un mariage ,une fratrie de frères et soeurs que la vie a quelque peu malmenés, n'a rien perdu de son charme. Si les francs ont cédé la place aux euros, si meetic est apparu dans le monde de la célibattante, rien que de très normal. Mais je n'ai pas supporté le langage que se croit parfois obligée d'employer Gavalda. Et là, je suis allée dénicher la version 2001 où l'on trouve, entre autres, : "Sitôt la guitoune du péage franchie, j'ai enfoncé ma cassette dans l'autoradio", devenu en 2009, "Sitôt la guitoune du péage franchie, j'ai enquillé la zique dans l'autoradio."Et je vous passe l'écriture phonétique de lexique à la mode qui a le don de m'énerver. Franchement, je ne vois pas l'utilité. Les bornes, style "mille bornes" imprimées pour séparer les étapes du récit ne m'ont pas paru absolument indispensables non plus.
Par contre, ne pas louper , comme dans les génériques de films, la dernière intervention d'un personnage, après la fin du roman, clin d'oeil facétieux qui m'a permis de relativiser mes agacements précédents. Quelques péchés véniels donc qui n'empêcheront pas les lecteurs moins pointilleux que moi de se régaler.
L'avis de Cuné que je remercie encore.
celui de Bellesahi
Et de Laure
Ps: vous avez deviné quelle version, je relirai cet été...:)
L'avis de Juliette.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : la comparaison qui tue, gavalda
18/11/2009
Mort en lisière
"Selon son bon plaisir, elle mettait le feu aux toits et s'enfuyait avec le butin."
Elles attaquent fort les nouvelles de Margaret Atwood ! Pour ferrer le lecteur et l'embarquer dans ces récits traitant des relations hommes /femmes avec le regard aigu que l'on connaît à la grande écrivaine canadienne.
Ce sont des mondes disparus, les années 60/70, mais les situations ont-elle vraiment évolué? A la journaliste qui a réussi, est devenue une vedette du petit écran, un ami confie: "Ils veulent savoir si tu portes des dessous de caoutchouc. Si tes crocs brillent la nuit. Si tu es vraiment une super salope. Alors Percy se met à bafouiller et dit qu'il t'arrive de te montrer sympa."Toute ressemblance...
En outre, "C'était ce qu'ils voulaient : se libérer du monde de leurs mères, du monde des précautions, des fardeaux, du destin et des lourdes contraintes que les femmes faisaient peser sur la chair.Ils voulaient une vie sans conséquences. jusqu'à une époque récente, ils étaient parvenus à leurs fins." Mais le monde finit par rattraper les inconséquents et leurs vies basculent soudain...Les femmes ne sont pas pour autant des victimes, elles ne sont pas dupes ,sont pleines d'énergie ,savent lutter mais soudain, leurs forces semblent laminées, anéanties et le pire, ou quelque chose qui pourrait l'être, advient...
Constat doux-amer qu'il faut prendre le temps de savourer à petites doses.
Mort en lisière, Margaret Atwood, pavillons poche, 371 pages toujours actuelles.
06:00 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : margaret atwood, femmes
17/11/2009
J'écris pour mon chien
"On pardonne aux animaux ce qu'on ne pardonne plus aux hommes."
Parce qu 'ils ont une vie de chien, même s'ils se donnent un mal de chien pour s'en sortir ou juste marquer une pause, les héros de Natacha Andriamirado cherchent auprès des canidés l'amour et l'attention qui leur sont refusés par les humains.
Le chien comme pansement des peines d'amour, mouais...
L'auteure se montre beaucoup plus convaincante quand elle s'essaie à l'humour grinçant, ainsi la nouvelle "le cadeau", à faire lire d'urgence aux enfants et petits-enfants de veuve pas si éplorée que ça...Quant au "Paufcon", il n'est pas forcément celui qu'on croit...
Rien de follement original donc mais il y a dans ces dix nouvelles très courtes un rythme musical, phrases reprises, rimes qui chantent à nos oreilles, qui font que malgré certaines facilités, qui auraient pu être évitées, on retiendra quelques jolis passages: "Je pourrai manger à ma faim sans paraître gourmande, je pourrai rire à gorge déployée sans craindre des remontrances. Je pourrai me rouler dans la boue sans avoir à me laver, être sale , avoir les ongles noirs, me fermer à l'impeccable."
On aurait aimé écrire que ce recueil avait du chien, à tout le moins, ce n'est pas de la bouillie pour les chats !
J'attends donc avec curiosité et espoir le prochain titre de cette auteure.
J'écris pour mon chien (mais pas que!) Natacha Andriamirado, Editions Maurice Nadeau, 63 pages qui ne nous rendent pas d'une humeur de chien.
Merci à Cuné , la sorcière !, pour ce joli moment de lecture:)
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : natacha andriamirado, chiens, chiens et compagnie
16/11/2009
On a de la chance de vivre aujourd'hui
"Tina ne croyait pas en Dieu, ne croyait pas en grand chose au fond, hormis qu'il fallait être bon avec les petits enfants et les vieux chiens. les adolescents et les chats, elle n'en avait cure."
