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08/09/2009

Le monde de Lenny

Lenny est un élève brillant mais qui pose problème à tous les membres de l'équipe éducative car il ne  "rentre  pas  dans le moule". Impossible de le faire  passer de niveau car "le retard de son développement  affectif  rendrait tout changement catstrophique."9782844207623.gif
Elevé par une mère qui porte des gants en continu (elle est main-modèle pour la publicité), Lenny pose sur le monde un regard aigu et décalé sur le monde qui l'entoure. Les entretiens avec Muriel (une psy? ) et sa relation avec Van-son premier ami !-vont lui permettre de mieux trouver sa place et de laisser libre cours à ses émotions.
Ecrit par l'américaine Kate Banks -à qui l'on doit de nombreux albums destinés aux  jeunes enfants-, Le monde  de Lenny est un roman attachant même s'il possède les défauts de ses qualités. En effet, la répétition quasi systématique des  prénoms des personnages dans les dialogues donnent à ceux-ci un côté trop rigide et trop enfantin pour un roman destiné aux ados à partir de 12 ans. L'attitude de Muriel * qui est là pour aider l'enfant et dont le statut ne sera pas précisé  est peut être aussi un chouïa  idéalisée mais bon...Kate Banks se glisse néanmoins avec habileté dans l'esprit de Lenny ,un petit garçon de neuf ans diablement sympathique.

Le monde de Lenny,  Kate Banks, Editions thierry Magnier,  traduit de l'américain par Valérie Dayre.

* le roman est dédié à "Muriel", alors si cette demoiselle est telle que dans le  roman, je ne peux que lui tirer mon chapeau !

07/09/2009

Mathilda Savitch

"Comme s'il y avait en moi une autre personne qui se tortillerait pour sortir, une pousse. Je  ne suis pas du tout effrayée. En réalité je l'attendais."

Mathilda Savitch décide sciemment de devenir purement et simplement horrible.Comme elle est dotée d'une imagination fertile, l'adolescente va effectivement en faire voir de toutes les couleurs à ses parents et à ses amis. Cruelle pour exister aux yeux de ses parents, qui ne se remettent pas de la mort de leur fille aînée, tout en niant leur douleur. Cruelle envers ses amis car elle non plus n'arrive pas à verbaliser sa douleur et son sentiment  de culpabilité. Sur fond d'une Amérique qui  ne se remet pas de ses attaques terroristes, le portrait acide et tendre à la fois, pervers et innocent ,d'une adolescente qui tour à tour met mal à l'aise et tord le coeur.Un portrait qui a néanmoins un côté un peu trop "léché"et attendu pour convaincre totalement.41tZrqLjyAL._SL500_AA240_.jpg t Un chouïa trop américain, quoi.

 

Mathilda Savitch, Victor Lodato, traduit de  l'anglais (Etats-Unis) par Fanchita Gonzalez Battle.275 pages trop sciemment dérangeantes.

Merci Cuné !

ps: j'ai  eu un peu peur en lisant dans la 4 ème de couv' que Mathilda  torturait son chien bien-aimé , en fait elle le réveille ne le pinçant ,mais le laisse dormir sur son lit... Ouf, je m'attendais à bien pire !:)

L'avis enthousiaste de Cécile.

06/09/2009

Le sens de la famille

 

"Autobiographie de l'inconnu"

"Je suis au téléphone avec ma mère lorsqu'elle reçoit un coup de  téléphone  l'informant que ma mère est morte. Voilà qui ressemble un peu trop à un vers de Gertrude Stein."
Ces  phrases étonnantes sont extraites du récit autobiographique de la romancière américiane A. M. Homes. Elle a 31 ans quand surgissent dans sa vie d'abord sa mère biologique, exaltée à l'idée de rencontrer sa fille, puis son père biologique qui aura une attitude beaucoup plus ambivalente.51PxpzK70bL._SL500_AA240_.jpg
Quelle est la part de la génétique,  quelle est la part de l'éducation  dans ce qui fait son identité?  Voilà quelques unes des questions que se pose A. M Homes  et qui l'amèneront progressivement à remonter le temps, dans ses deux familles. Six textes courts constituent ce récit qui se conclut de la plus jolie façon : à une table ancienne- léguée par sa grand-mère- en compagnie de sa fille. Comme s'il avait fallu tout ce chemin pour que la romancière accepte de donner la vie.
Croisant son expérience d'adoptée et d 'écrivaine reconnue, A.M Homes fouille au plus profond ses sentiments,sans tabou,  imagine les relations de ses parents biologiques et adresse toute une floppée de questions à son père, le traînant en quelque sorte devant un tribunal dont on ne sait s'il est réel ou imaginaire. Tout ne trouvera pas de réponse mais l'auteure ne pourra plus écrire  "Je me suis volatilisée".

Le sens de la famille, A.M Homes,  traduit de l'américain par Yoann Gentric, Actes Sud.  235 pages troublantes.

Merci Cuné !