Huit nouvelles de Kate Atkinson, ça ne se refuse pas !
Et ça commence sur les chapeaux de roues avec un benêt nommé Franklin sur qui une certaine Connie va jeter son dévolu. Du coup le benêt envisage son avenir marital avec béatitude: "Il nageait dans le marais génétique des Kingshott comme une loutre heureuse caressée par le soleil."Mais très vite il basculera d'un monde à la Jane Austen , sa dulcinée étant dotée de soeurs fort enthousiastes, à une atmosphère radicalement différente, pour le plus grand bonheur du lecteur. Le tout mené par une Kate Atkinson au mieux de sa forme !
Deux nouvelles revisitent ensuite le mythe de la Génèse, de manière quasi poétqiue, voire pour la seconde sur un mode fantastique, déjà exploré par l'auteure dans son recueil Ce n'est pas la fin du monde, mais toujours avec un humour et une ironie mordante.
Comment réactualiser le thème de l'immaculée conception à la sauce british, c'est le propos de "La lumière du monde", propos fort réjouissant !La tonalité s'assombrit néanmoins avec "La guerre contre les femmes" où l'inexorable oppression des femmes du monde entier va de facto être comprise par leurs consoeurs britanniques...le tout sans pathos mais avec efficacité et émotion.
Les femmes âgées et en contrepoint les jeunettes qu'elles ont été il n'y pas si longtemps que cela ,nous valent deux nouvelles très différentes; l'une mélancolique, "Je ne suis pas une Joan" l'autre plus acide, "L'amour à mort"mettant en scène une très jeune actrice, mélange de toutes ces Lolitas carburant avec entrain aux substances illicites pour mieux oublier le monde factice dans lequel elles évoluent. Et les perdantes ne sont peut être pas celles qui brodent d'affreux coussins roses...
Bref, Kate Atkinson possède un talent ébourrifant, elle nous fait rire, nous émeut, nous fait réfléchir, le tout avec un bel entrain communicatif !
Un recueil qui va évidemment trouver sa place sur l'étagère des indispensables !
On a de la chance de vivre aujourd'hui, Kate Atkinson, traduit de manière pétillante par Isabelle Caron, Editions de Fallois.
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : kate atkinson, pour sourire, rire et même réfléchir
15/11/2009
Le tag de l'automne
Aimablement taguée par Choco, qui se venge de mon tag en marron !, voici donc les sept éléments qui vont rythmer mon automne 2009:
1/le rituel de l'automne : le ramassage des marrons, feuilles mortes, fruits bizarroïdes et non encore identifiés, bref tous ces trésors que les arbres lâchent -ou dont ils nous bombardent !- pour nous rappeler qu'ils existent, même en ville, et qu'il ne faut pas hésiterà lever le nez ou au contraire à laisser traîner son regard à terre...
2/Les pommes de mon bio-frère , un autre rituel de l'automne dont je ne me lasse pas.
3/ Ma bouillotte-cerise qui, en ce moment , chauffe beaucoup et vit quasiment greffée à mon cou quand je suis chez moi.
4/Ma nouvelle écharpe, qui ne me quitte plus quand je suis à l'extérieur, même si un collègue spirituel m'a demandé pourquoi je portais du corail autour du cou, pfff...
4/Patricia Martin, la vile tentatrice de France inter qui, en cas d'insomnie me faisant lever à cinq heures du mat' , m'oblige (sisi !) à cliquer pour commander le livre dont elle vient d'interwiever l'auteur...Encore heureux que ce ne soit pas de six à sept car là mon banquier serait rouge de colère...
5/Philippe Vandel, dont j'aime bien écouter les chroniques , sur France Info, quand je suis en voiture.
6/Les livres bien sûr.. transportés dans un sac made by Silo.
7/ La couleur rouge qui sera décidément la couleur de mon automne.
Que celles qui n'ont pas encore été taguées lèvent le doigt !:)
Mais tiens, pour faire ma curieuse, je vais taguer Laure et Bellesahi !
06:02 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : tag à tag à tag aïe aïe aïe
14/11/2009
L'étrange disparition d'Esme Lennox
16 ans. Esme Lennox a 16 ans quand elle est enfermée dans un asile psychiatrique. Elle en sortira 60 ans plus tard, de nos jours, non pas réclamée par sa famille, qui l'a oubliée, mais parce que l'établissement ferme ses postes.
Elle va être recueillie par sa petite nièce, Iris, qui , intriguée par ce silence familial , va tenter de renouer les fils du passé.
Maggie O'Farrell peint avec acuité l'histoire de cette famille bourgeoise typiquement britannique qui, dans les années 30 quitte l'Inde pour revenir dans les brumes et l'humidité écossaise, afin de nier un drame qui s'y est déroulé...Premier traumatisme pour Esme ,pleine de sensibilité et de vitalité, qualités qui font tâche pour ses parents et sa soeur tant aimée mais si raisonnable, Kitty.
Esme refuse de rentrer dans le moule, ce qui causera en partie sa perte...
Voix de la soeur aînée, atteinte de la maladie d'Alzheimer, qui a oublié ce qu'est une cuiller mais se souvient parfaitement du passé par bouffées libératrices, souvenirs d'Esme s'entremêlent pour tisser l'explication de L'étrange disparition d'Esme Lennox, sans que jamais le lecteur ne se perde.
Avec une extrême sensibilité Maggie O'Farrell montre le destin de ces femmes , broyées par la société pudibonde et corsetée du début du XXème siécles, femmes que deux simples signatures pouvaient enfermer à jamais.
Le lecteur suit, le coeur serré les rebondissements de l'histoire et ,trompé par l'écriture "voilée" de l'auteure , croit qu'il en sait plus qu'Iris, jusqu'à ce qu'il soit obligé de relire l'antépénultième page pour être sûr d'avoir bien compris l'horreur indicible et libératoire...
A lire de toute urgence.
Il vient de sortir en poche, vous n'avez donc plus d'excuses!:)
L'avis de Choco qui vous conduira vers plein d'autres !:)
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : maggie o'farrell
13/11/2009
Brèves enfances
"Ma maman est collectionneuse et je n'ai pas de papa, mais j'ai un Basquiat. Na !"
Trente quatre -courtes-nouvelles sur le thème de l'enfance, une enfance souvent privilégiée du point de vue économique (n'a-t-on pas offert un tableau de Basquiat à l'une des jeunes héroïnes ? ) mais au sein de familles souvent disloquées, parents séparés, familles où les frères semblent exercer une oppression constante sur leur jeune soeur. Rien de follichon donc mais la misère des sentiments ne va pas forcément de pair avec la pauvreté économique.
Les rapports parents/enfants semblent même inversés, une petite fille déclarant carrément qu'elle est la mère de sa mère et on a bien envie de la croire tant ces parents semblent infantiles, versatiles et tournés uniquement sur leur propre recherche du plaisir. Pourquoi pas? L'embêtant est que ce recueil , commencé sur les chapeaux de roue avec un texte mettant en scène un fils de prêtre, tourne vite court, ressassant situations et personnages, comme une mécanique qui s'emballerait, le tout restant superficiel alors que cela se voudrait probablement grinçant. Même le milieu du cinéma , dans lequel baigne l'auteure puisqu'elle est scénariste, n'est évoqué que de manière stéréotypée, enchaînant les clichés. Quant à la voix des enfants qui se donne ici à entendre, elle est discordante et fausse car jamais un enfant de dix ans ne s'exprimera d'une telle manière.
Il y avait pourtant de quoi faire et jusqu'au bout j'ai espéré que l'auteure ne se contenterait pas d'effleurer ses thèmes mais qu'elle les prendrait enfin à bras le corps...en vain.
Brèves enfances, Sylvie Bourgeois, Le diable Vauvert 2009.
Merci à Amanda qui m'a permis de tenter l'expérience!
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sylvie bourgeois, enfance
12/11/2009
6 heures plus tard
"Comment, mais comment un plan aussi modéré, aussi "raisonnable" avait-il pu déboucher sur une telle ignominie ? "
Le shérif du comté de Nation, Carl Houseman, est envoyé pour des raisons de politique locale, en tant que simple observateur à Londres, dans le cadre de la disparition d'une jeune fille de l'Iowa.
Évidemment notre enquêteur bien-aimé ne va pas rester à se tourner les pouces aux côtés du New Scotland yard et sera bientôt entraîné dans une spirale de violence qui n'aura rien de commun avec ce qu'il a connu précédemment.
Mettre aux prises Carl Houseman avec des terroristes sur le sol britannique est une excellente idée. Le dépaysement et les notes d'humour(Houseman est flanqué d'un "boulet" en la personne du nouvel avocat général du comté, "garçon encore jeune et pas très fûté"), les enquêteurs s'affrontent à coup de clichés (étoile de shériff contre parapluie )permettent de détendre un peu l'atmosphère .
Mais là où excelle Donald Harstad c'est dans son démontage implacable de la manipulation de gens qui n'ont rien de nigauds et se laissent embarquer dans une entreprise qui va très rapidement les dépasser et les broyer. Ils n'ont rien de ces fanatiques hallucinés qu'on voudrait trop souvent nous présenter et par là même n'en deviennent que plus dangereux...Une réussite !
6 heures plus tard Donald Harstad, Le cherche midi, 343 pages garanties sans ennui !
Lu et apprécié par Cuné , Amanda et Yspadadden
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : donald harstad, londres, terrorisme
11/11/2009
Problème
Après une proposition d'échange de liens par une société n'ayant aucun rapport ni avec les livres ni avec la culture, loin s'en faut, à l'instar de Cuné, je me suis fendue d'un aimable courrier le 7 novembre demandant à Wikio de désindexer mon blog de leur classement.
On m'a répondu avec dilligence et cordialité que cela ne prendrait que quelques heures...
Wikio ne doit pas fonctionner avec la même notion d'heures que moi car j'attends toujours...
Edit du 12/11/09: Agnès de chez Wikio me précise gentiment que la captation de mes billets a cessé et que mon blog sera retiré du classement en décembre.
06:43 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (19)