05/09/2009

Le joueur d'échecs

Allez savoir pourquoi ,  j'étais persuadée que Zweig était un auteur du XIX ème  siècle...Allez savoir pourqoui  je cofondais l'intrigue du Joueur d'échecs avec celle d' un autre texte mettant aux prises des adversaires humains à un automate invincible...(Tiens c'est de qui d'ailleurs ce texte? )
Il aura fallu la conjonction d'une remarque de Papillon ici et du billet récent(en août) d'une blogueuse (que je n'ai évidemment pas retrouvé,  si elle  se reconnaît, vite je mettrai le  lien !) pour que je  comprenne  ma  double erreur: ce texte a été écrit en 1941  et nous montre comment un homme arrêté par les nazis, subissant ce qu'on appellerait de nos jours une expérience  de privation sensorielle, parvient à s'emparer d'un livre qui , ô déception, n'est qu'un manuel d'échecs, manuel d'échecs qui lui permettra pourtant de tenir tête à ses geôliers...41J034cHIsL._SL500_AA240_.jpg
Stefan Zweig en 95 pages réussit à nous montrer la double souffrance d'un homme : celle due à sa captivité sans violence  physique est tout aussi redoutable que s'il avait été envoyé dans un camp de travail mais aussi les ravages que peuvent causer les monomanies, c'est à dire l'obession d'une seule idée.
Les passages consacrés à la découverte et à la lecture du livre dérobé  'ont fait penser aux propos tenus par Jean-Paul  Kaufman qui lors de sa  captivité, quand il parvenait à obtenir un livre  faisait durer le plaisir en lisant l'ouvrage dans tous les  sens, y compris à l'envers, se régalant même à la lecture d'Harlequinades...La même fièvre à l'idée de lire...
"Je voulus d'abord savourer toute la joie que me donnait la seule présence de ce livre, et je retardai à dessein le moment  de le  voir,  pour le  plaisir  excitant de  rêver en me  demandant quelle sorte de livre  je voulais que ce  fût :  surtout , imprimé très serré,  avec le plus de  texte possible,  des feuillets très,  très fins, afin que j'aie plus longtemps à le  lire. J'espérais aussi que ce  serait une oeuvre difficile,  qui demanderait un gros effort intellectuel,  rien de  médiocre,  quelque chose qui  puisse s'apprendre,  qui se puisse apprendre  par coeur, de la poésie  , et de préférence- quel  rêve téméraire!-Goethe ou Homère."
Un pont également par de-là les années avec ce roman de Richard Powers...

Une oeuvre dense et puissante , profondément humaine.
Merci à toutes celles qui m'ont permis , par des chemins détournés, de rencontrer cet auteur !

Le blogobook vous  mènera  vers plein de billets - qui avaient aussi "préparé le  terrain" !

04/09/2009

L'amour en kilt

Quel plaisir de retrouver tous les habitants du 44 Scotland Street !  Certains ont déménagé, provisoirement ou pas , de nouvelles têtes ont fait leur apparition mais tous sont toujours aussi sympathiques et même les mauvais garçons ne sont pas bien dangereux , car ne l'oublions pas nous sommes dans une comédie.510EkwxrhyL._SL500_AA240_.jpg
Alexander McCall Smith célèbre avec autant de bonheur que dans les volumes précédents les charmes de sa cité de prédilection,Edimbourg, même s'il s'autorise quelques incursions exotiques  et manie les rênes de son feuilleton avec autant de dextérité que d'habitude. Pas de surprises donc mais pas de déception non plus.Et c'est déjà pas mal !

 

L'amour en kilt,  Alexander McCall Smith,  10/18 ,  446 pages qui donnent  le sourire , 14  euros quand même !

Un grand merci à Clarabel pour le prêt !

Les avis d'Armande, Dasola, et d'autres ? :)

03/09/2009

L'annonce

Paul , quarante-six ans , paysan en Auvergne. Il vit depuis toujours ou presque en compagnie de sa soeur et de deux grands-oncles en quasi autarcie. Il ne veut pas finir sa vie seul.31mEq+mwMdL._SL500_AA240_.jpg
Annette, trente -sept ans, a connu une histoire d'amour pleine de cris et d'alcool avec Didier. Sans métier, elle est prête à  quitter Bailleul dans le Nord  en compagnie de son fils, Eric, pour redonner un sens à sa vie.
Faisant la jonction entre les deux, une petite annonce.
Le roman de Marie-Hélène Lafon commence par un magnifique description de la nuit dans le Cantal et d'emblée le lecteur sait qu'il est captif. Cet homme qui veut "faire maison", cette femme qui  sait qu'elle devra faire  face à  une quasi  guerre de tranchées mais qui  va petit à petit s'ajuster autant au paysage qu'au corps de cet homme, à sa vie même, nous ne pouvons plus les lâcher des yeux.  Ils  sont là devant nous et ce  récit qui malmène la chronologie sans que pour autant nous perdions le fil, nous mène, tout en délicatesse à ce qui va devenir sans que jamais le mot soit prononcé une histoire  d'amour.
Tous les  personnages, y compris la gourmande et futée chienne Lola, prennent  une densité intense quand l'auteure  nous les montre dans leur quotidien. Ah la lecture  du journal"La Montagne"  par la soeur Nicole, Nicole farouchement  décidée à  conserver ses prérogatives, fût ce dans les détails les plus anodins...Ah la quasi  vénération du magazine Thalassa "auquel les oncles convertis par elle vouaient une sorte de culte confinant à l'idolâtrie, pratique d'autant plus incongrue que Nicole, pas plus que les oncles , n'avait jamais vu la mer et n'en manifestait ni le désir  ni le regret." La maison, théâtre de luttes sourdes mais jamais sordides, elle même devient un personnage.
Rien de superflu dans ce texte qui s'élance en amples  envolées, supprimant au passage quelques virgule superfétatoires, pour  mieux rendre compte de la vie, tenace, qui se donne à voir à l'oeuvre.
C'est l'amour d'un pays et de ses habitants qui donne toute sa saveur à ce roman qui nous prend par la main et ne nous lâche plus.

L'annonce, Marie-Hélène Lafon, Buchet Chastel, 196 pages quasiment toutes cornées! à lire et relire.

L'avis  de Lapinoursinette.

02/09/2009

Une semaine avec ma mère

"Elle avait l'impression de nager toute habillée"

Elles sont trois. Ni Grâces, ni Parques, trois mères soucieuses  de mieux connaître  leurs fils et débarquant chacune à l'improviste chez leur trentenaire de fils, trop secret à leur goût.
Après l'embarras initial, chacun  des garçons va secrètement se réjouir de cette arrivée impromptue et durant la semaine  de cohabitation bien des secrets seront révélés, tant du point de vue des mères que des fils, non sans cris, non sans larmes  mais toujours avec l'amour en ligne de mire...9782702140291-V.jpg
Ce pourrait être dégoulinant de bons sentiments ou hérissé de combats épiques et hystériques, mais non ,c'est infiniment juste et terriblement drôle.Les rapports de couple sont passés au crible,( comment William Sutcliffe arrive -t-il à se glisser avec autant d'aisance  dans la peau de trois femmes en âge de devenir grands-mères? (ce qu'elles réclament d'ailleurs plus ou moins ouvertement)) mais sa vision du rôle maternel est beaucoup plus apaisée et tendre. Après tout ce sont de bons petits et ils font tout ou presque pour satisfaire leur mère .  Ainsi Daniel va-il "prendre contact  avec Allison, la mère de l'enfant  qui allait à la  crèche avec le fils  du neveu de la  soeur de la femme dont le chien l'avait mordu quand il était petit", ouf !, devinez à l'instigation de qui ...
Sutcliffe souligne  aussi au passage ,avec infiniment  de drôlerie , le fossé qui s'est creusé entre  les générations, en particulier au niveau du langage mais ne rend jamais ridicules  ses personnages pour qui il semble éprouver une grande  tendresse. Pas de happy end généralisé pour autant ,nous sommes dans une comédie certes mais pas au pays de Candy !

Une semaine avec ma mère(Whatever makes you happy), XWilliam Sutcliffe, traduit de l'anglais par Elsa Maggion), Editions Calmann-Lévy , 2009,282 pages à lire avant que votre mère ne débarque chez vous,pour garder le sens de l'humour !

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01/09/2009

Bonheur fantôme

"Saint Machiavel priez pour moi"

Pierre qui aime la  peinture  démodée -il veut écrire un livre sur Rosa Bonheur- et les écrivains mystiques-en l'occurrence Simone Weil , a tout quitté pour s'installer à la campagne, en Sarthe plus précisément. Là il transforme sa maison en arche de Noé, se lie d'amitié  avec le tenancier d'une crêperie, une vieille voisine, s'interroge sur l'art, l'amour: "En art, comme en amour,  il faut avoir le courage de  ses sentiments.  Nul n'est tenu d'aimer comme il faut." et petit à petit revient sur les raisons de ce  départ précipité à la campagne.
C'est juste et sensible et comment pouvais-je résister à ce livre où d'une part  l'on apprend  plein d'infos sur Rosa Bonheur, une peintre qui se promenait en pantalon (avec une autorisation de travestissement dûment fournie par les autorités),  vivait en compagnie d'une femme  et d'une ménagerie (dont une lionne !) sans que nul ne s'en offusque  et  ne peignait que des  animaux,  roman d'autre part où le narrateur se choisit comme plante fétiche, totem le gratteron ?41jLKe2xR0L._SL500_AA240_.jpg
Un roman qui alterne entre écorchures et tendresse , rempli de personnages chaleureux, de chiens qui bavent et de chats qui dorment dans les édredons...Une petite bulle de bonheur.

Bonheur  fantôme,  Anne Percin, Le rouergue, 220 pages pleines de vie.

L'avis de Clarabel

Celui de Ptitlapin. (Avec des reproductions de tableaux de Rosa Bonheur)